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mardi 26 juillet 2011

Décès de Théodor Roszak...


Theodor Roszak (né à Chicago le 15 novembre 1933, et décédé le 5 juillet 2011), était professeur d'histoire à l'Université de Californie, sociologue et écrivain. Sa lecture du monde peut être qualifiée d'holistique. Il a popularisé la notion de contreculture en 1968 dans Vers une contre-culture (The making of Counter Culture) et la notion d'écopsychologie en 1995. Il est l'auteur de plusieurs essais consacrés à l'information, la science et la culture. Il collaborait également au New York Times.
À 65 ans, on change le monde
L’historien Theodore Roszak lance un cri du cœur aux anciens hippies qui arrivent à l’âge de la retraite. Il est encore temps pour eux de réaliser leurs rêves.
Theodore Roszak a défini toute une génération en 1968, lorsqu'il a publié l'essai mythique « Vers une contre-culture ». Il y peignait une jeunesse différente, militante, au cœur de laquelle les opposants à la guerre du Viêt Nam, les féministes et les étudiants comme les décrocheurs étaient prêts à tout pour se libérer du carcan des valeurs traditionnelles et bâtir une société pacifiste, équitable et écologique.
Âgé aujourd'hui de 78 ans, ce professeur (photo : Mingasson) émérite d'histoire à l'Université d'État de Californie à East Bay est décédé. Il  était revenu à la charge en 2009 en publiant « Vers une contre-culture : Reflexionx on the Future of America’ Most Audacious Génération »..
Dans cet essai, il rappelle aux boomers leurs rêves de jeunesse. Et soutient que leur plus grande contribution est encore à venir.
Dans votre livre, vous comparez le vieillissement à un trip d'acide. Est-ce une boutade ?
- Oui et non. Quand j'enseignais à l'université, pendant les années 1960, je voyais régulièrement des étudiants arriver à mes cours complètement défoncés. Ils ne cherchaient pas qu'à s'amuser ! À l'époque, de nombreux hippies étaient persuadés que les drogues pouvaient les aider à voir le monde différemment. Qu'elles étaient le meilleur moyen d'atteindre des états de conscience modifiés, où l'esprit serait libéré de toute trace de matérialisme, d'ambition dévorante, de jalousie...
Je sais maintenant qu'il existe une façon parfaitement naturelle de modifier son état de conscience : vieillir. À 77 ans, je ne vois plus le monde de la même façon qu'à 20 ans. Mes idées sur la réussite, la carrière, l'ego, le mariage, la sexualité... tout ça a radicalement changé !
Croyez-vous réellement que les baby-boomers ont gardé la fibre militante de leur jeunesse ?
- Je ne m'adresse pas à tous les boomers, évidemment. Après tout, George W. Bush est un boomer. Je m'adresse à la tranche de ceux qui, je l'espère, ont su conserver une dose d'idéalisme. Dans les années 1960, ils ont voulu faire cesser la guerre, condamner les pollueurs, promouvoir les libertés individuelles. Puis, ils ont fondé des familles, trouvé des jobs et compris que leurs idéologies n'étaient pas toujours compatibles avec la réalité du quotidien.
Maintenant qu'ils arrivent à la retraite et qu'ils sont libérés de leurs engagements, rien ne les empêche de reprendre le flambeau. Ils ont aujourd'hui la maturité, l'expérience et les contacts nécessaires pour s'engager politiquement et jouer un rôle important. En outre, ils passeront plus de temps à être vieux qu'ils n'en ont passé à être jeunes. Évidemment, je ne peux pas prévoir s'ils vont embarquer ou non.
Pourtant, la génération des baby-boomers est souvent perçue comme égocentrique.
- Je n'ai jamais partagé cette perception. Sur quelle observation historique se base-t-on pour dire une chose pareille ? Croit-on que les générations qui les ont précédés pratiquaient l'abnégation ? [Rire] Certainement pas. Il est vrai que les jeunes boomers avaient un intérêt marqué pour le développement personnel, l'affirmation de leurs valeurs et de leurs idées. Il n'y a rien de mal à cela, au contraire.
Vous prédisez que ce sont les femmes boomers qui, les premières, vont rependre le flambeau de la militance.
- Plus particulièrement celles qui doivent prendre soin de leurs parents âgés. Ces femmes ont fait des études avancées, bâti des carrières, élevé leur famille. Elles arrivent au point où elles peuvent profiter de leurs réalisations, mais la société s'attend maintenant à ce qu'elles laissent tout en plan pour s'occuper de leurs parents vieux et malades. C'est injuste !
Bien sûr, elles aiment leurs parents, mais la société ne peut se décharger sur elles de la responsabilité de la population vieillissante. C'est un boulot énorme et ingrat. Des personnes âgées peuvent avoir besoin d'assistance médicale, de soutien psychologique, d'aide pour se laver, se vêtir... J'espère que les boomers vont militer auprès de notre gouvernement pour qu'il adopte des programmes majeurs de soutien aux personnes âgées, pour qu'on s'occupe d'elles comme il se doit : avec beaucoup d'aide professionnelle.
