Alpes-de-Haute-Provence : nouvelle attaque du loup, un tir de prélèvement autorisé
Dimanche 17 juillet 2011, un article de « la Provence » nous a appris que le troupeau de moutons d’Yves Derbez avait été attaqué dans la nuit de vendredi à samedi à Méolans en Ubaye.
Personne n’a rien vu, mais le journal a sauté directement aux conclusions : c’est une attaque de loup, et c’est l’attaque de trop. Une brebis et un agneau ont été dévorés, et de nombreux agneaux ont été tués ou blessés mais non consommés. Pour enfoncer le clou le journal insiste sur les 400 bêtes déjà tuées par le loup en 2011 (un chiffre qui ne diffère que sensiblement des autres années à la même date). Le député local Spagnou déduit de cette attaque nocturne que « le prédateur attaque désormais en plein jour ! ».
La règle est d’attendre les conclusions de l’enquête et l’avis des experts. Il se peut que les assaillants aient été des loups, il se peut aussi que non. Par le passé ce type de situation a débouché tantôt sur la confirmation du rôle joué par le prédateur sauvage, tantôt par la révélation que les responsables étaient des chiens, mais la presse a toujours crié au loup et a rarement rectifié.
L’article indique qu’un agent de l’ONCFS aurait vu la marque d’une louve apprenant à chasser à ses petits, il a peut être raison, peut-être est-ce aussi une supposition de sa part, en tout cas ce serait une information étonnante car en cette période de l’année les louveteaux sont bien petits pour chasser. Nous préférons attendre les conclusions officielles de sa hiérarchie, données objectives (poils, relevés d’ADN ou autres) à l’appui. Nous réagirons à nouveau quand les faits seront établis.
Il va de soi que nous sommes très sensibles à la perte subie par l’éleveur que nous connaissons et qui avait bien placé ses animaux dans un parc électrifié. Nous sommes mobilisés pour que le pâturage extensif des brebis dans les alpages puisse avoir lieu même quand le loup est présent, et nous resterons fidèles à cette démarche.
La préfecture des Alpes-de-Haute-Provence a décidé d'autoriser un tir de prélèvement, soit l'abattage d'un loup, après que plus de 70 brebis ont péri lors d'une nouvelle attaque attribuée à l'animal dans la vallée de l'Ubaye, a annoncé dimanche la préfète Yvette Mathieu.
Dix bêtes ont été tuées par le loup, 62 sont mortes après avoir sauté dans un ravin par panique et 30 autres sont portées disparues, sur un troupeau de 1.500 têtes, à la suite de l'attaque d'un loup dans la nuit de vendredi à samedi sur la commune d'Enchastrayes, au Super-Sauze.
(Le week-end dernier, 45 brebis avaient été tuées, sept blessées, et sept avaient disparu dans le même département, à Méolans-Revel, a rappelé la préfète, ci-dessus).
Depuis le début de l'année, 66 attaques imputables au loup ont été recensées, occasionnant la mort de 422 ovins, contre 86 attaques et 246 victimes sur l'ensemble de l'année 2010, selon la même source.
Face à cette recrudescence, Mme Mathieu va "signer lundi un arrêté de prélèvement" autorisant la destruction d'un loup.
Cette procédure, réalisée sous le contrôle de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (OFCFS), n'intervient qu'en dernier recours, quand toutes les méthodes de prévention des attaques se sont avérées insuffisantes (protection des troupeaux, recours à l?effarouchement puis mise en place de tirs de défense).
Le nombre des spécimens qu'on peut tuer en France est fixé à six pour 2011/2012. Depuis 2004, seuls cinq prédateurs ont été abattus dans ce cadre.
La cohabitation entre loups et bergers est houleuse depuis le retour en France en 1992 du "canis lupus", qui avait été éradiqué dans les années 1930-40.
Selon les évaluations officielles, la France compte en 2011 entre 150 et 180 loups, essentiellement sur l'arc alpin, mais aussi dans le Massif central et les Pyrénées. Cette espèce protégée étend progressivement sa zone de présence vers la moyenne montagne.
APL
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