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lundi 23 mai 2011

Fukushima : la catastrophe commence...

Fukushima: Tepco maintient le délai de sortie de crise malgré des dégâts pires que prévu. L'opérateur de la centrale a reconnu mardi que le coeur de trois réacteurs avait fondu...
Rien ne les fera changer de feuille de route. La compagnie d'électricité Tepco, opérateur de la centrale nucléaire accidentée japonaise de Fukushima, a affirmé mardi que son calendrier de sortie de crise serait respecté, malgré des dégâts pires que prévu occasionnés par le séisme et le tsunami du 11 mars. Tokyo Electric Power continue de tabler sur la réduction des fuites radioactives d'ici à juillet et sur une stabilisation de la température des réacteurs, d'ici à janvier prochain. «En dépit de la fusion du combustible, nos objectifs ne changent pas», a assuré le directeur général adjoint de Tepco, Sakae Muto, lors d'une conférence de presse. «Concernant le calendrier de réalisation de ces objectifs, il comprend plusieurs éléments d'incertitude et de risques, mais il n'y a aucun changement dans les buts annoncés précédemment», a renchéri l'entreprise selon un communiqué.
L'opérateur s'est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement. Le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon, ont déclenché le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl il y a 25 ans. Le combustible du réacteur 1 serait tombé au fond de la cuve sous pression, selon les dernières données analysées par Tepco.
Un dispositif de décontamination mis en place avec Areva
Ces nouveaux éléments compliquent la tâche des techniciens mais Tepco juge que cela ne retardera pas les opérations, bien que des ajustements soient nécessaires. Tepco vise trois objectifs principaux: maintenir durablement la température des réacteurs et des piscines de désactivation à basse température; contrôler les rejets radioactifs; faire en sorte que les personnes évacuées des environs de la centrale puissent regagner leur domicile le plus tôt possible.
Dans ce cadre, selon Tepco, les travaux de mise en place avec le groupe français Areva d'un dispositif de décontamination de l'eau radioactive se poursuivent comme prévu. Ce système, reposant sur des technologies chimiques d'Areva, doit être lancé dans les prochaines semaines pour traiter les eaux usées qui proviennent des arrosages d'urgence des réacteurs et ont inondé les bâtiments de la centrale, rendant les interventions difficiles. Une équipe d'experts de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) doit effectuer à la fin du mois une mission au Japon pour analyser l'état de la centrale, responsable également de dégâts environnementaux.
80.000 personnes évacuées
Plus de 80.000 personnes ont été évacuées d'une zone interdite d'accès dans un rayon de 20 km autour du site (situé à quelque 220 km au nord-est de Tokyo), et de plusieurs autres localités. La crise incite le Japon à revoir sa politique énergétique nationale, les projets antérieurs prévoyant d'élever à plus de 50% (contre moins de 30% aujourd'hui) la part de l'électricité d'origine nucléaire dans le total consommé d'ici à 2030. «L'énergie nucléaire a été une politique promue par un pays disposant de peu de ressources naturelles», a rappelé le ministre de l'Industrie, Banri Kaieda, en soulignant que les personnes actuellement chassées de chez elles à cause de l'accident de la centrale sont in fine «les victimes de la politique nationale».
Tepco et le gouvernement doivent décider d'un plan d'indemnisation des particuliers et entreprises lésées dont le montant pourrait se situer entre 4.000 et 10.000 milliards de yens (35 à 87 milliards d'euros), en fonction de la durée de la crise.
APIS

