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jeudi 31 janvier 2013

Les Rencontres de Die, un vrai temps populaire, social et démocratique ...



L’ Ecologie dans nos pratiques quotidiennes : objet du festival de Die au pied du Vercors entre Alpes et Provence.
- Un cheminement d’ Education Populaire et de dialogue citoyen.
Organisées par l’association 1901 « Ecologie au Quotidien », les 10èmes Rencontres de l’écologie au quotidien de Die se déroulaient du 22 janvier au 12 février 2012. Chaque année, cent à deux cents invités et plus de 15 000 entrées (en 2012, + 20% par rapport à 2011), 4000 heures de bénévolat, une soixantaines d’associations partenaires, une bonne dose de convivialité et 22 jours de mobilisation sont les ingrédients de cette rencontre régionale originale. "Et toujours cette diversité de l’offre, conférences, débats, cinéma, concerts, théâtre, repas bio, librairie, ateliers pratiques et de découvertes, spectacles enfants et adultes, 20 expositions, visites d’éco-sites, animations scolaires, jeux coopératifs, etc.… qui permet de sensibiliser les publics de différentes manières" explique la chargée de mission et coordinatrice, Anne Tesson. « De très nombreux thèmes sont abordés : solidarité Nord-Sud, Economie Sociale et Solidaire, Education à la Paix, Communication, transports doux, analyses critiques, transformation sociale, valorisation du territoire et de ses acteurs, Education à l’Environnement, luttes sociales, alimentation et agriculture biologiques, féminisme, médecine alternative et conventionnelle, protection des biodiversités animales et végétales, pollutions, jeux coopératifs, relocalisation de l’économie, auto et éco-construction, énergies renouvelables, préservation des sols et de l’air, poésie, migrations humaines, peuples racines, pacifisme, précautions avec la forêt et l’eau, désobéissance civiques, etc.… permettent de toucher toutes et tous quelles que soient leurs sensibilités et  qui ont fait la richesse de ce festival Rhône-Alpin" conçoit une administratrice Annick Paoli . "Avec cette année 2012 : La sobriété heureuse (D.Cauchy, D.Wauters, D.Grunberg), les Agro carburants et Gaz de schistes (E.Godinot, Survie, A.Chabrol, Y.Louvel, G.Vermorel), La terre (Agribiodrôme, Frapna,  F.Verlet, F.Sausse, M.Terrail), Quelle agriculture pour demain ( G.Savigny, CCFD, Oxfam, Confédération Paysanne 07, J.Porcher, A.Boutonnet, J.P. Berthouse, J.P.Delage et Terre de Liens), OGM (A.M.Cornu, la Conf’), Territoires Solidaire ( O.Massicot,  O.Pastor, L.Déré, D.Jouve, A.Agier, CLD Vallée de la Drôme et CLD Diois), La Forêt retrouvée (G.David, ONF, A.Givors, L.Fleury,)   Les Droits des animaux (G.David, P.Atanaze, LPO ), La désobéissance (X.Renou), les Pollutions Collectives (M.Grosman, M.M.Robin, R.Lenglet, C.Reiss, J.Collard), Lanceurs d’alertes (M.Rivasi, Amis de la Terre, ), Se soigner autrement (Dr Dransart, Dr Briffaud), Education ( P.Meirieu, I.Peloux, M.Rahnema, L.Bencharif, M.L.Labonté, T.Dansembourg, A.VanStappen, A.Stern ) écoconstruction et Toilettes sèches (V.Regassi, S.Berne, P.Garin-Michaud, etc  ) Média alternatif (Médiascitoyensdiois), écohameaux et énergies (Adil26, Habiterre, Art’erre, A.Arnaud, P.Baronnet), Sortir du Nucléaire (F.Mariller, V.Fristot, C.Malfray-Régner, Rivasi,), Economie Sociale et Solidaire (C.kreschmar, M.Bodinnier, Solstice, Carline, Tchai Walla , Art’erre, VDDI , Site de Proximité de la CCD, etc..), Les déplacements (B.Collignon et le Comité de ligne, CitizenCar, A.Rhiale et NégaWatt, B.Cusennier du CG26, etc. ), Démocratie vivante ( Y.Malcheff, A.Bonnefous, S.Kerkove, P.Viveret),  Cyberdépendance, et moult artistes (S.Meunier, Marcus, Coriandre, FraNumé, Frisette, etc.…), pour ne citer que quelque uns…  sur les 125 rendez vous de cette  grande cuvée           «encore peut être trop riche… » conclut un organisateur « …mais cela était pour les dix ans » . L'énergie créative de la période actuelle, agir local et penser global sont une démarche constante de ces années drômoises. Les outils de reconnaissance mutuelle, la construction de dynamiques de force collectives prennent ici forme. Les forums sociaux mondiaux résonnent à Die , la question du "bien vivre" aussi importante que la question des "biens communs", la joie de vivre sont palpables. Les éléments d'universalité dans les groupes humains. Local, mondial et échelles intermédiaires (Biovallée et Région) sont leur territoire de prédilection. Ne pas chercher une "modèle unique", la peur des logiques de captation de pouvoir et  d'instrumentation, les qualités de mutualisation, de coopération et d'échanges, comme l’ intelligence collective animent « ces militants des possibles ». La qualité démocratique, la convivialité, la qualité festive font le liant et la fluidité. La qualité démocratique est primordiale : des outils, la méthode de construction des désaccords (car la démocratie, ce n'est pas la loi du nombre, mais la qualité d'élaboration du débat) s’immiscent jusque dans les détails.
- Marier écologie sociale, écologie environnementale et écologie personnelle (Félix Guattari)
 « Dans les mouvements transformateurs actuels, on pense simultanément, et non pas contradictoirement, les enjeux de transformation personnelle et les enjeux de transformation sociale ». Dans l’association on conjugue plus facilement le « ET » que le« OU ».
Ecologie au Quotidien présentait donc les Xème Rencontres de l’Ecologie au Quotidien du Diois autour du thème " Vivre la Transition, énergétique, économique, sociale… » Une injonction du leader des villes en transition, Rob Hopkins. « C’est un temps pour reprendre espoir et se remobiliser sur des dynamiques citoyennes sur nos territoires et participer à une véritable éducation populaire » explique Anne Tesson, chargée de mission de l’association.
« Le succès des Rencontres de l’Ecologie au Quotidien de Die, confirme l’émergence d’une société civile active sur un territoire dynamique où des convictions d’écologie, citoyenneté, fraternité et paix veulent se conjuguer avec bonheur »explique Annick Paoli de Ecologie au Quotidien.
Il y a onze ans, quelques habitants s’inquiétaient :" Pourquoi un territoire où le terreau social, agricole, écologique, culturel et artistique si fertile n’offre pas un événement de qualité à la hauteur de ses valeurs et de son identité ?". Depuis 2001, dix Rencontres de l’Ecologie au Quotidien ont esquissé des réponses. Vingt journées de mobilisation et un travail en profondeur toute l’année, d’abord des habitants et 70 associations d’éducation à l’environnement, d’éducation populaire, de protection de la nature et de défense des droits de l’homme, sont offertes chaque année à Die. Le thème " Vivre la Transition, énergétique, économique, sociale… » donne le « la » à la manifestation. Chacun, pendant ces rencontres, vient faire son panier dans la diversité  des propositions et des actions : l’eau, l’agriculture biologique, les migrations humaines, le reboisement, économie sociale et solidaire, alerte au climat, luttes sociales, biodiversité, non violence, éco-logement, éducation à l’environnement, paysans sans terre, démocratie participative ...
La pluralité des intervenants permet aussi de toucher tous les publics. Réinventer « une pensée locale pour un développement local dans une réflexion globale et un développement global » s’affirme comme la colonne vertébrale de cet évènement se référant à la Formule d’ Edgar Morin.
Que mille réseaux s’épanouissent
Ainsi naissent des réseaux au cœur des Rencontres de l’Ecologie valorisant ainsi acteurs et territoire. « Plusieurs milliers de visiteurs fêtent l’Ecologie et la vie, dont les enfants du Diois, et les organisateurs donnent une large place au débat public et la contradiction (Habitats légers, exploitation de la Forêt, etc...) . En plein hiver, avec rien à vendre, l’événement aurait pourtant pu faire figure de challenge. " Nous semons, le terreau est déjà là. Information, sensibilisation, formation, échanges sont autant d’outils que les gens viennent chercher afin de s’engager dans leur quotidien. Sans prétention, nous essayons d’ensemencer des terres de solidarité, de générosité, de luttes, de conscience et de paix pour un futur viable, vivable et désirable par tous. C’est un espace qui enrichit la démocratie...et "où le peuple est très populaire", un clin d’œil à Victor Hugo.." précise Annick Paoli.
Cette action s’inscrit dans une trame historique propre au Diois avec sa tradition d’innovation et d’accueil de nouvelles idées, technologies et savoir-faire : agriculture biologique dans les années 70, diversification des productions en particulier de plantes aromatiques, médicinales et à parfum dans les années 80 (et ses micro-entreprises), une forte présence de personnes sensibles à l’alimentation bio ( 520 familles adhérentes à la Carline soit 1800 consommateurs ), la mise en place d’une charte de territoire participative et agrément "d’un pays" porteur d’une identité et d’une sensibilité propres. Et finalement la labellisation comme BioVallée®.
 Une phrases clefs : « il faut remettre l’humain au centre ». Cela ne va pas de soi. L'humain, c'est aussi la St Barthélemy, Hiroshima, le Rwanda, Auschwitz, etc. Travailler sur la question de l’ambivalence que nous avons comme être humain est un élément fondamental. Voir les problèmes à l'extérieur ne suffit pas. Analyser ce qui vient de l’intérieur, et la façon dont nous nous traitons nous-mêmes, dont nous travaillons sur notre propre ambivalence : explique un organisateur.  Les relations humaines, le vivre ensemble sont plus dur que les relations aux choses. La chosification, la déshumanisation sont solutions de facilité.  L’économisme permet de passer du gouvernement des hommes à l’administration des choses. A Ecologie au Quotidien nous savons que l’on peut arroser le meilleur de l’homme…comme le pire. Nous avons choisi le meilleur.
