«Les maisons en parpaings des années 1970 sont de véritables passoires thermiques». ( photo de constructions au centre de Die)
Vincent Boulanger, rédacteur en chef du bimestriel «La maison écologique» décrypte la montée de l’intérêt pour un habitat plus vert : interview de Sibylle Vincendon
Avez-vous le sentiment que la demande pour des constructions écologiques augmente?
La multiplication de notre lectorat par quatre en dix ans est un indicateur empirique qui dit quelque chose. De même, en Bretagne où nous sommes, on voit le nombre d’artisans formés à ces techniques qui se développe. Autre signe, des maisons à 50 kw/m2, prévues dans la réglementation thermique 2012, cela fait dix ans qu’on en montre. 1 500 à 2 000 maisons en paille ont déjà été construites en France.
Côté rénovation, la création des éco-prêts à taux zéro viennent à la suite d’une demande, d’autant que dans le Grenelle, la rénovation n’a pas fait l’objet d’un travail aussi ambitieux que pour le neuf. Nous voyons le thème de l’isolation par l’extérieur monter et, au-delà des spécialistes des écomatériaux, même les grands fabricants d’isolants proposent des solutions.
Quels sont les bâtiments les plus concernés par cette technique?
Souvent, ce sont les maisons en parpaings des années 1970, véritables passoires thermiques, d’autant plus que parfois, la laine de verre a glissé dans les murs. Avec une caméra thermique, on voit des trous partout. Nous venons de lancer un dossier «Isolation par l’extérieur», nous avons fait un salon et on se rend compte qu’il y a une grosse demande là-dessus. Au début des années 2000, il était davantage question des énergies renouvelables. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il faut commencer par économiser.
Les artisans du bâtiment sont-ils prêts pour ces nouvelles pratiques?
Bien isoler, rendre un bâtiment étanche à l’air, nécessite de nouvelles compétences pour les artisans. Les fédérations professionnelles ont compris qu’il fallait faire des efforts. Mais je pense que les compétences n’y sont pas encore, même s’il y a des formations tous azimuts.
Comment choisir alors un artisan pour un projet écologique?
On conseille de commencer par contacter les magasins d’écomatériaux, parce qu’ils ont souvent un réseau d’artisans. On peut aussi demander à voir ce que le professionnel a fait chez d’autres clients. Quelqu’un qui est fier de son travail le montre. Mais la première chose, c’est quand même de commencer par se documenter et se renseigner, ne serait-ce que pour parler utilement avec l’artisan. Parmi nos lecteurs, certains ont vraiment converti leur artisan à ces techniques nouvelles.
Donc :
Maison en bois ou en bottes de paille ? En terre cuite, en pisé ou en bloc de chanvre ? En fait, il n’y a pas une solution standard pour qui veut construire un habitat écolo. C’est l’implantation géographique de votre maison qui doit vous guider dans le choix des matériaux de base. Recherchez les plus disponibles localement, les plus adaptés au climat régional, au paysage naturel et à l’architecture locale. L’objectif, rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est «de concevoir un bâtiment ayant de faibles besoins énergétiques par son implantation et la qualité de son enveloppe, pour réduire à la source les émissions de CO2, principal gaz à effet de serre. Il est également important de la construire avec des matériaux limitant les impacts sur l’environnement lors de leur fabrication, de leur transport ou de leur mise en œuvre». Pragmatique, l’excellente revue spécialisée la Maison écolo conseille : «Dans un environnement forestier, privilégiez le bois local. En Provence, pourquoi ne pas isoler en paille de lavande ?»
Passage en revues de trois matériaux pour une construction saine.
La paille
Matériau à la fois abondant et bon marché, renouvelable et biodégradable, la paille procure une très bonne isolation thermique et phonique. Une maison en bottes de paille est étanche à l’eau mais poreuse à l’air et à l’humidité, ce qui permet aux murs de respirer et de sécher facilement. Pas de risque accru au feu, mais gare à l’humidité durant la construction. La pose des ballots de paille nécessite l’utilisation d’une armature en bois (poteaux-poutre, ossature légère simple ou double).
Le chanvre
Composé de la partie centrale de la tige du chanvre, de chaux aérienne et hydraulique, le bloc de chanvre est apprécié pour ses propriétés isolantes, notamment phonique, et c’est un bon régulateur thermique créant un environnement sain sans émanation toxique. En outre, il est imputrescible, perméable à la vapeur d’eau, résistant au gel, et préserve la maison de l’humidité.
Le bois
Issu de forêts gérées durablement, le bois est une ressource renouvelable dont la production nécessite 60 fois moins d’énergie que l’acier et 130 fois moins que l’aluminium. Matériau sain et naturel, il ne dégage aucune substance toxique ou irritante. Le bois est le meilleur isolant (dix fois mieux que la pierre !).
Alors qu’un mur en parpaing absorbe l’énergie et procure une sensation de froid, la maison en bois confère un grand confort thermique en hiver et permet de faire des économies de chauffage.
Les Revues :
« Passerelle Eco »L’association et la revue Passerelle Eco ont pour objectif de mettre concrètement un mode de vie écologique à la portée de tous.
A cet effet, la revue diffuse les témoignages, expériences concrètes et savoir-faire, annonces et infos des écolieux de vie et graines d’écovillages et plus largement de tous ceux qui veulent vivre ici et maintenant de manière écologique et harmonieuse, ou qui y contribuent par leurs savoirs faire ou leurs initiatives. http://www.passerelleco.info/
«Revue habitat naturel» Ce magazine bimestriel grand public, d’une centaine de pages, propose depuis plus de cinq ans des conseils sur l’éco-construction tout en apportant un éclairage sur l’alimentation et l’hygiène de vie saine dans la maison. Le hors-série hiver 2010-2011 est consacré aux maisons de bois, 6,50 euros en kiosque. www.habitatnaturel.fr
«La Maison écologique» Bimestriel qui s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels et aux élus. Vendu 5,50 euros en kiosque, le dernier numéro consacre un dossier au poêle à inertie. www.la-maison-ecologique.com
«Ecologik» Une revue bimestrielle qui s’adresse davantage aux professionnels soucieux d’architecture et d’urbanisme éco-responsable. Vendue principalement par abonnement, 10 euros le numéro. www.avivre.net/archi_ecologik
Apis
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