Nous allons essayer de publier un éditorial par semaine…
À vos plumes. Voici le premier.
Marée noire : la défaite d’un lobby-voyou du pétrole.
La marée noire et brune qui submerge peu à peu et de plus en plus les côtes de Louisiane et du golfe du Mexique est bien plus qu’un accident écologique. L’exploitant irresponsable de la plate-forme Deepwater Horizon, BP, y joue probablement sa survie, et l’industrie pétrolière comprend presque que de nouvelles règles sont inévitables.
Le forage en eaux profondes fut la réponse des grandes majors à leur exclusion des champs pétroliers traditionnels terrestres. Les pseudo progrès technologiques des dix dernières années leurs ont permis de reprendre pied dans la course aux nouveaux gisements et réserves dans les biens communs de l’humanité, le trésor de guerre des compagnies pétrolières. Mais trop d’indices montrent que les règles de sécurité élémentaires et basiques ont été systématiquement violées ou détournées dans le golfe du Mexique et ailleurs. Les standards en vigueur en mer du Nord, développés par les Norvégiens, n’ont pas été appliqués par le gouvernement américain, qui fut pourtant le premier à exiger des contrôles très stricts et à interdire l’accès à certaines zones sensibles, au lendemain d’une autre grande catastrophe qui toucha les côtes californiennes. Le laisser-faire coupable des autorités était un secret de Polichinelle. Le président Barack Obama l’a reconnu explicitement, en parlant de relations incestueuses entre le surveillant et les compagnies pétrolières. La catastrophe de Deepwater Horizon provoque en toute logique le gel de nombreux projets. Il en découlera un durcissement de la législation et une augmentation des coûts d’extraction et d’assurances. Le pétrole cher ne fait que commencer. Si la mémoire ne faiblit…
L’exploitation des hydrocarbures a toujours bénéficié de passe-droits, de détournements de lois, justifiés par les intérêts stratégiques et financiers des pays industrialisés, soucieux d’éviter une trop forte dépendance à l’égard du cartel des pays producteurs. Jusqu’ici, le profit l’a emporté sur la sécurité et les préoccupations environnementales liées au dérèglements climatique. Aux Etats-Unis, l’indépendance énergétique est à nouveau un thème majeur. Le lobby pétrolier, qui en fut l’artisan acharné dans les travées du Congrès et bénéficia de subventions massives, a sans doute définitivement perdu son honneur et sa crédibilité. Hautain, il avait promis de maintenir un prix du baril bas : il n’y parvient pas. Il a toujours minimisé les risques écologiques : le voilà pris au piège de ses omissions et mensonges. L’accident de Deepwater Horizon est bien plus qu’une faute. Il marque la première défaite politique majeure d’un lobby, trop puissant et aveuglé par ses certitudes. Minamata, Bhopal, Seveso, Tchernobyl,… la lente dérive d’un système économique vers la voyouterie est elle remis en cause ? La suite a la prochaine catastrophe économique.
Claude Veyret
Veyret.claude @wanadoo.fr
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