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dimanche 29 mai 2011

Fukushima continue...

Fukushima : 70 000 personnes trop exposées à la radioactivité
Deux mois et demi après la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de Japonais sont exposés à des doses de radioactivité inquiétantes, et une partie de la nourriture (thé et produits de la mer) n'est pas consommable. Quand l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et ses homologues étrangers proposent leur collaboration aux autorités japonaises, ils essuient un « refus poli ». Seuls les Etats-Unis, en raison de leur importante présence militaire, se sont imposés pour relever et cartographier la radioactivité.
Quand Greenpeace a envoyé son Rainbow Warrior sur place, l'association n'a pas été autorisée à pénétrer dans les eaux territoriales japonaises. Elle s'est donc contentée de prélèvements sur la côte et à 22 km au large de la centrale nucléaire accidentée.
Malgré le peu d'information indépendante disponible, des relevés sont supérieurs aux doses limites.
L'eau de mer est gravement contaminée
Sur les algues prélevées par Greenpeace, le niveau de radioactivité (iode et césium) est 50 fois supérieur à la limite autorisée à la consommation. Certes, aucun bateau n'est autorisé à pêcher dans cette zone, mais il est possible que cette pollution se prolonge pendant des années, voire des décennies.
Jamais depuis les débuts du nucléaire civil la contamination de la mer n'a été d'une telle ampleur. Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN, commente :
« On ne sait pas comment évolue l'iode radioactif à moyen terme. Il y a aura un impact peut-être jusqu'à 100 km de la centrale. »
D'où vient cette radioactivité ? L'eau, envoyée à grand peine pour refroidir les réacteurs et contaminée par le combustible, a fui en mer, entre le 21 mars et le 7 avril. Il y en avait de telles quantités qu'elle n'a pas pu être contenue dans l'enceinte de la centrale.
Une fois en mer, ces « panaches marins » se dispersent au large au gré des marées, et plus on s'éloigne de la côte, plus la contamination est faible.
Pour Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace, « les brèches des tranchées de stockage étaient censées avoir été colmatées, mais vu les doses mesurés, il y a probablement eu de nouvelles fuites ». Tepco a d'ailleurs reconnu cette semaine une fuite radioactive de 57 tonnes d'eau.
Des rayonnements émis au-delà de la zone d'évacuation
La centrale n'est plus la cocotte-minute qu'elle fut juste après l'accident, quand Tepco avait le choix entre laisser la pression monter dans les réacteurs et risquer l'explosion ou dégazer volontairement. Ces rejets importants de radioactivité ont terminé leur course dans le sol.
Très peu d'informations proviennent du Japon sur la dispersion atmosphérique, regrette l'IRSN. En revanche, Didier Champion explique :
« Le 15 mars, le vent a soufflé vers la terre, il a plu et des particules d'air radioactif ont contaminé le sol. Ces dépôts radioactifs diffusent des rayonnements gamma, comme un coup de soleil invisible. Sur une journée, ces doses sont très faibles.
Mais l'exposition sur une année correspond à 10 mSv, la dose à partir de laquelle il est souhaitable d'évacuer les populations. »
Justement, pour éviter de devoir évacuer trop de monde, les autorités japonaises ont augmenté le seuil légal, le faisant passer à 20 mSv/ an. Un seuil qui équivaut à celui des travailleurs du nucléaire en France, et qui est jugé criminel par certains experts indépendants. Rappelons qu'en France, la population ne doit pas être exposée à plus de 1 mSv/an.
Selon les estimations de l'IRSN, quelque 70 000 personnes pourront être exposées à des doses de 10 mSv/an et « il serait souhaitable de les évacuer ». Le gouvernement japonais, qui a déjà sur les bras 80 000 sans abris évacués de la zone, se refuse à augmenter l'aire d'évacuation.
Cette carte des dépôts en césium, réalisée le 29 avril à partir des données officielles japonaises, montre que la zone d'évacuation autour de la centrale (30 km depuis le 11 avril, le deuxième cercle sur le plan) est de taille largement insuffisante.
Las, le Japon n'a pas demandé d'aide au G8 de Deauville, et est resté dans le club des pays riches aidant le printemps arabe et l'Afrique démocratique.
Côté aliments, attention au thé et aux champignons
Si la pêche est interdite, Sophia Majnoni de Greenpeace dénonce une « absence de gestion de la contamination marine, car c'est la première fois que ça arrive. Ils essaient de noyer le poisson. » Elle précise :
« Les algues sont consommées et il n'y a pas de campagne de prélèvements sur les coquillages et les crustacés. Le 10 mai, quand on a demandé aux autorités s'il y avait des contrôles de prévus, ils nous ont répondu que non. »
Pour le reste de la chaîne alimentaire, on sait à peu près à quelle vitesse baisse la contamination : l'iode 131 a une demi-vie de huit jours, c'est-à-dire que sa radioactivité baisse de moitié tous les huit jours. Mais pour le césium 137, la demi-vie est de trente ans.
Trois denrées végétales sont encore contaminées par les retombées radioactives datant du mois de mars : les pousses de bambou, les champignons et les feuilles de thé.
Pour le thé, la concentration en césium reste supérieure aux doses limites, y compris dans des feuilles prélevées le 12 mai, et ce jusqu'au sud de Tokyo. Les autorités locales ont suspendu les ventes de thé et demandé le rappel des produits déjà expédiés, assure RFI.
(Photo : Habitants du village Kawauchi évacués en bus (Issei Kato)
Sophie Verney-Caillat 

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