 « Travailler moins et consommer moins pour vivre mieux…et se cultiver plus », c’est-à-dire choisir la sobriété volontaire. Comment la mettre en oeuvre ? Comment commencer ? Comment travailler moins pour vivre mieux ? Vivre de façon simple à la campagne est une réalité pour la moitié de la population mondiale et reste réalisable au Nord. Des exemples sont emblématiques. Le cheval de trait peut remplacer le tracteur sur de belles vignes en pente, la cuisine solaire est efficace même au Nord, etc. Enfin, plutôt que d’utiliser du béton dans la construction et la rénovation, le chanvre et le bois sont des alternatives qui permettent de faire vivre toute une filière locale de sa culture à sa mise en œuvre et de valorisation d’une filière autour du Pin noir du Diois » esquisse un adhérent qui milite à l’association depuis 2002.
L’empreinte écologique (surface de planète estimée nécessaire pour assurer la production de notre nourriture, nos vêtements, notre énergie, nos recyclages de déchets et nos émissions de CO2...), vulgarisée par le WWF en 2002 à Johannesburg, fait ressortir que chaque terrien use 2,7 hectares et que si chaque humain voulait vivre comme un français, il faudrait 3 planètes et 7 planètes pour vivre comme un américain. Nous ne disposons actuellement que de la seule terre et il est utopique d’imaginer « de garder notre système de consommation-prédation actuel dans les pays riches ».
« Nous devons donc nous engager volontairement vers une « sobriété heureuse » ( F.Brune) ou une « Simplicité volontaire » (P.Rabhi)... sur nos territoires. Non, la qualité de vie n’en pâtira pas : combien sont possibles les champs de la croissance des relations humaines de voisinage, amicales, familiales, associatives, de temps partagés avec nos enfants ou de temps de plaisir : musique, artistique, ballades, connaissance de la flore, faire du vélo ou des recherches sociologiques, de la relaxation ou l’apprentissage du jardinage... où 1000 fleurs peuvent nous épanouir, sans détruire, piller ou polluer... Sur nos territoires, l’exemple individuel doit être complété par l’exemplarité de collectivités locales afin de réviser nos certitudes…» conclue Anne Tesson. « Viendra un jour le temps des choses légères »...
Impacter tout un Territoire
« Passer du logiciel égo-compétitif au logiciel alter-coopératif, c’est un chemin, qui ne va pas de soi. Et c’est un chemin où nous avons besoin d’entraide. Vous pouvez très bien, fusse dans un mouvement hyperalternatif, avoir des logiciels égo-compétitifs qui fonctionnent en force. Alors nous avons revisité nos croyances… »
Dans le cadre des commissions constitutives (1999-2000) de l’Espace Social et Culturel de Die et du Diois, puis des "Carrefours" et plus particulièrement le " Carrefour Vie Locale" (2001-2002), des habitants du Diois se sont retrouvés régulièrement pour réfléchir " à une sensibilisation des habitants sur le thème de l’écologie ".
Après plusieurs réunions, plus que l’organisation d’une foire ou d’un festival, " c’est un travail pédagogique et culturel (les Rencontres de l’Ecologie auraient pu s’appeler tout aussi bien Les Rencontres culturelles, les Rencontres Citoyennes ou les Rencontres de l’ Emancipation) autour de nos gestes quotidiens envers les jeunes et les adultes et une valorisation des acteurs du Diois liés à l’écologie" qui a été choisi par le groupe "Ecologie au Quotidien". " Ecologie au Quotidien" a l’objectif de mettre en réseau des associations de l’ensemble de la vallée de la Drôme afin de mutualiser les informations, actions et projets allant dans le sens de l’Ecologie et des valeurs humanistes (Liberté, égalité, fraternité, droits de l’Homme, justice sociale, laïcité et parité). Ce réseau est un enrichissement de la société civile sur nos territoires, le résultat d’une responsabilisation de ses acteurs face aux enjeux de société et une volonté de travailler en commun pour un " Mieux vivre ensemble". Une écocitoyenneté en action. A ce jour, des associations de la Communauté des Communes du Val de Drôme, de Crest, de la C.C de Saillans et de la C.C du Diois participent à la construction du projet des "Rencontres de l’Ecologie au Quotidien" à travers le Grand Projet Rhône-Alpes Biovallée®. Cette synergie sur les différents territoires préfigure la mobilisation de la société civile sur ce projet de "développement humain durable" et sur un espace de cohérence et de cohésion que l’on appelle « Biovallée ». C’est sur l’ensemble de ces territoires que les Rencontres de l’Ecologie au Quotidien rayonnent. La commune de Die, la Communauté des Communes du Diois, le Parc Naturel Régional du Vercors, le Conseil Général de la Drôme, la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN), le Conseil Régional Rhône-Alpes (GPRA-Biovallée), l’Europe (Fond Leader géré par la CCD), etc.. sont partenaires du projet et de l’ action et sont ici remerciés pour leur facilitation, leurs financements leurs aides techniques.
L’espèce humaine face à son devenir et tant de questions…
Comment se fait-il que l’humanité, en dépit des ressources planétaires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans précédent, ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s’abriter, se soigner et développer les potentialités nécessaire à son accomplissement ?
Comment se fait-il que la moitié du genre humain, constituée par le monde féminin, soit toujours subordonnée à l’arbitraire d’un masculin outrancier et violent ?
Comment se fait-il que le monde animal, à savoir les créatures compagnes de notre destin et auxquelles nous devons même notre survie à travers l’histoire, soit ravalé dans notre société d’hyper consommation à des masses ou à des fabriques de protéines ?
Comment les mammifères auxquels j’appartiens ont-ils pu se croire le droit d’exercer d’innombrables exactions sur le monde animal, domestique ou sauvage ?
Comment se fait-il que nous n’ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planète, oasis de vie au sein d’un désert sidéral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la détruire aveuglément au lieu d’en prendre soin et d’y construire la paix et la concorde entre les peuples ?
Ces questions qui demeurent à ce jour sans réponse mettent en évidence la faillite de notre conscience et l’obscurantisme dans lequel nous évoluons en dépit de nos connaissances. C’est à tout cela que les Rencontres de Die veulent éveiller….
Ces 22 jours : un temps fort et pédagogique au cœur de l’Hiver
Une centaine de bénévoles, des animateurs, des élus, des jeunes se sont mobilisés autour du projet " Ecologie au Quotidien". Une restitution de ce travail a eu lieu en janvier et février 2012 lors des " Rencontres de l’Ecologie au Quotidien ». Cette manifestation était organisée à la salle polyvalente, dans les écoles, au lycée de Die, à l’écosite des Amanins de Crest, aux cinémas Le Pestel et l’Eden, à la médiathèque, à l’ Arrêt-Public de Crest, à l’Oignon de Saillan, aux Locaux-Loco, le Voltaire et Un Air de Famille à Die  lieux associatifs et autres sites du Diois et du Crestois. Ces 22 jours sont un moment privilégié de rencontres, de retissage de lien social, de découverte du travail sur le territoire, de réappropriation de la mémoire afin de construire une identité collective forte, de redynamisation de nos énergies respectives. L’événement est un acte significatif d’engagement local et global des habitants pour la planète et pour un territoire viable vivant, vivable, solidaire et désirable
« Développer une éco-citoyenneté en participant à la prise de conscience que ce n’est qu’en modifiant nos modes de vie et nos comportements que nous pourrons éviter une catastrophe écologique majeure au niveau mondial. Sensibiliser et responsabiliser les jeunes et les adultes au respect de l’environnement dans les gestes quotidiens pour un « mieux vivre »   et « vivre bien » sur le territoire et sur la planète. Mettre en valeur la spécificité du territoire Diois en valorisant les acteurs locaux, projets, actions et entreprises liés à la qualité environnementale et humaine. Créer une dynamique locale favorable au respect de tous et à la reconnaissance de chacun. Pour ce faire, contribuer à travers des actions conscientes et consciencieuses (on dit conscientisantes dans l’éducation populaire), à structurer le territoire en fédérant des associations autour de valeurs écologistes et humanistes à travers des actions locales. Développer la connaissance, auprès d’un public non averti, de l’impact des gestes individuels et des choix de consommation sur l’environnement et sur notre santé. Informer et donner des pistes pour des modes de vie plus responsables et plus écologiques. Engendrer une solidarité pour un projet commun de territoire vivant et de "haute qualité humaine". Valoriser l’Agriculture Biologique et ses déclinaisons (filières, transformation, commercialisation, etc…) à partir de son impact sur l’environnement et sur la santé pour développer le réseau de producteurs, de consommateurs et de distributeurs de produits biologiques. Enclencher un processus de sensibilisation et d’action sur tout le territoire et l’évaluer au cours de l’année suivante. Faire travailler des partenaires ensemble sur un projet commun, avec des responsabilités partagées. Nourrir un terreau afin que germent des initiatives en matière de citoyenneté et d’écologie » précisait Thierry Geffray, président de la Communauté des Communes du Diois dans son discours inaugural en 2008. Quelles expériences, outils, connaissances peuvent nous permettre de développer ce que Patrick Viveret appellera la résistance créatrice, l’expérimentation transformatrice, la Vision émancipatrice, la construction des conflits, la joie de vivre, la radicalité ( au sens d’ aller à la racine des choses), etc...
Et tout cela sans culpabiliser personne et éviter tout catastrophisme qui mène au fatalisme. Voila le travail de toute une année qui suit les Rencontres de Die. Que 1000 fleurs s’épanouissent…
Contact : Ecologie au Quotidien
DIE, Rhône-Alpes, France
Le Chastel 26150 DIE
Tel : 04 75 21 00 56       
Vidéos des Rencontres de l'Ecologie
Film de 1,56mn : http://www.terrealter.fr/voir.php?id=4
2009 Film de 2,30mn : http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss
Valérie Bourdin,
Pascal Daumas,
Marie-Jo Parbot Ricard (représentante : L’Arrêt Public), 
Reine Giorgi,
Caroline Ligouy, 
Jean-Yves Le Cruër,
Annick Paoli,
Anne Tesson,
Claude Veyret,
Hélène Bernard,
Gilbert David,
Anne Reynard,  
Hubert Fèvre,
Georges Roussel,
Patrice Eggenspieler,
Sophie-Dorothée Baugier, 
Abdoulaye Fall,
Loin Charlotte,
Catherine Letessier, (comptable)

