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mercredi 13 octobre 2010

Des manifestants en nombre à Montélimar

Retraites : Sarkozy doit abandonner sa contre réforme…

Suite au succès des manifestations de mardi, 32.000 manifestants à Valence et 8.000 à Montélimar, 'ils étaient plus de 40.000 dans la Drôme', 'ils étaient près de 14.000 en Ardèche' titre aujourd'hui de Dauphiné Libéré...

La mobilisation a atteint un sommet ce mardi…

A l’évidence, Nicolas Sarkozy n’avait pas prévu ça. Loin de s’essouffler, la mobilisation contre la réforme des retraites s’est accentuée, ce mardi, dans toute la France. Elle a même atteint son sommet : 3,5 millions selon les manifestants. «Encore plus que lors du CPE», dernière rebuffade gouvernementale en date, se réjouit Eric Aubin, le «monsieur retraites» de la CGT. Et la grève se poursuit aujourd’hui dans les transports et plusieurs usines.

«Au bout de ce qui est possible»

Les cortèges étaient remplis partout. Record de mobilisation à Toulouse, à Marseille, ou à Paris. Lycéens et étudiants s’y sont mis aussi. Pas toujours très nombreux (8% de lycées touchés), mais avec un talent indéniable pour enflammer les cortèges. Ainsi Sacha, mégaphone autour du cou, harangue ses copains du haut d’un abribus. «Les lycéens savent que la réforme des retraites augmente le chômage des jeunes. Ça va continuer à monter!» Et l’inquiétude augmente avec l’âge. Thérèse, 70 ans, «ne comprend pas» pourquoi Nicolas Sarkozy «s’obstine.»

Ce mardi, le Président ne s’est pas exprimé. Mais Eric Woerth et François Fillon sont montés au front. Le ministre du Travail est persuadé que «le gouvernement n’a pas perdu la bataille de l’opinion.», tandis que locataire de Matignon assure qu’«on est au bout de ce qui est possible» sur les négociations. Les syndicats, eux, se sentent en position de force. Ils renvoient le président à ses responsabilités, puisque «toutes les concessions sont toujours venues de lui», rappelle la CFDT. Reste à voir si cette journée l’aura convaincu de reculer.

Les journaux note la réussite de la journée de mobilisation...

«Cette fois les syndicats ont remporté leur pari... sans compter. Et nul ne le conteste», note La République du Centre. Après la mobilisation record contre la réforme des retraites et la fermeté affichée par le gouvernement, les éditorialistes jugent mercredi le climat «explosif» et estiment que le conflit a pris une nouvelle dimension avec l'entrée en scène de la jeunesse.

Seul Le Figaro, sous la plume de Gaëtan de Capèle, remarque que «si, à l’évidence, le nombre des manifestants a été, hier, supérieur à celui du 23 septembre, le taux de grévistes n’a globalement pas varié». Pour le quotidien conservateur, «il ne suffit pas de crier victoire pour démontrer que l’on a gagné» et «le gouvernement reste à juste titre décidé à mener la réforme à son terme».

«On change de film»

Pourtant, au lendemain de cette journée qui a rassemblé selon les sources entre 1,2 et 3,5 millions de manifestants, «on change de film», écrit Laurent Joffrin dans Libération. Le directeur du journal de gauche estime que «le gouvernement aperçoit avec inquiétude la possibilité d’une tuile».

«Les syndicats ont réussi leur pari, la mobilisation n'a pas faibli et le scénario longtemps caressé par l'Elysée d'une bataille éclair a fait long feu», commente Dominique Seux dans Les Echos.

La presse, à l'instar de Marc Dejean dans Presse Océan, insiste désormais sur «un risque de radicalisation et de débordements».

«Aucune concession n’apparaîtrait suffisante»

Estimant qu'«aucune concession n'apparaîtrait suffisante à un mouvement syndical gonflé par le succès», Dominique Quinio juge dans La Croix que «certaines organisations peuvent être tentées par une stratégie du désordre».

«Lycées bloqués, cours séchés, professeurs en grève: le cocktail est explosif», relève Yann Marec dans le Midi libre. «Le renforcement de la mobilisation et surtout la présence des jeunes sont en train de transformer le conflit en nasse pour Nicolas Sarkozy», commente Daniel Ruiz dans La Montagne.

Didier Louis, du Courrier picard, estime que le chef de l'Etat «n'a plus le choix» et doit «aménager de nouveaux terrains de négociation». «Un pouvoir ne peut trop longtemps rester sourd à ses messages sans risquer d’être réveillé en sursaut, un jour ou l’autre, par un impérieux cri de colère», avertit Olivier Picard des Dernières Nouvelles d'Alsace.

Beaucoup jugent néanmoins qu'il est trop tard pour un compromis, après la fin de non-recevoir de François Fillon. «On sait désormais que l'affrontement ne pourra tolérer qu'un vainqueur, et donc un vaincu. Des triomphants, et des humiliés. Triste et dangereuse sortie», écrit Francis Brochet dans Le Progrès de Lyon.

Royal: «Les Français sont entrés en résistance» sur le dossier des retraites

La socialiste conseille à François Fillon de «suspendre sa réforme»…

Les jeunes ont «donné un nouvel avertissement au gouvernement», a assuré Ségolène Royal, invitée du JT de TF1, au terme d’une forte journée de mobilisation. «Je conseille très vivement au gouvernement d’entendre cet avertissement, sinon il sera responsable de tout ce qui arrivera», a continué la présidente de la région Poitou-Charentes.

Titillée sur les critiques de la majorité, qui estime que l’opposition instrumentalise les jeunes et les étudiants, elle a appelé les jeunes «à descendre dans la rue de manière pacifique» car «le pouvoir va exploiter le moindre incident pour décrédibiliser le mouvement». «Le jeunes sont assez grands pour savoir ce qu'ils doivent faire», a-t-elle estimé, ajoutant: «A 15 ans, à 16 ans, je pense en effet que les jeunes sont responsables et savent pourquoi ils descendent dans la rue. Ils ont leur mot à dire» sur le dossier des retraites. D’après l’Union nationale lycéenne, quelque 90.000 lycéens avaient participé aux manifestations record de ce mardi.

«Le Premier ministre va bouger»

«S'ils se mettent aujourd'hui dans les manifestations c'est parce qu'ils ont le sentiment d'être méprisés, comme l'ensemble des Français d'ailleurs», a-t-elle expliqué. Pour Ségolène Royal, «le Premier ministre va bouger (…). Il va, il doit suspendre sa réforme car les Français sont entrés en résistance», a-t-elle jugé contre cette réforme qui revient à casser «le modèle social français» qui fait partie du «patrimoine français».

D'après elle, le gouvernement n'a que deux solutions: soumettre sa réforme à un référendum ou dire «j'ai entendu cette résistance, je suspends la réforme, je reprends les discussion». Deux options absolument pas envisagées par l'exécutif, qui reste inflexible.

Apis


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