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samedi 26 mars 2011

le Nucléaire contre la démocratie


Une catastrophe de nature politique et civique
Au-delà de l'étendue du désastre et des souffrances des victimes qui suscite l'effroi et la compassion, les images qui nous parviennent du Japon témoignent d'une incroyable légèreté dans l'appréciation des risques comme dans l'organisation des secours.
S'agissant de la troisième puissance économique du monde, d'une très ancienne civilisation et d'un peuple dont la capacité d'innover est exceptionnelle, il y a de quoi être surpris et inquiet. Il est vrai qu'en la matière le Japon n'est pas la seule nation "avancée" à gérer des catastrophes naturelles de manière "catastrophique".
Pourtant, face à la grande sismicité qui caractérise le Japon, ses habitants ont fait face par le recours à des techniques appropriées de construction et par un système performant de détection et d'alerte dont on s'accorde à reconnaître l'efficacité. Quant aux tsunamis dont certains, dans le passé, ont pu comporter une vague de quarante mètres de haut, ils sont pratiquement imparables à moins de se situer à quelques kilomètres à l'intérieur des terres. S'ils firent toujours de nombreuses victimes dans l'histoire du Japon cela tient à la valeur nourricière de l'agriculture et de la pêche des étroites plaines côtières de cet archipel montagneux.
Pour quelle raison, en revanche, une batterie de réacteurs nucléaires dont les six cubes de béton sont devenus pour nous la vision familière de Fukushima, furent-ils posés en bordure même de l'océan ? S'ils avaient été situés à six ou sept kilomètres à l'intérieur des terres, les eaux marines n'auraient pas pu noyer les groupes relais d'alimentation électrique permettant la poursuite du refroidissement des réacteurs par injection d'eau douce.
POINT DE NON RETOUR
Cette monstrueuse aberration révèle une catastrophe de nature politique et civique dont on ignore le détail mais dont on devine les ingrédients : négligence due à la précipitation ou décision ne prenant en compte que des intérêts financiers, arrogance et mauvaise foi des responsables de l'entreprise électrique et, surtout, information insuffisante du public, escamotage des débats démocratiques, peut-être aussi, hélas, le désintérêt d'une partie des citoyens qui se sentent satisfaits du moment qu'ils disposent d'essence et de courant électrique.
Il faudra tirer les leçons de ce désastre. Cette fois l'eau ne servira plus à refroidir les réacteurs. Elle devra venir de l'Alphée et du Pénée, cours d'eau qui servirent à Hercule pour nettoyer les écuries d'Augias. Espérons que les Japonais seront moins indulgents avec les responsables de ce drame qu'ils ne le furent, il y a plus d'un demi-siècle, avec leurs criminels de guerre. Il reste que pour tous les humains l'urgence est de comprendre que l'enjeu des options en ce domaine ne se limite plus à une simple erreur qu'il est toujours possible de rattraper mais au risque d'atteindre un point de non retour. Comme pour la biodiversité, comme pour le réchauffement climatique, comme pour la pollution des océans. Et cela ne concerne pas que le Japon.
Michel Drain Mothré, agrégé de géographie et chercheur émérité au CNRS

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