La finance à l' assaut de la nature...



La finance dérégulée à l’assaut de la nature
A l'heure où les marchés financiers cherchent de nouvelles « valeurs refuges » après avoir épuisé celles qui l’étaient jusque-là (bulles informatique de 2001 et immobilière de 2008), les ressources naturelles représentent une véritable aubaine. Un nouveau marché de la biodiversité émerge aujourd’hui rapidement, avec la bénédiction des Etats et des institutions internationales qui ne savent plus rien opposer à la logique destructrice de la finance dérégulée.
Une comptabilité dangereuse qui financiarise le Bien commun
Depuis le milieu des années 2000, le marché de la biodiversité s’est institué à vive allure sur le modèle du marché carbone, avec notamment la publication en 2008 du Rapport TEEB (sur « l’économie des écosystèmes et de la biodiversité »), commandé par les ministères de l’environnement du G8, et dirigé par un banquier de la Deutsche Bank, Pavan Sukhdev. Ce rapport a stimulé le lancement en octobre 2010 du partenariat piloté par la Banque mondiale baptisé « WAVES », qui vise à « promouvoir le développement durable en garantissant l’intégration de la valeur des ressources naturelles dans les comptabilités nationales utilisées pour mesurer et planifier la croissance économique ».
Pour Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE, « s’il se trouve, dans votre économie, quelque chose que vous ne valorisez pas, cette chose n’a aucune valeur par essence ». Pour mettre un terme à ce « vide de valeur » qui affecte les ressources naturelles, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, commandée par l’ONU en 2005, recense quatre principaux types de services découlant des écosystèmes, appelés « services écologiques » : les services d’approvisionnement (comme la fourniture de bois, d’eau ou de ressources halieutiques), les services de régulation (du climat, maîtrise des crues…), les services culturels (usages récréatifs, valeurs spirituelles des paysages…) et les services de soutien, prodigués par les grands cycles naturels dont dépendent les trois autres, comme le cycle des nutriments ou la photosynthèse. Ces services concernent directement ce que la nature, par essence, prodigue aux êtres vivants pour leur survie, comme l’eau, l’air, la possibilité de vivre dans des conditions géophysiques tenables (pluie suffisante, qualité de l’air, fertilité du sol..), autant d’éléments que les régimes démocratiques considèrent comme relevant du Bien commun.
Or, le sommet de Rio de juin 2012 a consacré les principes de cette « économie verte » qui encourage la financiarisation des biens communs naturels. Il n’est pas étonnant d’apprendre que le document officiel issu des négociations de Rio+20 a été préparé en amont par un partenariat réunissant l’ONU, la Chambre internationale du commerce et de l’industrie, et le Conseil mondial des affaires pour le développement durable (WBCSD en anglais)- qui regroupe les plus grandes mutinationales, dont General Motors, DuPont, Coca-Cola et Shell1. Selon le WBCSD : « Aujourd’hui, le marché de la compensation de la biodiversité, voué à une croissance rapide, vaut minimum 3 milliards de dollars US »2. Une nouvelle profession est d’ailleurs née avec les « gestionnaires de certificats commerciaux de préservation », les nouveaux traders de la biodiversité. Pour faciliter la tâche des marchés financiers, plusieurs pays sont en train de créer les bases légales du PSE (« paiement pour services écologiques »), tandis que l’ONU montre l’exemple par l’adoption récente de son Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE).
La logique des marchés de compensation :  Créer de la valeur en continuant à détruire.
La finance dérégulée actuelle est devenue une force de destruction massive, comme en témoigne la disparition de pans entiers du tissu industriel qui ont pourtant une utilité dans l’économie réelle. Avec la recherche de la « rareté lucrative » - un bien devenant rare prend de la valeur –, la destruction qui raréfie devient utile : le pilonnage de milliers de livres sortis du réseau de distribution marchand ou la destruction de tonnes d’invendus alimentaires par exemple, permet d’éviter que les produits soient trop facilement accessibles, empêchant leur dépréciation. Ce mécanisme, ancré au cœur même de l’économie de marché, est un des plus puissants verrous contre l’instauration d’une véritable économie du recyclage. Rendre un bien ou un service payant incontournable en détruisant les moyens alternatifs de répondre à un besoin est aussi une stratégie bien rodée, comme en témoigne l’ingéniosité de certains constructeurs à rendre irréparables leurs produits ou la guerre que mènent les grands semenciers contre l’association Kokopelli3. Les marchés de compensation de la biodiversité franchissent un pas supplémentaire dans cette logique en revendiquant clairement le principe de protéger ici pour avoir le droit de continuer à détruire ailleurs.

