Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

mercredi 4 mai 2011

Développer nos services publics

La SNCF est victime d'une politique à courte vue.
En habitué du train, je mesure hélas la véracité des propos tenus dans le dossier consacré à la SNCF. Voyager en train, est devenu aujourd'hui en France (et en particulier quand on habite une petite ville du milieu rural) une véritable aventure semée de péripéties, d'incidents et de désagréments divers : distributeurs de billets en panne, compartiment non chauffé en hiver ou surchauffé en été, toilettes bouchées, lave-mains en panne, portes de compartiment bloquées… Sans parler (et c'est autrement plus contrariant) des retards devenus presque habituels, des correspondances manquées et des voyages qu'il faut achever en taxi ou en bus… J'ai même vu un jour mon train s'arrêter à mi-chemin de mon parcours, car il n'y avait personne pour remplacer le conducteur malade…
Force est de reconnaître que le temps où les trains partaient et arrivaient à l'heure (et souvent à la seconde près) relève aujourd'hui de l'exceptionnel. Ne vous plaignez pas me rétorquera-t-on, vous avez encore une gare et des trains, et c'est encore beau quand on habite à la campagne. Car l'heure, effectivement, est à la suppression progressive des lignes secondaires que nos décideurs (ceux qui tirent les ficelles à Paris ou à Bruxelles) ont jugé une fois pour toute non rentables.
Les calculs de comptables : horreurs humaines.
Prisonniers d'une logique commerciale à court terme, ils se sont mis en tête de comptabiliser le nombre de passagers et les volumes de marchandises transportées, ils ont pris leurs calculettes, chiffré le taux de remplissage, comparé les prix et les gains obtenus, effectué de savantes moyennes, pour en déduire au bout du compte que nombre de lignes de la grande toile ferroviaire qui, depuis la capitale parisienne desservait l'ensemble du territoire français, devaient être abandonnées faute d'une rentabilité suffisante.
Réduire l'arborescence ferroviaire et n'en conserver que ses branches les plus rentables, telle est la politique que nos brillants polytechniciens de la SNCF ont décidé d'appliquer. Et ils ont cru bien faire les bougres en agissant ainsi ! Qui oserait s'élever contre le principe d'une bonne gestion des services publics ? Personne. Sauf que dans leurs calculs, ils ont oublié que ce qui n'est plus transporté par le rail doit l'être par d'autres moyens. En l'occurrence par la route. Et dans des proportions qui n'ont cessé de s'élever compte tenu de l'accroissement vertigineux des trafics en tout genre.
Une vision sectorielle :
Ont-ils mesuré ce qu'il en coûte à l'Etat et aux collectivités territoriales d'aménager et d'entretenir un réseau d'autoroutes, de routes nationales et départementales ? Un réseau sans cesse en augmentation à cause de l'accroissement du trafic ? Un réseau mangeur d'espaces, écorcheur de paysages, générateur d'un nombre élevé d'accidents et d'accidentés ? Des accidentés qu'il faut soigner et parfois pensionner à vie ? Ont-ils fait le bilan de tout cela, autrement dit le bilan économique et financier entre les deux modes de transport ? Non pas. Ils se sont contentés de les étudier séparément, d'en avoir une vue sectorielle et non globale. Et c'est à partir de cette vision tronquée des choses que l'important nœud ferroviaire de ma petite ville du Périgord s'est trouvé réduit en quelques années à une petite gare de voyageurs ; une petite gare de rien du tout qui aurait pu à son tour disparaître si la population et les élus locaux, réunis en une association, ne s'étaient manifestés pour la défendre.
Hélas, ce qui se passe à la SNCF, on pourrait l'observer dans les autres services publics (La poste, l'hôpital, l'éducation, etc.) particulièrement maltraités en ces temps de crise. Prisonniers d'une politique à courte vue, nos décideurs (qu'ils soient élus, promoteurs, agents de développement ou autres) ont encore trop tendance à privilégier les retombées économiques immédiates sans tenir compte des effets à moyen et long terme de leurs décisions. Le court terme privilégié au long terme telle est la cause de nos petits et profonds désagréments !
Jean Chaussade-Redon, géographe et essayiste, directeur de recherche honoraire au CNRS
Jean Chaussade-Redon est l'auteur de nombreux ouvrages dont Chemins de traverse (Bénévent, 2011).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire