VIE ET BIOLOGIE DU LOUP GRIS D'EUROPE
Description
Un loup porte toute sa force vers sa tête, très puissante. La puissance de sa mâchoire est largement supérieure à celle du chien. Elle est supérieure à 100 kg au cm².
Chaque sous-espèce de loup s'est adaptée aux conditions du milieu dans lequel il vit. Ainsi, la couleur ou la densité du pelage varie selon les régions du monde. En Arctique, le loup possède une très épaisse fourrure blanche adaptée aux étendues glacées. Au contraire, le loup d'Amérique des forêts et le loup de Sibérie ont un pelage très sombre (parfois quasiment noir) adapté au couvert forestier. Quant aux loups d'Inde, d'Israël et d'Arabie, ils ont un pelage beaucoup moins fourni et très pâle, adapté aux régions chaudes et désertiques.
Mais quelle que soit l'origine, le dos du loup est toujours plus foncé qu'au niveau du ventre. Enfin, l'animal possède un masque facial blanc caractéristique autour de la bouche et sur la gorge. En général, le devant des pattes antérieures est marqué d’une ligne noire, plus ou moins prononcée, entre le coude et le poignet.
Dans le sud de l'Europe (Espagne, France, Italie, Balkans...), le pelage est gris-fauve, plus ou moins mélangé de poils noirs. Si le pelage du loup italien (C. l. italicus) est à dominante grise fauve, celui du loup espagnol (C. l. signatus) est à dominante rousse.
Les loups du sud de l'Europe sont de relatives petites tailles, par rapport à leurs congénères d'Europe du Nord, de Sibérie et d'Amérique du Nord et leurs extrémités sont plus allongées. La longueur du loup d'Europe est comprise entre 115 et 150 cm, dont 30 à 40 cm pour la queue. Sa hauteur au garrot varie de 60 à 80 cm. Le poids d’un mâle est compris entre 30 et 35 kg et celui d’une femelle entre 20 et 25 kg. Cependant, certains mâles peuvent peser 50 à 60 kg, ce qui correspond à un gros chien. Depuis le retour de l'espèce en France, le plus gros loup tué a été celui victime d'une collision routière dans le Cantal en 1997. Ce mâle d'origine italienne (Canis lupus italicus) pesait 39 kg.
En France, les rencontres avec un loup sont extrêmement rares mais pas impossibles pour autant. Voici les principales caractéristiques permettant de distinguer le loup du chien :
Le loup est beaucoup plus haut sur ses membres chez le chien.
Il possède de pattes beaucoup plus grosses.
Ses oreilles sont assez courtes (par rapport au berger allemand par exemple), au bout plutôt arrondies.
Il possède un masque facial blanc autour de la bouche et sur la gorge qui ne remonte jamais jusqu'aux yeux. C'est ce dernier indice qui est le plus fiable car tous les loups possèdent cette caractéristique que ne possède pas les chiens ou les hybrides.
La vue n'est pas le sens le plus développé chez le loup. Son odorat est beaucoup plus développé. Il lui sert à localiser ses proies ou une présence lupine à des kilomètres. Ce sens lui sert aussi dans les relations sociales avec ses congénaires, grâce aux informations qu'il apporte : sexe, âge, statut hiérarchique, intentions (pacifiques ou non, amoureuses...). L'ouïe est très fine également. Elle sert là encore à localiser le passage d'une proie ou les hurlements de ses congénères.
Dans la nature, la longévité d’un loup est de l’ordre de 8 à 16 ans. Cependant, rares sont les loups qui meurent de vieillesse dans la nature...
Biotope du loup
Le loup est un animal d'une très grande plasticité, qui a peu d'exigence en ce qui concerne le choix de son habitat du moment qu'il bénéficie de quelques zones tranquilles pour certains moments clés de son cycle de vie et de proies. En Eurasie, il vit ainsi dans des milieux naturels très divers, allant des toundras et taïgas de Sibérie au désert d'Arabie, en passant par les steppes, la haute montagne, les forêts de plaine et de montagne, les garrigues et maquis méditerranéens, les paysages de landes ouvertes ou les zones marécageuses.
Dans le même ordre d'idée, il est tout à fait capable de s'installer tout près de l'homme, en zone périurbaine ou d'agriculture intensive. Ainsi, des meutes de loups vivent près de la ville roumaine de Brasov ; d'autres sont installées dans la banlieue de Rome (Italie) et d'autres encore vivent dans les plaines céréalières de Castille et Léon au centre de l'Espagne.
Dans les Alpes franco-italiennes, le loup fréquente différents types de milieux, allant des fonds de vallées aux pelouses alpines voisines de 3000 mètres. En effet, l'altitude ne constitue nullement un frein au loup. Dans le Mercantour par exemple (mais c'est vrai dans d'autres massifs de haute montagne), plusieurs meutes franchissent sans aucun problème des cols, jusqu'à 2900 mètres d'altitude.
