Hervé Mariton en séance parlementaire sur la parité, ça vaut le détour!
Publié le 16 février 2012
- Les échanges épistolaires provoqués par mon dernier article en commentaires m’ont incité à aller y voir de plus près et à lire le compte-rendu intégral des débats de la semaine dernière à l’Assemblée nationale, lors desquels s’est brillamment illustré notre député Hervé Mariton. C’est accessible en ligne ici, et ça vaut le détour! On ne lit pas assez ce qu’il se passe de beau dans cet hémicycle et ce qui s’y décide, en notre nom…
- En l’occurrence, le débat sur l’imposition d’un quota de femmes dans la haute administration a été franchement ubuesque, et ce grâce à notre représentant qui a su s’ériger contre la pensée unique et défendre vaillamment ses convictions!-)
- Hervé Mariton a réussi à prendre comme exemple pour sa démonstration un corps de la fonction publique dans lequel il y aurait plus de femmes que d’hommes alors que “C’est rarement dans ce sens que le problème se pose !” comme le lui a répliqué la députée socialiste Catherine Coutelle. Une démonstration d’ailleurs peu convaincante puisqu’elle n’a été comprise ni de cette députée ni du ministre de la fonction publique François Sauvadet !-)
- Intéressant aussi d’entendre parler de ce qui se dit en commission en lisant les critiques de la députée UMP Marie-Jo Zimmermann qui explique que certains termes employés par Hervé Mariton la dérangent car “Les femmes ne sont ni un stock ni un flux. Jamais on n’a parlé des hommes en ces termes.”.
- Ce qui est bien aussi avec ces comptes-rendus, c’est qu’ils sont vraiment “complets” puisqu’y sont retranscrits TOUTES les interventions en séance, même les interjections des députés lancés depuis leurs sièges! Comme lors de cet échange ciblant Hervé Mariton qui reflète au passage bien ce que je pense de ce débat :
- Mme Marie-Jo Zimmermann.… (…) Certains débats datent d’un autre âge…
- Mme Catherine Coutelle. Du siècle dernier.
- Mme Marie-Jo Zimmermann. …et ne devraient même plus être ouverts dans cet hémicycle.
ou celui-ci :
- M. François Sauvadet. (…) Je cite un dernier exemple car je ne désespère pas de vous convaincre, monsieur Mariton, en faisant appel à votre sens aigu de l’observation des réalités, pour en tirer des leçons pour l’avenir que nous devons construire. Tous les ans, vingt personnes sont nommées dans le corps préfectoral. L’application du taux de 20 % conduira d’abord à nommer quatre femmes par an, puis celui de 30 % amènera à la nomination de six femmes…
- M. Jean Gaubert. Ce n’est pas la fin du monde !
- Mme Catherine Coutelle. Ce n’est pas un tsunami !
ou encore mieux, la réplique fatale à un ministre du gouvernement Sarkozy :
- M. François Sauvadet (…) La question centrale est, en fait, celle de l’effectivité de l’égal accès des citoyens aux emplois publics. Moi, je ne me contente pas d’une égalité formelle,…
- M. Hervé Mariton. Mais c’est un concept marxiste !
et pour finir en beauté :
- M. Hervé Mariton. Je suis volontiers le mouvement ; je ne suis pas révolutionnaire pour autant. Peut-être suis-je l’un des rares membres de cette assemblée à assumer le fait de ne pas être révolutionnaire,…
- M. Bernard Derosier. Ça, on avait remarqué !
- Les comptes-rendus indiquent aussi les “applaudissements” ou “exclamations” exprimés sur les bancs des différents groupes politiques (et mêmes les rires et les sourires!), et permettent de se mettre dans l’ambiance du Palais Bourbon.
- Petit florilège, pour le plaisir, des amabilités adressées à notre édile par ses collègues, dont beaucoup de son propre groupe politique ou du gouvernement :
- “J’ai conscience que ce moment va bousculer un certain nombre de conservatismes. D’ailleurs, monsieur Mariton, vous avez employé exactement les arguments de ceux qui ne veulent pas que les choses changent.”
- ” Il est conservateur !”
- “Je veux dire à M. Mariton que si nous ne faisons rien, rien ne changera.”
