Grippe porçine
Le gouvernement a annoncé la commande de 94 millions de doses de vaccins et la mobilisation des médecins libéraux...
Ce mercredi, la Cellule Interministérielle de Crise s’est réunie afin de faire le point sur le dispositif de lutte contre la grippe porcine A/H1N1. Bilan des courses : le gouvernement a monté d'un cran supplémentaire son dispositif de lutte, annonçant la commande ferme de 94 millions de doses de vaccins et la mobilisation des médecins libéraux à partir du 23 juillet. «La situation est très encadrée parce que nous sommes totalement mobilisés», a déclaré le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. Il a souligné la volonté du gouvernement d'anticiper la rentrée.Une quarantaine de malades en France. La France a dépassé les 600 cas de la nouvelle grippe porcine A/H1N1 depuis le début de l'épidémie, selon l'Institut de veille sanitaire. «Actuellement, il y a une quarantaine de personnes malades en France», a précisé la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Elle a également annoncé que la France avait négocié la commande ferme de 94 millions de doses de vaccins contre la nouvelle grippe auprès de trois laboratoires : Sanofi-Pasteur, GlaxoSmithKline et Novartis. Ces contrats, qui représentent 1 milliard d'euros, comportent une pré-réservation pour 36 autres millions de doses, a précisé la ministre, ajoutant que les contacts se poursuivaient avec la société Baxter. Par ailleurs, à compter du 23 juillet, le dispositif de prise en charge de la nouvelle grippe va mobiliser les médecins libéraux. «La CIC a décidé de confirmer la prise en charge des malades par le secteur ambulatoire c'est-à-dire par la médecine libérale. C'est une des mesures qui étaient prévues dans le plan de lutte contre la pandémie grippale», a indiqué Brice Hortefeux. «Toujours à partir du 23 juillet, les pharmacies délivreront sur prescriptions médicales des masques anti-projections gratuitement», a précisé Roselyne Bachelot.
Porcine ?
Les mensonges répétés du président mexicain Felipe Calderon n’y font rien : le virus A/H1N1 continue de se répandre sur la planète, à une vitesse tellement exponentielle que le magazine New Scientist estime que la grippe porcine pourrait avoir contaminé un milliard d’individus d’ici le mois de juillet. De toute évidence, la phase 6 du niveau d’alerte de pandémie n’est retardée que dans le but de laisser suffisamment de temps aux chancelleries pour organiser leurs plans de « distanciation sociale ».
Mais ce n’est pas la seule mise en garde du magazine New Scientist, pour qui le virus n’est manifestement pas sensible aux températures estivales.
Les données mexicaines montrent que les cas de pneumonies - une conséquence du A/H1N1 quand il n’est pas soigné rapidement - ont bondi en avril, où la température de Mexico-City oscille entre 15° et 26° Celsius, ce qui est également la température moyenne en Europe en été.
Information complétée par une étude de l’Université de Berkeley qui indique que le A/H1N1 serait mortel dans tous les cas lorsqu’il n’est pas traité par un anti-viral dans les trois premiers jours. C’est sans doute la raison pour laquelle le Mexique s’est fait livrer plus d’un million de doses de Tamiflu cette semaine, en même temps qu’un retour à la « normale », qui sera assurément temporaire.
En outre, la grippe saisonnière tue généralement les populations très jeunes et très âgées. Le même groupe d’âge avait été touchés de manière disproportionnée, en 1918, et lors d’autres pandémies.
De fait, les malades traités dans les hôpitaux reçoivent des doses massives d’oseltamivir, sous sa forme injectable, de sorte a ce que l’on soit certain qu’ils puissent figurer du bon côté des statistiques.
Malgré ces efforts de propagande, les « cas » ont doublé aux États-Unis ces dernières vingt-quatre heures, et aucun pays ne peut maintenant prétendre ne pas être touché.
