Fiez-vous à votre intuition
“J’aurais dû me fier à mon intuition. Je savais bien que…”
Je savais bien que cet homme n’était pas fait pour moi, que cette femme allait me faire souffrir, que ce nouveau travail serait source d’ennuis, que cette personne n’était pas fiable et cet autre corrompu, qu’il me fallait prendre davantage de temps pour me décider, que je devais m’éloigner au plus vite de ce lieu qui m’était néfaste, que je n’avais rien à attendre de cette nouvelle situation, qu’il me fallait partir et faire le deuil de ce qui était un rêve et non la réalité.
A l’inverse, je savais qu’il me fallait dire oui et me lancer dans cette aventure, que cet homme était pour moi, que cette femme était la femme de ma vie, qu’il me fallait agir vite car c’était maintenant ou jamais, qu’il ne fallait pas attendre pour saisir cette chance qui m’était offerte, que j’avais besoin d’aide et que c’était à cette porte qu’il me fallait frapper, que là était ma vocation et que c’est dans cette direction qu’il me fallait persévérer, croire en moi et foncer…
Je savais bien que…
Je savais… L’intuition n’est-elle pas ce savoir immédiat et irrationnel, cet éclair de lucidité qui nous laisse à penser de certaines situations et relations qu’elles nous sont ou non bénéfiques ? On entend au-delà de ce qui nous est donné à entendre, on voit ce qui ne nous est pas donné à voir. C’est pourquoi il est si fréquent- trop fréquent - que l’on ne se fie pas à son intuition : on ne s’écoute pas, on préfère écouter l’avis des autres. On perçoit “ quelque chose qui ne va pas ”, un mensonge, une sensation de flou : ce que l’on ressent est en contradiction avec ce que l’autre nous incite à croire. Dans le domaine amoureux, par exemple, nous percevons parfois des déclarations d’amour derrière la violence de certains rejets ; ou au contraire nous ne ressentons pas de l’amour alors que l’autre ne cesse de dire qu’il aime et que tous ses actes voudraient le laisser croire. Parfois, on aime au premier regard et cette intuition sera confirmée par la réciprocité et la richesse de la rencontre. D’autres fois, on sait malgré l’attirance que l’on éprouve, qu’il y a danger...
Dans cette pensée fulgurante qui nous traverse l’esprit, nous trouvons alors ce qu’il nous convient de croire. Mais, à l’inverse, il arrive que nous soyons en désaccord avec notre propre pensée : notre intuition nous communique une information que nous ne sommes pas prêts à accueillir. Grand nombre de somatisations viennent de ce conflit intérieur : en premier lieu la sensation physique d’angoisse. De nombreux sentiments de malaise sont le signe d’un décalage entre nos actes et ce que nous pressentons devoir faire. Nous ne sommes pas convaincus d’agir de la façon dont nous devrions le faire. Et cela peut nous rendre très malheureux.
Certains maux de tête sont provoqués par le déni d’une réalité qui nous déplaît, d’une décision que nous nous refusons à prendre, d’un engagement dont nous prévoyons les bénéfices mais qui éveille une peur incontrôlable. Il y a ce que l’on désire et ce que la réalité donne à voir, à vivre. Notre tête se ferme à toute pensée : nous ne voulons pas faire face à une réflexion dont nous connaissons l’issue… qui n’est pas celle que nous souhaitons. Et on peut mettre alors toute notre énergie à nous persuader du contraire de ce que l’on pense.
Par exemple, je ne veux pas penser à ma relation avec telle personne qui à l’évidence ne me convient pas. Envisager une séparation me donne la nausée, j’ai besoin de continuer à croire que tout peut s’arranger. Par conséquent, je trouve au jour le jour des occasions de fuir une vérité que je ne suis pas prêt à affronter ou de m’en arranger par des compromis qui me conviennent sur l’instant mais peuvent à long terme me rendre malade. Je préfère fermer la porte à mon intuition, plutôt que de la suivre et d’en subir les conséquences : une rupture trop douloureuse.
