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vendredi 3 décembre 2010

Rencontres mondiales sur le dérèglement climatique


Conférence de Cancún sur le climat : quels enjeux ?

Empêcher l’éclatement du système multilatéral, pérenniser un fonds vert, renforcer l’intégrité environnementale du dispositif : l’avenir du Protocole de Kyoto va se jouer à Cancún (Mexique), où s’ouvre une conférence aux enjeux majeurs, mais à l’issue incertaine.

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Les négociations vont se poursuivre NoteConsulter le site internet de la COP 16 à CancunPlus d'infosdu 29 novembre au 10 décembre à Cancun (Mexique). Si le Protocole de Kyoto survit au cataclysme politique de la COP 15 de l'an dernier à Copenhague (Danemark), son pronostic de vie sera confirmé dans les jours prochains. Les négociateurs auront pour tâche de le faire renaître de ses cendres sans les Etats-Unis, dont le ralliement à un engagement contraignant est désormais hors de question, sur fond d'hostilité du Canada, de la Russie et du Japon.

La conférence de Copenhague enterre le Protocole de KyotoAmbiance abattue en cette fin de négociation : le climat se retrouve orphelin de traité, la planète est projetée dans une ère d'incertitudes, livrée au pragmatisme cynique des nations. Analyse à chaud et en direct.Lire la newsLe sommet de Copenhague était la dernière limite dans le temps juridique imparti pour reconduire le Protocole de Kyoto, adopté en 1997 au Japon, entré en vigueur en 2005 après maintes difficultés de ratification, et expirant en 2012 à l'issue d'une première période de quatre ans. Si ce flottement se poursuit à Cancun, il n'y aura plus de traité international contraignant sur la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre.

Réaffirmation de la vision partagée

L'enjeu premier de la conférence de Cancun est donc de maintenir l'existence d'un outil multilatéral de négociation autour de l'avenir du climat de la planète. Problème transfrontalier, le changement climatique ne peut se passer d'un protocole de résolution globale. Relevant de la dette écologique des pays industrialisés, la crise climatique impose une solidarité internationale avec les pays vulnérables. Autour du Définition de « Protocole de Kyoto »En décembre 1997, à l'issue de la troisième réunion des pays signataires de la convention de Rio, 38 pays industrialisés se sont engagés à réduire les émissions de six gaz à effet de serre en signant le Protocole de Kyoto : CO2, CH4, N2O, HFC, PFC...Lire la définitionProtocole de Kyoto issu de la Définition de « Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) »Traité international adopté en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, et ratifié par 188 Etats, son objectif ultime est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropi...Lire la définitionConvention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1992) s'est forgé un langage commun, qui s'est traduit en une « vision partagée » autour de l'impératif de stabiliser la hausse de la température planétaire. Ce seuil impératif a été fixé à +2°C dans l'accord de Copenhague.

Au fil des années, les jeux d'acteurs ont évolué autour d'intérêts divergents, mais aussi grâce à une véritable prise de conscience de l'enjeu crucial qu'est la stabilisation des émissions de gaz à effet de serre. Si les Etats-Unis se sont montrés de plus en plus réticents à un texte contraignant sous la pression des lobbies des énergies fossiles et de la crise économique, la Russie, elle, ne s'est impliquée dans le processus que par la motivation vénale de la manne de crédits carbone résultant de la comptabilisation de ses forêts comme puits dans le cadre du Comment prendre en compte les forêts des pays développés dans l'accord post-Kyoto ?Lors du Sommet européen du 10 décembre, la France et de grands pays forestiers se sont opposés au sujet de la prise en compte des forêts des pays développés dans le futur accord. Présentation des enjeux.Lire la newsmécanisme LULUCF ("hot air"). Cancún : l'Union européenne adopte une position prudenteÀ l'occasion du Conseil européen des 28 et 29 octobre, les Etats membres de l'Union européenne (UE) ont validé la position commune qui sera soutenue à la conférence organisée en décembre à Cancún dans le cadre de la Convention-cadre des Nations un...Lire la newsL'Union européenne, longtemps fer de lance des négociations, a adopté en 2008 un "paquet" énergie-climat par lequel elle s'engage à réduire ses émissions de 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990. Son volontarisme politique semble depuis lors s'étioler.