Le marché carbone foisonne d’exemples de cette logique de pompier/ pyromane. Le protocole de Kyoto se fondait sur l’espoir que les crédits et droits d’émissions atteindraient des prix dissuasifs, incitant les entreprises à réduire leurs émissions. Or, le prix de la tonne carbone n’est plus que de quelques euros depuis 2006-2007, alors qu’il devrait être bien plus élevé pour être incitatif – par exemple, à 100 euros pour les compagnies aériennes. Mais au-delà, le marché carbone génère des effets d’aubaine qui incitent à continuer à produire des gaz à effet de serre. Par exemple, la firme indienne Chemplast Sanmar a gagné 10 millions de dollars par an en vendant des certificats de réduction d’émissions à des firmes américaines ou européennes, suite à sa réduction d’émissions de HFC-23, sous-produit de la fabrication des gaz réfrigérants4. Elle a gagné deux fois plus d’argent comme cela qu’en vendant ses gaz réfrigérants, ce qui ne peut que l’inciter à éviter de trop diminuer ses émissions si lucratives !
De son côté, la Banque mondiale verse des fonds aux pays du Sud pour qu’ils deviennent fournisseurs de « services environnementaux commercialisables » et propose des crédits de carbone pour compenser les émissions des industries extractives et de l’industrie forestière… deux secteurs qu’elle finance fortement en parallèle! Les Etats ne sont pas en reste, comme le Brésil qui se veut l’hôte pionnier des marchés des ressources naturelles; il œuvre à une réforme du Code forestier pour permettre à ceux qui ont abattu illégalement des arbres de la réserve légale de compenser leurs destructions en protégeant des zones de forêt intacte par l’achat de certificats de protection. Cette nouvelle « Bourse Verte de Rio de Janeiro », ouverte pendant la conférence Rio+20, revient clairement à remplacer la loi par le marché en matière de protection environnementale. Dans l’État brésilien d’Acre, la loi qui institue le « Système étatique d’incitations pour les services environnementaux » (SISA) a été adoptée en octobre 2010 sans aucune consultation populaire. Cette loi, considérée comme un modèle dans le monde entier, vise à « encourager le maintien et l’élargissement de l’offre » des services écologiques, et à créer « un climat de confiance pour [...] les investisseurs ». Des organisations de la société civile ont intenté une action en inconstitutionnalité contre cette loi, qui porte atteinte à la législation nationale sur les biens communs. La logique progresse aussi en Afrique, où dix chefs d’Etat et de gouvernement ont signé en mai 2012 la « Déclaration de Gaborone » qui vise à valoriser les richesses naturelles de l’Afrique dans le marché de la compensation biodiversité en formation.
Ainsi, les certificats de protection de la biodiversité existent et prennent de la valeur parce qu’il existe en parallèle des destructions de biodiversité ; et comme c’est la logique du marché qui s’applique, avec sa recherche de « rareté lucrative », il est à craindre que les destructions ne s’arrêteront pas de si tôt, permettant en prime des privatisations obscènes des Biens communs.
Le double discours des pompiers pyromanes
Les pompiers pyromanes, qui ne peuvent renoncer à rien sans gagner quelque part, ont développé  un double discours pervers : le discours de la préservation est conditionné à celui du bénéfice (qu’il soit financier, d’image, d’espace...). Une loi non négociable (par exemple, celle qu’on attendrait sur les Biens communs) est proprement insupportable pour eux. Le secteur financier réunit à Rio+20 a adopté la « Déclaration du Capital Naturel » ; cette dernière commence par des constats lucides sur la dégradation des ressources et « le coût réel de la croissance économique » : «Nous demandons donc aux gouvernements de développer des cadres politiques qui soutiennent et incitent les organisations, et notamment les institutions financières, d’évaluer et rendre compte de leur utilisation de capital naturel, ce qui contribuerait à l’internalisation des coûts environnementaux ». Mais ces pertes (les coûts environnementaux pris en compte) doivent être compensées par des « incitations », sous-entendue l’ouverture de nouveaux marchés: «  Parce que le capital naturel fait partie des biens communs mondiaux et est traité largement comme un bien gratuit, les gouvernements doivent agir pour créer un cadre réglementant et donnant des incitations au secteur privé – y compris au secteur financier – pour que ce dernier opère de façon responsable concernant son utilisation durable ». Dans son introduction au Guide de l’évaluation des écosystèmes pour les entreprises, Björn Stigson, le président du WBCSD, souligne :  « L’eau douce est un intrant crucial pour la plupart, si ce n’est pour tous les processus industriels, la pollinisation et le contrôle des nuisibles sont essentiels pour maintenir la production alimentaire. Malheureusement la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes continuent de s’accentuer, mettant ainsi en péril l’avenir de nos entreprises. Bien gérés, ces risques, quoique réels, peuvent être transformés en de nouvelles opportunités économiques ». Le guide souligne l’importance du marché des compensations qui émerge, en nous informant qu’en 2008, le coût des externalités environnementales (positives et négatives) approchait les 7 mille milliards de dollars US (11% de la valeur de l’économie mondiale) et que les 3 000 plus grandes entreprises mondiales étaient responsables de 35% de ce chiffre. Comme quoi, biens détruits et biens protégés se renforcent l’un l’autre dans le super marché des ressources naturelles !
La banalisation de cette logique est en passe – peut-être dans dix, vingt ans si aucune limite n’est posée - de réussir le tour de force de nous faire payer, au nom de la seule « capacité à acheter » par certains, ce que la nature nous donne à tous, simplement parce que nous existons. L’argument des promoteurs des services écologiques selon lequel « on ne protège pas bien ce qui n'a pas de valeur financière » ne tient pas quand on décide de restaurer des limites non négociables à l’extension démesurée d'une finance devenue parasitoïde. Les Etats qui décideraient de ne plus être à sa merci, la société civile consciente et mobilisée, peuvent renverser la donne... pour que notre système dérégulé cesse de donner raison à ceux qui affirment que, si elles ne sont pas intégrées au marché financier, les « forêts ont plus de valeur mortes que vivantes ».
Alice Médigue  (écrivaine drômoise,  auteure du livre « Temps de vivre, lien social et vie locale » aux éditions Yves Michel http://www.yvesmichel.org/webmaster/espace-societe/temps-de-vivre)
1 Cf le rapport publié par les Amis de la Terre en juin 2012 : « Reclaim the UN from corporate capture » disponible sur www.foei.org
2 Guide de l’évaluation des écosystèmes pour les entreprises, avril 2011, p.11
4 La nature n’a pas de prix. Les méprises de l’économie verte, ATTAC, les liens qui libèrent, 2012 (rédigé par Geneviève Azam, Christophe Bonneuil et Maxime Combes).

mardi 29 janvier 2013

Zero pesticide , c'est trés possible...

Pesticides : les communautés bretonnes donnent l'exemple

CARREFOUR DE L'EAU - Les lauréats du prix Zéro phyto s’engagent à n’utiliser aucun produit phytosanitaire...

