Le commandant Oussama ben Laden, a été tué il y a quelques heures par des forces spéciales américaines, a fait savoir le président des États-Unis, Barack Obama, près de dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont réduit en poussière le World Trade Center, à New York, et abîmé le Pentagone, à Washington. Un pas vers la Paix ?
Ayman al Zawahri est le successeur probable de ben Laden
(Photo : Ayman al-Zawahri et Oussama ben Laden, en 2004)
Le Caire — Après la mort d'Oussama ben Laden, son No2 Ayman al-Zawahri devrait logiquement prendre la tête d'al-Qaïda. Si ben Laden était la figure charismatique de l'organisation, c'est en effet l'égyptien, chirurgien de formation, qui en est la cheville ouvrière depuis de longues années et assure le fonctionnement du réseau terroriste, même affaibli, le plus connu du monde.
S'il est encore trop tôt pour anticiper l'avenir d'al-Qaïda sans ben Laden, une radicalisation de l'organisation semble probable, tant l'idéologie et la détermination d'Ayman al-Zawahri sont manifestes.
Dans un ouvrage paru en 2001 sous le titre «Chevaliers sous l'étendard du Prophète», il fixait ainsi l'objectif à long terme du mouvement djihadiste: infliger «autant de pertes que possible» aux Américains tout en prenant le contrôle d'un pays «pour lancer la bataille du rétablissement» de la loi islamique dans le monde musulman.
L'idéologue
Si Oussama ben Laden avait de l'argent, des hommes et le genre de personnalité autour de laquelle on construit des cultes, Ayman al-Zawahri a toujours été l'idéologue d'al-Qaïda. «Al-Zawahri a toujours été le mentor de ben Laden, ben Laden l'a toujours admiré», explique Bruce Hoffman, expert en terrorisme à l'université de Georgetown à Washington.
Au contraire de son camarade de lutte, né milliardaire et devenu djihadiste à l'âge adulte, Ayman al-Zawahri a voué la plus grande partie de sa vie à la guerre sainte, connaissant notamment la prison. «Il a passé du temps dans une prison égyptienne, il a été torturé. C'est un djihadiste depuis qu'il est adolescent, il a combattu toute sa vie et cela a façonné sa manière de voir le monde», souligne encore Bruce Hoffman.
Né le 19 juin 1951 au Caire, Ayman al-Zawahri est issu d'une famille de médecins et d'enseignants appartenant à la classe moyenne égyptienne. Diplômé en médecine de l'université du Caire en 1974, il obtient son diplôme de chirurgie quatre ans plus tard. Son père, décédé en 1995, était professeur en pharmacologie dans le même établissement. Son grand-père, Rabia'a al-Zawahri, était le grand imam de la mosquée al-Azhar, principal lieu de l'enseignement de la doctrine de l'Islam, au début du siècle dernier.
L'homme est connu dans les milieux musulmans égyptiens depuis 1966 quand, à l'âge de 15 ans, il fut arrêté, puis relâché, pour son appartenance au mouvement interdit des Frères musulmans, le groupe fondamentaliste musulman le plus ancien dans le monde arabe.
Djihad islamique
Dans les années 1970, chef du Djihad égyptien, il s'allie à d'autres cellules militantes pour former le Djihad islamique, puis, alors jeune médecin, effectue son premier voyage en Afghanistan en 1980. Vingt ans plus tard, il dira avoir alors vu «l'entraînement préparant la jeunesse moudjahidine musulmane à lancer sa bataille contre la grande puissance dirigeant le monde: l'Amérique».
En 1981, le président égyptien Anouar el-Sadate est assassiné par des militants du Djihad islamique. L'assassinat a été perpétré par une autre cellule que la sienne, et Zawahri écrira n'avoir été informé du projet que quelques heures avant son exécution. Il n'en est pas moins jugé avec d'autres membres du Djihad et reconnu coupable de détention illégale d'armes. Il purgera une peine de trois ans de prison.
À sa sortie, en 1984, il se rend en Arabie saoudite, avant de rejoindre Peshawar, au Pakistan, puis l'Afghanistan. C'est là, à la fin des années 1980, qu'il rencontre ben Laden, posant alors les fondations de ce qui allait devenir al-Qaïda. Il mène en parallèle ses propres actions, avec un objectif: abattre le gouvernement du président égyptien Hosni Moubarak, allié des États-Unis.
Outre l'assassinat du président Sadate, le Djihad égyptien serait ainsi responsable de plusieurs tentatives d'assassinats contre d'autres hommes politiques de premier plan dans les années 1990, dont l'ancien premier ministre Atef Sedki qui échappa en 1993 à une voiture piégée. Il a aussi revendiqué l'attentat à la bombe perpétré en 1996 contre l'ambassade d'Égypte à Islamabad. En 1999, il est condamné à mort par contumace par un tribunal égyptien pour ses activités liées au Djihad.
Zones tribales
Le 11 septembre 2001 le fait connaître du grand public. Mais, plus que son rôle avant les attentats, c'est par son action après l'invasion américaine de l'Afghanistan qu'il se distinguera, rebâtissant la direction du réseau dans les zones tribales de la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan.
Traqué comme Oussama ben Laden, il se manifeste lui aussi par des enregistrements vidéo et audio, dans lesquels il expose la stratégie d'al-Qaïda et appelle à l'unité dans les rangs djihadistes. Dans l'une d'elle, datée de janvier 2006, il se moque de l'ancien président George W. Bush, quelques semaines après un bombardement qui l'a manqué de peu au Pakistan. «Bush, sais-tu où je suis? Je suis avec les masses musulmanes et je participe à leur djihad jusqu'à ce que tu sois vaincu», y déclare-t-il.
Hamza Hendaoui, Associated Press
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