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lundi 30 mai 2011

La journée de la Femme c'est tous les jours

CAROLINE DE HAAS : POUR UN FÉMINISME TOURNÉ VERS LA JEUNE GÉNÉRATION
A l’occasion de la manifestation pour les droits des femmes du 17 octobre, nous avons rencontré Caroline De Haas, animatrice du nouveau réseau militant « Osez le féminisme ! ». Cette ancienne secrétaire générale de l’UNEF revient pour nous sur sa création. Interview.
Pourquoi avez-vous créé ce réseau ?
Tout a commencé au moment où le gouvernement a annoncé la suppression des crédits alloués au Planning Familial. Suite à cela, une pétition a été créé et signée par 140 000 personnes. Lors des réunions du Planning familial nous étions plusieurs militantes, mais ce n’est pas facile d’y assister car les réunions se déroulent la journée. Comment s’engager lorsqu’on manque de temps ? Nous avons donc voulu créer ce réseau pour fournir des outils contre le sexisme aux jeunes salariés. Notre but : nous inscrire évidemment dans la vision des féministes des années 70, dans la volonté d’une stricte égalité entre les hommes et les femmes. Mais nous souhaitons aussi privilégier l’humour comme angle d’attaque. Ainsi dans notre magazine militant, nous avons créé un bloc « idée reçue ». Le premier est « pourquoi les féministes ne sont pas des hystériques mal baisées qui détestent les hommes ? ».
Que pensez-vous apporter de plus à la cause féministe ?
Nous n’avons pas la prétention d’apporter quelque chose de plus. Mais nous avons peut-être un côté plus militant. Lorsque qu’on veut s’engager, on a deux choix : aller au Planning familial ou bien dans des associations qui mènent des combats très précis. Nous avons choisi de faire un outil transversal, à la fois militant parce que nous sommes très dynamiques, et politique car nous donnons du sens à nos engagements. L’objectif était de créer un lien idéologique entre tous ces combats. Evidemment, ce n’est pas pareil de lutter contre les violences ou les inégalités dans le milieu du travail. Mais tout vient du fondement patriarcal de notre société, construite sur un rapport de domination des hommes sur les femmes. Nous nous battons pour lutter contre cette image de la femme qui serait seulement une mère et une épouse vivant en fonction des autres au détriment de son bien-être.
Pensez-vous que les femmes d’aujourd’hui se sentent encore concernées par ces combats ?
Tout dépend lesquelles ! Pour la génération des années 70, le féminisme signifie quelque chose. Les quadragénaires ont peu connu ces combats mais elles se rendent compte qu’il y a un problème. Mais les 15-30 ans, et en particulier celles qui ne sont pas rentrées dans le monde du travail, sont étonnées lorsqu’on leur dit qu’il y a des inégalités. Elles pensent que nous avons acquis tous les droits. Mais la mobilisation autour du Planning Familial m’a rendue optimiste : on s’aperçoit que toutes ces idées reçues sur les féministes ne sont pas vraiment ancrées. Quand il y a une cause importante à défendre, les gens se mobilisent massivement. Quand on explique qu’il y a 20% d’inégalité salariale, que 80% des emplois précaires sont occupés par des femmes, ou qu’il y a un viol toutes les dix minutes, les gens prennent généralement conscience de ces enjeux.
Aujourd’hui, quelles sont les luttes à mener en priorité ?
C’est difficile de prioriser. Mais je pense qu’il y a un gros travail à faire sur l’égalité en milieu professionnel, afin que les femmes aient des retraites et des salaires équivalents, car cela a un impact sur tout le reste. Par exemple, s’il y avait une égalité salariale, peut-être que les hommes prendraient plus souvent un congé parental. Si les retraites des femmes étaient plus conséquentes, peut-être qu’elles seraient moins dépendantes de leur conjoint. La question des violences est également très importante. Il est primordial de lever les tabous. Il faut en parler davantage dans les médias et surtout qu’on arrête de penser qu’une femme qui se fait violer l’a obligatoirement cherché.
Quels sont les enjeux de la manifestation du 17 octobre ?
L’idée est née au lendemain de la mobilisation pour le Planning Familial. A cette époque, il y avait pas mal de tensions entre les différentes organisations féministes et nous hésitions à participer à la traditionnelle manifestation pour la Journée de la femme. Finalement, nous avons maintenu cette marche et plus de 7000 personnes étaient présentes. Habituellement, nous sommes environ 1000. Nous avons donc décidé d’organiser une autre manifestation qui ne serait pas centrée sur un seul thème. Un mouvement large réunissant plusieurs associations. A l’heure actuelle, une centaine d’entre elles ont déjà appelé à la mobilisation. Nous souhaitons faire bouger les mentalités et mettre la pression sur le gouvernement. L’objectif : la création d’un ministère spécialisé dans l’égalité hommes-femmes, l’adoption de la loi cadre contre les violences faites aux femmes et des sanctions pour les entreprises ne respectant pas la parité.
Propos recueillis par Norine Raja


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