Généralement, il passe l'hiver dans les forêts montagnardes des fonds de vallées, entre 800 et 1800 mètres d'altitude. Puis l'été venu, il fréquente alors une plus large gamme de milieux, allant des fonds de vallées aux crêtes d'altitude. Ces "migrations" saisonnières suivent directement celles de ses proies : en hiver, les proies sauvages (voir : Nourriture) vivent la plupart du temps dans les forêts des fonds de vallées, parfois à proximité des villages. L'été, les ongulés sauvages et domestiques se situent beaucoup plus haut en altitude. Le loup ne fait donc que suivre les animaux dont il se nourrit.
Meute
Le loup, contrairement à l’ours ou au lynx, ne vit pas seul mais en groupe, que l’on appelle la meute ou le clan. La vie dans la meute est très hiérarchisée, car l’on trouve des animaux dominants et d'autres dominés. Une véritable structure sociale unit les membres du groupe. Cette hiérarchisation s’exprime par différentes postures. Par exemple les oreilles dressées expriment l'éveil, les oreilles basses expriment la soumission...
La meute est d’abord composée d'un mâle et d'une femelle dominante, le couple alpha. Ce sont eux les "chefs" de la meute.
Ceux-ci donnent naissance à des louveteaux car il n'y a que le couple alpha qui a le droit de se reproduire (voir : Reproduction). Après avoir grandi, les louveteaux s’intègrent dans la meute par des combats. Ceux qui sont intégrés forment donc les membres de la meute. Au minimum composée du couple alpha, la meute comprend aussi les louvards (les jeunes de l'année précédente) et les louveteaux de l'année. Ainsi, une meute est quasiment essentiellement composée de membres de la même famille, mais il arrive que des loups extérieurs se fassent intégrer (toujours par des soumissions ou combats).
Les loups qui n’ont pas réussi à faire partie de la meute sont chassés. Ils errent donc à la recherche d'un territoire vierge et d'un (ou d'une) compagnon (ou compagne), pour former une nouvelle meute. Cependant, aux cours de ces années d'errance, beaucoup de jeunes loups (ou louves) meurent tués, par accidents ou par les membres d'une meute voisine lorsqu'ils pénètrent sur leur territoire. Il arrive également des coups de théâtre pendant le rut : un loup (de la meute ou extérieur) provoque le mâle dominant en combat singulier. S'il gagne, le mâle dominant sera chassé et le nouveau pourra se reproduire avec la femelle alpha.
Le clan est entièrement dévoué au couple dominant et particulièrement à ses louveteaux. Le principal rôle du mâle alpha est de protéger et de délimiter son territoire, notamment par des jets d’urine. Les meutes peuvent comprendre jusqu'à 30 loups dans des territoires immenses et vierges comme l'Alaska, mais dans les Alpes, le nombre d'individus n'a jamais excédé 10-11 loups.
Le territoire d’une meute est d’environ 200 km², mais la taille peut varier selon les ressources alimentaires. En fait, la densité de la meute et son territoire n’augmente pas au cours du temps, alors que l'aire de répartition s'aggrandit.
En fait, dans les régions montagneuses comme les Alpes, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas les crêtes d'altitude qui délimitent les territoires des meutes, mais plutôt les fonds de vallée. On peut citer comme exemple la haute vallée du Var, dont la rive gauche est occupée par la meute de Moyenne-Tinée et la rive droite par la meute du Haut Verdon-Bachelard...
Régime alimentaire du loup
Le loup est un animal carnivore, qui chasse principalement le gros gibier (en Alaska, un loup seul peut tuer un renne et une meute entière peut tuer un élan !), de nuit et grâce à leur ouïe et leur odorat. La meute est réputée meurtrière et sanglante lorsqu’elle chasse mais, dans près de 90 % des fois, elle rentre bredouille.
D’abord, la meute repère l’animal a attaquer et évalue ses chances de réussite : un animal blessé ou malade est plus facile à attraper et moins dangereux. Trois techniques sont employées : soit la meute utilise des rabatteurs, qui dirigent la proie vers une embuscade. Soit elle pourchasse l’animal jusqu'à son épuisement.
soit encore elle encercle un troupeau, l’entraîne dans un espace ouvert où l’individu le plus vulnérable, après avoir été isolé de son groupe, pourra être attaqué.
Les loups consomment l’animal sur place, toujours selon la hiérarchie : d'abord les dominants, ensuite les dominés. La viande non consommée sera distribuée aux louveteaux ou enterrée pour être consommée ultérieurement.
D'après les études faites par le Parc National du Mercantour, sur les meutes de Vésubie-Tinée et Vésubie-Roya, les loups se nourrissent :
à 70-80 % d'ongulés sauvages (chamois, mouflons, bouquetins, cerfs...) et domestiques (brebis, chèvres).
à 10-15 % de mammifères de taille moyenne (marmottes, lièvres, renards...).