Environ 10% des communes de Bretagne auraient changé leurs habitudes d’entretien des espaces verts. Et pas qu’un peu. Car les lauréats du prix Zéro phyto, remis chaque année depuis 2009 par le conseil régional lors du carrefour des gestions locales de l’eau, s’engagent à n’utiliser aucun produit phytosanitaire. En d’autres termes, zéro pesticide. «Il y a eu une vraie prise de conscience témoigne Stéphane Gourmaud, chargé de la politique de l’Eau à la Région. Au début de l’opération, on allait chercher les candidats. Maintenant, c’est l’inverse qui se produit.» Il faut dire que l’enjeu est de taille, à plus forte raison en Bretagne, où près de 80% de la ressource en eau potable vient des eaux de surface, les plus fragiles aux pesticides.
Faire disparaître les mauvaises habitudes
Seulement, même avec des subventions, les mauvaises habitudes ne disparaissent pas en un coup de bêche. Dans la petite commune de 3300 âmes de Plouer-sur-Rance, récompensée il y a deux ans, on a entamé la réflexion sur les produits phytosanitaires dès 2001. Lâcher sa bouteille de pesticides sans pour autant remettre goût du jour la binette de jardinier, «tout cela prend du temps, indique Alain Adam, adjoint aux travaux, voierie et eau potable. Le changement nous a obligés à travailler et à raisonner différemment.»
Dans l’impossibilité de puiser dans leurs 30 litres de désherbant annuels, deux agents municipaux ont équipé un mini-tracteur d’un attirail de leur fabrication, la Plourasette. Utilisé sur les sentiers sablés qui jalonnent la commune, l’appareil arrache l’herbe directement en passant ses lames sous le sable. Forte de son succès, la Plourasette est brevetée et désormais commercialisée. Comme quoi ce qui ressemblait au départ à un retour en arrière peut parfois pousser à l’innovation.
Les communes récompensées de plus en plus grandes
Avec ses 16000 habitants, Landerneau est le grand poucet des éditions précédentes. Son maire, Patrick Leclerc, confesse des débuts difficiles. «Deux lieux nous posaient notamment problèmes. L’utilisation de produits phyto sanitaires sur le cimetière nous laissait tranquille pendant plusieurs semaines. A la main, ou au bruleur,  Du coup, on a pris le parti de le végétaliser. Sur les terrains de sport, il a fallu faire usage de pédagogie auprès des usagers et adopter de nouvelles techniques pour maintenir la qualité du gazon.» Etendue au fleurissement, et aux abords de rivières, cette gestion raisonnable des espaces verts n’est pas dénuée de tout sens esthétique. A ce sujet, Landerneau a reçu sa première fleur du concours des villes et villages fleuris, il y a quelques mois. Aussi la Région a-t-elle créé en 2012 un prix spécial Zéro phyto pour les communes qui, comme Landernau, peuvent jouer sur les deux tableaux.
La barre des 120 communes sera atteinte cette année. Stéphane Gourmaud ne crie pas victoire mais constate simplement : «On a commencé sur de petites communes rurales où les contraintes visuelles étaient peut-être moindre, et les gens moins difficiles à convaincre. On voit aujourd’hui que plus les années passent, plus les villes qui tentent d’atteindre le zéro phyto sont grandes. Cette année, on mettra d’ailleurs en avant l’agglomération Brest Métropole Océane. Rennes, aussi, tend vers cet objectif.» En s’engageant dans la voie de l’exemplarité, les communes bretonnes se donnent des moyens d’entamer un dialogue d’égal à égal avec leurs habitants et, éventuellement, leurs agriculteurs. En France, les derniers représentent 90% de la consommation totale de produits phytosanitaires.
MCD

La Transition Energétique en marche sur la Biovallée...

Le débat sur la transition énergétique entre dans le vif du sujet

Comment évoluer vers un système énergétique plus sobre et moins dépendant du pétrole et du nucléaire, à quel coût et à quel rythme? Le débat national sur la transition énergétique a enfin commencé jeudi à aborder les questions de fond, après un démarrage lent et chaotique.
Le Conseil national, qui regroupe une centaine de représentants des différentes parties prenantes (Etats, élus, salariés, employeurs, ONG, consommateurs, parlementaires...) a discuté durant plus de quatre heures d'un document devant dresser un état des lieux du système énergétique, et poser les principales problématiques du débat.
«On a enfin abordé les sujets de fond», s'est félicité l'élu écologiste Yves Cochet, résumant le sentiment général.
«C'était chaud mais c'était bien», a résumé pour sa part la «facilitatrice» du débat, Laurence Tubiana, soulignant que chacun avait tenu à ce que ses positions soient évoquées dans ce document.
Lancé formellement fin novembre par le gouvernement, ce débat doit proposer des trajectoires pour parvenir à un système énergétique plus sobre et plus écologique, conformément à l'engagement de réduire la part de l'atome dans la production électrique de 75% à 50% en 2025, et de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.
La phase de décollage du débat avait été lente et marquée par des tensions avec des ONG et les entreprises, et les deux premières réunions du conseil national consacrées aux questions de procédure.
Même si les discussions sont restées courtoises, ce jeudi, les lignes de fractures déjà connues ont été clairement exprimées.
«Il y a des polarisations», a reconnu Mme Tubiana.
Parmi les sujets sensibles, le nucléaire a été mis sur le tapis par plusieurs intervenants. La CGT a présenté un plaidoyer des salariés de la centrale de Fessenheim contre sa fermeture, voulue par le gouvernement, tandis que l'ONG France Nature Environnement a contesté un chiffrage du coût réel du nucléaire.
Les questions de la décentralisation de la production énergétique, de l'emploi, ou encore de l'envolée des factures d'énergie ont également été posées.
Les travaux doivent aboutir à un document mi-février, qui servira de base à la poursuite du débat, qui jusqu'à juin sera animé par une série de groupes de travail au niveau national et se déclinera par des débats publics dans les régions, certaines ayant déjà devancé l'appel.
Le Conseil national devra ensuite de faire la synthèse en juillet et formuler des recommandations qui aboutiront à la rentrée à un projet de loi de programmation.
«Le débat n'est pas plié, la loi n'est pas écrite et les recommandations ne sont pas rédigées», a insisté Laurence Tubiana.
Alain Grandjean, président du Comité des experts, l'un des organes du débat, a averti que compte tenu de la complexité des enjeux, à la fois économiques, sociaux, environnementaux, il ne fallait pas «se noyer dans des milliers de considérations», étant donné qu'«une loi de programmation, ce n'est pas un document de mille pages».
La ministre de l'Energie Delphine Batho, en grande ordonnatrice, a réaffirmé son souhait que ce débat soit «transparent, ouvert et populaire».
Reste à savoir si les Français seront au rendez-vous, alors qu'un sondage   réalisé en décembre montrait que seul un sur cinq avait entendu parler de ce débat.
Pour mobiliser le plus grand nombre, des «journées de l'énergie» seront organisées du 29 au 31 mars sur le modèle des journées du patrimoine, ainsi qu'une «journée citoyenne», le 25 mai. A cette occasion, chaque région réunira un panel d'une centaine de personnes censées apporter leur propre regard sur la question. Enfin, un comité citoyen national représentatif d'une vingtaine de personnes se réunira à partir du 16 février.
MCD

Saint Julien en Quint : Coop'aire de jeux , une belle asso....



Assemblée générale de la Coop'aire de jeux
Lundi 14 janvier 2013 à Saint-Andéol
BILAN MORAL
A la fin de l'année 2012, l'association comptait 54 adhérents à jour de leur cotisation (37 particuliers et 17 structures). Il y en avait 30 en 2011.
Jeux : L'association possède 247 jeux (contre 212 fin 2011) dont 56 mis à disposition par Maryline. Parmi ces jeux, il y a 27 grands jeux de plein air.
Activités : Prêt de jeux : Les grands jeux de plein air sont généralement empruntés à la belle saison et les jeux de société sortent pendant l'année scolaire. L'emprunt de jeux s'adresse à tous, particuliers et structures (cette année école de Boulc, Croix- Rouge, Espaces jeunes de l'ESCD, Comité des fêtes de Poyols)
En 2010, 98 jeux ont été empruntés dont 48 petits jeux
En 2011, 184 jeux sont sortis dont 102 petits jeux
En 2012, 434 jeux sont sortis dont 321 petits jeux plus 10 livres
Animations
Dans le Diois : La particularité de cette année passée est le partenariat avec la médiathèque départementale du Diois/Vercors qui a amené à faire davantage connaître la Coop'aire de jeux et de nouvelles familles adhérentes.
Le partenariat avec l'espaces jeunes de l'ESCD se poursuit et permet notamment d'animer un temps au collège avec le Club jeux en prêtant des jeux. Nous pouvons ajouter à ces animations celles aux rencontres de l'écologie, à Beaumont-en-Diois pour la fête du village, à l'ancien Monastère de Sainte-Croix pour les marchés beeeô, à Die au Martouret pour la journée d'intégration des classes de seconde du lycée Armorin de Crest, au Foyer Socio-éducatif du collège, à la Fête dioise du jeu.
Ailleurs : à Dijon pour une soirée de séminaire d'entreprise, à Bourg-les-Valence pour la fête du jeu, à Dieulefit dans l'école de Beauvallon, à Saint-Julien-Vercors pour la « Grande Récré », à Plan de Baix pour Unipaz,
Formations
Une formation offerte à 25 jeunes en service civique par le biais de l'association Unis-cité à Valence le 15 novembre.
Une formation proposée le 29 novembre au réseau de personnes côtoyant la Coop'aire de jeux. 17 personnes sont venues, parfois même de très loin (Nice) pour participer à 6 heures de théorie et de pratique autour des jeux coopératifs à Saint-Julien-en-Quint.
Participation à un collectif
Réseau d'actions ludiques (Rhône-Alpes) : réunion le 26 novembre à la maison des Jeux de Grenoble sur l'actualité ludique
Participation à une manifestation ludique d'envergure
Festival international des jeux Cannes du 1er au 3 mars
Par ailleurs, Maryline a décidé de s'inscrire comme autoentrepreneur en octobre dernier de façon à facturer des heures de prestations d'animation à la Coop'aire de jeux ainsi qu'à d'autres structures.
Perspectives 2013 :
Déménagement du stock jeu de société dans un local à Die pour y tenir une permanence hebdomadaire de prêt de jeux ouverte au public
Réédition de la fête dioise du jeu (date à définir ensemble courant novembre a priori)
Eventuelle embauche d'une jeune personne en service civique mutualisé avec d'autres structures
Développement du pôle formation avec l'obtention de l'agrément formation professionnelle
Utilisation d'un logiciel de gestion de ludothèque pour créer une base de données des jeux et la mettre en ligne
Finalisation du site Internet et achat d'un nom de domaine
Edition d'une nouvelle plaquette d'information
Emissions de radio régulières de type « chroniques ludiques »
Maryline Wolf-Roy pour l'association 
Coop'aire de jeux
coopaire@gmail.com

dimanche 27 janvier 2013

Inutiles....

