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samedi 13 août 2011

La Droite et les Gauches françaises, un choix commun de l' atome...

Atomes très crochus...
L’amorce d’une sortie résolue du nucléaire n’étant, malheureusement, point imminente sous nos latitudes, il ne me semble nullement superfétatoire de remémorer brièvement les circonstances dans lesquelles les IRRESPONSABLES au sommet de l’exécutif engoncèrent la France dans cette voie aussi dangereuse qu’onéreuse.
Si la genèse du nucléaire hexa­go­nal reposa sur un usage mili­taire, son his­toire irri­gue, de manière fort édifiante, celle de « la gauche » (lors­que j’emploie ce voca­ble dans un contexte poli­ti­que, je l’entoure sys­té­ma­ti­que­ment de guille­mets).
Le 4 mai 1939, le phy­si­cien Frédéric Joliot, membre du Parti com­mu­niste, déposa via la Caisse natio­nale de la recher­che scien­ti­fi­que (Paris) à l’Office natio­nal de la pro­priété indus­trielle, en com­pa­gnie de ses col­lè­gues du Collège de France, Hans von Halban et Lew Kowarski, le brevet « Cas N° 3 », inti­tulé « Perfectionnement aux char­ges explo­si­ves », le mode d’emploi de la bombe A. Sous son égide, la France acquit l’inté­gra­lité de l’eau lourde nor­vé­gienne et s’assura de l’appro­vi­sion­ne­ment en ura­nium dans le Haut-Katanga (Congo) ; elle devint la pre­mière impor­ta­trice de ce mine­rai. Le co-lau­réat, avec son épouse Irène, du Prix Nobel de chimie, en 1935, diri­gea, dès sa créa­tion, le 18 octo­bre 1945 par le géné­ral Charles de Gaulle, le Commissariat à l’énergie ato­mi­que. Il en fut évincé après qu’il eut lancé, le 19 mars 1950, l’Appel de Stockholm affé­rent à l’inter­dic­tion abso­lue de l’arme de des­truc­tion mas­sive dont il appa­rut, avec les phy­si­ciens d’obé­dience socia­liste, Francis Perrin et Yves Rocard, comme un des géni­teurs. Taraudé par ce que je qua­li­fie­rais de « syn­drome Frankenstein/Einstein », le concep­teur de la pile « Zoé » au fort de Châtillon (à cinq kilo­mè­tres au sud de la capi­tale) réa­lisa avec effroi l’incom­men­su­ra­ble noci­vité de son « œuvre ». Le décret du 26 octo­bre 1954, signé par Pierre Mendès-France, pré­si­dent du Conseil, maté­ria­lisa noir sur blanc la déter­mi­na­tion de cons­truire le ter­ri­fiant engin de mort. Guy Mollet, qui cor­na­qua, sous la ban­nière de la Section fran­çaise de l’Internationale ouvrière, le gou­ver­ne­ment entre le 1er février 1956 et le 13 juin 1957, acquiesça au plan quin­quen­nal incluant la force de frappe, alors qu’il avait long­temps prôné une posi­tion « paci­fiste », majo­ri­taire dans sa for­ma­tion.
