Adieu les Verts, bonjour « Europe Ecologie-Les Verts »
Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, Cécile Duflot et Dominique Voynet, José Bové, Jean Pierre Besset , Denis Baupin, Yves Cochet, Yannick Jadot, Noël Mamère et même Antoine Waechter : presque toute la famille écologiste était réunie samedi à Lyon pour la naissance officielle du rassemblement "Europe Ecologie-Les Verts", avec l'ambition affichée de devenir majoritaire.
Les quelque 2.000 militants sur place (sur les 13.000 cotisants) ont donc décidé de conserver, à 53,2%, le nom qu'avait pris le mouvement pour le succès des européennes en juin 2009 (16,3%).
"Il n'y a plus à partir de ce jour des Verts et des non-Verts, nous sommes tous des militants du nouveau mouvement", a dit Cécile Duflot, visiblement émue.
Pour ce moment "collectif", "d'incandescence et de plaisir" selon les mots de la présidente des Verts, les leaders "écolos", de Dominique Voynet à Noël Mamère et José Bové, sont montés en début de journée sur la scène de la cité des congrès, tout sourire.
Sur la chanson "La crise" qui avait accompagné la campagne des européennes, tous ont dansé à la tribune, Cohn-Bendit bras dessus bras dessous avec Antoine Waechter du Mouvement écologiste indépendant (MEI).
Seuls manquaient à l'appel Génération Ecologie et Corinne Lepage (Cap21) qui a jugé donné sa réponse plus tard…
Ce rassemblement, "Dany l'a rêvé, nous l'avons réalisé avec l'extraordinaire contribution de Cécile", a souligné Eva Joly, possible candidate à la présidentielle, saluant un "moment historique, synonyme d'espoir pour les citoyens".
Cohn-Bendit, lui, a mis un peu en sourdine ses critiques. L'eurodéputé, sans qui EE n'aurait jamais existé, était toutefois loin d'être enthousiaste.
"J'ai passé l'âge d'être béat devant mon fils", a-t-il ironisé, appelant à "rassembler au-delà de la gauche" pour battre Nicolas Sarkozy en 2012 grâce à l'écologie politique, une "force autonome" de la droite et de la gauche mais "pas contre la gauche".
Tout l'enjeu dans les prochains mois sera donc de proposer un projet crédible pour 2012. Avec un objectif : devenir majoritaire un jour.
"On écrit une nouvelle page de l'histoire" pour être "une "force autonome qui ne s'inscrit pas dans les vieux clivages gauche-droite", a assuré Mme Duflot, mais rassurant sur l'impossibilité de faire alliance "avec la droite"...
Invité d'honneur, l'écologiste vedette Nicolas Hulot qui n'a pas exclu d'être candidat en 2012 même s'il n'est "pas certain" qu'on ait "besoin" de lui, "a souligné "l'espoir immense" soulevé par Europe Ecologie, félicitant les militants d'avoir "mis de côté (leurs) divergences" pour réussir le pari du rassemblement.
Mais pour arriver à la mutation écologique de la société, "ce ne sera pas en restant en circuit fermé que nous y parviendrons, enfin que vous y parviendrez !", a lancé l'homme du Pacte écologique de la campagne présidentielle de 2007, très applaudi par les militants scandant "avec nous, avec nous !»
Dans le nouveau "parti-réseau-coopérative" dont la principale innovation est l'apparition d'un statut encore non finalisé de "coopérateur" pour les militants non adhérents, Cécile Duflot conservera (vote en Juin) l'exécutif et l'eurodéputé Jean-Paul Besset ( EE), proche de Hulot, prendra la tête du parlement.
Une direction provisoire en attendant le congrès du printemps 2011, pour entre autre une négociation avec le PS sur 2012 et avant les primaires écologistes.
Pour Jean-Vincent Placé, les "trois bons candidats" pour la présidentielle restent Cécile Duflot, Eva Joly et Nicolas Hulot et "aujourd'hui, c'est Eva Joly qui en a le plus envie".
Les deux entités ont fusionné ce samedi à Lyon...
Les deux mille votants ont fait dans la sobriété. Réunis à Lyon, les deux mille délégués des Verts et d’Europe Ecologie, réunis pour la fusion de leurs deux organisations, ont choisi d’appeler le nouveau mouvement… « Europe Ecologie-Les Verts ». Un choix de simplicité, comme une manière de rappeler que l’important, «c’est la transformation écologique de la société», ainsi que l’ont répété, tour à tour à l’estrade, Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère ou bien Eva Joly.
Pour le nouveau parti, un vaste chantier se dessine. Plus qu’un nouveau nom, la journée de Lyon veut marquer une transformation en profondeur de l’écologie politique. «L’idée, c’est de mettre en œuvre, de transformer en actions les idées qu’a eu l’écologie politique depuis trente ans», explique Eva Joly.
Les 15.000 adhérents tenteront d’élaborer ensemble un projet de société commun, une sorte d’écologie au quotidien, très concrète. Au cœur de ce projet: le citoyen, et le pouvoir d’action de chacun. «La transformation écologique ne sera pas l’œuvre d’un gouvernement, ce sera l’œuvre des citoyens, ou alors on n’y arrivera pas», prévient Daniel Cohn-Bendit.
«Nous sommes un parti de gouvernement»
Le parti est donc bien décidé à rassembler bien au-delà de ses anciennes frontières. Car les écolos en sont convaincus : leurs idées peuvent rassembler très large. Et la nouvelle structure peut leur donner un nouvel élan : «des gens rebutés par l’image de sympathiques gauchistes des Verts pourront venir», pense l’ancienne candidate à la présidentielle Dominique Voynet. «Il faut mettre les egos de côté, prendre ses responsabilités et apporter de vrais solutions concrètes», estime l’eurodéputée Karima Delli.
« Europe Ecologie-Les Verts » se présente donc comme un possible parti de pouvoir. «Nous sommes un parti de gouvernement, nous sommes prêts à mettre les mains dans le cambouis, mais nous ne sommes pas prêts à renoncer à notre projet de transformation de la société», rappelle Cécile Duflot.
Sans renier son héritage de gauche, le nouveau mouvement souhaite viser plus large. «Pour battre Nicolas Sarkozy, il faut rassembler au-delà de la gauche, ce qui ne veut pas dire contre la gauche», a ainsi clamé Daniel Cohn-Bendit, très applaudi. (A Suivre …)
Claude Veyret, Jean Noël Chassé, Anne Tesson pour APIS à Lyon
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