Grands projets inutiles

Lyon-Turin : comment Hollande s’apprête à dépenser 11 milliards pour que les businessmen prennent le train

Relier Lyon et Turin en deux heures, une belle idée… au coût pharaonique de 26 milliards d’euros ! C’est pourtant bien ce que comptent dépenser les gouvernements français et italien pour creuser une ligne à grande vitesse sous les Alpes. Prévisions de trafic marchandises à la baisse, conflits d’intérêts, perte de foncier agricole, absence de débats publics, pollutions de la vallée de l’Isère et de la Maurienne... Les opposants dénoncent un « grand projet d’inutilité publique ». Enquête.
C’est un projet d’infrastructure gigantesque, déjà vieux de vingt ans. La réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin prévoit notamment de creuser sous les Alpes le plus long tunnel d’Europe (57 km). Initié au début des années 90 par François Mitterrand, le projet a été remis au goût du jour ces derniers mois par François Hollande. Le 3 décembre, aux côtés du président du conseil italien Mario Monti, il a réaffirmé l’intérêt du projet transalpin avec la signature d’une « déclaration commune relative au tunnel Lyon-Turin ». François Hollande vient ainsi d’engager l’État français à financer 42 % du projet. Soit 11 milliards d’euros ! Objectif de cette dépense : relier Lyon et Turin en 2h, Paris et Milan en 4h30.
Côté italien, le projet suscite une vaste opposition de la part des « No Tav » (pour Treno a alta velocità, train à haute vitesse). Entre occupations de chantier, batailles rangées contre les forces de l’ordre et manifestations de milliers de personnes, ils sont parvenus à retarder de plusieurs années le lancement des travaux. « Notre-Dame-des-Landes et No Tav sont deux luttes sœurs. On retrouve le même activisme des gouvernements à empêcher toute expression par la force militaire », estime Paolo Prieri, l’un des coordinateurs italiens de la lutte. En France, la contestation monte. Mais la militarisation de la répression va bon train.
Des milices privées pour protéger le chantier ?
Le gouvernement italien, soucieux de démarrer rapidement le chantier – à cause d’une possible annulation de subventions européennes – a mobilisé 2 000 carabinieri en juin dernier pour protéger les débuts des travaux : le percement de la galerie de la Maddalena, à proximité de Suse. Le coût du dispositif policier avoisinerait les 868 millions d’euros, pour 56 mois de travaux, rapporte le site La voix des Allobroges. Les travaux sur cette galerie sont estimés à 143 millions d’euros...
Le chantier de la ligne Lyon-Turin pourrait-il prendre la tournure d’une « zone militaire d’intérêt stratégique » des deux côtés de la frontière ? Une filiale commune de Réseau Ferré de France (RFF), qui gère le réseau ferré national, et de son homologue italien Rete Ferroviaria Italiana, la société LTF (Lyon Turin Ferroviaire) est « en charge des études et des travaux de reconnaissance » pour la section transfrontalière de la ligne de chemin de fer. Ses prérogatives semblent aller plus loin. En septembre 2012, cette société a émis un appel d’offre d’une valeur d’1,8 million d’euros pour « le support logistique aux forces de l’ordre présentes dans la zone de chantier ».

Via ce marché, RFF va donc contribuer à la rémunération de forces de l’ordre privées pour sécuriser le chantier côté italien. « C’est très grave, souligne Paolo Prieri, d’autant que cela se fait dans l’opacité la plus totale. Mais les pressions n’auront pas de prise sur nous, nous sommes résolus. »
Un coût similaire au déficit de la Sécurité sociale
Le coût de la sécurité du chantier alourdit une note déjà bien salée. Le tunnel entre l’Italie et la France a été d’abord évalué à 8,5 milliards d’euros. Mais les « coûts prévisionnels sont en forte augmentation », pointe la Cour des comptes, qui a adressé un référé au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en août dernier. L’estimation du coût global est passée de 12 milliards d’euros, en comptant les accès au tunnel côté français et le renforcement des règles de sécurité dans les tunnels, à 26 milliards !
Le coût de la seule partie française serait supérieur à 11 milliards d’euros, soit l’équivalent des prévisions du déficit de la Sécurité sociale en 2013. La Cour des comptes prévoit une réévaluation, car ce budget ne prend pas en compte les difficultés géologiques, révélées par les premiers forages. Plus grave : « Les données disponibles concernant le projet ferroviaire Lyon-Turin ont difficilement permis d’apprécier l’évolution des coûts », relève la Cour des comptes. Plus de dix millions d’euros auraient été versés pour le creusement de la galerie de Venaus qui n’a jamais vu le jour, pointe l’hebdomadaire Politis. Une illustration de la gestion douteuse du projet par son maître d’ouvrage, la société Lyon-Turin Ferroviaire.
Malgré ces réserves, Jean-Marc Ayrault persiste et signe. Dans sa réponse à la Cour des comptes, datée du 8 octobre, il réaffirme la volonté du gouvernement de réaliser le tronçon de ligne grande vitesse. Il reconnaît pourtant que « le budget nécessaire à la réalisation de ce grand projet est considérable, spécialement à un moment où le niveau des dépenses publiques doit être maîtrisé. En conséquence, une participation importante de l’Union Européenne au financement du projet est indispensable ». La participation financière européenne dépend du futur budget européen 2014-2020. Parallèlement, l’Élysée envisagerait un recours aux crédits de la Banque européenne d’investissement et à des emprunts obligataires. Bref, s’endetter davantage dans le seul but de relier Lyon et Turin en 2h...
Un projet écologique ?
Le gouvernement Ayrault justifie cet investissement faramineux par sa volonté de réduire le trafic routier – et les émissions de CO2 – avec un transfert vers le rail. « Toutes les études ont tablé sur une croissance inéluctable du trafic routier. Mais dans les faits, le trafic des marchandises diminue sur l’axe Lyon-Turin », rétorque Daniel Ibanez, de la coordination des opposants. En 2011, le transport des marchandises était effectivement équivalent à celui de 1988 [1]...
« Le risque de saturation des infrastructures existantes n’est aujourd’hui envisagé qu’à l’horizon 2035 », confirme la Cour des Comptes. De quoi remettre sérieusement en question la pertinence du projet. La ligne existante n’est utilisée qu’à 20 % de sa capacité, renchérissent les opposants. Qui suggèrent de construire des plateformes de chargement, de favoriser le transport combiné, ou d’imposer le remplissage des camions... La Cour des comptes va dans le même sens en proposant « de ne pas fermer trop rapidement l’alternative consistant à améliorer la ligne existante ». Les opposants à la LGV Lyon-Turin soulignent que 90 % des émissions de CO2 en Savoie et Haute-Savoie proviennent des automobiles et poids lourds de desserte régionale, contre 10 % pour le trafic poids lourds franco-italien. « Il ne s’agit pas de ne rien faire mais au contraire de faire immédiatement, en commençant par investir dans les transports collectifs de proximité », estiment les No Tav. Les 11 milliards n’y seraient-ils pas mieux investis ?
Utilité publique pour business privé
Le jour où la Cour des comptes confirmait un coût supérieur à 11 milliards d’euros pour la France, la commission d’enquête rendait son avis favorable. L’aspect financier étant essentiel pour l’appréciation de l’utilité publique, pourquoi la commission d’enquête n’a-t-elle émis aucune réserve ? Plusieurs conflits d’intérêts entachent le dossier. Dans son rapport, la commission d’enquête incite fortement RFF, le maître d’ouvrage, à passer un marché avec une entreprise de travaux publics dirigée... par le frère d’un des commissaires enquêteurs ! Le Canard enchaîné, qui a révélé l’affaire le 3 octobre dernier, indique que le coût de cette opération pourrait générer « un chiffre d’affaires de 20 à 50 millions d’euros ».

