Deux trois questions à …. Claude Veyret, ancien élu
municipal sur le plateau du Vercors (1976-82).
Marco Panseri, administrateur de MCD a interrogé
Claude Veyret, notre rédacteur sur les élections à Die
Marco Panseri : Municipales, quel état
des lieux ce 15 Février 2014…
Claude Veyret : A l’approche des élections municipales, les têtes
des listes s’avancent avec des étiquettes locales. M. Berginiat, maire sortant,
va représenter l’UMP. Mr Berginiat n'a
pas fait de grosses erreurs à ce jour. Il bénéficiera vraisemblablement d'une
prime de maire sortant qui fait correctement son travail (en France, cette
prime est couramment de 5%). D’ailleurs le PCF s’enorgueillit d’avoir voté
90 % des propositions de Droite. M. Trémollet n’a pas oublié qu’il a été
soutenu par le MODEM aux dernières élections cantonales et disait : « Au
Conseil général j’oeuvrerais pour la formation d’un groupe centriste
indépendant… »… Attention cela n’est pas un handicap, les Droites sont en bonnes
positions face à un gouvernement PS hésitant. Rappelons que Mr Trémolet a été
premier adjoint à l’actuel maire de Die. Battu aux élections cantonales et désapprouvé
par l’édile UMP, il a jeté l’éponge. La liste PCF conduite par Philippe
Leeuwenberg assume ses choix politiques en précisant le soutien du PCF et du PS,
et moins voyant du POI et d’une ancienne candidate pour la secte LO (le
Trotskisme, ennemi historique, ici réunis comme pour un coup). Die est attribuée aux communistes, dans
le cadre d'un accord des appareils PS-PC encore confirmé par le Président du Conseil
Général auprès de membres du CPD. En échange peu ou pas de communistes seront
en listes autonomes sur la Drôme. Je n'aime pas voir la politique se faire ainsi.
Marchandisée.
M. Jouve est fidèle à « Pour Die Naturellement » d’il y a
6 ans. Il est à Europe Ecologie les Verts, mais comme 20 colistiers n’y sont
pas, il n’a pas imposé ses convictions et surtout respecte celles des autres. Une évidence qui désarçonne les perpétuels encartés. Il a le
soutien indéfectible de EELV Drôme et Rhône-Alpes.
MP : Vous avez été élu de 1976 à
1982. Quels enseignements, quel bilan en tirez-vous ?
CV : Cela a été une expérience nouvelle et
passionnante. J’étais très proche de Maurice Puissat, Président du Parc Naturel
Régional du Vercors et du PSU. Je n’avais que 22 ans. La fonction d’élu est une bonne façon de mettre les mains dans le
cambouis et qui permet de relayer les désirs et volontés de la population, si l’on est encore attentif
à ses préoccupations, si on les partage encore. Entre les contraintes
financières existantes, l’endettement, les remboursements d’emprunts, les diminutions
des aides de l’Etat, les choix doivent êtres rapides, demande du courage pour
rompre avec les mauvaises habitudes et les prébendes traditionnelles
(subventions de copinage). Alors on répond souvent dans l’urgence aux choix engagés avant
soi : aides aux écoles, l’informatique,
la peinture, la musique, les activités extra scolaires, on chipote pour la
forme sur les subventions à l’Ecole Privée. On invoque un grand projet, comme les
stations d’épuration, exigé par la loi européenne sur l’eau. Quelques HLM, pour
faire bonne figure, sans vraie vision
transformatrice de la Cité. En réalité il y un manque d’imagination et de
créativité cruelles chez nos élus de Droite comme de Gauche. Six ans est longs,
mais 12 ans devrait être le maximum pour
donner toute sa pugnacité et permettre le renouvellement régulier des élus.
Heureusement que la loi sur la parité Homme-Femmes s’applique car nous aurions,
comme par le passé, 100% de mâle dans
les Conseils Municipaux ruraux.
MP : La communes est elle
compétente sur les Services Publics ?
CV :
La commune n’est pas directement compétente sur la ligne SNCF, l’Hôpital ou les
fermetures de classes. Mais en facilitant l’installation de nouvelles personnes
et donc d’entreprises, en construisant un parc immobilier ad hoc, elle facilité grandement la pérennisation des
Services Publics…Quelle est la vision démographique des municipalités passées ? La population de
Die baisse….C’est incroyable. Ce choix, ou se laissez faire, est criminel pour
le territoire. Elle doit aussi utiliser son pouvoir dans ces instances
consultatives… Comment Die s’est elle positionnée dans le Programme Local de
l’Habitat, re-toqué une première fois par le préfet pour manque d’ambition, un
comble. Le courage politique a fait défaut. La maternité et la chirurgie sont
dans ce cas de figure. Demander régulièrement à la population de descendre dans
la rue est une bonne méthode pour faire basculer une négociation, pas un ‘travail
en soi’ et encore moins utile quand on connaît déjà la décision de l’Etat comme
la dernière fois où les 30 mois de sursis alloués par l’ARS était connue par la
presse. On était alors en pleine
manipulation par le politique PS-PCF, aux manettes à Die ce jour là.
