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mercredi 25 mai 2011

Le suicide d' Israël...

La spirale suicidaire d’Israël
Israël a ses raisons que la raison ne connaît pas. Si sa droite, fait aujourd’hui tout pour empêcher la création d’un Etat palestinien et si sa gauche n’a rien fait d’autre hier alors qu’elle en défend la nécessité depuis plus de vingt ans, c’est que la même peur les aveugle.
Israël a eu 63 ans cette semaine. C’est un Etat surarmé, doté de l’arme nucléaire, prospère, assuré du soutien de l’Europe et des Etats-Unis, à la pointe de la recherche informatique, médicale et militaire. C’est une puissance dont l’existence est infiniment moins menacée qu’à sa naissance mais bien peu d’Israéliens se verraient pourtant coexister sans crainte avec un Etat palestinien s’étendant à leurs frontières. Même à gauche, une majorité d’entre eux se disent qu’une Palestine indépendante serait susceptible d’élire, un jour, des gouvernants désireux d’effacer Israël de la carte, qu’il serait plus difficile de triompher d’une armée nationale que de lanceurs de pierres et de poseurs de bombes, que le précédent de Gaza n’est pas rassurant et que la Palestine, en un mot, constitue un risque existentiel pour leur Etat.
Cette peur n’est bien sûr pas infondée.
Pour les Israéliens, la paix serait effectivement un risque. C’est pour cela qu’ils lui préfèrent un statu quo qu’ils font durer dans l’attente de garanties absolues qui non seulement ne s’offriront jamais à eux mais dont l’exigence les précipite dans une spirale suicidaire toujours plus confondante. Comme l’écrivait lundi leHaaretz dans un éditorial qui fera date «à 63 ans, conduit par un Premier ministre qui fuit instinctivement toute initiative ou changement, Israël a tout d’une personne que l’âge a soudainement atteint, retirée et confinée, refusant ce qu’elle voit à sa fenêtre, barricadée dans ses certitudes, doutant de toute évolution et faisant entendre sa plainte au monde». Tout en muscles, cette jeune nation a, psychologiquement parlant, tout d’une vieille dame affolée par la perte de ses repères qui, de fait, s’effacent l’un après l’autre.
Hier alliés inconditionnels, les Etats-Unis se font non seulement toujours plus critiques de la colonisation des territoires occupés mais ils ont aussi précipité la chute d’Hosni Moubarak, l’homme sur lequel Israël s’appuyait au Proche-Orient. La procrastination israélienne impatiente de plus en plus l’Europe où Nicolas Sarkozy, autrefois si proche de Benyamin Nétanyahou, fait ouvertement pression sur lui pour qu’il accepte de négocier sans délai la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Le vent tourne et, si ces négociations ne s’ouvraient pas d’ici à septembre, il deviendrait très probable que l’Assemblée générale de l’ONU reconnaisse la Palestine sans attendre qu’Israël ne le fasse.
Un étau diplomatique se resserre sur ce pays que sa frilosité menace d’un isolement sans précédent et de sanctions internationales car, d’un point de vue juridique, l’occupation d’un Etat souverain n’est pas la même chose que celle de territoires «contestés». Aussi fort soit-il, Israël voit sa position s’affaiblir chaque jour et, coup de grâce, le Fatah du président palestinien s’est maintenant réconcilié avec les islamistes du Hamas dont la charte appelle à sa destruction. Le navire israélien prend des airs de Titanic et que fait son commandant ?
Rien. Benyamin Nétanyahou s’apprête à avancer, dans dix jours, des propositions dilatoires qui ne redonneront pas l’initiative à Israël alors même que tout lui permettrait aujourd’hui l’audace de la paix. Pas un drapeau israélien n’a été brûlé dans les manifestations qui ébranlent le Proche-Orient depuis janvier. De Rabat à Sanaa, le panarabisme et l’islamisme reculent devant les aspirations nationales à la liberté, la justice sociale et l’état de droit. La donne change si totalement dans le monde arabe que c’est pour cela que le Hamas s’est soudain rapproché du Fatah, qu’il dit vouloir «donner une autre chance à la paix» avec Israël et qu’il parle d’un Etat palestinien à construire sur la bande de Gaza et en Cisjordanie - dans les frontières de 1967 et non plus dans celles de la Palestine d’antan. Ce n’est pas le Fatah qui s’est rallié au Hamas mais l’inverse et, dans ces conditions, il ne tiendrait qu’à Israël de sceller avec l’Autorité palestinienne les compromis nécessaires à la paix pour que les islamistes soient contraints de les accepter ou d’endosser un échec que les Palestiniens ne leur pardonneraient pas. Israël a tous les atouts en main mais, pour l’heure au moins, il craint de les utiliser et laisse passer, au nom d’un risque virtuel, une occasion historique d’assurer sa pérennité. Cette peur est suicidaire.
BERNARD GUETTA

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