Moi, allocataire du RSA, privé de contrat aidé
Je suis allocataire du RMI depuis février 1992, ma famille et moi ne survivons que grâce à ce Revenu minimum d’insertion. Pas besoin de dire dans ces lignes la dureté du quotidien, toutes les familles du quart-monde en témoignent au jour le jour. Pas besoin de dire dans ces lignes l’humiliation de ne pas être maîtres de nos vies. Pas besoin dans ces lignes d’exprimer ma lassitude devant un emploi que je n’aurai jamais. Bien qu’en désaccord avec la mise en œuvre du RSA (revenu de solidarité active), j’ai joué le jeu. Depuis des mois, avec l’aide de membres d’ATD-Quart Monde, avec l’attention de nos délégués nationaux, nous cherchons une solution (même provisoire) pour qu’enfin notre famille puisse vivre dignement par le travail (demande répétée dans tous mes contrats d’insertion).
Alors que nous commencions à voir une lueur d’espoir (pour un contrat de six mois à mi-temps), le matin du 22 octobre, le maire de ma commune m’a informé que Pôle emploi venait de durcir les critères d’éligibilité des contrats aidés. Comme nous le savions déjà, ce sont les plus exclus qui sont les premières victimes de la crise, de la dette, des restrictions.
Mais, alors que la loi de finances 2011 est encore en discussion au Parlement, des décisions sont déjà mises en œuvre qui portent atteinte à nos possibilités de retour à l’emploi. Plus aucun contrat aidé ne sera renouvelé, plus aucun contrat aidé ne sera signé avant janvier 2011. Où est la cohérence ?
Dans le RSA, nous nous engagions à être en recherche active d’emploi ; de son côté, le gouvernement aidait à financer ou à reconduire plus de 500 000 emplois, par le biais du Contrat unique d’insertion, qui prenait la forme d’un CIE dans le secteur marchand et d’un CAE dans le secteur non marchand. Tout est stoppé depuis mercredi.
Ce que je comprends, c’est qu’il est plus juste de rendre 80 millions d’euros à une personne qui en a certainement besoin que de financer 16 650 contrats aidés à temps plein pendant six mois, pour des familles qui, de toute façon en cas de besoin, seront aidées par les Restos du cœur.
Malgré tout, pour continuer à percevoir le RSA, nous devons continuer à être en recherche active d’emploi. J’attire votre attention sur le fait que toutes les mesures restrictives ou suspensives du RSA sont faites en violation de la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions de 1998 (art. 1er), en violation de notre Constitution (préambule), en violation de la charte sociale européenne rectifiée (art. 16 et 30) et, point d’orgue, en violation de la résolution du Parlement européen du 20 octobre sur le rôle du revenu minimum dans la lutte contre la pauvreté et la promotion d’une société inclusive en Europe (2010/2039, INI).
Nous, les précaires, sommes la dernière roue du carrosse. Si on nous prive même de ces emplois aidés, quel est notre avenir, à part devenir des handicapés sociaux ? Quant à la retraite, avec la réforme, elle devient une utopie impossible à atteindre.
THIERRY RAUCH, Militant ATD-Quart Monde
Bonjour Thierry et bonjour à tous
RépondreSupprimerMerci pour ton témoignage Thierry;
Plutôt que ces allocations et autres aides qu'il faut aller quémander en subissant un contrôle social humiliant, il y a des pistes très intéressantes, fondées sur des analyses économiques tout à fait valides: Le Revenu Universel d'Existence (RUE), un revenu INCONDITIONNEL (d'environ 700 à 1000 euros selon les propositions) versé à tous, qui permettrait concrètement de sortir de ce système du "couperet", du tri sélectif entre les insérés et les non insérés sur le marché de l'emploi.
Voici une vidéo où le RUE est expliqué par deux d'entre ces porte parole les plus connus (Baptiste Mylondo- mouvement Utopia, tendance critique décroissante; et Yoland Bresson):
http://www.mediapart.fr/club/blog/le-mouvement-utopia/231010/quelles-sont-les-options-concretes-pour-le-revenu-universel-et-
Je crois qu'il faut passer ce pas de l'inconditionnalité, sinon on restera toujours englué dans ce système qui pense qui l'être humain ne peut faire quelque chose de lui que stimuler par la carotte et le bâton...
Bonne chance dans vos combats et projets!
Alice
Salut Thierry
RépondreSupprimerJe tombe par hasard sur ton article qui est vraiment très percutant ! C'est très important que ce qui vous arrive soit connu et dénoncé comme tu le fais. Si tu es d'accord, je trouve que ce serait bien de mettre cet article sur le site du Mouvement International ATD Quart Monde dont je m'occupe. Courage !
Bonjour les citoyens diois,
RépondreSupprimermerci d'avoir reproduit cette tribune, publiée dans le journal Libération le 29 octobre et le 30 octobre sur http://www.atd-quartmonde.fr/Moi-allocataire-du-RSA-prive-de
Je precise que votre photo n'a pas de lien direct avec l'article.
Cordialement,
Jean-Christophe Sarrot, ATD Quart Monde
Merci Jean Christophe. Nous sommes preneur d' autres informations de cette sensibilité sociale...
RépondreSupprimerCordialement
Claude Veyret
veyret.claude@wanadoo.fr