A Fukushima, le scénario du pire pourrait être en train de se réaliser
(Photo : Capture d'écran d'une vidéo tournée le 10 avril 2011, au dessus du réacteur n°1 de la centrale de Fukushima, au Japon. NEWSCOM/SIPA)
JAPON - Le réacteur n°1 de la centrale japonaise est arrivé à un point critique: le combustible radioactif pourrait percer la cuve...
Le cauchemar de Fukushima perdure au Japon, plus de deux mois après le séisme et le tsunami qui ont déclenché une catastrophe nucléaire sans précédent. Alors qu’un système de refroidissement avait été installé dans le réacteur n°1 de la centrale, dont le cœur est partiellement fusionné, une fuite d’eau radioactive, assez importante pour remplir une piscine olympique, a obligé l’opérateur Tepco à admettre que la situation est loin d’être sous contrôle dans la centrale endommagée. 
Le fond de la cuve résistera-t-il?
D’après les dernières mesures, une bonne partie de l’eau injectée dans la cuve aurait fui dans les galeries souterraines jusqu’à la mer, laissant les barres de combustible à l’air. Tepco affirme que les barres se sont simplement «déformées» sous l’effet de la chaleur. Toutefois, la température au fond de la cuve, qui s’élève à 120°C, laisse penser qu’une partie du combustible a fondu, formant un corium, une sorte de boule de combustible concentré. A l’heure actuelle, on ignore si ce corium peut transpercer la cuve, voire la dalle de béton située en dessous. Mais lors d’un point de presse en fin de semaine dernière, Junichi Matsumato, directeur de Tepco, a avoué que le fond de la cuve du réacteur n°1 était percé.
Ce scénario était redouté par les experts, comme Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) l’expliquait à 20 Minutes en mars dernier: «Si le refroidissement des réacteurs nucléaires échoue, leur coeur pourrait fondre. Les pastilles d’uranium s’accumuleraient alors au fond de la cuve, formant un corium, sorte de grosse boule de métal en fusion. Ce corium pourrait alors transpercer la cuve, puis la dalle de béton en dessous de la centrale, et enfin la roche et la terre avec des conséquences sur les nappes phréatiques et les sols en général.»
Un sarcophage en construction
Malgré cela, Tepco et l'agence japonaise de sûreté nucléaire visent toujours à stabiliser d'ici à janvier 2012 la situation à Fukushima-Daiichi par l'«arrêt à froid» des réacteurs. L’arrosage continue, nécessitant sept tonnes d’eau par jour, et du béton est injecté dans les enceintes pour tenter de colmater les brèches et éviter les fuites d’eau radioactive dans la mer.
Tepco a également annoncé le 13 mai qu’un sarcophage allait être construit pour recouvrir la centrale de Fukushima et éviter la prolifération de produits radioactifs dans l’environnement, comme cela a été fait à Tchernobyl. Les travaux de construction du sarcophage en acier de 55 mètres de haut, 47 mètres de long et 42 mètres de large autour du réacteur n°1 devraient commencer en juin. Mais pour les habitants de la région de Fukushima, il sera difficile d’enterrer les dégâts déjà causés par la centrale: dimanche, 7.800 personnes ont été évacuées de localités situées au-delà de la zone d'exclusion de 30 km autour de la centrale. Samedi, un homme d'une soixantaine d'années qui travaillait à la centrale de Fukushima-Daiichi est décédé. C'est le troisième employé dans ce cas depuis l'accident.
Audrey Chauvet