Pandémie et Business
En réponse aux bonnes âmes qui s’étaient offusquées quand Condoleezza Rice avait très vite défini le tsunami de décembre 2004 comme une « merveilleuse opportunité » (« qui nous a été d’un grand profit », avait-elle ajouté), il a été justement remarqué qu’elle ne faisait qu’exprimer là, de façon certes un peu cavalière, une réalité du capitalisme (cf. Naomi Klein, « The rise of disaster Capitalism »). Il y avait cependant quelque naïveté à faire remonter la mise en place de ce « capitalisme du désastre » - formule qui est en elle-même un pléonasme - à la dévastation de l’Amérique centrale par le cyclone Mitch en octobre 1998, et à principalement ranger sous cette rubrique les opérations extérieures de l’administration américaine et de la Banque mondiale, désormais planifiées pour préparer en même temps les interventions militaires à venir et la reconstruction des pays qui n’ont pas été encore détruits, car c’est universellement que le déchaînement de calamités sans nombre, avec leurs combinaisons imprévues et leurs accélérations brutales, ouvre un prodigieux chantier aux trusts pharmaceutiques planétaires du capitalisme. En cela, le A/H1N1 est sans doute le produit le plus avancé de la technologie marchande du XXIème siècle.
Ce sont les masses qui demandent à être dominées ?
N’en déplaise aux amateurs de critiques fictions mélodramatiques et conspiratives, cette pandémie ne permettra pas des décrets de « lois martiales » ou autres bruits de bottes. Nos sociétés sont depuis trop longtemps soumises et la manipulation démocratique trop raffinée pour qu’ils soit encore nécessaire de faire régner l’ordre par les armes, et nous aurions tort de penser selon le vieux schéma : "si les masses savaient, si on ne leur cachait pas la vérité, elles se révolteraient". L’histoire moderne n’a pas été avare d’exemples contraires, illustrant plutôt, chez les dites masses, une assez constante détermination à ne pas se révolter en dépit de ce qu’elles savaient, et même - depuis les camps d’extermination jusqu’à Tchernobyl - à ne pas savoir en dépit de l’évidence, ou du moins à se comporter en dépit de tout comme si elles ne savaient pas.
Les masses ont été trop longuement entraînées aux sophismes de la résignation et aux consolations de l’impuissance pour ne pas rester impavides devant la destruction du monde qui se déroule devant elles. Tout démontre que l’identification avec le mouvement et le conformisme absolu semblent avoir détruit jusqu’à la faculté d’être atteint par l’expérience la plus directe.
L’artifice de la propagande consiste à affirmer à la fois que l’avenir est l’objet d’un choix conscient, que l’humanité pourrait faire collectivement, comme un seul homme, en toute connaissance de cause une fois instruite par les experts est régi par un implacable déterministe qui ramène le choix à celui de vivre ou de périr ; c’est-à dire de vivre selon les directives des gouvernements ou de périr parce que l’on sera resté sourd à leurs mises en garde. Un tel choix se ramène donc à une contrainte qui règle le vieux problème de savoir si les hommes aiment la servitude, puisque désormais ils sont contraint de l’aimer. Selon Arendt, le problème de la domination totale était de fabriquer quelque chose qui n’existe pas : à savoir une sorte d’espèce humaine qui ressemble aux autres espèces animales et dont la seule «liberté» consisterait à «conserver l’espèce» (Le Totalitarisme). Sur la terre ravagée par une pandémie, ce programme cessera d’être une théorie de la domination pour devenir une revendication des dominés. Il n’y aura d’ailleurs bientôt plus d’alternatives qu’entre la soumission et le pur nihilisme. Ceux qui refuseront de se «responsabiliser» (porter un masque, se faire vacciner, accepter une puce RFID pour permettre un meilleur dépistage, plus rapide, etc), de participer avec zèle à la « gestion citoyenne » de la crise et à l’embrigadement dans l’Union sacrée pour « sauver le monde », peuvent s’attendre à être bientôt traités comme le sont en temps de guerre les déserteurs et le saboteurs. Car l’état de nécessité et les pénuries qui vont s’accumuler pousseront d’abord à réclamer de nouvelles formes d’asservissement...Cependant le rôle de l’imagination théorique reste de discerner, dans un présent écrasé par la probabilité du pire, les diverses possibilités qui n’en demeurent pas moins ouvertes. Pris comme n’importe qui à l’intérieur d’une réalité aussi mouvante que violemment destructrice, nous nous gardons d’oublier ce fait d’expérience que l’action de quelques individus, ou de groupes humains très restreints, peut, avec un peu de chance, de rigueur, de conscience, de volonté, avoir des conséquences incalculables.
