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jeudi 17 juin 2010

Die 26150 : laissez vos emballages à qui de droit...

Ai-je le droit de laisser les emballages au supermarché ?

Oui, le consommateur opposé au suremballage peut laisser aux caisses de son supermarché, s'il le souhaite, les emballages qu'il juge inutiles, explique Jérôme Bédier, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Une position exprimée au nom de la satisfaction-client. Des « pratiques sensibilisantes » surviendraient si un tel réflexe se généralisait.

Existant ailleurs en Europe, l'abandon des emballages superflus en sortie de caisse n'est pas qu’une habitude française. Quelques expérimentations existent au sein de différentes enseignes à Die. Mais doivent se généraliser.

Mais le président de la FCD insiste sur l'aspect expérimental de ces initiatives : « Nous le disons de façon très nette : il ne faut pas que le magasin devienne un lieu de collecte des déchets. »

Le Sénat a pourtant adopté un amendement au projet de loi « Grenelle II », actuellement en navette entre Sénat et Assemblée, qui vise à institutionnaliser la collecte en grandes surfaces à travers des plates-formes dédiées. Vent debout contre cette éventualité, la FCD a déjà obtenu le relèvement du seuil des magasins concernés, de 500 à 2 500 m2. Mais elle déplore qu'un amendement ait instauré cette mesure « qui avait été écartée des conclusions du Grenelle », rappelle Jérôme Bédier, et ne désespère pas d'en obtenir l'abandon.

Jérôme Bédier : « Au final, tout est payé par le consommateur »

L'argument de la FCD est qu'il vaut mieux prendre le problème du suremballage à la source. Il rejoint celui des environnementalistes. Pour le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid) et Ecologie au Quotidien de Die, qui soutiennent depuis 1999 des opérations ponctuelles de déballage dans les supermarchés, « le principal avantage des plates-formes de déballage est de permettre la sensibilisation du public ».

Wiebke Winkler, chargée de mission « réduction des déchets » au Cniid :

« La grosse inconnue qui demeure en cas de déploiement de plates-formes de déballage est de savoir ce que fera le magasin des déchets collectés : les transfèrera-t-il dans un circuit de collecte préexistant, où les intégrera-t-il dans son flux de déchets internes ? Cette dernière solution paraît la plus cohérente. »

Sur ce point, la FCD craint que la création d’une nouvelle filière n’entraîne des coûts nouveaux, tout en « désoptimisant » les filières de collecte déjà existantes. « Plus on crée de nouveaux circuits, de nouvelles filières, plus ça rajoute des coûts », rappelle Jérôme Bédier. « Et au final, tout est payé par le consommateur. »

Et si on luttait contre la prolifération des emballages ?

« Réduire, réutiliser, recycler… Les 3R de l'environnement ne pourraient-ils pas s'adjoindre d'un S comme supprimer » précise Ecologie au Quotidien. Est-il possible de supprimer les emballages, responsables d'un quart des déchets des ménages ? Certainement pas. D'abord parce qu'ils sont un support d'informations sur la composition et les dates de péremption du produit. Ensuite parce qu'ils préservent ses arômes, le protègent des éventuels chocs et même du vol.

Mais les acteurs concernés -collectivités, industriels, consommateurs- s'accordent tout de même sur ce constat : nous produisons trop de déchets en général et d'emballages en particulier. Leur poids et leur nombre doivent être réduits, leur valorisation facilitée. Si le nombre d'emballages mis sur le marché connaît, depuis 2003, une réduction « historique » selon Eco-Emballages, ne crions pas victoire ; la consommation des ménages elle aussi ralentit.

L'idée

Qui se plaindra d'avoir un joli emballage coloré, attractif, appétissant ? Les industriels le savent bien et le « packaging » fait aujourd'hui l'objet d'attentions toutes particulières. Mais qu'en faire après consommation à la maison ? Est-il recyclable ? Est-ce que je pollue si je ne le recycle pas ? Composé de plastique, de papier, carton, métal, certains conditionnements seront recyclés. Sur la période 1997-2006, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) note un taux « satisfaisant » de recyclage des emballages : 60% en moyenne. Les autres, incinérés, mis en décharge ou abandonnés dans la nature, constituent un danger pour notre environnement et notre santé.