Nouveau jeu d'acteurs

Surtout, la conférence de Copenhague a vu entrer en scène de nouveaux acteurs de premier plan, rassemblés sous la bannière du BASIC (Brésil, Afrique du sud, Inde, Chine), qui ont su, en quelques années, mettre en œuvre des politiques domestiques de grande ampleur visant à améliorer leur efficacité énergétique et à maîtriser la déforestation. Première productrice mondiale de panneaux solaires, la Chine est en passe de devenir le leader mondial de production d'énergies renouvelables. Elle n'entend plus être considérée comme un pays en développement parmi d'autres. Elle a récemment reconnu être le premier émetteur mondial tout en exigeant de l'Occident qu'il assume ses responsabilités en termes de dette climatique et carbonique. Comme l'a souligné Laurence Tubiana, directrice de l'IDDRI, lors d'une conférence de presse la semaine dernière, "à Copenhague, le vieux monde est mort". Et le G 77 a explosé, clivé entre pays émergents (voire émergés) et un continent africain livré à lui-même.

La conférence de Cancún renouera-t-elle avec le multilatéralisme ? Selon Laurence Tubiana, "il n'est pas un seul gouvernement qui ne soit pas inquiet d'un échec à Cancún. Cancún va être un test de l'endurance multilatérale. Un des enjeux sera de replacer l'accord de Copenhague dans le processus onusien". Après Cancun, Brice Lalonde quittera le climat pour s'occuper du DD en vue de ''Rio+20''L'ambassadeur chargé des négociations internationales sur le changement climatique pour la France depuis 2007, Brice Lalonde, a annoncé mardi qu'il quitterait prochainement ses fonctions. Il devrait se consacrer, ''probablement dès le début de l'a...Lire la newsBrice Lalonde est allé dans le même sens lors d'un point presse à la veille du sommet. Il s'est dit "dans un état d'esprit relativement optimiste car il ne serait pas bon pour l'ONU de ne pas obtenir un succès à Cancún". L'ambassadeur du climat pour la France plaide pour "un accord équilibré où chacun devra trouver son compte". Mais Greenpeace analyse cette rhétorique de l'équilibre, également prônée par les Etats-Unis et les principaux bailleurs de fonds, comme une stratégie de donnant-donnant préjudiciable au climat. Un "accord équilibré" conditionnerait de fait l'aide des riches à l'implantation du système MRV (mesure notification et vérification), qui introduirait l'obligation pour les pays de communiquer sur leurs émissions et d'accepter le contrôle de leurs politiques climatiques par une instance internationale. En l'occurrence, les Etats-Unis exigent un système d'examen des politiques climatiques des pays émergents, en particulier de la Chine, sur fond de débat sur la transparence et la fiabilité des stratégies mises en oeuvre.

Fonds vert

L'accord de Copenhague engage les pays industrialisés à mobiliser 30 milliards de dollars nouveaux et additionnels entre 2010 et 2012, dits Aides climatiques : Internet pour forcer les pays industrialisés à concrétiser leurs promessesLancé à l'issue de la conférence informelle de Genève consacrée aux aides pour le climat, un site Internet entend obliger les pays riches à concrétiser leurs engagements. Une question loin d'être réglée, à trois mois de la conférence de Cancún.Lire la newsfinancements précoces ("fast start") destinés aux pays les plus vulnérables, puis 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour l'adaptation aux impacts du réchauffement et les technologies de réduction des émissions. Début 2010, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon a mandaté un groupe de haut niveau sur la finance (Advisory group on Finance) pour identifier les sources de financements qui permettraient de générer des volumes financiers publics suffisants. Le rapport de ce groupe de travail, publié le 5 novembre, définit huit Les taxes et le secteur privé appelés à financer l'aide climatiqueLe Groupe consultatif sur les financements innovants en faveur des pays du Sud a remis son rapport listant les possibilités offertes par de nouvelles taxes et des investissements privés. Reste aux décideurs à trancher entre les mesures présentées.Lire la newssources de financements innovants pour le climat parmi lesquelles figurent droits de tirage spéciaux, taxe carbone, mise aux enchères des quotas de CO2, taxe sur les carburants de soute des secteurs maritimes et aériens, et taxe sur les transactions financières du type Taxe Tobin. La conférence de Cancún aura à tirer un premier bilan des annonces de financements précoces et à statuer sur le futur fonds vert, afin de poser les bases de l'architecture climatique financière post-2012.

