Le prix et la traçabilité de l'agneau en question
Manifestation. Cent cinquante producteurs d'ovins ont investi le rayon boucherie de l'hypermarché de Portet, hier.
Venus du Tarn, du Lot, de l'Aveyron, ils ont garé leurs bus loin de l'entrée. Ils sont près de 150. Ils prennent un chariot comme des clients anodins et entrent dans l'hypermarché, par petits groupes, pour ne pas être repérés. Mais ils se dirigent aussitôt vers le rayon boucherie. Ces producteurs d'agneau ont choisi Carrefour Portet, l'un des plus vastes hypers d'Europe, mais ils auraient pu cibler n'importe quelle autre grande surface. Ils sont venus contrôler les prix, l'origine et la traçabilité des produits.
« Tiens, en une semaine, le gigot tranché est passé de 16,30 € à 10,90 le kilo. Bientôt, ils vont vendre à perte. Ils savaient que nous venions ? » S’interroge un jeune éleveur de Labastide-Murat, en examinant toutes les caissettes. « On veut alerter le consommateur. On nous paie en moyenne 5 euros le kilo d'agneau. Après le transport, l'abattage et la découpe, les grandes surfaces le rachètent 7 à 8 euros, pour le vendre au moins 15 euros. A Cahors, on l'a vu à 19 en début de semaine », maugrée Thierry Mérican, secrétaire général du syndicat ovin du Lot.
« on ne s'en sort plus »
Les 1 100 producteurs du département n'en peuvent plus. Du causse de Gramat, les témoignages affluent : « Un agneau nous revient à 6,50 € le kilo, on ne s'en sort plus. Actuellement, on ne nous le paie que 4,75, le même prix qu'il y a 25 ans. Les engrais, les carburants, les céréales, les charges ne cessent d'augmenter. On veut juste vivre de notre produit, de notre travail. On ne peut pas pas dépendre des subventions pour survivre. Le consommateur ne peut pas payer deux fois, en payant les énormes marges de la grande distribution, puis en finançant via ses impôts nos compensations. Certains collègues ont changé de métier ».
Forcément, l'attroupement ne reste pas inaperçu. Les responsables du magasin arrivent. Les vigiles sont stoïques : les éleveurs sont responsables et calmes. Le dialogue, tendu mais courtois, s'engage. D'autant plus facilement que Dominique Bouillé, chef de rayon, joue la transparence. Il montre ses factures (à 7,13 le kilo), son atelier de découpe, ses frigos, même s'il est livré chaque jour, souvent par une société de… Gramat. « Vous prenez des marges trop élevées, au détriment des producteurs et consommateurs. Pourquoi un tel écart ? Vendez moins cher, et vous vendrez beaucoup plus ! Tout le monde sera gagnant », clame un Aveyronnais. « Nous ne fixons pas les prix, nous dépendons d'un réseau national de distribution. Et il y a de nombreux intermédiaires, les coûts d'acheminement, de logistique, de préparation des produits, la casse, le salaire des bouchers. Carrefour travaille beaucoup avec les producteurs, que ce soit sur la viande bovine, les fruits, les légumes… », justifie Xavier Dauphin, contrôleur de gestion du magasin. Pas sûr qu'il ait convaincu.
Polémique sur la viande étrangère
Dans l'atelier de découpe, les éleveurs ont eu des doutes sur les étiquettes de certains agneaux (d'autres, estampillés France, ne posaient aucun problème) et trouvé certains produits néo-zélandais. Le ton est un peu monté. « Il faut alerter le consommateur. L'agneau néo-zélandais est resté plus longtemps mort que vivant, a été transporté sous vide, on lui a injecté du gaz pour prolonger sa durée de consommation » fustige Marc Rolland, des Monts de Lacaune (Tarn). « 80 % du rayon est français. Nous ne prenons du néo-zélandais que pour le gigot ou l'épaule » rétorque Dominique Bouillé, chef de rayon. « Nous vendons des produits français de qualité. La viande étrangère est moins chère. Nous devons vendre à tous les prix, pour laisser le choix au client », renchérit Xavier Dauphin.
J.-F. Lardy-Gaillot
Marché de Saugues "OVINS"
Cotations du 19/11/2010
Vente Ovins : 491
Vente Agneaux : 465
Vente Brebis : 26
Brebis
| Min | Max | Moy | |
<> | P |
|
| 0.30€ |
> 25 kg | R |
|
| 1.35€ |
Agneaux à la pièce
| -23 kg | 23/26 kg | 26/29 kg | 29/32 kg | 32/35 kg | >35 kg | |
A la pièce | Extra |
| 81€ | 88€ | 96€ | 103€ | 111€ |
Bon | 61 | 80 | 82 | 93 | 100 |
| |
Moyen |
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| 82 | 88 |
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Médiocre |
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Au kg vif | Extra |
| 3.25 | 3.17 | 3.18 | 3.09 | 3.09 |
Bon |
| 3.23 | 3.12 | 3.12 | 3.10 |
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Moyen |
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| 2.98 | 2.91 |
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Médiocre |
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Quant au prix du mouton Néo-zélandais
Il serait intéressant qu’avant de lancer des prix à tout va en nous laissant croire que ce mouton de l’hémisphère sud va supplanter le mouton des Alpes et des Pyrénées en raison de son faible prix.
