Notre ami André Aubanel, ancien maire de Chamaloc et Président de la Commission Forêt du Parc Naturel Régional du Vercors (PNRV) a souvent évoqué avec nous son soucis « de voir la Forêt gagner sur les terres ». Et cela était vrai il y a encore 10 ans pour cause de déprise agricole générale (9 millions de fermes ont été liquidées par le productivisme). Si dans le monde entier la déforestation n’a jamais faibli, le tendance s’ est inversée; même en France la forêt recule.
Comprendre les enjeux de la reforestation
Au début du XXème siècle, les forêts couvraient 20% de la surface terrestre, soit 5 Md d’hectares environ. Aujourd’hui, 1 Md d’hectares ont disparu, essentiellement au niveau des forêts boréales et tropicales. Ces chiffres sont significatifs et les impacts de la déforestation sont alarmants. Ils doivent être compris pour que l’on puisse réagir en conséquence.
Les raisons de la disparition des forêts.
Différentes causes expliquent le rythme effréné de la disparition des forêts dans plusieurs régions du monde.
75% de la coupe dans les pays en voie de développement provient de l’utilisation du bois comme source de chauffage. C’est le cas tout particulièrement au Sahel et en Inde. Cette pratique est souvent essentielle pour la survie des populations locales car elle permet de se chauffer mais aussi de se nourrir.
L’extraction de bois d’ouvrage fait également des ravages en Asie du Sud-Est et en Afrique car les coupes se font essentiellement sans politique de renouvellement des forêts. La situation change petit à petit mais ce problème reste significatif dans ces régions du monde.
Bien sûr, l’élevage et la culture représentent également une cause significative de déforestation. Nous avons tous en tête l’exemple de l’huile de palme qui anéantit la forêt indonésienne. Ce phénomène est aussi fréquent en Amazonie, au Congo et à Bornéo où l’on a recours aux brulis pour disposer de nouvelles terres utiles à la production de nourriture au détriment des forêts.
L’homme ne déforeste pas par plaisir mais par besoin. Il répond ainsi à une nécessité souvent liée à sa propre survie sur le court terme. Freiner la déforestation et reforester là où c’est possible est cependant directement lié à la survie de ces mêmes populations. Sans toujours le savoir, l’homme a besoin de la forêt car elle lui permet de vivre et se nourrir sur le long terme.
L’impact de la déforestation sur l’homme et l’environnement.
Concilier le court et le long terme nécessite une vigilance particulière dans bien des domaines. Pour la reforestation, il est question de l’alimentation et la préservation des conditions de vie des populations locales. Dans son livre « Le Plan B » aux éditions du Seuil, Lester Brown décrit de façon précise et documentée le rôle de la forêt pour l’homme et son environnement.
La forêt protège les sols du vent et de la pluie. Elle nourrie également la terre et la rend plus fertile. Une fois la forêt coupée, les sols sont mis à nu et sont exposés aux agressions climatiques. Ainsi, une tempête tropicale va entraîner une érosion des sols et la destruction d’habitations jusqu’alors protégées du vent par les arbres. Les sols sont alors rapidement lessivés et la terre fertile est évacuée vers la mer. La culture et l’élevage ne peuvent plus être produits et entrainent un appauvrissement des populations locales et une augmentation des famines.
Les exemples de ce phénomène sont nombreux. Les plus cités sont le Mozambique, Madagascar et tout particulièrement Haïti qui est souvent cité en exemple de destruction de son écosystème.
L’autre phénomène détaillé par Lester Brown est la réduction du recyclage des eaux de pluies vers l’intérieur des terres.
Une étude montre qu’en Amazonie, 75% des précipitations étaient « recyclées» grâce à l’évaporation issue des plantes et des arbres de la forêt. Cette eau qui retourne dans l’air au lieu de disparaître dans les sols donne lieu à de nouvelles pluies et augmentent ainsi les rendements agricoles des régions exploitées aux abords des forêts. Réduire la forêt, c’est réduire le recyclage de l’eau.
Enfin, les arbres puisent l’eau dans les nappes phréatiques. Le mécanisme d’évapotranspiration permet de renvoyer dans l’atmosphère cette eau souterraine qui donne notamment lieu à des pluies d’été. En l’absence d’arbres, les pluies d’été se font plus rares, limitant ainsi les rendements agricoles et le développement des forêts.
Les enjeux de la reforestation
L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué récemment que le rythme de la déforestation a reculé pour la première fois au cours des 10 dernières années. Ce sont toutefois 13 millions d’hectares qui disparaissent tous les ans, soit l’équivalent d’un quart de la France métropolitaine.
Les actions à prendre pour réduire et inverser cette tendance est de répondre aux besoins courts termes des hommes autrement que par la réduction de nos forêts. La déforestation sauvage ne doit plus être une solution pour apporter du matériau de chauffage, de construction ou de nouvelles terres agricoles.
C’est pourquoi, au-delà de la protection des forêts restantes, les projets de reforestation menés par de nombreuses entreprises et ONG répondent à un impératif : restaurer des environnements qui permettent aux hommes de se nourrir et de vivre dans des conditions acceptables sur le long terme. Pour être pleinement efficace, cette démarche doit être associée à un effort important de réduction de la déforestation.
Un des challenges des projets de reforestation est d’assurer sa pérennité. En effet, si les hommes coupent des arbres, c’est souvent pour répondre à un besoin court terme d’amélioration de leurs conditions de vie. Il faut donc éviter que les jeunes arbres plantés soient une nouvelle fois coupés à cause notamment des difficultés des populations locales.
Les moyens d’action pour la reforestation et la protection des forêts du monde existent, ils ont permis de stopper l’accélération de la destruction des forêts. Il nous appartient donc désormais de continuer cet effort pour restaurer notre environnement et rétablir les équilibres écologiques nécessaires à notre bien être.
Claude Veyret
Veyret.Claude@wanadoo.fr
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