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samedi 2 juillet 2011

A droite toutes.......

A DROITE TOUTES…
La droite française (les classes dominantes) avait deux fers au feu. Quel que soit le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2012, elle comptait bien l’emporter, ou, pour le moins, ne pas perdre. Et pour cause, elle avait deux candidats sérieux, qu’elle cherchait à promouvoir par tous les moyens, et un faire-valoir. Le danger principal qui la menace est l’émergence (la réémergence) d’une force politique résolument ancrée à gauche. Nous en dirons deux mots plus loin. Mais de quelle arme absolue disposait la droite en France pour contrer l’éventuelle remontée d’une gauche de transformation sociale ?
Le premier candidat sérieux, c’est le président sortant, le ci-devant Sarkozy, l’agité de l’Elysée qui a commencé sa campagne, d’une part en lançant la folle prime attribuable aux salariés dans les entreprises qui augmenteraient leurs dividendes, d’autre part, en partant en guerre (sans consulter le Parlement), au motif qu’il s’agirait de participer à la protection humanitaire des peuples, voire de l’initier ! Il n’est cependant pas exonéré de critiques, y compris dans son camp politique et au sein du patronat. De plus, son profil sondagier n’est pas excellent, pour l’instant. Pour certains, il est carrément encombrant, bien qu’il demeure légitime parce que candidat du parti présentement majoritaire. Du Figaro à TF 1, on fait beaucoup pour donner des couleurs à ce rougeoyant du visage à force d’efforts inconsidérés pour paraître (ce qui lui avait plutôt pas mal réussi en 2007, face il est vrai à une opposition de peu de consistante et grâce à la débandade de la gauche de gauche). L’aviation envoyée en Libye et quelques autres démonstrations de muscle, ça va, ça redonne du courage. La prime aux salariés, en revanche, surprend (mais c’est sa tactique : surprendre et prendre), étonne par son côté improvisé, ni social, ni pro-MEDEF. Sauf que, se dit le postulant - bis, si le MEDEF n’est pas content, c’est que c’est du social, c’est bon pour attraper des voix. Pas sûr que ce coup, si souvent fait dans d’autres domaines, soit un coup gagnant, mais l’orgueil malin aidant, il peut y croire. Son propre camp est plutôt mal à l’aise : déjà se profilent des solutions de rechange (des prétentions qui confinent au crime de lèse-majesté, sauf si l’impétrant décidait de jeter l’éponge au lieu de se voir rejeté du tableau final, ce qui ne correspond en rien à la mégalomanie du candidat).
L’hypothèse d’une défaite du candidat numéro un n’étant pas exclue, que faire ? Il y a certes encore du temps pour mettre au point des stratégies où la démagogie le disputerait à l’anti-social et au tout sécuritaire. La conjoncture politique au plan intérieur et extérieur peut évoluer et favoriser de nouveau le sortant qui aimerait ne pas sortir. L’espoir fait vivre, même à droite. Si la défaite qui s’annonce est dans l’ordre du vraisemblable, alors, il faut éviter que soit élu un candidat (ou une), à ce poste tant envié, qui pencherait trop à gauche. La presse, renforcée par l’aile centriste et par l’establishment, avait repéré la perle rare : Monsieur Dominique Strauss-Kahn. Patatras, une sombre affaire rend caduque cette possibilité. Il y a des réserves, mais c’est M. Strauss-Kahn qui présentait le plus de garanties. Comme remplaçant de luxe, il avait le franc soutien de la presse, le soutien plus discret des instances internationales et d’une partie du patronat. Dans son propre camp, le parti socialiste, son fan – club doit se ronger les ongles. Ses membres ne donnaient pas dans la dentelle, tellement ils étaient certains de leur affaire. Monsieur Pierre Moscovici, un des porte-parole officieux (Le Monde du 2 mai 2011), craignait des « primaires frivoles » (ce qui résonne curieusement aujourd’hui). Encore récemment, conscient de l’image pour le moins floue de Monsieur Strauss-Kahn, Monsieur Moscovici s’interrogeait sur les capacités du Parti socialiste « à changer les choses ». Il conclut, sur le mode mitterrandien, qu’il « faut introduire une forme de radicalité ». Evidemment, il s’en tenait à la forme et ne parlait pas du fond. Les grandes manœuvres médiatiques étaient commencées. La question demeure en effet posée : qui du parti socialiste conviendrait ou ne disconviendrait pas au parti de M. Sarkozy ?
Evidemment, UMP - PS, ce n’est pas bonnet blanc et blanc bonnet, même s’il y a beaucoup de proximité, comme on a pu le voir par exemple à propos du démantèlement des services publics, du financement de la crise ou encore de la contre-réforme sur les retraites. Ce sont deux possibilités pour assurer le cours nouveau de l’hégémonie des classes dominantes. Affaire complexe sur laquelle il serait bien utile de réfléchir. Car, ce qui se joue, dans ce pays et sur l’ensemble de la planète, n’est rien moins que l’hégémonie politique et sociale des classes dominantes. Or, nous ne sommes ni au 19e siècle, ni dans la période ayant suivi la crise de 1929 et qui a provoqué des changements politiques dans l’organisation de la domination sociale, ainsi que des évolutions considérables dans la capacité des dominés à faire valoir leurs droits. Voir, notamment, les luttes de libération nationale, les luttes sociales et syndicales, les luttes pour l’égalité et contre toutes les formes de discrimination. La revanche du capital s’est réorganisée progressivement à partir de la fin des années soixante. Le résultat, que la crise récente met en évidence, est que la nouvelle hégémonie sous la houlette du capital financier a failli. Comment gérer le capital, quelles nouvelles alliances sont nécessaires pour y parvenir ? Cette question n’est pas simple. Un Sarkozy représente, en France, l’une des hypothèses dont le capital est l’épicentre. Le PS (sa direction majoritaire) représente l’autre version d’une convergence hégémonique rivale cherchant à s’imposer, prétendant être plus à même de résoudre les problèmes de « gouvernance » sans les peuples.
