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jeudi 20 mai 2010

Liberté d' informer

Faire taire ces Journalistes qui dérangent. Coupables,
Monsieur le président du tribunal, je plaide coupable. Je n'ai pas su couvrir l'importante affaire dont jugement a été rendu le 6 mai ni convaincre des collègues plus avertis de le faire. Ainsi donc, le 6 mai, le tribunal de grande instance de Paris a condamné l'ex-président de Radio France, Jean-Paul Cluzel, et le journaliste Benoît Collombat. Ils auraient diffamé Vincent Bolloré dans le reportage diffusé le 29 mars 2009 sur l'antenne de France Inter, réalisé par M. Collombat et intitulé "Cameroun, l'empire noir de Vincent Bolloré".
Les éléments apportés par le journaliste sur la société Camrail et sur le port de Douala ont été jugés diffamatoires. Mais cela n'a pas été le cas pour les informations relatives aux plantations de palmiers à huile exploitées par la société Socapalm (filiale de la société Socfinal, possédée à 38 % par le groupe Bolloré). Plusieurs travailleurs de cette société décrivent dans le reportage les conditions déplorables qui y règnent, l'un allant jusqu'à dire : "Nous subissons un esclavage modernisé, ici, à la Socapalm." Des enquêtes menées indépendamment par la photographe Isabelle Alexandra Ricq et par le chercheur Julien-François Gerber sont citées par le jugement et montrent la même réalité. Dans tous les pays où elle est produite - Indonésie, Malaisie, Colombie - l'huile de palme a aussi des impacts écologiques très nuisibles. Sur le Cameroun, l'utile éclairage de Mme Ricq est consultable sur son site http://isabellericq.fr
Mais je ne veux pas tant vous entretenir de palmiers à huile que de la politique nouvelle des puissances économiques : elles cherchent à faire taire journalistes et investigateurs environnementaux en les poursuivant en justice. Nos amis québécois parlent de "poursuites-bâillons" - de bâillonner, faire taire. Ainsi de grandes compagnies minières poursuivent les auteurs du livre Noir Canada (éd. Ecosociété 2008), la Fédération nationale des producteurs de raisin de table a récemment tenté de faire condamner la publication d'une enquête sur les pesticides, Max Havelaar assignait, le 16 mai, au tribunal Christian Jacquiau, auteur du livre Les Coulisses du commerce équitable (éd. Mille et une nuit 2006). Et Mme Ricq est citée devant le tribunal le 2 juillet par M. Bolloré, pour ce qu'elle a dit à France Inter sur les plantations de palmiers. Ce qui est en cause derrière ces affaires n'est rien d'autre que la liberté d'informer. Mieux vaudrait pour la santé de la démocratie ne plus être coupables d'inattention.
Hervé Kempf
Courriel : kempf@lemonde.fr

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