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samedi 2 avril 2011

L' Etat dérape : Stigmatisation de l' autre....

Islam, laïcité : débat utile ou stigmatisant ?
Eh bien, le "musulman"... il t'emmerde !
Les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy, assimilant l'échec du multiculturalisme à l'échec de l'immigration et de l'islam en France, ont ravivé toutes les flammes de l'islamophobie. Je me rappelle ces sommations permanentes, ces agressions verbales, quotidiennes, "on n'est pas polygame, on ne pratique pas l'excision sur ses filles, on n'égorge pas les moutons dans son appartement et on respecte les règles de la République" prononcées pendant la présidentielle, lors d'une émission à grande écoute, pour marquer les musulmans au fer rouge.
Ils y étaient présentés comme insatiables sexuellement, barbares en puissance, allant jusqu'à assouvir par le sang leurs besoins de violence et, de surcroît, hermétiques à toute règle républicaine. Je me souviens de ce "on", condescendant, méprisant, à l'encontre d'une partie de la population française. Il y avait là plus qu'un bruit, plus qu'une odeur. Il y avait là toute la quintessence de l'islamophobie. Il y avait là de la haine ! Ce n'est pas Marine Le Pen qui instrumentalisa le faux grand débat sur l'identité nationale, mais Eric Besson, transfuge du PS. Un simulacre de débat, qui tourna très vite à la mise en accusation des musulmans. Je me souviens d'un certain Eric Zemmour, récemment condamné pour incitation à la discrimination raciale.
Mais à la course à l'incrimination calomnieuse, toutes les écuries politiques y ont contribué avec un certain paternalisme pour les uns et une vive répugnance pour les autres. L'islam devenait ainsi le réceptacle de tous les maux de la société française. Au malheur d'être arabe, d'être noir, d'être pauvre, d'être déclassé socialement, discriminé quotidiennement en France, s'ajoutait l'appartenance à l'islam.
L'instrumentalisation politique de l'islam ne venait pas exclusivement des groupuscules extrémistes tels que le Bloc identitaire, mais elle était orchestrée par notre classe politique "républicaine", d'André Gérin (PCF) à Nadine Morano et André Valentin (UMP), en passant par Jean-François Copé (nouveau patron du parti présidentiel), sans oublier Fadela Amara (ancienne secrétaire d'Etat), dite de gauche, et Claude Guéant (nouveau ministre en croisade de l'intérieur), voulant, au nom de l'islamophobie, se refaire une santé politique. Et ce n'est pas le sondage réalisé en décembre 2010 par l'IFOP, où 42 % des Français considèrent la présence de la communauté musulmane comme une menace et 68 % estiment que les musulmans ne sont pas bien intégrés dans la société, qui est des plus éloquents et des plus équivoques, qui nous démontrera le contraire.
Eloquent, car la question posée suscite bien des interrogations. Pourquoi ces populations dites musulmanes sont-elles toujours soumises à la question de l'intégration ? La raison est très simple : c'est qu'elle occulte la question de l'égalité des droits.
L'intégration est ce beau concept qui emprisonne à vie ceux qui le rencontrent sur leur chemin, qui scinde la nation en deux, les légitimes et les illégitimes au regard de la société, les intégrés et les non-intégrables. Alors, que dire de cette prétendue menace que ces populations font peser sur la nation ? Menace des plus sournoises pour les plus nostalgiques d'une France aux racines judéo-chrétiennes, et menace des plus dévastatrices pour les défenseurs d'une nation gauloise. Menace qui répond enfin à une angoisse collective, transformant le musulman en bouc émissaire, expiatoire du mal-être français.
Il est des sondages qui ne dévoilent pas les choses mais qui attisent la haine. Lorsque les questions sont mal posées, les réponses deviennent alors empoisonnées. Devant cette haine sans borne qui aura pour ultime conséquence le morcellement de la nation française, j'appelle toutes les âmes de bonne volonté à résister face à cette chasse ouverte contre l'islam et les musulmans, à pointer l'irresponsabilité de certaines politiques qui ont échoué, notamment dans nos banlieues françaises. Faut-il islamiser la question sociale pour se dédouaner politiquement ? Est-ce vraiment les musulmans qui ont tourné le dos à la République ?
Lorsque ces quartiers souffrent d'un chômage endémique, dépassant parfois les 45 %, lorsque la jeunesse de ces quartiers est totalement écartée de toute réussite sociale, lorsque les plus diplômés sont réduits à être maître-chien, caissière ou veilleur de nuit... De qui se moque-t-on ? Qui a tourné le dos à qui ? Et à qui profite le crime ?
Vous gagnerez probablement des voix, vous construirez certainement à bons frais vos carrières, mais vous détruirez la France et ses valeurs. Au nom de nos principes qui condamnent la haine, nous nous battrons par toutes les voies légales pour lutter contre le racisme d'Etat, l'islamophobie de certains partis politiques et les déclarations haineuses, et contre les débats stériles et perpétuels sur l'islam qui nourrissent l'extrême droite française.
Oui ! Je suis élu de la République, socialiste, marseillais, supporteur de l'OM, Français d'origine africaine, de filiation comorienne, de confession musulmane, et je ne renoncerai à rien pour vous plaire. Je ne céderai ni aux appels des racistes notoires ni aux déclarations nauséabondes de ceux qui n'ont plus rien de républicain. Je lutterai pour qu'enfin l'islam puisse reprendre toute sa place dans la République laïque, respectueuse de la liberté de conscience.
Je me battrai de toutes mes forces pour que les citoyens français de confession musulmane puissent bénéficier du respect et de la considération que la loi française garantit à tout citoyen. Je me battrai pour que la deuxième religion de France puisse bénéficier de lieux décents comme toute autre religion de l'Hexagone.
Nous devons dorénavant savoir que, sur la longue liste des discriminations, la suspicion d'appartenance à l'islam est devenue la nouvelle arme de destruction massive des prêcheurs de haine. Eh bien, à bon entendeur salut, car le "musulman" que je suis, il t'emmerde !
Nassurdine Haidari, adjoint au maire PS du 1er secteur de Marseille.
(Envoyé par Pierre Gentilhomme, pgentiho@free.fr)

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