Le faire valoir enfin : Mme Marine Le Pen. L’épouvantail nécessaire. Non pas que la progression de l’extrême droite ici et ailleurs dans le monde ait été souhaitée aux niveaux qu’elle atteint actuellement. L’extrême droite a pu être relancée, un jour pour affaiblir la droite, un autre jour pour affaiblir la gauche. Mais ce n’est pas là l’essentiel. Sa forte présence militante et dans les urnes résulte, mais pas uniquement, du déficit social, culturel et démocratique, des politiques menées depuis trente ans par les gouvernements successifs, quelle que soit leur couleur, les gouvernements de droite étant malgré tout plus antisociaux. A la veille des prochaines élections présidentielle et législative en France, la présence et l’activisme de Mme Le Pen sont bien utiles. Les médias (sondages y compris) font dans ce domaine un travail remarquable qui confine au double jeu (dangereux). Le 21 avril 2002 est exhibé jusqu’à plus soif comme la marque d’un danger toujours présent qu’il faudrait extirper tout en l’encourageant néanmoins pour qu’il soit bien présent. L’objectif est double : faire peur pour délégitimer par avance toute présence de gauche dans le champ politique électoral ; asseoir définitivement le bipartisme en espérant que, en France, le Front national ne sera qu’un trouble-fête, du poil à gratter.
En dispersant les voix, la gauche porterait la responsabilité d’une éventuelle élimination dès le premier tour du candidat présenté par le parti socialiste (ou peut-être du candidat vraiment affiché de la droite). Quand des responsables du PS considèrent que (leur) défaite est interdite et que personne ne doit la favoriser, ils n’interrogent ni leur bilan passé, ni la faiblesse de leurs propositions, ni la règle du second tour de l’élection présidentielle, ni l’ordre du calendrier électoral, œuvre d’un certain Jospin qui n’avait pourtant pas été déméritant sur tout, quoique sur trop de points essentiels. Par exemple : signature du traité d’Amsterdam, juste après sa nomination comme premier ministre, privatisation de France Télécom et libéralisation de l’énergie.
Enfermer le choix, parce que le calendrier électoral imposerait ce schéma, entre être ou ne pas être au second tour (pour le PS) est un enfumage de première catégorie. C’est aussi un danger pour la gauche. L’exemple italien, avec la candidature puis le gouvernement Prodi, a (provisoirement ?) éliminé la gauche de gauche. D’autre part, cette stratégie mortifère, éloigne de tout débat véritable, et réduit encore plus la démocratie à une succession de plébiscites. Depuis belle lurette, viennent en renfort de cette stratégie : les attaques contre les syndicats, en vue de les affaiblir, contre les associations, en vue d’amoindrir l’exercice au quotidien de la démocratie et le maintien du lien social. Dans ce domaine, Messieurs Sarkozy et Fillon ont fait fort et continuent. Ils méprisent toute action et tout résultat provenant notamment de l’initiative populaire et citoyenne : en témoigne la non-prise en compte de la votation pour un débat et un référendum sur le devenir de la Poste, de la mobilisation pour une politique sociale vers l’égalité de traitement sur les retraites… Rien n’indique que du côté du PS on envisage de revenir sur toutes les mesures antisociales du quinquennat finissant.
Que la gauche, vraiment de gauche, soit présente et bien présente tant pour la présidentielle que pour les législatives est par conséquent un impératif. La division qui a prévalu en 2007 ne doit plus être de mise. Il appartient aux forces politiques et sociales concernées de ne pas renouveler cette expérience mortifère. Si Monsieur Olivier Besancenot n’est plus candidat à cette élection (ce qu’il a fait savoir), c’est l’occasion pour le NPA de ne pas persister dans l’entêtement coupable qui a été celui de la LCR, il y a quatre ans. C’est l’occasion pour le Front de gauche de s’ouvrir plus, tant pour débattre et élaborer sur le fond que pour préparer les législatives. Le parti des Verts, s’il veut être cohérent avec sa critique, ses principes et ses objectifs, devrait rejoindre un tel front élargi au lieu de se préparer à flirter avec on ne sait quel centre, et y apporter une contribution qui ne serait pas un adjuvant. Sans cela, la politique déjà confisquée (privatisée) ne laisserait aux électeurs que des choix médiocres et le sentiment de l’inutilité de leur participation aux votes.

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