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dimanche 20 juin 2010

Edito : Du pain et des Jeux...

« Du pain et des jeux »
Quel lamentable grand écart sur les ondes et dans les pages des journaux et la réalité vécue par tout un chacun : d’un côté, ce ne sont que titres cocardiers des commentateurs de jeux de baballe – et bientôt de pédale — qu’inquiètes et lancinantes conjectures sur le « mental » ou la couleur des selles de nos joueurs professionnels multimillionnaires, gonflés d’EPO. Quand on pense à la misère de la majorité des Sud Africains, - misère qui engendre un niveau de violence comparable à celui qui sévit dans certaines villes brésiliennes (malgré la politique de Lula, ce pays demeure le plus inégalitaire du monde.) – Il est hallucinant qu'un tel évènement puisse s'y dérouler. En Europe, sous la houlette de Merkel, on prône l'austérité, pour NOUS, gens des classes moyennes et pour les précaires, alors que banquiers et traders continuent leur prédation. Je trouve qu’on se fout de notre gueule, en accordant à cet évènement l'importance que lui confèrent la plupart des médias. Cela pourrait devenir contreproductif ; à force de prendre le Peuple pour des imbéciles, il pourrait finir par montrer ce dont il est capable.
D’un autre côté, c’est le silence honteux des mêmes rédacteurs à propos des mouvements de révolte et de grève en Grèce puis en Espagne. Comme s’il ne fallait pas s’attendre, dans notre pays, à ce que la récession et la misère suivent de peu la rigueur et le chômage dus aux extravagants jeux boursiers des grands de ce monde. Pas plus que les actionnaires, il ne faut effrayer le peuple, pensent-ils : pendant qu’ils ricanent devant leurs écrans plats en suivant de droite à gauche puis de gauche à droite les mouvements hypnotiques de balles et ballons, ils ne songent pas à « riposter » ni à se révolter. Comme quoi, effets d’annonces et reculades sont bien la règle. Ainsi on oublie dare-dare la « zone inondée –inondable –réinondée » charentaise ; de braves propriétaires préfèrent rester dans leur douillet chez-eux au risque de se réveiller à nouveau les pieds puis la tête sous l’eau. Ils l’ont fait bruyamment savoir au gouvernement et aux élus. Ca semblait logique de vouloir leur éviter que ça recommence.
Mais 2012 approche et ce n’est pas le moment de chatouiller de futurs électeurs. De même, on tempère le fameux « coup de rabot » aux niches fiscales bruyamment promis en haut lieu. Ça défrisait des députés et sympathisants UMP qui s’étaient bien habitués à n’avoir à payer ni impôts ni charges sur leurs dépenses consacrées à rétribuer chichement, à coups de chèques emploi, boniches, larbins et autres serviteurs à domicile. Les seules promesses que tienne l’Élysée sont celles de ne pas augmenter les impôts directs, de maintenir la TVA à 5 % sur la limonade, de préserver le scandaleux bouclier fiscal, de passer à la hussarde ses contre-réformes ultralibérales, bref de faire payer les pauvres puisqu’ils sont nombreux et faits pour ça. Quand on lira ces lignes, d’importantes décisions concernant les retraites auront été rendues publiques ; nul besoin d’être grand clerc pour en prédire la teneur. On taxera les cotisations des fonctionnaires, ces bêtes immondes et inutiles ; on fera travailler tout le monde deux ou trois ans de plus pour commencer ; puis encore plus, en douceur et profondeur, au fil des années à venir. On épargnera ainsi aux salariés les fâcheuses dépressions consécutives à l’oisiveté sénile ainsi que les frais excessifs d’une introuvable maison de vieux. Quant aux SDF, étrangers et autres indigents, ils pourriront en taule ou en Hôpital psychiatrique.
APIS
La célèbre formule "Du pain et des jeux" (panem et circenses) date de l'Antiquité romaine. C'est Juvénal qui en est l'auteur. Il l'a écrite pour évoquer les besoins fondamentaux du peuple de Rome qui vivait alors dans la misère. Pour éviter les émeutes et les révoltes, les consuls et les empereurs ont organisé des distributions de farine gratuite, avec l'aide des boulangers devenus fonctionnaires d'Etat au 2ème siècle avant J-C. Cette tradition s'est maintenue jusque sous Aurélien.

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