L’humanité a rendez-vous avec elle-même.
Ce vendredi nous avons enregisté cette intervention de Patick Viveret aux Rencontres en humanité au Parc de la Tête d' Or à Lyon. Nous la reproduisons , Patrick Viveret et un amis du Diois, invité des Rencontres de L' Ecologie .
En ce début de siècle et de millénaire, il n’est pas excessif de dire que l’humanité a rendez-vous avec elle-même. Depuis Hiroshima, elle s’est constituée en sujet négatif de sa propre histoire en se donnant la possibilité de s’autodétruire. Cette autodestruction peut prendre aujourd’hui de nouvelles formes : outre les armes de destruction massive, dont la possibilité d’usage est renforcée par la fin du système de dissuasion nucléaire, ce peut être la destruction de la niche écologique où nous vivons (notamment du fait du dérèglement du climat) ou un mésusage de la révolution du vivant qui peut conduire l’humanité à en finir prématurément avec sa propre histoire.
Mais ces défis peuvent être aussi l’occasion, comme ce fut le cas au cours du processus biologique de l’hominisation, d’un saut qualitatif, culturel
et politique cette fois, dans la voie de notre propre humanisation. Nous pouvons « grandir en humanité », utiliser les formidables progrès que nous avons réalisés en matière d’intelligence collective au cours des derniers siècles afin de les mettre au service d’un réel développement dans l’ordre de l’être plutôt que d’une course haletante et toujours insatisfaite dans l’ordre de l’avoir.
Cette question structurelle et mondiale est donc aussi une question personnelle. L’aventure de l’humanité se joue à la fois dans la singularité de chacune de nos vies et dans sa capacité collective à se construire désormais en sujet positif de sa propre histoire. Le rapport entre transformation personnelle et transformation collective ne s’exprime plus par la vieille opposition entre réformes de mentalité et réformes de structure. C’est dans la complémentarité d’une tension dynamique entre ces deux approches transformatrices que les unes et les autres doivent êtres pensées et conduites. Il ne s’agit plus seulement de rêver d’un autre monde possible. Il faut reconnaître et faire vivre d’autres manières d’être au monde déjà présentes mais que nous ne voyons pas.
C’est une mutation qualitative de la démocratie, prenant le meilleur de la passion et de la raison humaine, qu’il nous faut réussir, la démocratie étant pour une collectivité humaine l’équivalent du « travail sur soi » que mène un individu en quête de sagesse. Homo sapiens n’est pas, à l’évidence, une origine, et moins encore Homo sapiens sapiens, car, comme le note Edgar Morin, il faudrait au moins parler d’Homo sapiens démens tant notre folie marque l’histoire de notre espèce ! En revanche, notre projet pourrait être, doit être tout à la fois personnel et, au sens le plus noble du mot, politique. Non pas un projet triste et ascétique, comme on se représente trop souvent tout ce qui touche à la sagesse, mais un projet qui nous fait vivre intensément l’aventure d’êtres conscients dans l’univers, les autres, loin d’être des rivaux menaçants, étant alors des compagnons d’un voyage aussi fascinant que mystérieux.
Encore devons-nous, pour poursuivre ce voyage, éviter la sortie de route et méditer la forte phrase de Martin Luther King : « Il faut apprendre à nous aimer comme des frères ou nous préparer à périr comme des imbéciles »...
En ce début de siècle et de millénaire, il n’est pas excessif de dire que l’humanité a rendez-vous avec elle-même. Depuis Hiroshima, elle s’est constituée en sujet négatif de sa propre histoire en se donnant la possibilité de s’autodétruire. Cette autodestruction peut prendre aujourd’hui de nouvelles formes : outre les armes de destruction massive, dont la possibilité d’usage est renforcée par la fin du système de dissuasion nucléaire, ce peut être la destruction de la niche écologique où nous vivons (notamment du fait du dérèglement du climat) ou un mésusage de la révolution du vivant qui peut conduire l’humanité à en finir prématurément avec sa propre histoire.
Mais ces défis peuvent être aussi l’occasion, comme ce fut le cas au cours du processus biologique de l’hominisation, d’un saut qualitatif, culturel
et politique cette fois, dans la voie de notre propre humanisation. Nous pouvons « grandir en humanité », utiliser les formidables progrès que nous avons réalisés en matière d’intelligence collective au cours des derniers siècles afin de les mettre au service d’un réel développement dans l’ordre de l’être plutôt que d’une course haletante et toujours insatisfaite dans l’ordre de l’avoir.
Cette question structurelle et mondiale est donc aussi une question personnelle. L’aventure de l’humanité se joue à la fois dans la singularité de chacune de nos vies et dans sa capacité collective à se construire désormais en sujet positif de sa propre histoire. Le rapport entre transformation personnelle et transformation collective ne s’exprime plus par la vieille opposition entre réformes de mentalité et réformes de structure. C’est dans la complémentarité d’une tension dynamique entre ces deux approches transformatrices que les unes et les autres doivent êtres pensées et conduites. Il ne s’agit plus seulement de rêver d’un autre monde possible. Il faut reconnaître et faire vivre d’autres manières d’être au monde déjà présentes mais que nous ne voyons pas.
C’est une mutation qualitative de la démocratie, prenant le meilleur de la passion et de la raison humaine, qu’il nous faut réussir, la démocratie étant pour une collectivité humaine l’équivalent du « travail sur soi » que mène un individu en quête de sagesse. Homo sapiens n’est pas, à l’évidence, une origine, et moins encore Homo sapiens sapiens, car, comme le note Edgar Morin, il faudrait au moins parler d’Homo sapiens démens tant notre folie marque l’histoire de notre espèce ! En revanche, notre projet pourrait être, doit être tout à la fois personnel et, au sens le plus noble du mot, politique. Non pas un projet triste et ascétique, comme on se représente trop souvent tout ce qui touche à la sagesse, mais un projet qui nous fait vivre intensément l’aventure d’êtres conscients dans l’univers, les autres, loin d’être des rivaux menaçants, étant alors des compagnons d’un voyage aussi fascinant que mystérieux.
Encore devons-nous, pour poursuivre ce voyage, éviter la sortie de route et méditer la forte phrase de Martin Luther King : « Il faut apprendre à nous aimer comme des frères ou nous préparer à périr comme des imbéciles »...
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