à 5-20 % de micro-mammifères, d'insectes et de fruits (myrtille notamment).
Cependant, il y a de fortes variations saisonnières : en hiver, ce sont surtout les ongulés sauvages qui sont prélevés (principalement chamois et mouflons, puis sangliers, cerfs et chevreuils et enfin, très rarement, bouquetins). Au printemps et en automne s’ajoutent des animaux de taille plus modeste, tels que les petits carnivores (renard, mustélidés), lièvres, marmottes, petits rongeurs, oiseaux... En été, les ongulés sauvages sont également prélevés, auxquels s’ajoutent une part non négligeable de moutons.
Reproduction
Le rut a lieu à la fin d’hiver. Les accouplements ont lieu en moyenne fin février - début mars. Seuls le mâle et la femelle dominants de la meute (le couple alpha) se reproduisent. La louve alpha inhibe les chaleurs des autres femelles du groupe, par des mimiques comportementales et des diffusions hormonales. Pour réduire les tensions, en l'absence du mâle dominant, elle n'hésite pas à s'accoupler avec plusieurs mâles.
Après 63 jours de gestation en moyenne (c'est-à-dire en avril ou mai), la louve met bas une portée de 4 à 7 petits, dans une tanière aménagée à cet effet : cavité rocheuse, terrier creusé par l'animal lui-même ou aggrandissement d'un terrier d'une autre espèce (en France, renard ou blaireau). La plupart des tanières sont situées dans des zones sauvages, forestières et escarpées. La tanière est généralement située au centre du territoire. Pour être plus précis,les tanières ne se situent pas à un centre géographique mais à un centre d’activité.
Les louveteaux sont des boules de poils noirâtres, aveugles et sourds à la naissance qui sont donc totalement dépendants de leur mère. Celle-ci les allaite pendant 7 à 8 semaines. Ensuite ils sont nourris de viande régurgitée par les membres de la meute.
Les tanières sont abandonnées entre fin juin et début juillet. Mais les louveteaux n'étant pas encore aptes à suivre les adultes à la chasse, ils attendent les parents, jour et nuit, sur une zone appelée "site de rendez-vous". Au cours de l’été, une meute utilise de 1 à 3 sites de rendez-vous. Ces sites peuvent se situer de quelques centaines de mètres à une dizaine de kilomètres de la tanière. Bien sûr, les déplacements sont fonction de l’âge et du développement des jeunes. Les distances entre les sites de rendez-vous sont en moyenne de quelques kilomètres.
Vers l'âge 4 mois, les louveteaux apprennent l'existence de la soumission vis-à-vis des dominants et à un an, ils commencent à chasser avec la meute.
La mortalité juvénile est très importante au cours des 7 premiers mois de vies. Ainsi, si à la naissance le nombre moyen de jeunes se situe entre 4 et 7 (comme vu plus haut), sept mois plus tard on retrouve une moyenne de seulement 1 à 6 jeunes par groupe.
Ensuite, jusqu'à l'âge de 4 ans, les jeunes loups doivent trouver une place hiérarchique au sein de la meute et comme nous l’avons vu, s’ils ne la trouvent pas, ils sont expulsés.
Physiologiquement, la maturité sexuelle intervient alors à l'âge de 2 ans pour les femelles et 3 ans pour les mâles. Néanmoins, dans la réalité, la majorité des femelles se reproduisent pour la première fois à l'âge de 3 ans.
Déplacement du loup
Les loups se déplacent généralement de nuit, car ils dorment et se reposent le jour. En meute et dans la neige, les loups marchent généralement à la "queue leu-leu" avec au premier rang le couple alpha.
La vitesse idéale de déplacement du loup est le trot (8 km/h), mais il est capable de pointe jusqu'à 70 km/h. En déplacement, il a une allure souple, surtout lorsqu’il trotte.
Un loup peut effectuer plusieurs dizaines de kilomètres par nuit. Ils se déplacent beaucoup lors de la chasse, mais également pour inspecter leur domaine vital. Généralement, le tour complet du domaine vital est effectué en 7 à 10 jours.
Sources :
- Quoi de Neuf ? n°15 (juin 2006) - Bulletin d'Information du Réseau Loup - ONCFS.
- Vivre avec le loup - Julie Delfour - Editions Hesse (2004).
- Le Grand Retour du Loup - Bernard Prêtre - Editions Cabédita (1999).
- Le loup - Muséum d'Histoire Naturelle de Toulon (1996).
- Site internet de FERUS.
Mathieu Krammer
" Nous n'avions pour eux aucune haine. Ils faisaient métier de loups comme nous faisions métier d'hommes. Ils étaient créatures de Dieu. Comme nous. Ils étaient nés prédateurs. Comme l'homme. Mais ils étaient restés prédateurs, alors que l'homme était devenu destructeur. " Paul-Emile Victor
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire