Nancy Huston
C'est en quittant son Amérique natale qu'elle a pu accomplir son destin d'écrivain, cet «être hautement anormal» qui vit dans une solitude peuplée de personnages. Dans son dernier roman, Nancy Huston a choisi d'être Dieu lui-même!
Dans le contre-jour de la lucarne elle est sylphide, de face mutine, dans la minuscule cuisine sous les toits, copine. A Paris, entre Bastille et Marais, Nancy Huston travaille au sixième étage dans un petit deux-pièces blond et bois. Après un café c'est l'heure de la citronnade, et après la citronnade, l'heure de s'en aller. Il est cinq heures, Paris s'estompe dans les nuages.
Trois heures se sont écoulées, le temps d'une conversation sans rendez-vous obligés. Bien sûr, Nancy Huston est canadienne et bilingue, l'épouse de Tzvetan Todorov et musicienne, ancienne élève de Roland Barthes, active dans le mouvement des femmes. Alors, on aurait pu parler des mérites comparés de la neige à Paris et à Calgary. Ou de la sonorité si particulière du clavecin lorsqu'on n'aime plus le piano. Ou de la situation de la femme dans le monde et dans le roman.
Mais, aux propos édifiants Nancy Huston préfère les propos censés et nuancés. C'est l'un de ses grands charmes... Alors, elle rit souvent. Espiègle ou pudique, sardonique ou mutique. Dans tous les cas, cela fait un joli bruit de flûte traversière.
Dans son neuvième roman, une très belle danse macabre, les lecteurs de La virevolte retrouveront certains personnages: Sean Farrell, Rachel, Derek... C'est l'histoire d'un repas de fête sans famille, un Thanksgiving qui réunit douze amis et un nouveau-né aussi démuni qu'un jésus dans sa crèche. Il fait froid, les premiers amis préparent le repas, les autres arrivent, il se met à neiger, on passe à table. Tout commence: les conversations, les souvenirs communs ou secrets, l'émotion, les confidences, les éclats de rire, la mélancolie.
Une atmosphère qui pourrait faire songer au cinéma de Robert Altman, n'était la façon dont Nancy Huston a décidé d'introduire dans l'histoire un personnage rarissime: Dieu soi-même qui, au terme de chaque chapitre, nous raconte sans vergogne comment il va récupérer chacun des invités qui s'agitent sous notre nez. Mort violente le plus souvent, paisible à l'occasion. Plutôt que chez Altman, nous sommes chez Bergman...
C'est Sean Farrell qui reçoit à dîner. On le connaît, cet adorable grincheux: vous nous l'avez présenté dans La virevolte...
N.H. Rachel, Derek et ses filles ont eux aussi commencé d'exister dans La virevolte, un roman écrit, comme celui-ci, d'abord en anglais et qui se déroule dans la même atmosphère de petite ville universitaire. A travers eux, je poursuis une vie secrète, américaine, comme si j'avais toute une histoire là-bas... Si j'étais restée aux Etats-Unis plutôt que de traverser l'Atlantique à vingt ans pour Paris, Sean, Rachel, Derek et les autres auraient été mes amis. J'aurais mené le même genre d'existence qu'eux, j'aurais été prof d'université. Jamais écrivain en tout cas!
Pourquoi?
N.H. Il fallait que je quitte ma famille, ma langue, mon monde, que je franchisse une très grande distance pour oser écrire. J'aurais pu, j'en suis certaine, mener une vie normale là-bas.
Parce que vous menez une vie anormale?
N.H. Hautement anormale. Etre seule du matin au soir ici et ne vivre qu'avec des personnes imaginaires, vous trouvez cela normal?
Sean Farrell, c'est vous?
N.H. L'un de mes alter ego plutôt.
Vous êtes nés la même année...