Pas d’un iota
Au prin­temps 1976, Charles Hernu, qui ne se dou­tait pas encore qu’il devien­drait, cinq ans plus tard, le chou­chou des galon­nés, Robert Pontillon, Jean-Pierre Chevènement, Didier Motchane et Lionel Jospin ache­vè­rent, au fil de motions inter­nes aux tour­nu­res plutôt floues, de conver­tir le PS au nucléaire mili­taire. L’adhé­sion au volet civil sui­vrait inces­sam­ment. Au préa­la­ble, à l’aube d’un scru­tin que beau­coup consi­dé­rè­rent comme cru­cial, il conve­nait de se démar­quer du gis­car­disme. Le projet socia­liste, édité au 1er tri­mes­tre 1980, insista sur « l’orga­ni­sa­tion d’un débat démo­cra­ti­que, non biaisé », impli­quant « une opi­nion infor­mée dis­po­sant d’un esprit cri­ti­que… ». La nou­velle majo­rité vote­rait dès son acces­sion aux leviers de l’État une loi garan­tis­sant « les moda­li­tés de contrôle des citoyens et des élus sur le pro­ces­sus de déci­sion », tant natio­na­le­ment que régio­na­le­ment, y com­pris dans le domaine de la sûreté nucléaire. Ces points figu­rè­rent également dans les fameu­ses « 110 pro­po­si­tions », dont les auteurs pro­mi­rent de veiller à une diver­si­fi­ca­tion du panel, de pair avec une vaste palette d’économies d’énergie… Au lieu de cela, les gou­ver­nants pro­pa­gè­rent le chauf­fage électrique, une de ces aber­ra­tions d’enver­gure qui ger­ment régu­liè­re­ment dans le cer­veau déjanté de bureau­cra­tes paten­tés et de leurs hommes-liges. Si aujourd’hui la France végète, à l’échelle de la « vieille Europe », en queue de pelo­ton quant à la pro­mo­tion des sour­ces renou­ve­la­bles, nous le devons essen­tiel­le­ment à celles et ceux qui jurè­rent, avec des accents rim­bal­diens, de « chan­ger la vie » !...
François Mitterrand aban­donna sim­ple­ment le projet de Plogoff [1], à la pointe du Raz (Finistère) de même que l’exten­sion du camp dévolu aux jeux guer­riers sur le pla­teau du Larzac. Assumant plei­ne­ment « l’héri­tage » de ses pré­dé­ces­seurs [2], le « flo­ren­tin », maître ès-esquive et mani­pu­la­tion, s’empressa non seu­le­ment d’enter­rer le mora­toire, comme l’idée d’une consul­ta­tion du Parlement et a for­tiori des citoyen(-ne)s, mais il accé­léra les cons­truc­tions en cours, en com­manda d’autres, tout en ne modi­fiant pas d’un iota l’option de la dis­sua­sion. Je rap­pelle qu’Anne Lauvergeon, récem­ment black­bou­lée par Nicolas Sarkozy des rênes d’AREVA, fut une sherpa et une grou­pie du « sphinx ».
Nous avons loupé le coche du néces­saire tour­nant à l’été 1981, lors­que l’électricité d’ori­gine nucléaire repré­sen­tait 38% du « mix ». Au terme de la pre­mière (et unique) légis­la­ture socialo-com­mu­niste sous la cin­quième République, le chif­fre avoi­sina les 60%. Après la coha­bi­ta­tion du 20 mars 1986 au 10 mai 1988, avec Jacques Chirac à Matignon, le retour du PS aux affai­res (jusqu’au 29 mars 1993) coïn­cida avec le quasi-bou­clage du parc des cen­tra­les. Depuis, la pro­por­tion du cou­rant généré par la fis­sion ne variera plus guère : entre 75 et 78%, peu ou prou le double de « l’état des lieux » ini­tial. La nomi­na­tion de deux Verts au sein du cabi­net de Lionel Jospin en qua­lité de Ministre de l’Aménagement du ter­ri­toire et de l’Environnement, Dominique Voynet (4 juin 1997 – 9 juillet 2001), puis Yves Cochet (10 juillet 2001 – 5 mai 2002), n’impulsa aucune esquisse d’alter­na­tive. L’actuelle maire de Montreuil signa une dizaine de décrets concer­nant cette occur­rence, par exem­ple l’intro­duc­tion du com­bus­ti­ble MOX dans les ins­tal­la­tions de Chinon (Indre-et-Loire) et l’érection de deux tran­ches à Civaux (Vienne) ou encore l’auto­ri­sa­tion d’un chan­tier en vue de l’enfouis­se­ment éventuel de déchets radio­ac­tifs à Bure (Meuse)… Elle ava­lisa par ailleurs la culture de maïs et d’un soja trans­gé­ni­ques…
Addictions
Édith Cresson dont les diver­ses mal­ver­sa­tions (cor­rup­tion, favo­ri­tisme, népo­tisme…) ne pesè­rent pas pour peu dans la chute, le 16 mars 1999, de la Commission euro­péenne pré­si­dée par le Luxembourgeois Jacques Santer, se sin­gu­la­risa de manière éhontée par ses partis pris en faveur des géants ato­mi­que et pétro­lier. Alors qu’elle avait notam­ment en charge à Bruxelles le pro­gramme « JOULE », miss « rien à cirer » sabra sciem­ment, avec le concours de col­la­bo­ra­teurs zélés, 655 mil­lions de F bud­gé­tés pour les énergies renou­ve­la­bles. Des hauts-fonc­tion­nai­res tri­pa­touillè­rent des études por­tant sur 936 pro­jets, solai­res ou éoliens, en pro­ve­nance de toute l’Europe. Grâce soit rendue à l’Irlandaise Nuala Ahern et aux Allemands Hiltrud Breyer et Wilfried Telkämper [3], élu(-e)s de la frac­tion verte au Parlement stras­bour­geois, qui dévoi­lè­rent ces igno­bles tur­pi­tu­des demeu­rées impu­nies.