Pendant 40 ans, nous avons
laissé filer les Tribunaux administratif , de Police, de commerce, l’ONF est
exsangue, il reste 13 écoles sur 52 communes, Télécom et EDF sont partis,
Toutes les gares marchandes ont été démantelées et les gares voyageurs sont
très limitées. Les Postes ont largement
disparues du Diois, la DDE-DDT subsiste jusqu’à ce que l’ingénieur prenne sa
retraite…C’est un véritable gâchis des acquis de la population depuis 100 ans,
des acquis du Conseil National de la Résistance, une liquidation des Biens Communs et du Droit
des Citoyens a être desservi partout en France avec égalité. Droite et Gauche
confondues n’ont pas été à la hauteur. Pire, ont participé à la liquidation.
MP : Toucher à mon Hôpital ?
CV :
La Chambre Régionale des comptes a rendu son rapport d’observations concernant
la gestion du centre hospitalier de Die au cours des exercices 2007 à 2011, en
date du 3 juin 2013. Extraits : « Le centre hospitalier de Die est
situé dans une zone enclavée, dont une partie du territoire est faiblement
peuplée » reconnaît-elle. Elle ajoute : « Sa situation
financière est profondément dégradée, avec un déficit structurel durable et une
trésorerie négative, en raison de financements exceptionnels devenus pérennes,
destinés à maintenir des activités déficitaires (maternité et chirurgie). Cette
situation ne pourra que s’aggraver, à défaut d’une restructuration profonde de
l’établissement. » Entre clair, il faut restructurer la maternité et la
chirurgie. Elle ne manque pas de reprendre les orientations du Plan Régional de
Santé : « Le PRS, arrêté le 30 novembre 2012, prévoit, dans son volet
périnatalité, de faire évoluer l’activité des soins de gynécologie-obstétrique
du centre hospitalier de Die vers un centre de périnatalité ». Quant à la
chirurgie, elle précise : « L’activité de chirurgie est
principalement maintenue en raison de la maternité, qui exige la présence d’un
chirurgien ». La Chambre ne manque pas de
relever : « Par ailleurs, si le conseil d’administration du
centre hospitalier avait émis des propositions de réorganisation de l’offre de
soins dans sa séance du 24 septembre 2008, leur faisabilité et leur coût
n’avaient pu être appréhendés avec netteté ». Enfin, la Chambre
« recommande à l’établissement de faire en sorte que le contrat local de
santé le concernant, la communauté hospitalière de territoire, à laquelle il
est appelé à participer, déterminent précisément la place devant être la sienne
dans le paysage hospitalier et lui fixent des objectifs en rapport avec son
activité réelle. » Et de conclure : « En conclusion générale sur
l’activité de l’établissement, la chambre relève que l’activité en court séjour
est très faible et que les activités de gynécologie obstétrique et de chirurgie
ne sont maintenues qu’à titre dérogatoire. » Il est clair que la Chambre
Régionale des comptes, d’un point de vue purement financier, suggère la
fermeture de la maternité et de la chirurgie. Il reste à présent quelques mois,
après que la ministre ait accordé, trente mois de sursis. Le projet
d’établissement demandé sont les
propositions des groupes de travail, qui n’avaient pas été retenues lors de la
finalisation du « projet territorial de santé », posant en préalable
le maintien de la maternité et de la chirurgie. (Réunions pendant un an en Sous-préfecture de Die). Tout le monde
dort… Et on refera appel à la population quelques mois avant les échéances
fatidiques… Cela n’est pas sérieux. Le recul est suffisant sur Die pour voir qui a fait quels
choix dans les 50 ans passés.
MP : Vous ne vous présentez pas à
ces élections ?
CV :
Non, j’ai décidé en 1982 de rester dans la Société Civile, le monde associatif,
le syndicalisme et l’Education Populaire où je me sentais plus libre (Né et venant du
Vercors la notion de Liberté a un sens très fort chez moi)
Je pense aussi que les
grands changements de société vont venir de la Société Civile. Donc je suis
bien où je suis utile, efficace et avec un pouvoir d’action seulement, un
pouvoir de faire des choses, une capacité d’agir (Le Pouvoir est un truc de fou). Alors oui
faciliter les prises de position qui vont stimuler le politique et la
politique…Certainement.
Les écologistes travailleront
avec la population pour faire vivre la démocratie dans la construction
des projets avec des budgets dédiés. Quelle meilleure confiance dans ses
administrés ? Par leurs méthodes préparatoires d’élaboration du projet et
du programme on sait qu’ils sont rodés à la participation réelle, sans
manipulation. La participation enrichie les projets et évite les erreurs car de
nombreuses personnes sont compétentes dans la population. Mais pour faire
avancer l'écologie, il faut effectuer jour après jour des choix
différents : pour un stade, pour un bâtiment, pour des jardins, pour une
crèche, pour l'entretien des espaces, pour un aménagement public, pour le choix
d'un fournisseur d'énergie, pour le soutien aux associations, et lesquelles,
etc... Au delà des
intentions affichées, c'est bien dans les choix au quotidien que se forgent une
politique et des réalisations municipales.