" Je ne peux pas partir. " Situation familiale, amoureuse, conjugale, professionnelle, l’intuition est là de ce qu’il faudrait faire, mais le cœur n’y est pas. Par raison ou par passion, ou encore par impatience, on trouve des justifications à ne pas agir selon notre intuition : " c’est trop compliqué ", " on verra plus tard ", " je me fais des idées ", " je peux me tromper ", " il ne faut pas demander l’impossible ", " je n’ai pas le choix " " que vont en penser les autres ? "...
En amont de tous ces empêchements à écouter notre petite voix intérieure, nous retrouvons la peur, toutes formes de peurs, et la difficulté à faire confiance à ce que l’on ressent, par éducation, par habitude, par non-amour de soi.
Est-ce bien nécessaire ?
Une jeune femme se souvient qu’enfant, lorsqu’elle exprimait un désir, elle s’entendait dire par sa mère : " Est-ce bien nécessaire ? " Adulte, il lui faut réapprendre à entendre son désir, à tenir compte de ce dont elle a besoin, et même à l’imposer lorsque cela est nécessaire.
Le désir est associé à l’intuition dans la mesure où celle-ci nous guide sur le chemin de nos aspirations profondes, nous indique la bonne direction à prendre et nous met en garde des dangers qui nous menacent. Notre intuition est notre bonne fée. Elle nous accompagne et nous protège. Elle nous veut du bien. Ainsi, pour l’écouter, faut-il encore que nous nous voulions à nous-mêmes du bien. Que nous prenions soin de nous. Chacun croit se vouloir du bien, a priori, mais combien s’embarquent dans des voies sans issue pour n’avoir pas voulu s’écouter, au bon moment. Et quand il serait encore possible de changer de direction, ils persistent dans la voie qui ne leur convient pas. Pour se fier à son intuition, il faut avoir la souplesse de s’y adapter au moment où cela est nécessaire, et peu à peu prendre l’habitude de vivre en tenant compte de ce qu’elle nous inspire. Il ne s’agit pas seulement d’entendre la pensée intuitive qui nous traverse l’esprit, mais de se mettre à son écoute. Il faut faire confiance à cette petite voix si pleine de sagesse. Et finalement se faire confiance, dans le sens où l’on se sent capable d’avoir en soi la bonne réponse à nos questions, d’avoir nous-mêmes la solution aux problèmes que nous nous posons au quotidien. Ensuite, il faut se donner les moyens d’agir en fonction de cette intuition et d’avoir la conviction profonde qu’en la suivant, nous agissons pour le mieux. Cette confiance est bien souvent le fruit de notre expérience : " j’ai bien fait de m’écouter ", ou au contraire, " j’aurais dû m’écouter. " Nous avons tous en nous cette intelligence immédiate de la situation ; la preuve en est, nous pouvons constater combien nous sommes capables de l’avoir pour d’autres. Nous ne sommes alors pas encombrés des émotions qui inhibent notre pensée, des peurs qui invalident notre jugement, de la culpabilité qui nous empêche de prendre en compte nos propres désirs pour se plier à ceux des autres. Nous sommes libres de percevoir ce qui est juste. C’est cette liberté pour nous-mêmes que nous devons acquérir avec le temps. Pour s’écouter, chacun doit au préalable écouter l’autre, le regarder attentivement - racine étymologique de l’intuition -dans ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il fait, pour justifier si nécessaire le pourquoi de son intuition. On apprend à voir de mieux en mieux au-delà des apparences trompeuses, à entendre au-delà des mots, et surtout à respecter ce que l’on ressent. Il n’y a rien d’égoïste, comme on le croit, à suivre son sentiment le plus intime.
Ne laissons pas l’autre nous induire en erreur en cherchant à nous convaincre du contraire de ce que nous ressentons, en nous entraînant dans un chemin qui n’est pas le nôtre. L’intuition nous guide pour nous mener là où est notre voie. Nous pouvons, et devons, nous fier à elle !
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