Dans leur essai, Les vies cachées de DSK (Le Seuil, mars 2000, 249 pages, 18,30 €), Véronique Le Billon et Vincent Giret, jour­na­lis­tes au men­suel L’Expansion, consa­crent le cha­pi­tre « Ministre privé » à cer­tai­nes pres­ta­tions « intel­lec­tuel­les » exé­cu­tées par Dominique Strauss-Kahn. On y apprend ses accoin­tan­ces, aussi véna­les qu’idéo­lo­gi­ques, avec le lobby nucléaire. Après sa défaite aux légis­la­ti­ves de mars 1993, le recalé de l’ÉNA créa DSK Consultants. Entre 1994 et 1996, EDF lui versa envi­ron 1,5 mil­lion de francs, en par­ti­cu­lier pour avoir favo­risé la coo­pé­ra­tion franco-alle­mande sur l’EPR (Siemens/Framatome). Il se ficha comme d’une guigne que la Cour des comp­tes l’épinglât pour le mon­tant de ses émoluments. De la Cogéma, le natif de Neuilly-sur-Seine palpa quel­que 600 000 francs pour des inter­ven­tions auprès de dépu­tés sociaux-démo­cra­tes qu’il s’agis­sait de convain­cre quant à l’opé­ra­tion sus­vi­sée. Il « pigea » aussi pour l’Agence natio­nale pour la ges­tion des déchets radio­ac­tifs. Au total, il perçut jusqu’en 1997 en moyenne 200 000 francs par mois pour quel­ques rap­ports, cour­riers, entre­tiens de visu et coups de fil… Alors que son… addic­tion à…l’atome lui avait rap­porté gros, quel­ques-un(-e) de ses affidé(-e)s pré­ten­dent que l’ex-ponte du FMI envi­sa­geait un désen­ga­ge­ment de ce mode de pro­duc­tion énergétique. Bien avant les événements sur­ve­nus, le 14 mai der­nier, dans la suite 2806 du Sofitel de Manhattan, celui qui avait trop long­temps entre­tenu la fic­tion quant à son pou­voir de « séduc­teur » quasi irré­sis­ti­ble avait déclaré qu’il « n’est pas sou­hai­ta­ble que l’huma­nité y renonce… » [4]. Pas au har­cè­le­ment sexuel, au nucléaire !...
Après l’acci­dent sur­venu à Fukushima, suite au séisme et au tsu­nami du 11 mars der­nier, irri­tée par la résur­gence de la polé­mi­que autour d’une tech­no­lo­gie de toute évidence guère maî­tri­sa­ble en cas d’embal­le­ment et poten­tiel­le­ment à très haut risque, Ségolène Royal avait repro­ché aux écologistes de ne pas res­pec­ter un « délai de décence ». Benoît Hamon demande un « inven­taire précis ». Je l’affran­chis ? La France compte cin­quante-huit réac­teurs d’une puis­sance glo­bale de 63260 méga­watts (qua­rante-quatre sur les berges d’un cours d’eau, qua­torze en bord de mer) répar­tis sur dix-neuf sites. Seuls les States la devan­cent : cent quatre. Jack-« Il n’y a pas mort d’homme »-Lang ne craint pas d’être fou­droyé par le ridi­cule en péro­rant sur une « énergie paci­fi­que, non-pol­luante ».