Ce mercredi, la Cellule Interministérielle de Crise s’est réunie afin de faire le point sur le dispositif de lutte contre la grippe porcine A/H1N1. Bilan des courses : le gouvernement a monté d'un cran supplémentaire son dispositif de lutte, annonçant la commande ferme de 94 millions de doses de vaccins et la mobilisation des médecins libéraux à partir du 23 juillet. «La situation est très encadrée parce que nous sommes totalement mobilisés», a déclaré le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. Il a souligné la volonté du gouvernement d'anticiper la rentrée.Une quarantaine de malades en France. La France a dépassé les 600 cas de la nouvelle grippe porcine A/H1N1 depuis le début de l'épidémie, selon l'Institut de veille sanitaire. «Actuellement, il y a une quarantaine de personnes malades en France», a précisé la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Elle a également annoncé que la France avait négocié la commande ferme de 94 millions de doses de vaccins contre la nouvelle grippe auprès de trois laboratoires : Sanofi-Pasteur, GlaxoSmithKline et Novartis. Ces contrats, qui représentent 1 milliard d'euros, comportent une pré-réservation pour 36 autres millions de doses, a précisé la ministre, ajoutant que les contacts se poursuivaient avec la société Baxter. Par ailleurs, à compter du 23 juillet, le dispositif de prise en charge de la nouvelle grippe va mobiliser les médecins libéraux. «La CIC a décidé de confirmer la prise en charge des malades par le secteur ambulatoire c'est-à-dire par la médecine libérale. C'est une des mesures qui étaient prévues dans le plan de lutte contre la pandémie grippale», a indiqué Brice Hortefeux. «Toujours à partir du 23 juillet, les pharmacies délivreront sur prescriptions médicales des masques anti-projections gratuitement», a précisé Roselyne Bachelot.
Porcine ?
Les mensonges répétés du président mexicain Felipe Calderon n’y font rien : le virus A/H1N1 continue de se répandre sur la planète, à une vitesse tellement exponentielle que le magazine New Scientist estime que la grippe porcine pourrait avoir contaminé un milliard d’individus d’ici le mois de juillet. De toute évidence, la phase 6 du niveau d’alerte de pandémie n’est retardée que dans le but de laisser suffisamment de temps aux chancelleries pour organiser leurs plans de « distanciation sociale ».
Mais ce n’est pas la seule mise en garde du magazine New Scientist, pour qui le virus n’est manifestement pas sensible aux températures estivales.
Les données mexicaines montrent que les cas de pneumonies - une conséquence du A/H1N1 quand il n’est pas soigné rapidement - ont bondi en avril, où la température de Mexico-City oscille entre 15° et 26° Celsius, ce qui est également la température moyenne en Europe en été.
Information complétée par une étude de l’Université de Berkeley qui indique que le A/H1N1 serait mortel dans tous les cas lorsqu’il n’est pas traité par un anti-viral dans les trois premiers jours. C’est sans doute la raison pour laquelle le Mexique s’est fait livrer plus d’un million de doses de Tamiflu cette semaine, en même temps qu’un retour à la « normale », qui sera assurément temporaire.
En outre, la grippe saisonnière tue généralement les populations très jeunes et très âgées. Le même groupe d’âge avait été touchés de manière disproportionnée, en 1918, et lors d’autres pandémies.
De fait, les malades traités dans les hôpitaux reçoivent des doses massives d’oseltamivir, sous sa forme injectable, de sorte a ce que l’on soit certain qu’ils puissent figurer du bon côté des statistiques.
Malgré ces efforts de propagande, les « cas » ont doublé aux États-Unis ces dernières vingt-quatre heures, et aucun pays ne peut maintenant prétendre ne pas être touché.
