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mardi 25 mai 2010

les collaborateurs du nucléaire sont parmis nous...

Mémoire : Article paru le 14 décembre 1998, (in extenso).

La Drôme défend ses sites nucléaires

Présidé par le maire UDF de Pierrelatte, le docteur vétérinaire Jean Mouton, le conseil général de la Drôme ne compte qu’un seul communiste, Jean-Pierre Rambaud, élu du canton de Die. Pourtant, au sein d’une assemblée largement dominée par la droite, ce conseiller n’est pas de ceux qu’on ignore. Preuve en est, cette séance du conseil général qui se déroulait jeudi dernier à Valence pour débattre en public du nucléaire. Fort d’une campagne de pétitions menée depuis plusieurs mois par les communistes de la Drôme, afin que s’instaure un débat sur l’avenir des sites nucléaires du département, appuyé par les demandes conjointes de la CGT et de FO, Jean-Pierre Rambaud avait finalement obtenu de Jean Mouton cette séance exceptionnelle. Les salariés, mais aussi les directeurs des centrales EDF du Tricastin, du CEA, de la COGEMA, de Comhurex, d’Eurodif et de la FBFC, ainsi que les représentants syndicaux et des personnes qualifiées y étaient invités.

Au final, l’unanimité devait se manifester en faveur de la défense des sites nucléaires, considérés comme nécessaires au maintien de l’indépendance énergétique du pays. Décision fut également prise de s’adresser au premier ministre, afin que le gouvernement tienne compte des voix de la Drôme. Pourtant, c’est dans ce même département que, sous l’égide de la députée socialiste Michèle Rivarsi, est née la CRIIRAD. L’organisme qui, de la Hague au Mercantour, traque les moindres signes de rayonnements ionisants pour combattre sans ménagement l’énergie nucléaire.

Il est vrai qu’ici, de l’aveu même du président Mouton, "la fin du nucléaire signifierait la mort du pays". Le nucléaire fait vivre quelques 20.000 personnes, rapporte au département et aux communes près de 200 millions de francs de taxe professionnelle, et surtout contribue à satisfaire une grande partie des besoins nationaux en électricité. Or, il y a péril en la demeure. Pour Jean-Claude Cauvin, ingénieur du CEA, chef de laboratoire à Cadarache, qui intervenait jeudi comme personnalité qualifiée, "3% d’augmentation de la consommation (c’est loin d’être une hypothèse élevée NDRL) signifie que dans dix ans on aura besoin de 40% de plus d’électricité. La fable de la surcapacité de l’outil de production d’électricité a vécu, car aujourd’hui EDF est obligée d’importer pour répondre aux besoins. Si on n’engage pas de nouveaux outils de production (EDF parle de 2018 pour des renouvellements de mise en service) le déficit va s’amplifier".

Et, comme devait le rappeler Jean-Pierre Rambaud : "D’ores et déjà, la suppression de 321 emplois à la FBFC à Romans (qui assure le conditionnement de l’uranium enrichi par Eurodif Ä NDRL) ouvre la voie à la remise en cause de la filière." L’élu communiste dénonce aussi l’ouverture de l’électricité aux marchés financiers, et notamment le projet de loi qui, adopté au dernier Conseil des ministres (voir "l’Humanité" du 10 décembre 1998) vise à transposer en droit français la directive européenne ouvrant le réseau national à la concurrence. Selon le conseiller général de Die, si on s’inscrit dans cette logique de déréglementation "alors qu’EDF est en sous-capacité (au risque de manquer d’électricité cet hiver) le premier producteur européen devrait arrêter tout développement, mettre en sommeil sa filière électronucléaire". A contrario, Jean-Pierre Rambaud propose d’augmenter les capacités du parc électronucléaire en préservant l’intégralité de la filière et sa cohérence. Il estime notamment nécessaire de réfléchir, dès aujourd’hui, à l’usine d’enrichissement de l’uranium qui prendra la place d’Eurodif dont la durée de vie viendra à terme en 2005. Enfin, évoquant l’afflux sur le marché mondial de combustible qui, issu du recyclage des armes nucléaires de l’ex-URSS, entre en concurrence avec la Comhurex (dont les 300 salariés du site de Malvesie dans l’Aude vont être mis en chômage technique) il se demande si le même risque n’existe pas pour la Drôme, où 170.000 tonnes de combustible sont en partie contrôlées par la COGEMA, maison mère de Comhurex.

Une énergie d’avenir

De leur côté, les dirigeants syndicaux devaient souligner jeudi les atouts que constituent pour l’emploi et le département, le développement des sites nucléaires. Gérard Clément, de FO, considérant "l’industrie nucléaire comme la chance du XXIe siècle pour la Drôme", et dénonçant au passage "l’abandon de Superphénix, exemple type de décision politique sans fondement économique et technique si ce n’est de faire plaisir à un groupuscule pseudo-écologiste". Jean-Luc Narcisse, du syndicat FO de la COGEMA, se rangeant, quant à lui, "clairement dans le camps des défenseurs de l’industrie nucléaire". Si pour Serge Martin, de la CGT, "il faut retirer le projet de loi sur la transposition de la directive européenne sur l’électricité", pour le conseiller général socialiste Jean Besson (qui est également sénateur), "la création d’un espace européen sans frontière est une occasion unique pour nos entreprises nationales de se développer".

S’inscrivant dans la démarche qui justifiait cette séance exceptionnelle, Jean Besson devait souligner aussi que "le nucléaire est une énergie d’avenir dans laquelle la France a acquis une compétence et un savoir-faire indiscutable". "N’oubliez pas qu’à l’époque où le général de Gaulle engageait la France dans la production d’énergie nucléaire vos amis manifestaient contre", lui fit cependant remarquer le RPR Michel Tavan qui, à l’instar de l’UDF Georges Durand, reprenait à son compte l’idée d’interpeller le premier ministre. Plus favorable à une rencontre avec le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christian Pierret, Jean Besson entrouvrait ensuite quelques incertitudes sur l’avenir, "si la France ne parvient pas à faire valoir ses thèses en faveur du nucléaire. (…) Les gros lobbies européens concurrents d’EDF sauront habilement exploiter, voire manipuler, le sentiment de crainte dans l’opinion publique pour désigner le nucléaire".

Les directeurs des différents sites s’employèrent alors à justifier la politique énergétique du gouvernement, sans pour autant intervenir sur la décision des élus d’aller trouver le premier ministre. A l’origine de cette séance particulière, il ne restait plus aux communistes drômois qu’à se retrouver quelques minutes après la fin des débats dans un hôtel près de la gare pour échanger leurs impressions. Pour Jean-Pierre Basset, secrétaire de la fédération de la Drôme, "il faut maintenant poursuivre le débat". Selon Maxime Villota, automaticien au Tricastin, "tous les élus ne sont pas sur la même longueur d’onde, mais l’important c’est d’avoir provoqué le débat". Enfin, pour Françoise Simonot, ingénieur EDF au Tricastin, "cette séance n’était pas inutile, elle aura contribué au débat national sur l’avenir de l’énergie, même si pour l’heure, ce débat est loin d’avoir pris l’ampleur qu’il mérite". C’est le 21 janvier que l’Assemblée nationale doit débattre de cette question. A suivre.

PIERRE AGUDO.

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