François Hollande estime qu’aban­don­ner une indus­trie « où on est sans doute les meilleurs » (sic) serait « ni économiquement sérieux, ni écologiquement pro­tec­teur, ni socia­le­ment ras­su­rant ». On concé­dera au moins au pré­si­dent du Conseil géné­ral de Corrèze une fran­chise qui tran­che avec les lou­voie­ments cha­fouins d’autres hié­rar­ques sié­geant au 10 rue de Solférino.
Aurélie Filippetti, dépu­tée de la Moselle, a pris sans ambi­guïté ses dis­tan­ces avec la posi­tion du bureau natio­nal, une « vision dépas­sée » [5]. Elle a exhorté ses « amis socia­lis­tes à une prise de cons­cience ». Mouais ! Martine Aubry a sonné les clo­ches à la franc-tireuse, non sans indi­quer qu’elle adhère à la « logi­que des Verts en la matière ». Une sortie au mieux d’ici vingt ans, donc ! Eu égard à l’urgence d’un revi­re­ment et d’une reconver­sion, une telle échéance, que la fille de Jacques Delors aurait néan­moins du mal à vendre à ses ouailles, équivaut aux calen­des grec­ques…
René HAMM, Bischoffsheim (Bas-Rhin), le 9 juillet 2011
Notes
[1] Le 16 mars 1980, 50 000 personnes manifestèrent à l’occasion de la clôture de l’enquête d’utilité publique. Le week-end des 24 et 25 mai, près de 150 000 opposant(-e)s se rassemblèrent face à la Baie des trépassés, quelque 60 000 restèrent pour un fest-noz. Je signale le documentaire en 16 mm de Nicole et Félix Le Garrec, Plogoff : des pierres contre des fusils (112 minutes), sorti le 19 novembre 1980, qui avait attiré 250 000 intéressé(-e)s dans les salles obscures, ainsi que l’ouvrage de Gérard Borvon, Plogoff, un combat pour demain, paru le 15 juin 2004 aux Éditions Cloître à Saint-Thonan (Finistère), 224 pages, 19 euros chez l’auteur, animateur de l’association S-Eau-S : 20 rue des frères Mazéas 29800 Landerneau.
[2] Le 5 mars 1974, le premier ministre Pierre Messmer, disposant des pleins pouvoirs en raison de la maladie du Président Georges Pompidou (qui s’éteignit, le 2 avril suivant), lança la construction de la première ligne de TGV reliant Paris à Lyon et un gigantesque programme prévoyant six réacteurs par an pendant une décennie. Valéry Giscard d’Estaing en appliqua une partie.
[3] Le 16 juin 2007, il a adhéré au parti Die Linke (La Gauche). Depuis le 1er juillet 2010, il préside aux destinées du Centre pour le dialogue international et la coopération, une entité de la Fondation Rosa Luxemburg, à Berlin.
[4] La flamme et la cendre, Grasset, janvier 2002, 395 pages, 20 €. Dans cet assemblage de deux vocables que le thuriféraire de « l’économie de marché » avait récupérés dans un discours de Jean Jaurès, je perçois aujourd’hui, sans persiflage excessif, une métaphore de sa trajectoire, tant politique que privée…
[5] Le Monde du 16 mars 2011. Le 8 avril, celle qui évitait de se retrouver seule avec DSK dans un endroit fermé avait signé, avec Christophe Caresche, Jean-Paul Chanteguet, et Géraud Guibert, dans le quotidien vespéral une tribune titrée « Sortons du nucléaire ».

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