N.H. Et je voulais absolument que le livre paraisse avant mes quarante-huit ans parce que Sean, dans le roman, en a quarante-sept! Je me suis sentie très homme en écrivant ce roman. Les femmes y sont des personnages secondaires. Je voulais comprendre les hommes et Dieu qui en est un, la misogynie, le viol. L'un des personnages, Brian, est un vétéran du Vietnam. Il a participé à un viol collectif pendant la guerre. Ils sont des milliers de petits gars à chaque coin de rue aux Etats-Unis à avoir vécu ça... Je voulais l'éprouver de l'intérieur même si je suis par ailleurs capable de le dénoncer politiquement et publiquement. Je trouve très important de ne jamais être dans le militantisme lorsqu'on écrit.
Ça vous plaît de vous engloutir dans un personnage?
N.H. C'est un grand plaisir de ne plus être. Je fais un métier très égoïste qui consiste à avoir une chambre à soi, du temps à soi pour tranquillement disparaître...
En même temps, en écrivant des romans vous démultipliez votre existence...
N.H. Oui. C'est un comportement que personne n'a poussé aussi loin que Romain Gary*. Il était si blessé par ses départs dans la vie qu'il n'a eu de cesse de changer de lieu, de nom, de milieu et d'écrire sans relâche des histoires. C'est un frère. Comme lui, j'ai eu une enfance instable, marquée par des déménagements fréquents; comme lui, j'ai eu aussi la chance de pouvoir transformer ma détresse en richesse, car l'une des manières de tirer profit de ses identités multiples, c'est de les incarner dans des personnages romanesques. Dans mon premier roman déjà, Les variations Goldberg, je dis je à la place de trente personnes différentes! En effet, je voudrais pouvoir être tout le monde...
Certes...
N.H. Même en temps qu'écrivain je suis divisée, comme Romain Gary, entre deux langues, le français et l'anglais. Mais là où Gary faisait des versions différentes pour des publics différents, je tiens au contraire à ce que mon texte soit rigoureusement le même dans les deux langues. Je traduis moi-même mes romans. Pour en écrire un, il me faut un an, pour le traduire, un an aussi. J'améliore le premier texte grâce au second. André Brink, en Afrique du Sud, fait la même chose.
Vous entretenez de drôles de relations avec vos personnages. Dans Dolce agonia, vous les installez autour d'une table pour Noël, mais dès qu'un chapitre est fini, vous annoncez dans quelles circonstances l'un d'eux mourra un jour précis. A la fin du roman, vous les avez tous tués!
N.H. Tous, nous faisons semblant d'ignorer la mort alors que nous devrions être attentifs, attendris par la mortalité de chacun. J'ai voulu mettre le lecteur en position de détenir ce savoir terrible à l'insu des personnages. Ce que j'ai écrit, c'est une danse macabre. Les personnages tombent puis à nouveau sont là, autour de la table, et nous, lecteurs, nous sommes riches d'un savoir qu'ils ne possèdent pas. Nous connaissons, au fur et à mesure du livre, le jour et l'heure de leur mort. Je trouve très jouissive cette expérience de lecture, la façon dont on commence à s'impatienter, à attendre le prochain chapitre sur la mort pour se soulager des conversations pesantes, des souvenirs évoqués par les uns et les autres autour de la table. Mais ce n'est pas moi qui les fais disparaître, c'est Dieu - personnage à part entière du roman - qui les rappelle à lui...
C'est bien gentil de la part de Dieu de nous expliquer comment il va récupérer ses ouailles...
N.H. Vous savez, il y a quelque chose d'incroyable dans la Genèse. Le premier jour, Dieu sépare la lumière des ténèbres, «Il y eut une nuit, il y eut un matin», mais ce n'est que le quatrième jour qu'il crée les étoiles, les luminaires «pour séparer la lumière des ténèbres». Donc, il n'était pas satisfait de son travail, il l'a recommencé. En le découvrant, j'ai trouvé ça formidable, comique aussi. Cela me rappelait le débat sur le narrateur-Dieu dans les années 50, celles de l'ère du soupçon. Il n'était plus question pour le romancier de tenir des positions divines, d'être omniscient, omnipotent vis-à-vis de ses personnages. Eh bien moi, en faisant de Dieu un personnage qui lit dans les pensées de tous, qui sait tout, y compris l'avenir, j'assume. Je m'arroge le droit de mettre dans mon roman ce personnage très important de l'histoire humaine. Et je le mets tel qu'on le définit: Dieu est celui qui planifie tout. Même la mort. Même si on n'y comprend pas grand-chose.