Pandémie et Business
En réponse aux bonnes âmes qui s’étaient offusquées quand Condoleezza Rice avait très vite défini le tsunami de décembre 2004 comme une « merveilleuse opportunité » (« qui nous a été d’un grand profit », avait-elle ajouté), il a été justement remarqué qu’elle ne faisait qu’exprimer là, de façon certes un peu cavalière, une réalité du capitalisme (cf. Naomi Klein, « The rise of disaster Capitalism »). Il y avait cependant quelque naïveté à faire remonter la mise en place de ce « capitalisme du désastre » - formule qui est en elle-même un pléonasme - à la dévastation de l’Amérique centrale par le cyclone Mitch en octobre 1998, et à principalement ranger sous cette rubrique les opérations extérieures de l’administration américaine et de la Banque mondiale, désormais planifiées pour préparer en même temps les interventions militaires à venir et la reconstruction des pays qui n’ont pas été encore détruits, car c’est universellement que le déchaînement de calamités sans nombre, avec leurs combinaisons imprévues et leurs accélérations brutales, ouvre un prodigieux chantier aux trusts pharmaceutiques planétaires du capitalisme. En cela, le A/H1N1 est sans doute le produit le plus avancé de la technologie marchande du XXIème siècle.
Ce sont les masses qui demandent à être dominées ?
N’en déplaise aux amateurs de critiques fictions mélodramatiques et conspiratives, cette pandémie ne permettra pas des décrets de « lois martiales » ou autres bruits de bottes. Nos sociétés sont depuis trop longtemps soumises et la manipulation démocratique trop raffinée pour qu’ils soit encore nécessaire de faire régner l’ordre par les armes, et nous aurions tort de penser selon le vieux schéma : "si les masses savaient, si on ne leur cachait pas la vérité, elles se révolteraient". L’histoire moderne n’a pas été avare d’exemples contraires, illustrant plutôt, chez les dites masses, une assez constante détermination à ne pas se révolter en dépit de ce qu’elles savaient, et même - depuis les camps d’extermination jusqu’à Tchernobyl - à ne pas savoir en dépit de l’évidence, ou du moins à se comporter en dépit de tout comme si elles ne savaient pas.
Les masses ont été trop longuement entraînées aux sophismes de la résignation et aux consolations de l’impuissance pour ne pas rester impavides devant la destruction du monde qui se déroule devant elles. Tout démontre que l’identification avec le mouvement et le conformisme absolu semblent avoir détruit jusqu’à la faculté d’être atteint par l’expérience la plus directe.
L’artifice de la propagande consiste à affirmer à la fois que l’avenir est l’objet d’un choix conscient, que l’humanité pourrait faire collectivement, comme un seul homme, en toute connaissance de cause une fois instruite par les experts est régi par un implacable déterministe qui ramène le choix à celui de vivre ou de périr ; c’est-à dire de vivre selon les directives des gouvernements ou de périr parce que l’on sera resté sourd à leurs mises en garde. Un tel choix se ramène donc à une contrainte qui règle le vieux problème de savoir si les hommes aiment la servitude, puisque désormais ils sont contraint de l’aimer. Selon Arendt, le problème de la domination totale était de fabriquer quelque chose qui n’existe pas : à savoir une sorte d’espèce humaine qui ressemble aux autres espèces animales et dont la seule «liberté» consisterait à «conserver l’espèce» (Le Totalitarisme). Sur la terre ravagée par une pandémie, ce programme cessera d’être une théorie de la domination pour devenir une revendication des dominés. Il n’y aura d’ailleurs bientôt plus d’alternatives qu’entre la soumission et le pur nihilisme. Ceux qui refuseront de se «responsabiliser» (porter un masque, se faire vacciner, accepter une puce RFID pour permettre un meilleur dépistage, plus rapide, etc), de participer avec zèle à la « gestion citoyenne » de la crise et à l’embrigadement dans l’Union sacrée pour « sauver le monde », peuvent s’attendre à être bientôt traités comme le sont en temps de guerre les déserteurs et le saboteurs. Car l’état de nécessité et les pénuries qui vont s’accumuler pousseront d’abord à réclamer de nouvelles formes d’asservissement...Cependant le rôle de l’imagination théorique reste de discerner, dans un présent écrasé par la probabilité du pire, les diverses possibilités qui n’en demeurent pas moins ouvertes. Pris comme n’importe qui à l’intérieur d’une réalité aussi mouvante que violemment destructrice, nous nous gardons d’oublier ce fait d’expérience que l’action de quelques individus, ou de groupes humains très restreints, peut, avec un peu de chance, de rigueur, de conscience, de volonté, avoir des conséquences incalculables.
Albert Idelon
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