MP : Les élections municipales
auront lieux dans un mois ?
CV :
L’enjeu est important à l’époque du dérèglement climatique et des transitions
écologiques obligées. Soit la poursuite du déclin de notre ville, soit un
nouvel espoir pour Die. Le vote
écologiste peut monter, parce que la dynamique générale du territoire est
ainsi; il arrive chaque mois de nouveaux habitants généralement venus
pour la qualité de l'environnement et la richesse sociétale du Diois.
Nous avons fait 12% aux municipales de 2008 et 21% aux cantonales sur Die, avec
des campagnes résolument écologistes et en toute liberté. J'observe d'ailleurs
que, contrairement à ce que nous disaient alors les représentants des partis de
la gauche ancienne, les électeurs n'ont pas sanctionné notre posture de liberté
aux municipales de 2008 , bien au contraire. Je lis le résultat des cantonales
de 2011 comme un encouragement à être nous mêmes. Il est surprenant que on
veuille des révolutions en matière d’agriculture, de médecine, d’urbanisme et moult
donnes et qu’en politique on ne décèle pas que la participation citoyenne est
inéluctable. Une révolution de nos pratiques et surtout de celles de nos élus. L’alternative
est incarnée à Die par la liste
« Pour Die Naturellement » avec 27 personnes compétentes, à l’écoute et motivées… En plus, des voisins et
voisines qui vivent notre quotidien à Die. Didier Jouve qui mène cette liste, Conseiller
régional Rhône Alpes et Président de la commission des finances de la Région, a
largement montré ses engagements depuis 37 ans
dans cette Vallée de La Drôme. Il a montré ses capacités de travail,
d’écoute, de propositions, sa compétence et sa ténacité à défendre les dossiers
du TER ou de la Rivière Drôme (SAGE 1 et 2). Les électeurs de Die ont déjà été
capables en 2008 de ne pas voter pour la maire sortante Isabelle Bizouard, très
compétente, pourtant de gauche: il a manqué 16% à l'arithmétique électorale.
Le choix d'un maire est très différent d'un vote d'expression politique.
Didier Jouve sera un maire efficace, proche des gens, sa capacité d’écoute et
de synthèse en font une chance à ne pas laisser passer sur Die. Il bénéficie en
plus d’un réseau de connaissances, d’un carnet d’adresses et des tuyaux de
financements publics que nul ne lui conteste. Une bénédiction pour un pays en
voie de fragilisation. La citoyenneté active, l’humanisme, la solidarité vivante et
la compétence en œuvre sur ce territoire enfin...
MP : Vous êtes connu pour votre
engagement dans la Gauche de Gauche ?
CV :
Les municipales sont une priorité, non pas pour faire de la politique
politicienne ou marquer une présence de parti, mais pour faire avancer des
projets écologistes. Le projet, et plus encore sa réalisation, passe donc
devant. Sur le long terme, l'affirmation d'une proposition écologiste
locale, loin des appareils nationaux souvent indéfendables, indépendante est
indispensable pour faire avancer les choses concrètement, quelques soit les
équipes en place. J’ai toujours voté Jean Pierre Rambaud, (maire PCF de 1989-95), par le passé et
partagé ses luttes depuis l’Ecole Sauvage de Glandage en 1979. Aujourd'hui tout a changé, il y a le programme et « la qualité
relationnelle de sa mise en place », et je peux affirmé que travailler avec
Mr Leewenberg ne présente aucune des qualités humaines et bienveillantes
requises (je ne veux pas m’étendre sur attaques démesurées des Cantonales 2011
ou sur les violences contre les Rencontres de l’Ecologie). Restons sur les
Projets et Programmes, sur le débat d’idées. La liste « Pour Die Naturellement »
porte mes convictions de Gauche que je
considère comme incontournables, les points essentiels qui ont fondé mon
engagement en politique (l'opposition au nucléaire), ou qui me paraissent
aujourd'hui essentiels ( refus des OGM, du brevetage du vivant, lutte contre
l'idéologie productiviste et la religion de la croissance, mutation écologique
de l'économie, retour en humanité, renforcement de la démocratie réelle), et
qui ont forcément des déclinaisons locales ( recours aux Energies Renouvelables,
changement de fournisseur d'électricité, simplicité volontaire appliquée aux
bâtiments et aménagements, soutien aux filières non OGM, cantines bio, soutien
à l'Economie Sociale et Solidaire, aides structurelles à la vie
associative, soutien aux bénévolats solidaires, budgets participatifs,
atelier municipal d'urbanisme par exemple). Mon engagement à Gauche a
toujours été plus libertaire, militant anarcho-syndicaliste dans les années 69-70, que
stalinien, ce qui me donne la lucidité de ne pas me tromper de Gauche.
La Gauche du XXIème
Siècle, la gauche ouverte, la gauche créatrice, la gauche respectueuse, la
gauche non dogmatique, la gauche généreuse et bienveillante…La Gauche
courageuse, c’est l’Ecologie portée par « Pour Die
Naturellement »
Propos recueillis par Marco Panseri pour MCD