Trois alertes qui n'ont pas été suivies d'effets. Le pétrolier BP a reconnu hier que des « défaillances » avaient entraîné la catastrophe.
BP savait et n'a rien fait. L'information émane d'élus américains, sur la foi d'un rapport interne à l'entreprise. Par trois fois, le géant britannique des hydrocarbures aurait ignoré des signaux, dans l'heure qui a précédé l'explosion survenue sur la plate-forme le 20 avril. Or, ces signaux intervenus 51 minutes, 41 minutes et 18 minutes avant l'accident ont été ignorés. Résultat : onze employés du groupe ont péri et l'installation a sombré deux jours plus tard, provoquant la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis. Le directeur général de BP a reconnu hier des «défaillances».Mais les profits l’ ont emportés sur la raison comme d’habitude.
«Sauver les meubles»
Sur le terrain, BP tente d'injecter du ciment dans le puits qui continue de fuir à 1 500 m de profondeur. Mais cette opération, baptisée «top kill», n'aurait qu'entre 60 et 70 % de chances de réussir. Pire, en cas d'échec, elle risquerait d'augmenter le débit de brut. Du coup, dans le cas où le groupe pétrolier renoncerait au procédé, d'autres opérations sont envisagées, mais elles pourraient ne pas être mises en place avant la fin du mois de Juin. L'urgence est pourtant là. Les autorités ont étendu à 22% la portion des eaux interdites à la pêche dans le golfe du Mexique. Le président Obama, qui, depuis le début de la crise, subit une forte pression, se rendra en Louisiane. Il a promis que son gouvernement ne « connaîtrait pas de repos » tant que la source ne serait pas tarie et la marée noire nettoyée.
Sa note (ben voyons) a été dégradée et la catastrophe pourrait lui coûter jusqu’à 37 milliards de dollars...
Image ternie, plaintes en série et pertes économiques dit la presse aux ordre : la marée noire dans le golfe du Mexique submerge tous les jours un peu plus BP.
Alors que sa valeur boursière a perdu 37% en six semaines, le groupe britannique vient de voir sa note dégradée par les agences de notation. Et les analystes ont revu à la hausse le coût total de la catastrophe pour British Petroleum, à 37 milliards de dollars environ.
Face aux conséquences financières de la marée noire, les agences voyoutes de notations Fitch et Moody’s ont abaissé jeudi la note de BP avec des perspectives négatives.
«Le déclassement de la notation de Fitch reflète l'opinion de Fitch suivant laquelle les risques pour les affaires et le profil financier de BP ont continué de s'accroître à la suite de l'incident Deepwater Horizon», explique ainsi l’agence.
60 milliards de dollars de pertes
Ces décisions devraient aggraver un peu plus la situation économique de BP. Depuis le début de la catastrophe, la valeur boursière du groupe britannique a fondu de 60 milliards de dollars. Fin avril, le groupe pesait 178 milliards de dollars. Il n’en vaut plus que 117 milliards aujourd’hui.
Et les pertes ne font que commencer. Conformément à la loi américaine qui veut que le pollueur paye, le gouvernement a envoyé jeudi une première facture de 69 millions de dollars à BP (que payeront in fine les consommateurs). Elle devrait être suivie de plusieurs autres.
Un coût de 37 milliards de dollars ?
Les analystes ont quant à eux revu à la hausse leurs estimations du coût total de la catastrophe pour British Petroleum.
Crédit Suisse considère ainsi que la marée noire pourrait lui coûter jusqu’à 37 milliards de dollars, contre 18 milliards de dollars il y a encore quelques jours.
Les coûts de nettoyage pourraient ainsi atteindre, selon ces analystes, entre 15 et 23 milliards de dollars et les frais juridiques 14 milliards de dollars. Quelque 180 plaintes en action collective ont ainsi déjà été déposées devant au moins six tribunaux fédéraux des Etats côtiers américains.
BP aura bien du mal à se relever de la marée noire aux Etats-Unis. Le pétrole qui s’écoule au large de la Louisiane creuse tous les jours un peu plus le déficit financier de British Petroleum.
Le groupe aurait déjà perdu plusieurs milliards de dollars et son titre a dégringolé en Bourse, faisant planer la menace d’une OPA sur la «major» britannique.
Entre les frais de nettoyage, les tentatives pour mettre fin à la fuite de pétrole et l’aide aux riverains, la facture de la marée noire s’alourdit de jours en jours. BP a indiqué mardi avoir déjà dépensé 990 millions de dollars.
