Après le "printemps arabe", celui de la paix doit venir
Plusieurs événements risquent très prochainement de créer la surprise au Proche-Orient, alors pourquoi ne pas relancer sérieusement les espoirs de paix entre Palestiniens et Israéliens ?
Le premier changement notable qui pourrait intervenir est un échange de prisonniers : la libération d'un millier ou plus de palestiniens détenus en Israël, dont le célèbre et symbolique chef du Fatah Marwan Barghouti, en échange du soldat israélien Gilad Shalit. Les intermédiaires français, allemands, turques et surtout égyptiens y consacrent des efforts importants. En témoigne la présence de plusieurs responsables israéliens et du Hamas au Caire ces derniers jours, à commencer par le général Amos Gilad, conseiller du ministre de la défense, et le chef de la branche armée du Hamas. Un entretien a également eu lieu entre Ehud Barak, ministre israélien de la défense, et le maréchal Tantawy.
La question des prisonniers, au combien importante pour les Israéliens et les Palestiniens, donnerait un nouveau souffle, une chance réelle de reprise des négociations.
Cela signifierait que pour la première fois, Hamas, Fatah, et un gouvernement israélien dirigé par le Likoud réussiraient à surmonter leurs divergences pour arriver à un accord concernant les prisonniers palestiniens et la libération de Gilad shalit. Il s'agirait d'un geste fort: non seulement un signe de bonne volonté, mais aussi et surtout un geste politique permettant au gouvernement israélien et à la communauté internationale de reconnaître un gouvernement Hamas-Fatah unifié.
En effet, la constitution récente de l'unité nationale chez les Palestiniens permet une relance du processus démocratique. Les élections prévues pour la fin de l'année, la reprise probable des négociations, s'inscrivent dans la droite lignée du vent de liberté que fait souffler le printemps arabe dans la région.
Aussi, la conférence des donateurs initiée par la France, prévue pour le mois de juillet, a pour objectifs de développer les réalisations économiques et de renforcer les institutions palestiniennes en germe. Par là, la France affirme une ferme volonté de donner à la prochaine création de l'Etat palestinien une dimension hautement politique.
Il est important de se fonder sur les paramètres énoncés le 19 mai par le président Barack Obama. Ouvrir des pourparlers concernant les territoires sur la base des frontières de 1967, consacrer les garanties de sécurité aux deux Etats, envisager d'ici un an les négociations sur les réfugiés et Jérusalem, constitueraient les jalons essentiels d'une future réconciliation.
Au regard de tous ces éléments, il est donc possible qu'Israéliens et Palestiniens parviennent à conclure un accord qui verrait la création d'un Etat palestinien cette année. Au lieu de la reconnaissance symbolique par l'Assemblée générale des Nations unies, une déclaration internationale instaurant l'Etat de Palestine aux cotés de l'Etat d'Israël est nécessaire et plus que souhaitable.
Les paramètres de la réconciliation et d'une paix durable pourraient être les suivants :
Jérusalem-Est sera la capitale de la Palestine et Jérusalem-Ouest celle d'Israël. Les 1,5 km2 de lieux saints seront administrés par un comité regroupant Israël, la Palestine, la Jordanie, le Maroc, l'Arabie Saoudite et le Quartet par exemple.
Sur la question des réfugiés, Israël et les pays arabes reconnaîtront leurs responsabilités dans la tragédie qu'ils ont subis. Un fond d'indemnisation doté de soixante milliards de dollars alimenté par Israël, les pays producteurs de pétrole et les pays de l'OCDE permettra de dédommager et/ou aider tous ceux qui désireront s'installer en Palestine. Les réfugiés préférant rester dans les pays d'accueil (Liban, Syrie, Irak ou ailleurs) pourront devenir citoyens à part entière de ces Etats, lesquels leur accorderont la nationalité ainsi demandée. Israël devra également accepter certains réfugiés au nom du regroupement familial, comme discuté entre le président Mahmoud Abbas et le Premier Ministre Ehud Olmert.
Les habitants des colonies juives qui le désirent seront intégrés dans l'Etat de Palestine et deviendront citoyens palestiniens à part entière.
Sur la question de la sécurité, les Etats du Proche-Orient signataires de la paix pourraient créer une force régionale en partenariat avec l'OTAN. Des soldats d'une force multinationale (comme ceux basés dans le Sinaï) seraient déployés aux frontières jordano-palestinienne et égypto-palestinienne.
Une normalisation des relations entre les Etats de cette région entraînera l'établissement de liens diplomatiques entre la Palestine, Israël et leurs voisins arabes et musulmans. Les pays ouvriront une nouvelle ère de coopération, d'échanges et de développement dans tous les domaines (culturel, économique, scientifique…).
Entre Israël et la Syrie, la question du plateau du Golan pourra se régler par une démilitarisation de ce dernier qui serait restitué à Damas, et l'offre d'un bail pour les terres louées à des Israéliens.
Finalement, l'objectif majeur est qu'à moyen terme, Israéliens, Palestiniens et toutes les autres populations arabes voisines se dessinent un futur commun. Des commissions de réflexion devraient être mises en place pour examiner les possibilités et les moyens de bâtir à terme une Confédération israélo-jordano-palestinienne d'abord, élargie à d'autres pays arabes ensuite. Ou en échange explorer une possible adhésion d'Israël et de La Palestine a union Européenne.
Pour ce faire, les sociétés civiles doivent aujourd'hui plus que jamais faire pression sur leurs dirigeants pour les pousser à mettre fin à un conflit qui n'a que trop durer. Parce qu'aujourd'hui plus que jamais, les peuples de la région aspirent à la liberté, la dignité, l'éducation, la démocratie, la justice, le développement économique, la sécurité; et finalement, l'arrivée d'un autre printemps dans la région : le printemps de la paix.
Ofer Bronchtein, cofondateur et président du Forum international pour la paix
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