Dieu plutôt que Barthes?
N.H. C'est Romain Gary qui, par sa magie, sa capacité d'enchantement, son inventivité, son refus de la réalité brute, m'a libérée de Barthes, de Sarraute et de Robbe-Grillet. Quand je suis arrivée à Paris, je disais à qui voulait l'entendre que j'avais envie d'écrire. Mais l'époque n'était pas à la littérature considérée comme une activité de luxe. Il fallait tout comprendre, lire Marx, Lacan et soutenir la révolution. Comme j'étais assez ignorante et conformiste, je me suis plongée avec entrain dans l'étude du structuralisme, de la psychanalyse et de la linguistique. Toutes ces théories me semblaient passionnantes même si elles n'étaient pas forcément compatibles entre elles. On peut se demander ce qui serait arrivé si la classe ouvrière avait pris le pouvoir: aurait-on continué à lire Marcel Mauss ou bien serions-nous partis aux champs?
Ah oui! On peut se le demander...
N.H. Bref, après avoir passé une quantité de temps ahurissante à lire Marx et Althusser, c'est le mouvement des femmes qui m'a ramenée à l'écriture. J'ai écrit mes tout premiers textes pour des journaux de femmes, Sorcières et Histoires d'elles - c'étaient des comptes rendus de livres, des reportages, des textes de réflexion... Là, pour la première fois, grâce à l'amitié et à l'enthousiasme qui régnaient dans ces groupes, l'écriture est devenue pour moi un bonheur au lieu d'un douloureux défi. Mais il a fallu que Roland Barthes meure en 1980 pour que je saute le pas et écrive mon premier roman. Comme si mon surmoi théorique avait disparu avec lui. La joie absolue de dire je à la place de quelqu'un d'autre, je l'ai découverte à ce moment-là.
Fini le structuralisme? Finie la révolution?
N.H. Ce que je peux faire de plus efficace aujourd'hui, c'est écrire des livres. J'aime beaucoup cette réflexion d'Etty Hillesum dans son Journal, et qui se trouve dans un livre de Sylvie Germain: «Il est justement de bonne économie qu'à des époques paisibles et dans des circonstances favorables des artistes d'une grande sensibilité aient le loisir de rechercher en toute sérénité la forme la plus belle et la plus propre à l'expression de leurs intuitions les plus profondes pour que ceux qui vivent des temps plus troublés, plus dévorants, puissent se réconforter à leurs créations, et qu'ils y trouvent un refuge tout prêt pour les désarrois et les questions qu'eux-mêmes ne savent ni exprimer ni résoudre, toute leur énergie étant requise par les détresses de chaque jour.»
Vous ne regrettez rien?
N.H. Autant je ne regrette en rien mon engagement féministe, autant je suis critique à l'égard de mon gauchisme. J'ai participé à des actions que je réprouve, aujourd'hui, violemment. Quand je lis un livre comme Le portail de François Bizot, qui parle des prémices du génocide au Cambodge, j'ai honte d'avoir défilé dans les rues de Paris en 1975 en scandant stupidement: «Hô, Hô, Hô Chi Minh!» Comme d'autres gauchistes irresponsables, j'ai contribué indirectement au maintien des régimes communistes dans le monde - et donc à la souffrance et à la mort de beaucoup de mes semblables. Je n'oublie jamais à quel point il est aisé d'avoir des idées, des opinions et j'ai décidé de ne m'occuper que de ce qui me concerne. J'ai défilé au côté des sans-papiers; je descendrai de la même façon dans la rue si le droit à l'avortement demain était menacé. Mais je ne signerai pas de pétitions concernant le conflit israélo-palestinien. J'ai un avis, bien sûr, mais je ne trouve pas que mon avis soit pertinent. Il y a une chose incroyable en France: c'est la propension des gens à polémiquer bruyamment. En écrivant Dolce agonia, un de mes grands plaisirs fut justement de passer d'une tête à l'autre avec aisance, en trouvant tout aussi compréhensible et aimable celui qui juge et celui qui vient d'être jugé rapidement, méchamment. Je n'aime pas la littérature sarcastique. Si l'on se donne la peine d'inventer un personnage, il faut le laisser vivre. Ce n'est pas d'invention qu'il s'agit d'ailleurs. Je me souviens d'Henry Bauchau disant qu'un personnage naît et que, dès lors qu'il est mis au monde, il a le droit d'être entier.