Et ce n’est qu’un début : Le Crédit Suisse évoquait vendredi un total possible de 18 milliards de dollars environ. 4 à 9,8 milliards seraient consacrés au nettoyage des zones souillées et 8,6 milliards aux actions en justice.
L’Etat américain a ouvert une enquête judiciaire au civil et au pénal pour faire toute la lumière sur la marée noire. Barack Obama a prévenu : les responsables paieront.
Chute de 37% de sa valeur
Ces mauvaises nouvelles ont fait dégringoler de 37% la valeur boursière de BP, depuis l'explosion et le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon. Rien que pour la journée de mardi, l’action du groupe a perdu 13,01%, sa plus forte chute depuis 18 ans.
Fin avril, le groupe pesait quelque 178 milliards de dollars. Il n’en vaut plus que 117 milliards aujourd’hui.
Vers une OPA hostile ?
Personne ne sait très bien quand et comment cette chute va s’arrêter. Si la situation se prolonge, certains spécialistes estiment même que BP pourrait devenir la cible idéale d’une OPA hostile.
En clair, qu’une entreprise tente de racheter plus de 50% des actions du groupe britannique, sans son accord, et en devienne ainsi l’actionnaire majoritaire.
Une hypothèse qui reste cependant peu probable pour l’instant car BP a les reins solides.
Ses autres activités se déroulent sans heurts et l’entreprise peut aussi compter sur ses bons résultats des exercices précédents. Pour la seule année 2009, British Petroleum a réalisé 17 milliards d’euros de bénéfice net. De quoi voir venir.
Les opérations seront encore plus délicates...sauf que BP mène en bateau tout le monde depuis 40 jours à 80 000 litres par jour de déversement.
Alors que le pétrole continue de se déverser dans le golfe du Mexique, BP devrait commencer ce mardi une nouvelle opération avec pour but de siphonner le Brut. Les ingénieurs de BP comptent désormais apposer un «entonnoir» censé récupérer le brut qui s'écoule à 1.500 mètres de profondeur pour le stocker sur un bateau qui mouille en surface. Ils espèrent l'avoir mis en place d'ici mercredi soir.
«D'ici quelques heures», a expliqué Bob Dudley, haut responsable de BP sur CNN, des robots «vont sectionner l'oléoduc endommagé, ensuite une scie à diamant va opérer une coupe nette au sommet du puits». Enfin, un «entonnoir» doit être posé sur la fuite pour recueillir le pétrole qui s'en échappe depuis six semaines.
Entre 100 et 113 millions de litres déjà écoulés
Selon les estimations de l'administration Obama, entre 100 millions et 113 millions de litres de brut se sont déjà écoulés dans la mer depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril.
Et, a prévenu Carol Browner, la conseillère de Barack Obama pour les questions d'énergie et de changement climatique, le risque est réel que la nouvelle opération augmente, du moins temporairement, de 20% le volume de brut qui se déverse.
Pour espérer mettre un terme à l'écoulement de pétrole, il faudra attendre le mois d'août et la pose de puits de secours, censés soulager le gisement fautif en pompant le pétrole et le gaz qui en sortent, indiquent de concert l'administration et les responsables de BP.
Un puits de secours mi-août…ou plus tard
Ces puits de secours ont été mis en chantier début mai. Le premier devrait être prêt «aux alentours de la mi-août», a expliqué Carol Browner mardi sur CNN. «Nous espérions le meilleur, mais nous nous préparons au pire», a ajouté Carol Browner.
La menace des ouragans
A ces défis techniques s'ajoute un aléa lié à la situation géographique du golfe du Mexique : les ouragans (augmentés par la pollution atmosphérique due au Transports cause de l’effet de serre….), dont la saison a débuté officiellement et se termine le 30 novembre. Les experts « en tout et rien » ont prédit une saison particulièrement active.
«Si les ouragans atteignent le golfe du Mexique, le navire (chargé de recueillir le brut) ne pourra plus rester, ce qui veut dire que le flux ne sera pas atténué», a-t-elle déploré.
En cas d'ouragan, le vent pourrait pousser le pétrole très loin à l'intérieur des marais de Louisiane et endommager le fragile écosystème local.
Mais, «les vents forts et la mer agitée pourraient diluer le pétrole et ainsi accélérer sa biodégradation» écrivent les responsables de BP et des agences gouvernementales qui alimentent le site Internet sur la marée noire. www.deepwaterhorizonresponse.com.
Le président américain Barack Obama, après une réunion avec les membres de la commission qu'il a chargés d'enquêter sur la marée noire, a promis de faire en sorte que les responsables de la marée noire qui souille les côtes du golfe du Mexique rendent des comptes devant la justice.
APIS
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