Commentaire de Jean Pierre Petit
Pas question pour moi d'intervenir sous un pseudo. Je suis Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au Cnrs. Je vois qu'à Fukushima l'opérateur TEPCO et le gouvernement n'ont pas réagi comme ils auraient dû le faire. "A la russe". Il aurait fallu immédiatement faire des travaux de dégagement routiers pour permettre l'acheminement de moyens lourds. Ces sarcophages ne résoudront rien. Un séisme peut fracturer n'importe quelle dalle de béton, quelle que soit son épaisseur. A mon avis le séisme a fissuré celles qui se trouvent sous le réacteur. D'où fuites incontrôlable d'eau radioactive vers la mer. Il aurait fallu donc dégager les sources de radioactivité au plus vite, et au moins celles qui pouvaient être accessibles : les contenus des piscines. Pour ce faire il aurait fallu amener à pied d'oeuvre un pont roulant, capable d'enjamber les réacteurs, en le télécommandant. Le Japon est leader en matière d'industrie lourde et de construction navale. De tels ponts existent déjà, très puissants. Restait à les acheminer, ce qui n'aurait pas été facile. En les démontant partiellement, et par la mer ?
Mais au lieu de ça, 50 pauvres types ont arrosé les réacteurs avec des lances à incendie...
Pathétique !
Des ponts roulant auraient pu dégager les poutrelles légères qui encombraient le dessus, qui sont retombées après l'explosion. De puissants grappins auraient permis de dégager les décombres.
Enfin, les Japonais auraient pu enlever, laborieusement, les assemblages en les extrayant des piscines, pour les replonger au plus vite dans des containers portés par des camions, emplis d'eau. Tout cela aurait pu être télécommandé. La radioactivité est présente à proximité des réacteurs, mais elle reste sans commune mesure avec celle de Tchernobyl, immédiatement après l'explosion du réacteur.
Transportés immergés, par cette noria de camion, ces assemblages auraient pu simplement être réimmergés dans un vaste bassin. Voire même dans un ... port, ou un pièce d'eau. Séparés les un des autres, sous quelques mètres d'eau, leur chaleur aurait pu être dissipée, sans avoir besoin " de les arroser". Après, on aurait construit une piscine pour les immerger de nouveau (comme à la Hague).
C'était la mesure d'urgence. Ouvrir les cuves aurait été une toute autre affaire. Pas sûr que ça soit faisable. Mais pour les piscines, oui.
Ce qui se passe au Japon est l'illustration des dérives du libéralisme qui dit toujours qu'il y a " trop d'Etat ". Le pouvoir politique Nippon est inexistant. Il est "aux ordres" et là, les ordres n'arrivent pas. Il n'y a pas de "cellule de crise". Les spécialistes du nucléaires, sollicités pour se rendre sur les lieux, se sont défilés. Simple état de fait.
Si on se replonge dans ce qui s'est passé à Tchernobyl, on peut voir qu'une crise nucléaire coûte très cher. Tout de suite, il fallait pouvoir se dire "cette crise va coûter des milliards de dollars", et pouvoir les mettre sur la table. Mais qui pouvait faire cela ?
Il est significatif qu'un mois après la catastrophe des journalistes aient pu s'aventurer près du site avec une simple voiture, sans apercevoir le moindre contrôle policier ou militaire. Il aurait fallu boucler la zone très vite. Ces gens sont revenus avec un véhicule possiblement contaminé.
Il aurait fallu, comme l'ont fait les Russes, créer une brigade dont la mission aurait été d'abattre tousles animaux errants, dans la zone, domestique ou sauvags. Les chiens peuvent ramener de la radioactivité dans leurs poils.
Je sais que le Japon était dans le chaos et que réagir face à une telle situation n'était pas facile, avec les conséquences du tsunami. Mais on a entendu personne dire "je prends les choses en main". La pantomime où on a pu voir les responsables de TEPCO se prosterner, face contre terre, était lamentable.
Lamentable aussi ce refus nippon d'aide extérieure. Lamentable le fait d'être leaders en matière de robots domestiques, et de n'en avoir aucun capable d'intervenir en "zone chaude".Et de refuser de recevoir des robots étrangers.
Cette affaire ne fait que commencer. Les sarcophages ne résoudront rien, sinon en cachant au public l'état des réacteurs. En cessant d'être arrosés, les éléments combustibles monteront en température. On ne connait pas l'état du soubassement, sous les réacteurs. Il doit être fracturé et la radioactivité polluera la nappe phréatique, filera dans la mer. Il sera alors techniquement impossible de contrer cette dissémination.
Il est effarant que les Japonais aient évacué 10.000 tonnes d'eau hautement contaminée, simplement dans la mer, quand les cuves ont été pleines, "en s'excusant auprès des riverains". N'importe quel bateau disposant de cuves (un vieux pétrolier prêt à partir à la ferraille) aurait pu siphonner cette eau, en s'ancrant dans le port. Quitte à l'emmener à 2000 bornes de là, quand ses cuves sont pleines, et à le couler, sans ouvrir ses cuves. La rouille aurait lentement fait son oeuvre et cette eau contaminée aurait été relâchée en 30 ou 40 ans. Mais ce pétrolier se remplissant d'eau contaminée, ça aurait fait mauvais effet. Sa photo aurait circulé partout. Les gens de TEPCO ont préféré se débarrasser de cette eau "en douce", comme un chat qui planque ses excréments sous un tapis. Relâcher cette eau en bordure de mer était la pire des choses à faire. Mais les Japonais sont dépassés. Il n'y a personne à la barre.
Les seuls qui ont une réelle expérience de ce genre de crise gravissime, ce sont les Russes. Mais qui imaginerait que les Japonais puissent, ne serait-ce que recevoir la visite d'experts étrangers, d'où qu'ils viennent, et, au-delà, de voir ces gens faire des recommandations ? Non, les affaires japonaises ne regardent que les Japonais. Mais dans ce cas, ces gens n'ont aucune expérience. Ils savent réagir très efficacement à des tremblement de terre. Là, les gens sont formés à tous les niveaux. Mais, côté nucléaire, ça a été 30 années d'anesthésie à tous les niveaux. D'où cette incapacité à réagir.
Chez nous, au passage, ça serait pareil, en cas de grosse crise.
Le Japon a reçu ... le soutien d'AREVA. Mais rien de plus. AREVA n'aurait pas pu s'asseoir sur ce nid de guèpes. De plus AREVA est responsable de la présence de plutonium dans la cuve du réacteur numéro 3, combustible du MOX, vendu par la France aux Japonais.
Les poissons disperseront ces polluants radioactifs en les disséminant dans la chaîne alimentaire. Un jour peut-être on déconseillera au public de ... consommer du poisson. Après peut-être les veaux que nous sommes réagiront-ils.
Fukushima risque de devenir un problème planétaire du fait des emplâtres sur jambe de bois qui ont été mis en oeuvre. Sous cet angle c'est terrible à dire, mais ça sera la seule chance que nous ayions de réagir contre ce danger du nucléaire.
Hier, j'étais le seul scientifique et le seul universitaire à m'être joint aux 200 manifestants réunis devant l'hôtel Aixoix où les 20 députés européens écoutaient les sermons des gens d'ITER, plaidant pour le triplement de leur budget, passant d'un à 3 milliards d'euros. J'ai remis un document à une des parlementaires, Michèle Rivasi. 15 pages en 40 exemplaires, expliquant ma vision des choses, un vision de scientifique et d'ingénieur. Les gens ne le savent pas, mais tel qu'il se présente, ITER n'est pas un démonstrateur, du tout. On envisage avec ce projet déjà pharaonique de ne gérer qu'une seule des deux réactions nucléaires-clés, la fusion deutérium tritium. La seconde, la régénération du tritium par fission du lithium sous l'effet du bombardement neutronique sera seulement "testée" sur ITER, qui ne possède pas de système de dépollution de son plasma.
Oui, si on le construit, ITER fonctionnera 400 secondes en produisant "plus d'énergie qu'on n'en injecte". Mais rien ne sera résolu pour autant. Répondant à ma question, un des responsables m'a dit au téléphone, il y a quelques jours : "Oui, on pourra peut-être un jour avoir un générateur à fusion, si on n'est pas à quelques dizaines de milliards d'euros près, ni à quelques décennies près" (...)
Voilà ....
Jean-Pierre Petit

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