Eprouvez-vous de l'angoisse lorsque vous écrivez?
N.H. Si l'on écrit, ce qu'il faut, c'est être un bon écrivain. Mais, pour cela, il n'y a aucune règle. La liberté est la chose la plus difficile à assumer dans tous les arts. Et c'est la raison pour laquelle les artistes sont hautement anormaux, parce qu'ils supportent une plus forte quantité de liberté que les autres. Ce qui m'angoisse, c'est l'idée de ne pas y arriver. Cela me donne parfois des sueurs froides en pleine nuit ou me rend de mauvaise humeur avec mes enfants. Surtout, l'hypersensibilité qui me permet de faire mienne la vie des autres me rend, par contrecoup, très vulnérable aux malheurs du monde. La lecture du journal me met au bord du désespoir. Les nouvelles, je ne les absorbe qu'à partir de treize heures. D'ailleurs, je suis profondément pessimiste. Mais les pessimistes sont des hédonistes. Germaine Tillion et toute sa petite bande de Ravensbrück ont gardé une vitalité qui dépasse de loin celle des gens normaux. A la différence de nous, elles savent que c'est génial d'être en vie.
De quel pays vous sentez-vous? Quelle actualité vous concerne?
N.H. Toute personne en exil le sait: l'actualité suppose le maintenant mais pas l'ici. Vous n'avez pas la tête remplie des mêmes images que vos frères et sœurs, vous ne regardez pas le même journal de vingt heures. Cela permet de comprendre tout l'arbitraire de la question de l'identité. Car chacun s'identifie à l'actualité, comme si l'actualité du monde vue à travers le prisme de son pays devenait une affaire personnelle. Dans Pseudo, Romain Gary raconte qu'il s'est découvert planétaire, d'une responsabilité illimitée. Il s'identifiait à la douleur de tout le monde. C'est le thème que j'ai essayé d'explorer dans L'empreinte de l'ange. Dans ce livre qui se déroule à Paris pendant la guerre d'Algérie, je sollicite les lecteurs pour qu'ils s'identifient à la douleur des personnages de plusieurs pays différents.
Dans Dolce agonia, il y a beaucoup d'affection dans la manière dont vous dépeignez vos douze convives, lorsqu'ils prennent, par exemple, discrètement leurs médicaments avant le repas...
N.H. Ils ont entre 35 et 87 ans. Deux ou trois sont dans la cinquantaine, un âge très rarement traité en littérature. «Les choses les plus importantes font défaut dans les livres qu'on écrit et qu'on enseigne. Si peu d'entre eux évoquent le déclin du désir! L'enlaidissement, la fragilité, l'effroi. La douleur qui nous obstrue la gorge», dit Rachel à la fin du roman. C'est un âge émouvant pourtant. Vous avez vécu beaucoup de choses, vous ne pouvez pas faire semblant d'être vierge et en même temps vous n'êtes pas encore croulant, même si vous commencez à perdre vos parents. C'est l'âge aussi des bilans: a-t-on réalisé ses rêves?
Avez-vous réalisé les vôtres?
N.H. La vie que j'ai dépasse de loin ce que je pouvais imaginer. Notamment du côté du succès. Je suis surprise. J'ai reçu plus que je n'escomptais, sur tous les plans. Cela ne veut pas dire que je suis heureuse, le bonheur c'est autre chose. Mais je suis très contente de la vie que je mène. C'est un régal d'être mère, la maternité ne figurait pas dans mes rêves de jeunesse. C'est comme un rêve d'être mariée depuis vingt-deux ans. Oui, je n'ai pas l'impression d'avoir mérité tout ça. C'est comme si j'avais payé tout de suite. La catastrophe a eu lieu dans l'enfance, le reste, c'est du gâteau.