L'essentiel de nos emballages est issu de produits alimentaires. Pour exemple, 8 milliards de yaourts sont consommés chaque année en France. Soit plus de 38000 tonnes de plastiques non-recyclés. Pourquoi la France ne recycle-t-elle pas ses pots de yaourts à l'instar du Québec ou d'autres pays européens ? Par manque d'infrastructures, pardi. Et par manque… de volonté pour certains, de financement pour d'autres.

Installer une nouvelle filière de recyclage pour traiter les plastiques dits « mous » comme les yaourts ou « plats » comme les films ou les blisters, nécessiterait un investissement certain mais nécessaire. Rémi Guillet, président du comité de pilotage du Plan national de prévention des déchets, explique :

« Avant de mettre en place la filière de recyclage des bouteilles en plastique, au début des années 1980, nous nous posions les mêmes questions. Les mêmes objections provenaient des mêmes acteurs. Nous avons pourtant réussi. A l'époque, même la collecte était à créer. Aujourd'hui, cet investissement n'est plus à faire. »

Mais les producteurs ne l'entendent pas de cette oreille. Depuis 1992, tout producteur et importateur de produits ménagers est « tenu de contribuer ou de pourvoir à l'élimination de l'ensemble de ses déchets d'emballage ». Ils versent ainsi 0,06 € par unité à l'organisme dédié, Eco-Emballages. Si une nouvelle filière fait son apparition sur le territoire, ce montant s'en verra rehaussé, le prix du produit également… Mais si, comme le dit le bureau international du travail, l'environnement est source d'emploi et de croissance, le jeu en vaut peut-être la chandelle. Et si le prix du baril de pétrole continue son ascension, le recyclage du plastique, issu de l'or noir, pourrait devenir incontournable.

Comment la mettre en pratique

Chez Eco-Emballages, on souligne l'importance de « mieux emballer » pour amoindrir l'impact du produit sur l'environnement. C'est le but de l'écoconception. Il peut s'agir d'introduire dans la composition de l'emballage des matériaux naturels ou recyclés ou bien de réduire son poids. Entre 1997 et 2000, le poids moyen des pots de yaourt a été réduit de 20%.

Le Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets), lui, place les solutions en amont : « L'emballage sans utilité avérée doit être supprimé et l'emballage durable doit être privilégié. » Les mini-dosettes, portions individuelles, doubles emballages devraient ainsi disparaître.

Des moyens techniques, éprouvés dans d'autres pays, sont aussi à étudier. Le vrac, s'il respecte les règles de l'hygiène, permet une réduction considérable des déchets. Au Québec, les Nettoyants Lemieux l'ont développé : le client achète sa lessive et son contenant au premier achat et le fait remplir les fois suivantes.

La consigne -disparue en France pour les particuliers mais toujours en place en Allemagne et ailleurs- incite également les consommateurs à rapporter leurs bouteilles en verre, en plastique ou en aluminium sur les lieux de distribution pour y récupérer quelques centimes. L'Ademe y travaille actuellement.

Grand défenseur de la prévention des déchets, Rémi Guillet porte enfin le fer sur l'achat lui-même : en buvant de l'eau du robinet, on supprime par exemple un déchet, la bouteille.

Ce que je peux faire

« L'achat responsable et le non-achat sont les armes du consommateur. En choisissant de faire son marché avec un panier, patates, carottes et autres melons seront posés délicatement dans le fond du cabas. Ici, zéro déchet » expose Ecologie au Quotidien. Pour aller plus loin, suivez les débats concernant ces questions. Ils sont nombreux. Et n'hésitez pas à vous tourner vers les services consommateurs pour les sensibiliser…

Ecologie au Quotidien

DIE, Rhône-Alpes, France

Le Chastel 26150 DIE

Tel : 04 75 21 00 56

Courriel : ecologieauquotidien@gmail.com

Site : http://ecologieauquotidien.blogspot.com/


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