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samedi 26 juin 2010
Manifestation contre l' Etat confiscateur des acquits de la résistance
«C’est la manif où il faut être» Un sentiment d’injustice dominait, hier, dans le cortège. Il est 14 heures passées quand les 300 manifestants démarraient place de la République, à Die point de départ de la manifestation d’hier contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Il aura fallu deux heures pour que l’ensemble des manifestants puissent s’engouffrer dans les rues et ruelles de la cité, en direction de la place de l’hôpital. Le cortège est dense. Des fédérations syndicales « Solidaires » de toute la France défilent : Public et privé se croisent : personnels des impôts, des universités, du rectorat, intermittents, salariés … Les slogans scandés sont repris avec chaleur par la foule : «Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas» et autres «Sarkozy, sur les retraites, sur les salaires, tu nous mens effrontément». On a oublié la morosité du rassemblement du 27 mai. «C’est la manif où il faut être, annonce Alixe, enseignante et à « Sud éducation ». De la mobilisation va dépendre les amendements au projet de réforme des retraites. Si on n’est pas dans la rue, le gouvernement aura carte blanche.»
Pénibilité. Hélène, 46 ans, n’a pas défilé le 27 mai. Déléguée «Solidaire » Drôme -Ardèche, elle «pensait qu’il fallait faire des réformes». Ce qui lui fait «peur» aujourd’hui, c’est que «le gouvernement n’aura pas les résultats escomptés. En repoussant l’âge de départ à la retraite, ils ne résorbent que 30% du déficit du système». Romane, Anne, Marcelle et Claire ont, elles aussi, attendu de connaître le projet du gouvernement pour se décider à le combattre. «Là, on voit qu’on est vraiment en train de se faire avoir», justifie Claire, 28 ans. «Dans notre secteur, travailler au-delà de 60 ans, ce n’est pas possible, renchérit Marcelle, 45 ans. Les gens partent en reconversion, en maladie longue durée ou sont licenciés pour inaptitude.»
Idem pour, aide-soignant dans un hôpital et syndiqué chez SUD Jacques. Il regrette que la pénibilité des métiers ne soit pas prise en compte et assure que «le gouvernement fait tout pour ne pas avoir à verser des pensions complètes. Ce sont toujours les salariés qui payent. Ce n’est plus supportable». Salariés du public et du privé partagent ce sentiment d’injustice. Mohamed arbore un autocollant « Sud ». Il a 54 ans et travaille comme ingénieur. Il juge «indécent» que «80% de l’effort soit demandé aux travailleurs» et que le capital ne soit pas significativement sollicité. «Ce sont les gens qui ont travaillé le plus tôt, qui ont cotisé le plus et touché les plus faibles revenus qui sont les plus pénalisés.» Il s’étrangle : «Et Sarkozy qui veut organiser les états généraux du football. Faut lui dire qu’on en a rien à faire de ça.»
«Je veux un temps décent de retraite avec des revenus corrects», martèle Hélène, 58 ans, informaticien. A ses côtés, Jean Michel, 58 ans, au chômage, ne croit pas une seconde que ce gouvernement antisocial reviendra en arrière.» Ce qui a changé entre-temps ? «On connaît les décisions du gouvernement. Et l’injustice nous choque vraiment.» Christiane a commencé à travailler à 18 ans. A 60 ans, elle aura déjà cotisé 42 annuités : «Je serai usée. Dans les bureaux aussi, on nous demande des efforts de productivité.» Elle lâche : «Et puis il n’y a pas de raison. On ne vole personne en partant à la retraite. Un homme vit en bonne santé en moyenne jusqu’à 63 ans. Alors quoi ? On nous laisse un an après avoir travaillé toute notre vie ?» Plus loin, Thérèse,89 ans, venue «pour ses enfants et ses petits-enfants». Elle s’insurge : «Si les gens vivent plus vieux, c’est aussi parce qu’ils sont à la retraite. Là, ils veulent qu’on crève avant. Ils sont en train de foutre en l’air tous les acquits du Conseil national de la résistance. Et ici en Diois et Vercors cela a du sens »
«Casse». A côté du cortège de la centaine de militants de « Solidaires », on entend scander : «Ils ferment nos usines, ils ferment nos écoles, ils volent nos retraites». Jean Paul,60 ans, naturaliste , estime que le succès de la mobilisation s’inscrit aussi dans un «climat social délétère. Les gens en ont marre du décalage entre les discours sur la rigueur et en même temps les magouilles au sein du gouvernement». Quelques mètres plus loin, les personnels de l’hôpital regrettent de ne pas participer « nos hiérarchies s’y opposent » . Parmi eux, Catherine, 40 ans. Elle rejette «la casse du service public, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, l’exigence de rentabilité faite à l’éducation, la santé et à la culture…» Bref, «tout un système de liquidation du Monde Rural ».
Claude Veyret
Veyret.claude@wanadoo.fr
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