Des déchets radioactifs aux portes de Lyon
Un riverain de la centrale du Bugey conteste en justice l'installation d'un centre d'entrposage...
L'acte inaugural de l'opposition juridique à la création d'un entrepôt national de déchets radioactifs sur le site nucléaire du Bugey (Ain) va se jouer ce vendredi à Lyon. Un riverain de la centrale a en effet saisi le tribunal administratif, en référé, afin de faire annuler le permis de construire de ce centre d'entreposage, destiné à accueillir des éléments radioactifs des centrales nucléaires démantelées. Bugey 1 sera la première à l'être.
Cet habitant de Saint-Vulbas a, comme une demi-douzaine d'associations anti-nucléaires, également saisi le conseil d'Etat contre le décret gouvernemental, signé en avril dernier, qui autorise la construction de cette installation. L'affaire n'a pas été encore audiencée.
«Eviter le débat»
Cet horticulteur, qui utilise l'eau réchauffée par les réacteurs du Bugey pour ses serres, n'est pas un «anti-nucléaire», précise son avocat Me Vincent Lacroix. Simplement, il ne veut pas qu'à sa porte se retrouvent des déchets radioactifs venus de toute la France. Au cœur de la bataille juridique de vendredi : l'interprétation du plan local d'urbanisme, qui, sur cette zone, n'autorise que les activités «liées et nécessaires à l'activité de la centrale du Bugey». Le stockage de ces déchets en fait-il partie ? «Non, estime Me Lacroix, puisqu'il ne relève pas de la production d'électricité de la centrale. Là, on s'implante sur un site nucléaire existant afin d'éviter un débat sur l'entreposage de produits radioactifs provenant de tous les réacteurs français en déconstruction».
Oui, se défendent EDF et la préfecture de l'Ain, qui a accordé le permis de construire. Elles font valoir que ce centre est indispensable au démantèlement de l'unité Bugey 1, qu'il est la seule solution existante pour recevoir les déchets des autres centrales. Et que suspendre son ouverture remettrait en cause le programme national de déconstruction engagé par EDF. L'avocat d'EDF n'a pas répondu à notre demande d'entretien.
Soit disant provisoires
Ce centre d'entreposage est destiné à recevoir les déchets radioactifs issus du démantèlement de huit réacteurs français de «première génération», ceux de la filière Uranium naturel-graphite gaz. S'ajouteront ceux de Creys-Malville (Superphénix) en Isère. Selon l'Etat, cet équipement devrait être temporaire, «dans l'attente d'une solution définitive de stockage de ces déchets, qui fait l'objet de recherches et ne sera pas disponible avant 2020-2025».
Sandrine Boucher
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