Il faudrait savoir de quoi on parle…
1/ La France n’est auto suffisantes en viande ovine qu’à 50 %. Il y a donc de la place pour celui qui veut produire. Mais le problème de la baisse de production est peut-être ailleurs. Tu as quelque chiffre depuis[url=http://www.pyrenees-pireneus.com/Pastoralisme-Marches-Ovins-France.pdf]ici[/url] et le site va s’enrichir dans le temps avec les rapports de cet année qui vont arriver. Tu verras que le Néo-zélandais n’a pas une grande place sur le marché français et même européen. Mais comme pour d’autres choses il y a des mythes qui perdurent.
2/ De quel type de bêtes ? Agneau, bête de réforme, brebis de boucherie, doublon, etc… ? De carcasse ou de vif ?3/ Le prix indiqué est le cours à quel jours ? Quel période ? Le prix de la viande n’a pas un prix fixe et garanti comme les salaires.
Pour donner une idée avec des fourchettes approximatives (car tout dépend de l’offre et de la demande selon les jours et les périodes… il est toujours fluctuant) de prix d’achat au kg en carcasse à l’éleveur par un grossiste :
- Agneau : 5 à 6 euros
- Brebis de réforme (celles qui ont produit du lait ou des agneaux pour la viande) : 1.5 à 2 euros
- Brebis de boucherie (3 / 4 ans) : 4.5 Euros environ
- Le doublon (2 / 3 ans et 18 mois minimum) en AOC Barèges (seule AOC dans ce cas) : environ 6 Euros
Le prix de vente à un consommateur peut être (est) plus élevé.
Les prix de l’agneau décollent ce 12 novembre 2010
Une semaine avant la fête de l’Aïd el-Kébir, l’ambiance sur les marchés en vif est des plus actives. Mais l’activité engendrée par les fêtes religieuses est à mettre en parallèle avec la consommation des Français qui baisse au long de l’année.
Les fêtes de Pâques et de l’Aïd el-Kébir sont l’occasion de mettre le marché de l’agneau sous les projecteurs. Durant ces périodes, la demande grimpe en effet en flèche. À quelques jours du 16 novembre, date probable de l’Aïd, les marchés en vif sont en pleine effervescence. La situation a en effet beaucoup évolué ces dernières années, et dorénavant la part des abattages clandestins est minoritaire, les abattoirs certifiés fournissant le gros des agneaux consommés pour ces fêtes. Trouver son agneau devient plus facile, en commandant sur Internet, par le biais de certaines mosquées, comme celle de Lyon, ou chez les boucheries halal traditionnelles.
Jusqu’à peu, on remarquait que les ménages musulmans restaient faiblement sensibles au prix de l’agneau pour le sacrifice, quitte à arbitrer sur d’autres postes de leur budget.
En dehors des fêtes, les Français mangent moins d’agneau
Mais la crise est passée par là, et l’agneau de l’Aïd représente un poste considérable dans les dépenses (de l’ordre de 220 à 300 euros pour un agneau français). D’autant plus que la tradition exige qu’une part de l’animal soit donnée aux nécessiteux. C’est ainsi que se développe de plus en plus un marché « discount ». Les agneaux irlandais et anglais connaissent également un regain d’intérêt, grâce à leur coût jusqu’à 30 % plus bas.
Cet attrait pour la recherche de prix bas et de promotions se ressent dans les rayons toute l’année. Habitués à des opérations promotionnelles de grande ampleur sur les autres viandes de boucherie, les ménages sont moins attirés par la viande ovine, moins fréquemment mise en avant. En effet, vu le manque de disponibilités en agneaux d’origine française en dehors de la courte fenêtre de sorties massives de Lacaune, il est difficile à la grande distribution (GMS) d’exercer des pressions tarifaires concluantes au stade entrée abattoir. Par ailleurs, nos fournisseurs étrangers s’illustrent cette année par la baisse de leurs envois, et les gigots néo-zélandais se font plus rares dans les rayons. Les prix au détail s’en ressentent. D’après le dernier panel Kantar Worldpanel, les achats de viande ovine par les ménages français ont baissé de 5,4 % en volume sur les neuf premiers mois de l’année, par rapport à la même période de 2009, alors que dans le même temps, le prix moyen (à 12,34 euros/kg) a augmenté de 2,6 %.
Ce qui confirme d’ailleurs cette tendance à la recherche de prix moins chers, c’est que les achats de morceaux à bouillir ou à braiser ont augmenté (+2,7 % en volume sur cette période, pour un prix moyen de 8,86 euros/kg), alors que ceux des morceaux à rôtir ou à griller, plus onéreux, ont baissé (- 5,1 % en volume, pour un prix moyen de 13,06 euros/kg).
Mais si les ventes baissent, d’après l’Institut de l’élevage, c’est surtout en GMS (- 6 % au premier semestre), alors que les autres circuits comme les boucheries traditionnelles ont vu leurs achats progresser de 1,5 %.
Virginie Pinson
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