Les opposants pointent d’autres conflits d’intérêts chez les membres de la commission d’enquête [2]. Son président, Pierre-Yves Fafournoux, a également participé au travail sur le contournement ferroviaire autour de Lyon (CFAL), dont la rentabilité dépend de la réalisation de la LGV Lyon-Turin [3]. « Comment avoir une appréciation impartiale des projets CFAL et Lyon-Turin en ayant instruit dans une décision récente une forte dépendance économique entre les deux projets d’investissements d’un même maître d’ouvrage ? », interrogent les opposants. Dans son référé du 5 novembre, la Cour des Comptes rappelle que les intervenants ne devaient avoir « eu à travailler sur le dossier et [n’avoir] pas de conflit d’intérêt au regard des suites du projet ». Les No Tav demandent l’annulation de l’enquête publique.
3 millions de m3 de déchets entassés dans les villages
Trois descenderies et des couloirs de forage ont déjà été creusés sur le territoire français, dont une à Villarodin-Bourget (Savoie). « 400 000 m3 de déblais sont stockés en contrebas de notre commune alors qu’il ne devait en rester aucun », s’emporte le maire Gilles Margueron. « Avec le creusement de la ligne de train, on va se retrouver avec 3 millions de m3 sur les bras ». Résultat : un paysage défiguré, avec des conséquences sur l’activité économique et touristique du village. « Quand on demande à ce que ces déblais soient entreposés plus loin, on nous répond que cela alourdirait le bilan carbone du projet », ironise le maire, désabusé.
Sur la commune savoyarde d’Avressieux, on se demande aussi où seront stockés les millions de mètres cubes de remblais. Certaines maisons de la commune ont été détruites, d’autres deviendront invivables. « Des voies avec 100 mètres d’espacement vont être construites dans la zone humide afin de protéger les grenouilles », remarque Richard Mangeolle engagé dans le collectif local d’opposition. « Franchement, il vaut mieux être une espèce protégée qu’un être humain pour ce projet ! En saucissonnant les financements par tronçons, ils saucissonnent aussi les luttes ».
11 milliards d’euros pour 3 000 emplois précaires
Les défenseurs de la LGV ont annoncé jusqu’à 30 000 emplois directs générés par le chantier, entre 2014 et 2021 [4]. Des chiffres revus à la baisse par Louis Besson, président de la Commission intergouvernementale Lyon-Turin : après avoir promis 10 000 emplois, il a admis qu’il n’y aurait que 3 000 emplois créés. Soit, rapporté au coût du projet, 3,7 millions d’euros par emploi... Des emplois qui ne dureront que le temps du chantier, quand ceux dans le tourisme et l’agriculture seront détruits. « Le foncier est l’outil de travail des paysans, souligne dans un communiqué la Confédération Paysanne de Savoie et de Haute-Savoie, fermement opposée au projet. Il en va dans le cas du projet Lyon-Turin de la dévastation de 1 500 hectares sur l’ensemble d’un tracé qui éliminera les paysans, détruira l’activité économique et la vitalité d’un territoire ».
Ce front agricole s’est élargi fin novembre aux Jeunes agriculteurs et à la FDSEA de Savoie qui « confirment leur position de rejet du projet Lyon-Turin et mettent en cause le bien fondé de ce projet inutile ». Des organisations environnementales rejoignent l’opposition, comme France Nature Environnement, pourtant inflexible défenseur du transport ferroviaire de marchandises. Dans une lettre, ils demandent au ministère de l’Écologie l’ouverture d’un débat public sur les transports alpins.
EELV, le Parti de gauche et des élus UMP s’inquiètent
Côté PS, on demeure inflexible. « Il serait incompréhensible que la France renonce au Lyon-Turin pour lequel 800 millions d’euros ont déjà été mobilisés », peste Jean-Jacques Queyranne, le président (PS) de la région Rhône-Alpes. Autant donc dépenser les 10,2 milliards d’euros qui restent. Plusieurs élus et partis politiques commencent cependant à sérieusement s’inquiéter. Les écologistes de la région Rhône-Alpes, d’abord favorables au projet, font volte-face. « Les infrastructures nouvelles sont prédatrices d’espace, d’énergie et de deniers publics, déclare Europe Écologie dans un communiqué, elles doivent être proportionnées aux besoins présents et raisonnablement estimables à l’avenir. » Le Parti de Gauche demande un moratoire sur le projet. Le député UMP de Savoie Dominique Dord, maire d’Aix-les-Bains, se demande aujourd’hui s’il n’y pas eu « abus de conscience ». Il demande à RFF de se prononcer sur les hypothèses d’augmentation du trafic de marchandises. « S’il n’y a pas d’augmentation, voir même une légère baisse, je considérerai que j’ai été abusé par les experts ».
Un projet « très ambitieux », « un pilotage insuffisant », des coûts prévisionnels « en forte augmentation », des prévisions de trafic « revues à la baisse », une « faible rentabilité socioéconomique », un financement « non défini » : autant de réserves émises par la Cour des comptes et appuyées par le travail de fond mené par les membres de No Tav. Si le projet n’a fait jusqu’ici l’objet d’aucun débat public, François Hollande devra néanmoins passer par le Parlement pour ratifier l’accord signé entre Mario Monti et Nicolas Sarkozy en janvier 2012. Pour l’italien Paolo Prieri, « le problème qui est posé n’est pas seulement celui d’une ligne à grande vitesse mais d’un grand projet d’inutilité publique ».
Sophie Chapelle
Photos : © Tempi / © Romain388
© Carte : Ministère de l’Ecologie
Notes[1] Selon l’Office fédéral des transports suisse, le tonnage de marchandises transportées entre la France et l’Italie en 2011 est égal à celui de 1988 dans les Alpes du Nord. Lire à ce sujet la contribution rédigée par le collectif BOLGV, membre de la coordination contre la ligne nouvelle.
[2] Les membres de la commission d’enquête sont les suivants : Pierre-Yves Fafournoux (Président), Anne Mitault (remplaçant le Président en cas d’empêchement), Pierre Blanchard, Raymond Ullamann, Guy De Vallée, Claude Chevrier, Gérard Blondel, Guy Truchet, Yves Cassayre, Philippe Gamen, Alain Kestenband, Guy Gastaldi, Jean-Paul Gout.
[3] Le rapport d’enquête qui en est issu donnait un avis favorable en estimant que le taux de rentabilité interne du CFAL était « très dépendant (...) en particulier de la réalisation de la voie Lyon-Turin »
[4] Source : Journal Rhône-Alpes - N°25 - été 2012. Numéro spécial Grands projets.

samedi 26 janvier 2013

Les voyous des gaz de schiste repartent en guerre...

Gaz de schiste : un rapport censuré aux Etats-Unis sous la pression de l’industrie