D'autres mouvements citoyens vont-ils suivre ?
- J'espère que le réveil de la flamme militante va allumer un brasier. Et que les anciens hippies vont militer non seulement pour les causes qui leur profitent directement, mais pour l'envi­ronnement, l'accès à l'éducation, l'intégration des immigrants... Ils doivent prendre conscience qu'ils sont les anges gardiens de la jeune génération.
Et s'ils ne répondent pas à votre appel ?
- Fondamentalement, et contrairement à bien des démographes ou des économistes, je pense que le vieillissement de la population est une bonne chose. Même si les anciens hippies font fi de mon appel et préfèrent siroter des margaritas sur des bateaux de croisière, je crois que nous allons évoluer vers un monde meilleur.
De plus en plus, l'économie de notre pays sera orientée vers les soins de santé. C'est beaucoup mieux, à mon avis, qu'une économie basée sur l'automobile ou même sur l'informatique. Travailler pour prolonger la vie et améliorer sa qualité est la plus noble des fins qui soit.
En vieillissant, les boomers n'auront d'autre choix que d'admet­tre qu'ils ont besoin d'aide. Un mot souvent tabou dans nos sociétés actuelles. L'image de l'homme va changer. On ne peut plus jouer au macho quand on a 70 ans. L'image de l'amour aussi va prendre de nouveaux reliefs. Bien sûr, l'amour-passion sera toujours en tête d'affiche à Hollywood, mais je crois que la tendresse et la compassion vont prendre plus de place.
Grâce aux vieux, nous allons vers une société plus pacifiste, plus tolérante, plus écologique.
Dominique Forget
Essais
- Vers une contre-culture (The making of Counter Culture), 1970, Stock, 2001
- L'homme planète (Person/Planet: The Creative Disintegration of Industrial Society), 1979
- Ecopsychology : Restoring the Earth, Healing the Mind, 1995
- La menace américaine. Le triomphalisme américain à l’âge du terrorisme (World Beware! American Triumphalism in an Age of Terror), Paris, éd. le cherche midi, 2006
Romans
- Puces (Bugs), 1981
- La conspiration des ténèbres (Flicker), 1991
- Les Mémoires d'Elizabeth Frankenstein (The Memoirs of Elizabeth Frankenstein), 1995, traduit de l'anglais (États-Unis) par Édith Ochs - éditions Le Cherche Midi - collection Néo (2007)
- Le diable et Daniel Silverman (The Devil and Daniel Silverman), 2003, éditions Le cherche midi, collection Néo
- L’Enfant de cristal (2008) éditions Le cherche midi
- L'Enfer des rêves (2009) éditions Le cherche midi
Theodore Roszak dans les ténèbres
Trois semaines après Woodstock en 1969, Theodore Roszak, disparu le 5 juillet dans sa maison de Berkeley aux Etats-Unis, publiait le livre-pivot d’une génération en révolte contre l’autorité et inventait l’expression de «contre- culture» (Vers une contre-culture, Stock 1970), comme le rappelle le quotidien américain The New York Times.
Né à Chicago le 15 novembre 1933, Roszak fait des études d’histoire à l’université de Californie et obtient doctorat à Princeton. Pendant trente-cinq ans, il enseigne à l’université de Hayward en Californie, avant de prendre sa retraite en 1998. Auteur d’essais consacrés à l’information, la science et la culture, il passait pour un néo-luddite, a popularisé la notion d’écopsychologie et a aussi publié la Menace américaine en primeur en France, avertissement au monde sur l’hégémonie américaine. Théodore Roszak disait préférer écrire de la fiction, comme son roman-fleuve noir, la Conspiration des ténèbres, excellemment documenté sur les bas-fonds du cinéma hollywoodien. Son dernier roman, inédit aux Etats-Unis, Death Star Coming (une communauté dans l’attente d’une comète), sortira fin 2012 au Cherche-Midi.
FRÉDÉRIQUE ROUSSEL
Exemple : La conspiration des ténèbres (Flicker), 1991
En fréquentant les cinémas miteux de Los Angeles, Jonathan Gates découvre l'œuvre fascinante de Max Castle. Jeune prodige, celui-ci a tourné quelques films avant de tomber dans l'oubli. L'élucidation des mystères qui entourent la vie et l'œuvre de Castle va devenir une véritable obsession pour Gates. A l'issue de sa quête, qui va le mener des sommets de l'industrie cinématographique jusqu'au cœur des sociétés secrètes, où plane l'ombre des cathares, il apprendra l'incroyable vérité sur ce maître des illusions que fut Max Castle et mettra au jour un étonnant complot. La Conspiration des ténèbres est un grand thriller historique et métaphysique, d'une intelligence et d'une érudition peu communes. Un roman qui fait date et qui sera bientôt adapté pour le cinéma par le metteur en scène Darren Aronofsky (Pi, Requiem for a Dream) et le scénariste Jim Uhls (Fight Club). Emmenez ce livre le matin sur la plage et sachez que vous n'irez pas déjeuner, certainement pas dîner non plus. La Conspiration des ténèbres est hypnotique. On a du mal à s'en relever.
APL

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