La catastrophe, c'est votre mère qui s'en va pour vivre sa vie quand vous avez six ans. Avez-vous gardé des relations avec elle?
N.H. Je ne la vois plus depuis longtemps, nos relations étaient strictement civiles et cela ne m'intéressait pas d'avoir des relations civiles avec ma mère. Je n'ai commencé à mesurer la perte que lorsque je suis devenue mère. Comment a-t-elle pu couper le lien avec trois enfants: mon frère, ma sœur et moi? C'est devenu de plus en plus opaque; en tout cas, c'est une chose qui ne se répare pas.
Elle s'est vraiment volatilisée du jour au lendemain?
N.H. Oui, elle a fondé une autre famille. Nous ne vivions plus dans le même pays. Mon père s'est installé aux Etats-Unis avec sa nouvelle femme. Le lien que j'avais, petite, avec ma mère était un lien d'absence, exclusivement nourri d'imaginaire et d'évocations à travers ses lettres, ses mots. J'en parle dans Nord perdu... C'est pour cela que je suis devenue écrivain, parce qu'il y avait dans ma vie quelque chose d'incompréhensible qui requérait un immense et perpétuel effort d'imagination pour tenter de le comprendre. Dans La virevolte, je me suis efforcée de me mettre à la place d'une mère qui abandonne ses enfants. Ecrire permet de tout voir en face...
A condition de trouver la bonne distance...
N.H. C'est une question vitale, une question d'écrivain aussi. Chacun choisit sa distance par rapport à ses personnages. Tout est question de perspective. Où dois-je me tenir par rapport à mon univers? Le Soleil doit-il me paraître énorme ou microscopique? Et les étoiles, celles qui sont mille fois plus grandes que le Soleil, ne sont-elles pour moi que de minuscules points scintillants? Ici, dans Dolce agonia, la pérégrination se fait de l'extérieur vers l'intérieur. Tantôt on entend ce qui est dit à table, tantôt la façon dont les propos se répercutent dans la tête de l'un ou de l'autre, tantôt ce que les mots provoquent comme souvenirs intimes. Selon mon bon plaisir. J'ai voulu avec ce livre rendre compte de la complexité du cerveau et de l'âme en prélevant parmi les milliers d'informations de nature diverse qui circulent dans un dîner certaines plutôt que d'autres.
C'est tout de même curieux qu'ils soient douze à table...
N.H. C'est un peu la Cène, oui: ils sont douze, comme les apôtres.
Sauf que Jésus est un petit bébé, le treizième invité...
N.H. Et que, comme dans les tableaux de Lorenzo Lotto, il y a une croix au-dessus de l'étable. A peine nés, ils sont déjà morts, voilà l'histoire...
On ne peut s'empêcher de penser à Bergman en lisant Dolce agonia...
N.H. Cela me touche d'autant plus que j'admire beaucoup Bergman. J'ai lu son autobiographie à Stockholm il y a tout juste un an, lors des obsèques de l'écrivain suédois Göran Tunström, qui était un grand ami. Göran savait qu'il ne ferait pas de vieux os et l'on s'était promis que celui qui survivrait finirait le livre de l'autre. C'était un rêve, bien sûr, mais un beau rêve. C'est à lui, G., que je dédie ce livre. Il m'a beaucoup marquée. J'aurais aimé écrire des choses aussi lumineuses que lui. Certains écrivains, je pense aussi à Michael Ondaatje ou à John Berger, arrivent par leurs écrits à vous plonger dans le bonheur. Moi, quand je commence un livre, je me promets de faire rire, sourire, d'offrir de l'harmonie... C'est malgré moi que j'éprouve un fort penchant pour les ténèbres alors qu'au fond, dans la vraie vie, je suis assez gaie... Au grand étonnement des libraires et des lecteurs qui s'attendent parfois à rencontrer une femme catatonique!
Catherine Argand
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