L’Agence américaine de protection de l’environnement est sous le feu des critiques, accusée d’avoir censuré un rapport sur les dangers de la fracturation hydraulique. Cette technique, nécessaire à l’extraction des gaz et pétrole de schiste, constituerait bien une menace directe dans l’approvisionnement en eau potable. Les organisations écologistes reprochent à l’Agence américaine d’avoir plié sous la pression de l’industrie.
L’Agence de Protection Environnementale des Etats-Unis (EPA) a t-elle censuré un rapport mettant en cause la fracturation hydraulique, sous la pression de l’industrie gazière et pétrolière ? C’est ce qu’assure l’agence Associated Press qui s’est procuré le rapport de l’EPA révélant que la fracturation hydraulique, technique nécessaire à l’extraction des gaz et pétrole de schiste, constitue une menace directe dans l’approvisionnement en eau potable.
Des bulles dans l’eau, « comme du champagne »
L’affaire débute en 2010 à Weatherfod au Texas. La famille Lipsky constate que l’eau « potable » de la maison commence à « faire des bulles comme du champagne ». « Au début, l’EPA a estimé la situation si grave qu’elle a émis une ordonnance d’urgence fin 2010 établissant qu’au moins deux propriétaires étaient en danger immédiat du fait d’un puits saturé de méthane inflammable », écrit l’Associated Press (AP). La compagnie Range Resources, propriétaire de plusieurs puits de gaz au Texas, dont l’un situé à moins de deux kilomètres de la maison des Lipsky, est pointée du doigt.
L’agence environnementale ordonne à la société de prendre des mesures pour nettoyer leurs puits et fournir de l’eau sûre aux propriétaires affectés. Range Resources menace alors de ne pas prendre part à une étude menée par l’EPA concernant le lien entre la fracturation hydraulique et la contamination de l’eau, ni d’autoriser les scientifiques du gouvernement à accéder à ses sites de forage. Sans explication officielle, l’EPA opère en mars 2012 un revirement en retirant son ordonnance d’urgence et en décidant de mettre fin à la bataille judiciaire.
Preuves dissimulées ?
L’Agence états-unienne ne rend pas non plus public le rapport commandé quelques mois plus tôt à un scientifique indépendant, Geoffrey Thine. Après avoir fait analyser les échantillons d’eau prélevés dans 32 puits, le chercheur conclut que le gaz présent dans l’eau potable de la famille Lipsky pourrait bien provenir de l’opération de fracturation hydraulique. « Je ne peux pas croire qu’un organisme qui connait la vérité sur quelque chose comme ça, ou dispose de telles preuves, ne les utiliserait pas », a déclaré Lipsky auprès de l’AP. Cet habitant est désormais contraint de payer 1 000 $ par mois pour avoir de l’eau potable acheminée jusqu’à sa maison. Les autorités de l’État ayant déclaré que Range Resources n’était pas responsable, la compagnie a cessé ses opérations de nettoyage des puits.
« Il est inadmissible que l’EPA, qui est en charge de la protection des ressources vitales de notre pays, se replie sous la pression de l’industrie gazière et pétrolière, s’insurge la coalition Americans Against Fracking. Cette affaire montre que la fracturation hydraulique ne peut être réglementée de manière sûre quand l’industrie du pétrole et du gaz peut user de son influence considérable pour contourner les règles en sa faveur. » La coalition demande l’interdiction de la fracturation hydraulique. En 2012, 200 mesures locales visant à interdire la fracturation ont été prises à travers les États-Unis.
Sophie Chapelle
Photo Une : Food and Water Watch

On jette 50 % de la nourriture dans le monde...

De la nourriture pour manger ou pour jeter ?


Nous vivons dans un monde d’abondance. On produit aujourd’hui plus de nourriture qu’à aucune autre période de l’histoire. La production alimentaire a été multipliée par trois depuis les années 1960, tandis que la population mondiale, depuis lors, n’a fait que doubler. Il y a donc bien assez de nourriture pour tout le monde. Malgré cela, selon ce qu’indique la FAO, 870 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim et, chaque année, on gaspille 1,3 milliard de tonnes de nourriture, soit un tiers de la production planétaire. De la nourriture pour manger ou pour jeter ? Telle est la question. Dans l’Etat espagnol, d’après la Banque Alimentaire, on jette chaque année 9 millions de tonnes de nourriture en bon état. En Europe, ce chiffre atteint 89 millions, selon une étude de la Commission européenne, soit 179 Kg par habitant et par an. Un nombre qui serait même encore plus élevé si on incluait dans ce rapport les résidus des aliments d’origine agricole dans le processus de production ou ce qui est rejeté dans la mer par l’industrie de la pêche. En définitive, on estime qu’en Europe, tout au long de la chaîne agroalimentaire, du champ à l’assiette, on perd jusqu’à 50% des aliments sains et comestibles.
Gaspillage et dilapidation d’un côté et famine et pénurie de l’autre. Dans l’Etat espagnol, une personne sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, soit 21% de la population. Et d’après l’Institut National de Statistiques, on estime qu’en 2009 plus d’un million de personnes avaient des difficultés pour manger le minimum nécessaire. Aujourd’hui, dans l’attente des chiffres officiels, la situation est sans aucun doute pire encore. Dans l’Union européenne, ce sont 79 millions de personnes qui ne dépassent pas le seuil de pauvreté, soit 15% de la population. Et parmi elles, 16 millions de personnes reçoivent une aide alimentaire. La crise transforme le gaspillage alimentaire en un drame macabre où, tandis que des millions de tonnes de nourriture sont dilapidées annuellement, des millions de personnes n’ont rien à manger.
Comment et où jette-t-on une telle quantité de nourriture ? A la campagne, quand le prix descend en dessous des coûts de production, ou quand le produit ne répond pas aux critères de taille et d’aspect édictés, il est plus rentable pour l’agriculteur de laisser les aliments que de les récolter. Dans les marchés majoritaires ou dans les centrales d’achat, les aliments doivent passer par une sorte de « concours de beauté » qui répond à des critères établis par les grandes chaînes de supermarchés. Dans la grande distribution (supers, hypermarchés...), qui nécessitent un nombre élevé de produits pour être toujours en permanence remplis, même si une bonne partie deviennent caducs et doivent être jetés, il se produit des erreurs dans la confection des commandes, il y a des erreurs de conditionnement et une détérioration des aliments frais. Dans d’autres points de vente au détail, comme les marchés ou les petits magasins, on jette ce qui ne s’est pas vendu.
D’après un rapport de la Fédération espagnole d’Hôtellerie et de Restauration, dans les restaurants et les bars, où 60% des gaspillages sont la conséquence d’une mauvaise prévision ; 30% des aliments sont dilapidés pendant la préparation des plats et 10% correspond à ce que les consommateurs laissent dans leurs assiettes. A la maison, les produits se gâtent parce que nous avons acheté plus que ce dont nous avions besoin, poussés à acheter de trop par les promotions de dernière minute et les réclames de type 2 pour le prix de 1, ou parce que nous ne savons pas interpréter un étiquetage confus ou par des empaquetages qui ne correspondent pas à nos besoins.
Le gaspillage alimentaire a des causes et des responsables divers, mais, en fin de compte, il répond à un problème structurel et de fond : les aliments sont devenus des marchandises que l’on vend et que l’on achète et leur fonction principale, celle de nous nourrir, est passée à l’arrière plan. Ainsi, si la nourriture ne remplit pas certains critères esthétiques déterminés, sa distribution n’est pas considérée comme rentable, elle se gâte avant terme et on s’en débarrasse. L’impact de la globalisation alimentaire au service des intérêts de l’agro-industrie et des supermarchés, qui promeuvent un modèle d’agriculture énergivore, dépendant du pétrole, délocalisé, intensif, qui entraîne la perte de biodiversité et de la paysannerie, a une grande responsabilité dans tout cela. Peu importe que des millions de personnes souffrent de la faim. L’important c’est de vendre. Et si tu ne peux pas acheter, tu ne comptes pas.
Et que se passe-t-il pour celui que tente de recueillir la nourriture excédentaire ? Il se retrouve soit avec un conteneur fermé sous cadenas - comme l’a décidé le conseil municipal de Girone pour les dépôts face aux supermarchés, prétextant « l’alarme sociale » face au fait que de plus en plus de personnes cherchent de la nourriture dans les poubelles - ; ou bien il faudra payer une amende de 750 euros pour avoir fouillé dans les containers madrilènes. Comme si la faim et la pauvreté étaient une honte ou un délit, alors que ce qui est honteux et criminel ce sont les tonnes de nourriture que l’on jette quotidiennement et qui sont le fruit des diktats de l’agrobusiness et des supermarchés, avec la bénédiction des administrations publiques.
Les supermarchés nous disent qu’ils donnent de la nourriture aux banques alimentaires, dans une tentative de se blanchir. Mais, d’après une étude du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement, seulement 20% d’entre eux le font. Et cela, en outre, n’est pas une solution. Donner de la nourriture peut être une réponse d’urgence, un pansement, voir un garrot en fonction de la blessure, mais il est indispensable d’aller à la racine du problème, aux causes qui provoquent le gaspillage et remettre en question le modèle agroalimentaire pensé non pas pour nourrir les personnes mais pour produire le profit d’une poignée d’entreprises.
Nous vivons dans le monde des paradoxes : des gens sans maison et des maisons sans gens ; des riches plus riches et des pauvres plus pauvres ; du gaspillage de nourriture et des gens qui ont faim. On nous dit que le monde est ainsi fait et que c’est une question de malchance. On nous présente cette réalité comme inévitable. Mais ce n’est pas vrai. Et en dépit du fait que le système et les politiques actuelles se disent neutres, elles ne le sont pas. Elles sont déterminées par des choix idéologiques clairement réactionnaires : elles cherchent le profit et la survie de quelques uns sur le dos de la grande majorité. Ainsi fonctionne le capitalisme, même lorsqu’il s’agit de manger.
*Article publié dans Público, 01/01/2013. **Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.
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Esther Vivas @esthervivas | facebook.com/esthervivas | www.esthervivas.com