Dans un rapport diffusé la semaine dernière, Oxfam et le Réseau Action Climat (RAC) NoteConsulter le rapport Plus d'infospointent que la contribution de 420 millions d'euros par an promise par la France à Copenhague dans le cadre des financements précoces n'est pas nécessairement "additionnelle" par rapport à l'aide publique au développement (APD). Les annonces du gouvernement français prévoient que l'APD atteindra autour de 0,5% du revenu national brut en 2010 puis stagneront, ce qui n'augure pas de financements additionnels. L'examen du projet de loi de finance pour 2011 montre, en outre, que les engagements budgétaires pour les financements précoces seront, comme en 2010, inscrits dans les rubriques budgétaires prévues pour les engagements de la France en matière d'APD. Enfin, le compte d'affectation spéciale pour la forêt isole les financements précoces du point de vue comptable, mais n'est pas fiable, selon les ONG. Ce compte serait alimenté par la vente de crédit carbone dont la réalisation est incertaine. "Force est de constater que la France et les pays industrialisés n'ont pas fait preuve de transparence sur les décaissements, les projets financés et les canaux d'acheminement", soulignent le RAC et la Coordination Sud à propos des financements précoces. Ce qui annonce des négociations complexes.

Un accord pour les forêts

Le mécanisme de réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts (Négociations sur le financement de la lutte contre la déforestation tropicale: un changement de cap nécessaireÉdition spéciale Copenhague : Romain Pirard, docteur en économie de l'environnement, économiste à l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) rappelle l'enjeu de la prise en compte de la lutte contre la déforestation dans les négociations internationales sur le Climat.Lire la newsREDD) est porté par la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les pays forestiers depuis la COP 11 de Montréal (2005). Il vise à enrayer la dégradation des forêts tropicales et c'est le volet qui apparaît le plus avancé dans la négociation climatique. Il a failli aboutir à Copenhague. En complément, le Lutte contre la déforestation : la France plaide pour des financements ''innovants''Afin d'enrayer la perte des forêts tropicales, le député Jacques Le Guen appelle, dans un rapport remis hier à l'Elysée, à la création d'un fonds mondial de reboisement alimenté par des taxes sur les transactions financières ou les huiles végétales.Lire la newspartenariat REDD+ prévoit une intervention rapide sur les forêts, parallèlement au processus de négociation. Les ONG environnementales soulignent l'importance de placer des garde fous autour du mécanisme REDD, dont l'intégrité environnementale doit être assurée, ce qui implique une comptabilité nationale et des niveaux de référence nationaux en matière de déforestation. La question des modes de financements de REDD est également cruciale : créer un fonds dédié sur la base de financements stables, ou lever de nouveaux marchés de compensation via les transactions carbone, avec le risque de rétribuer des plantations à grande échelle plutôt que de conserver des forêts sur pied et régulées par les autochtones.

La tâche de la secrétaire générale de la négociation, Christina Figueres, sera immense. C'est une « boussole commune » qu'il faudra retrouver à Cancún autour d'objectifs partagés et d'une architecture qui reflète la communauté de destin de l'humanité sur une planète en voie de réchauffement rapide.

-1- REDD+ ajoute à REDD les notions de gestion forestière, conservation et augmentation du stockage de carbone
-2- Détails du calendrier des négociations: Accord de Kyoto (réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés et prise de conscience de l’intérêt de la préservation des forêts dans la lutte contre le réchauffement climatiques): 1997, Accords de Marrakech : 2001, Accords de Bali : 2007 (intègrent REDD), Accords de Poznan : 2008, Conférence de Copenhague : décembre 2009 (discussion du cadre REDD et REDD+), Conférence de Bonn : avril, juin et août 2010 (préparation des accords de Cancun), Conférence de Cancun : décembre 2010 (accords de Cancun).
Agnès Sinaï

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