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mardi 31 mai 2011

Sortir du nucléaire...c'est possible

L’Allemagne abandonnera le nucléaire civil en 2022. C’ est donc possible….  L’Allemagne, première grande puissance industrielle à renoncer à l’énergie nucléaire, a décidé, ce lundi, de fermer ses derniers réacteurs en 2022, en réaction à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Au terme de plusieurs heures de négociations, les membres de la coalition gouvernementale se sont mis d’accord pour que la plus grande partie des 17 réacteurs allemands soient mis hors service d’ici fin 2021.
Une décision « irréversible » affirme le ministre de l’Environnement
La grande majorité des 17 réacteurs allemands ne sera plus en service d’ici fin 2021, et les trois derniers, les plus récents, fonctionneront jusqu’à fin 2022 au plus tard, a détaillé le ministre de l’Environnement Norbert Röttgen, qui a qualifié cette décision d’« irréversible », au sortir de négociations au sein de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel.
Les sept plus anciens réacteurs du parc allemand avaient déjà été déconnectés du réseau de production d’électricité, dans l’attente du résultat d’un audit commandé par la chancelière Angela Merkel mi-mars, à la suite de la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima. Ces sept sites, ainsi qu’un huitième, sujet à des pannes à répétition, ne seront plus réactivés, a ajouté le ministre.
Flambée du sentiment antinucléaire en Allemagne
L’Allemagne devra trouver d’ici fin 2022 comment produire 22 % de ses besoins en électricité, actuellement couverts par ses centrales atomiques. Le gouvernement devra formaliser sa décision le 6 juin. Mme Merkel a déjà pris l’initiative inhabituelle de recevoir dans la nuit les chefs de l’opposition pour s’assurer de leur soutien.
En décrétant la fin du nucléaire civil pour 2022, Mme Merkel revient sur l’une des mesures les plus fortes de son début de deuxième mandat, qui était aussi l’une de ses principales promesses de sa campagne pour les législatives de l’automne 2009. Fin 2010, elle avait fait voter, contre sa propre opinion publique, un prolongement de douze ans, en moyenne, de la durée légale d’exploitation des réacteurs du pays, qu’un gouvernement précédent sociaux-démocrates et Verts avait décidé d’arrêter en 2002.
Mme Merkel avait ainsi provoqué une flambée du sentiment antinucléaire en Allemagne, qui s’est traduit par des vagues de manifestations massives, dont la dernière en date, samedi, a rassemblé 160 000 personnes dans 20 villes du pays. Mais le tournant a été la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima en mars. Mme Merkel avait immédiatement arrêté les centrales les plus vieilles et lancé une réflexion sur l’abandon du nucléaire civil.
Une motivation plus politique qu’environnementale ?
Le 23 mars, la chancelière avait même déclaré « plus tôt on sortira de l’énergie atomique, mieux ce sera ». Cette volte-face avait été largement interprétée comme une manœuvre opportuniste et n’avait pas suffi à empêcher une cuisante défaite le 27 mars lors d’un scrutin régional dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest), fief électoral des conservateurs de la chancelière, qu’ils dirigeaient depuis près de 50 ans.
Ils y avaient été chassés du pouvoir par les Verts, un parti né du mouvement antinucléaire, qui ont pris pour la première fois les rênes d’une région. Le gouvernement de Mme Merkel va cependant devoir composer avec la grogne prévisible du puissant lobby nucléaire allemand, qui n’hésite pas à agiter le spectre de gigantesques pannes d’électricité, notamment l’hiver.
Tout sera fait « pour que la sécurité de l’approvisionnement soit assurée à chaque heure et pour tous les utilisateurs », a tenté de rassurer le ministre de l’Environnement, lors de sa déclaration lundi.
La révolte, menée par les géants EON et RWE, risque d’être d’autant plus forte que le gouvernement allemand n’a finalement pas renoncé à la taxe sur le combustible nucléaire, créée en échange d’un allongement de la durée d’exploitation des réacteurs.
APIS

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