- “Je cite un dernier exemple car je ne désespère pas de vous convaincre, monsieur Mariton, en faisant appel à votre sens aigu de l’observation des réalités, pour en tirer des leçons pour l’avenir que nous devons construire.”
- “Monsieur Mariton, de grâce ! la société a changé ; elle a évolué. Nous voulons faire en sorte de garantir à l’ensemble de la société française, et pas seulement aux femmes, un égal accès des hommes et des femmes aux postes de responsabilité. Monsieur le député, rejoignez votre époque,…”
- “Monsieur Mariton, personne ne vous a traité de brute épaisse.” / “Pas encore. (Sourires.)“
- ” Ce n’est pas grave : l’obscurantisme, ça se soigne !”
- “M. Mariton vient de développer des arguments si étonnants que je me dois de répondre : nous avons entendu exactement les mêmes au sujet des élections au sein des conseils municipaux. À partir du moment où l’on fait de la place aux femmes alors qu’elles n’en avaient pas, il y en a toujours pour considérer qu’on leur en fait trop…”
- “Il est toujours un peu difficile de prendre la parole après M. Mariton… En l’occurrence, j’avoue que la chute de son propos me rend très perplexe !”
- “Je veux le dire à M. Mariton : avec une telle loi, ce ne sont pas les principes de la République que nous abîmons, contrairement à ce qu’il laisse entendre. Savez-vous ce que l’on abîme, monsieur Mariton ? Les conservatismes !”
- “Monsieur Mariton, ma main, la main du Gouvernement, ne tremble pas, et je serais très heureux que vous révisiez votre point de vue et votiez une loi d’avenir, une loi qui garantit tout simplement l’équilibre d’une société qui a beaucoup changé en vingt ans. Pensez à nos jeunes au moment de voter.”
- Spéciale dédicace à François Sauvadet pour cette phrase : “Je pense à tous les jeunes qui nous regardent, qui, demain, peut-être, liront certains articles. Ils sauront que nous avons pris des dispositions pour que la société se sente représentée dans sa haute fonction publique.” Les jeunes vous lisent aussi, M. Sauvadet!-)
- Sur le fond, ce débat a été le mieux résumé par Michel Diefenbacher, porte-parole du groupe UMP sur cette question : “Nous sommes en présence d’un problème très concret : assurer l’égal accès des hommes et des femmes aux emplois publics.” “Il y a, par conséquent, deux attitudes possibles. Ou bien on en reste aux déclarations d’intention, comme nous le faisons depuis des années, sur les bancs de l’Assemblée comme sur les autres. Et si l’on ne peut douter de la sincérité des engagements pris de part et d’autre, force est de constater que les résultats ne sont pas là. Ou bien on admet que le seul moyen de progresser, c’est d’édicter des règles normatives.”
- Mais si j’ai voulu parcourir ces échanges à la source, c’était pour savoir ce que proposait réellement Hervé Mariton sur cette question et qui n’aurait pas été retranscrit dans les médias. Et après lecture, la réponse à cette question est : pas grand chose! Au cours de ses nombreuses interventions, il cite un seul exemple concret, en Allemagne, mais reste surtout arque-bouté sur les “principes constitutionnels” de la République, seul, envers et contre tous, au mépris du constat élémentaire de la réalité actuelle, un chemin que semble avoir effectué l’ensemble des députés… sauf lui!
- Ce qu’on comprend mieux quand on lit certaines de ses réflexions comme celle-ci :
- Mme Catherine Coutelle. (…) Ce principe pourrait d’ailleurs être étendu encore plus largement, par exemple à l’Académie française : je pense à l’élection au fauteuil de Jacqueline de Romilly, où nous sommes en présence de six candidatures d’hommes… Ce n’est donc pas une femme qui succédera à Mme de Romilly – comme si aucune écrivaine n’était suffisamment talentueuse pour cela.
- M. Hervé Mariton. Que voulez-vous, c’est comme au Loto : 100 % des gagnants ont tenté leur chance ! Comment voulez-vous élire une femme si aucune ne se présente ?
- Et cela après moult échanges, chiffres éloquents et explications en séance de ses collègues féminines sur le “plafond de verre” et l”autocensure” des femmes dans notre société. Pathétique!
Yann Louvel
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