Reprise : Rhône-Alpes à deux vitesses
L'étude de l'Insee montre une région coupée en deux : le sud (Drôme/Ardèche) n'est pas sorti de la crise. En revanche, les secteurs frontaliers avec la Suisse ou l'Italie sont portés par la reprise mondiale et le chômage recule fortement. Par ailleurs, les créations d'emploi profitent surtout à l'intérim.
Rhône-Alpes avait été une des régions qui avaient trinqué le plus en 2009, au déclenchement de la crise. Elle relève aujourd'hui la tête, et un peu plus que les autres. A cela la même explication : le poids important de l'industrie dans son économie. Ce trait la rend plus ouverte aux échanges internationaux. Et aujourd'hui, les exportations régionales retrouvent une dynamique forte. Au 1er trimestre 2011, elles atteignent un volume soutenu de 12,1 milliards d'euros, soit presque l'équivalent du 1er trimestre 2008. Les défaillances d'entreprises qui avaient atteint leur point culminant au cours de la 2e partie de 2009, connaissent une inflexion. Et l'hôtellerie a mieux débuté 2011 que 2010. "Sur les trois premiers mois de l'année, le nombre de nuitées a progressé de 5,4%", précise Jérôme Harnois, directeur régional adjoint de l'Insee.
Emploi : reprise surtout de l'intérim
L'emploi régional se redresse, sans retrouver ses niveaux de 2008. Au pire de la crise, mi-2009, on comptabilisait 1.599.000 emplois en Rhône-Alpes. Il y en a désormais 1.647.000, soit 48.000 de plus. Le redressement est plus marqué qu'au niveau national. Mais cette progression est due pour moitié au boom de l'intérim, passé de 47800 à 74600 postes. Ces emplois précaires enregistrent une hausse moyenne de 8% par trimestre, quand les emplois hors intérim ont progressé poussivement de 0,4% lors du dernier trimestre. La crise a-t-elle accéléré une tendance à la précarisation du monde du travail ?
"Seuls les services ont retrouvé la dynamique de créations d'emploi d'avant crise" notre l'étude. L'industrie n'est pas sortie de la crise, captive d'une tendance de déclin au long terme. En 1990, la région comptait 564000 emplois industriels contre 420000 à présent. Il faut cependant nuancer ce constat : derrière cette désindustrialisation se cache aussi un phénomène d'externalisation, les entreprises délégant à des tiers les services annexes (comptabilité, établissement de la paie, entretien, etc.). Voilà qui contribue à faire plonger, statistiquement, les emplois industriels.
Une région bicéphale
Au global, le chômage recule de façon plus marquée en Rhône-Alpes qu'au niveau national (0,5 point contre 0,3). Au 1er trimestre 2011, son taux s'établit à 8,3% dans la région et à 9,2% en France métropolitaine. Si la tendance est favorable, le chiffre reste élevé : au premier trimestre 2007, la région comptait seulement 6,3% de chômeurs.
Le Rhône est dans une situation intermédiaire (8,4%), supérieure à l 'Ain (6,7%) et la Haute-Savoie (7,3%), mais inférieure à l'Ardèche (9,5%) et la Drôme (10,2%). Le recul est d'ailleurs plus marqué là où le taux est faible : -0,8 point dans l'Ain et -1 point en Haute-Savoie. Ces départements, plus industriels (automobile, plasturgie, décolletage) profitent plus de la reprise mondiale. Le reflux est moins net dans la Drôme et l'Ardèche (-0,3 point) et dans le Rhône (-0,5 point). La carte régionale des demandeurs d'emploi (ci-dessus) montre une région à deux vitesses. La tête dynamique, tournée vers la Suisse et l'Italie. Bourg-en-Bresse, Oyonnax, Annecy et la Tarentaise enregistrent les baisses les plus marquées (- 6,5% au minimum, en rouge vif sur la carte). A l'autre bout, les secteurs les plus sinistrés qui continuent à voir le chômage progresser : Aubenas, Montélimar, Valence et Vienne-Roussillon (en bleu).
Légende : en bleu foncé, les secteurs où le nombre de demandeurs d'emploi progressent entre avril 2010 et avril 2011, en rose pâle les secteurs où le chômage recule faiblement (de 0 à - 2,3%), en rose foncé les secteurs où le chômage refluent de - 2,3% à 6%, enfin en rouge les secteurs où le chômage baisse de plus de 6%.
Fabien Fournier
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