7 octobre 2006 : Anna Politkovskaya, assassinée pour son combat pour la liberté de la Presse.
Anna Politkovskaya a été assassinée le samedi 7 octobre 2006 à Moscou. Cette journaliste russe a joué un rôle très important. Elle a permis aux lecteurs de ses articles et livres de connaître ce qui devait rester caché. Se rendant à ses risques et périls en Tchétchénie, elle a rendu compte des crimes de guerre commis.
Elle a essayé sans cesse de susciter des réactions dans son pays, la Russie, mais aussi à l’extérieur et par exemple elle est venue plusieurs fois en France pour des conférences.
Elle a exprimé ce qu’une femme russe, comme elle, pouvait souffrir devant l’évolution de son pays : recul de la démocratie, information muselée, montée de la xénophobie (en ce moment se déroule une chasse aux Géorgiens en Russie).
Que veut-on abattre par cet assassinat ?
Anna Politkovskaya, correspondante du bi-hebdomadaire russe Novaya Gazeta, journaliste connue par son engagement contre la guerre en Tchétchénie, a été assassinée le 7 octobre 2006 vers 17h. Son corps a été retrouvé dans l’ascenseur de son immeuble, rue Lesnaya, à Moscou.
Mme Politkovskaya avait été menacée à plusieurs reprises à la suite de ses publications sur la Tchétchénie et le Caucase du Nord [1], notamment à la suite de son travail d’enquête sur la prise d’otages au théâtre de Moscou en 2002. [2]
Elle avait par ailleurs été l’objet de graves représailles dans le cadre de son activité professionnelle au cours de ces dernières années : notamment, elle avait été arrêtée en 2000 par des militaires russes dans la région de Chatoi (Tchétchénie) pour avoir enfreint un règlement particulièrement restrictif pour les journalistes. En février 2001, elle avait été détenue pendant trois jours par des soldats russes dans le village de Khatuni (Tchétchénie), où elle avait été menacée de viol et de mort. En 2004, elle avait été empoisonnée dans l’avion, alors qu’elle se rendait en Ossétie du nord pour participer aux négociations avec les preneurs d’otages de l’école de Beslan.
Son assassinat intervient alors que devait paraître, le 8 octobre 2006, dans Novaya Gazeta, son article sur la pratique de la torture en Tchétchénie, impliquant directement Ramzan Kadyrov, premier ministre de Tchétchénie, nommé par le Président Poutine.
Cet assassinat s’inscrit plus généralement dans un contexte de violence accrue à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et des voix dissidentes en Fédération de Russie. À cet égard, un appel au meurtre vient d’être lancé sur un site Internet, comportant une liste de noms et d’adresses personnelles des défenseurs des droits de l’Homme et des membres de leurs familles. De plus, ces faits se produisent dans le cadre d’une dégradation constante des libertés fondamentales en Russie, en particulier des libertés d’expression et de la presse. La Novaya Gazeta est l’un des derniers journaux indépendants en Russie, publiant des articles critiques à l’égard de la politique du gouvernement, concernant aussi bien la situation en Tchétchénie que celles des libertés fondamentales.
Apis
Notes
[1] Mme Politkovskaya était l’auteur de plusieurs livres sur la guerre en Tchétchénie :
Voyage en enfer, Robert Laffont, 2000 ;
Tchétchénie, le déshonneur russe, Buchet Chastel, 2003 ;
Putin’s Russia, HarvillP., octobre 2004 ;
La Russie selon Poutine, Buchet Chastel, 2005.
[2] Elle avait remporté plusieurs prix récompensant son travail d’investigation, notamment : le prix 2003 de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour le Journalisme et la Démocratie ; le prix Lettres Internationales pour son livre intitulé Tchétchénie, le déshonneur russe ; le prix « Courage en journalisme » de l’International Women’s Media Foundation (IWMF) ; le prix international pour le journalisme sur les droits humains 2004 d’Amnesty International ;
le prix Olof Palme 2004 ; le prix de Reporters sans Frontières « Liberté de la presse ».
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