Une majorité de gauche difficile à la région ce 25 février 2011.
Jeudi et vendredi les relations souvent tendues entre les élus Verts et socialistes du conseil régional sont entrées dans une nouvelle dimension. La crise s’est installée dans la majorité plurielle de l'exécutif. Les écologistes n’ont pas voté un certain nombre de délibération et ont, ce vendredi, déserté l’assemblée provoquant l’arrêt prématuré de la cession de février du conseil régional.
Il y a un an la région Rhône-Alpes se présentait comme le laboratoire de la gauche solidaire. Le conseil régional devait préfigurer des relations d’une gauche unie pour remporter les présidentielles et les législatives de 2012. Moins d’un an après, la majorité de Jean-Jack Queyranne a implosé lors de la cession du mois de février. En deux jours, les accrochages se sont multipliés. Le premier intervient dès le jeudi. Les élus Europe Écologie-Les Verts s’abstiennent sur des délibérations portant sur la formation et la stratégie économique. “Nous devions répartir des millions d’aides économiques. Au lieu de les donner de manière équitable à tous, nous voulions les donner à ceux qui en avait le plus besoin. Sur le fond, les socialistes étaient d’accord avec nous mais ils ont préféré voter une répartition sur le même principe que les années précédentes puis reprendre des subventions et les redonner à d’autres. C’est une méthode de parti politique avec laquelle nous ne sommes pas d’accord : pendant la campagne on porte des idées mais au moment de les mettre en situation on ne fait plus rien”, souligne Éric Piolle, président du groupe Europe Écologie/Les Verts à la région. Son groupe ne votera donc pas les délibérations sur la formation et la stratégie économique. Le texte passe pour trois voix.
Les autres élus de la majorité enragent. “Rien ne peut justifier cette attitude irresponsable”, fulmine Thierry Braillard, élu PRG. “En politique, il faut assumer : soit on est dedans soit on est dehors, on ne peut pas avoir un pied dans chaque camp”, prévient Thierry Philip (PS). Vendredi, les élus écologistes ont choisi d’être dehors plutôt qu’au sein du conseil régional. À Charbonnières, des salariés de la Région en grève manifestent pendant que les conseillers régionaux siègent. Ceux du groupe Europe Écologie se joignent aux manifestants. Dans l’assemblée, après le départ des élus du FN, le quorum pour que les débats puissent continuer n’est dès lors plus atteint. Ce vendredi à midi, la suite de la séance plénière est donc repoussée au mois de mars. “On se rend compte que cette majorité est ingouvernable. Nous venons de vivre une crise politique forte qui paralyse l’action régionale. Les socialistes et les écolos ne se parlent plus, je ne vois pas comment ils peuvent gouverner ensemble”, assène Damien Abad, conseiller régional (Nouveau Centre) d’opposition. Pendant que la gauche s’étripe, la droite rit à gorge déployée à Charbonnières.
Le quorum n'a pu être atteint suite au départ des Verts qui sont allés à la rencontre des manifestants. “Lors de la dernière séance plénière à cause d’un mouvement social du personnel de la région, nous avions dû siéger sous la protection des gendarmes. Nous avions prévenu que nous ne siégerons plus dans ces conditions. Comme c’était encore le cas aujourd’hui, nous sommes sortis. Nous n’avons pas été les soutenir mais discuter avec eux. Leur problème numéro 1, c’est qu’ils se sentent ignorés. Le dialogue social ne passe pas à la région. Leurs revendications sont légitimes”, explique Éric Piolle. Damien Abad, conseiller régional d’opposition, retient lui que “les écologistes ont soutenu des manifestants qui scandaient Queyranne démission”.
Mois après mois et malgré des améliorations dans le travail quotidien, les relations entre Europe Écologie et le PS se tendent lors de chaque grand rendez-vous politique. “Quand on est vice-président, on doit avoir un minimum de solidarité. Là on vu des vice-président Verts s’abstenir ou voter contre des rapports qui concernent leurs délégations. Philippe Meirieu a fait annuler 38 millions d’euros de crédit sur sa formation avant de se rendre compte de son erreur et de faire passer un amendement qui remet les fonds dans la nuit. Sur ces deux jours, Les Verts ont voulu montrer que rien ne peut se faire sans eux. Ils veulent être incontournables, ce qu’ils ne sont pas aujourd’hui politiquement”, commente Thierry Braillard, conseiller régional PRG.
Du côté d’Europe Écologie, le scénario des 48 dernières heures résulte du manque de concertation de Jean-Jack Queyranne. “Nous avons toujours un problème général. Nous ne partageons pas encore la même vision politique. Quand on nous dit : “on est d’accord pour changer” et qu’au moment du vote on fait comme avant, il y a un problème majeur. Pour avancer, il faut un animateur à la barre”, poursuit Éric Piolle. Pour lui, Jean-Jack Queyranne n’incarne pas cet animateur. Vu le rapport de forces qui s’est engagé entre les deux groupes les plus importants de la majorité, le dialogue risque d’être encore plus difficile à mener. “Il y aura désormais un avant et un après. L’ambiance risque de devenir délétère”, prévient Thierry Braillard.
Paul Terra
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