Marée noire Deepwater Horizon : une fuite de 59 000 barils de pétrole chaque jour !
En combinant des mesures chimiques fines en eau profonde, en surface et dans l'air, les chercheurs du NOAA épaulés par des universitaires ont estimé indépendamment l'importance de la fuite de gaz et de pétrole dans l'environnement due à l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique en 2010.
Jeudi 22 avril 2010, la plate-forme d'exploration "Deepwater Horizon", exploitée par la compagnie British Petroleum (BP), sombrait au large de la Louisiane suite à une série d'explosions. Ce naufrage entrainait alors la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis : pendant plus de 5 mois, du pétrole et du gaz se sont échappés des puits de forage de la plate-forme sinistrée.
Différentes estimations quant à l'importance de la fuite d'hydrocarbures dans l'océan ont été réalisées. La dernière en date, basée sur des mesures chimiques, montre qu'en moyenne 11 130 tonnes de composés gazeux et pétroliers se sont répandus chaque jour dans l'environnement, confirmant les estimations officielles (11 350 tonnes ou 59 200 barils de pétrole liquide).
"L'étude repose sur les données chimiques collectées pour comprendre les modalités de l'épanchement," note Dr Thomas Ryerson, membre de l'équipe de chimistes du NOAA et auteur principal de l'étude. "Les mesures et analyses prises en surface et en profondeur communiquées par nos collègues universitaires ont été essentielles pour mettre au point cette nouvelle approche d'analyse des marées noires."
Soulignons que l'équipe dirigée par le NOAA n'a repris aucune des données utilisées pour les estimations initiales, telles que les analyses video des flux, le diamètre du pipeline et les calculs de flux fluides. "Nous avons analysé un ensemble complètement distinct de mesures chimiques, qui ont conduit à une estimation totalement indépendante de l'épanchement et abouti à des résultats très proches," note le Dr Ryerson.
Ces nouvelles analyses font suite à une autre étude du NOAA publiée l'année dernière, dans laquelle le Dr Ryerson et ses collègues ont estimé des niveaux moins importants d'épanchement de la Plateforme Deepwater Horizon. Elles s'appuient sur les données collectées dans l'atmosphère pendant deux jours au cours de la marée noire ainsi que sur la composition chimique du réservoir de gaz et de pétrole réalisées avant l'accident. Les nouvelles analyses tiennent compte de nombreux paramètres complémentaires, dont des échantillons prélevés en profondeur et en surface pendant six semaines et ainsi que des mesures directes de la composition du gaz et du pétrole effectivement répandus dans le Golfe du Mexique.
Les différents types d'émissions d'hydrocarbures
Le Dr Ryerson et son équipe ont constaté que le gaz et le pétrole échappés du réservoir se séparent rapidement en trois grands épanchements : l'un en eau profonde à 1000-1200 mètres de profondeur, la nappe de surface visible, et un nuage d'évaporation des produits chimiques. Chaque type d'épanchement possède sa propre composition chimique.
Les chercheurs ont constaté que la masse en eau profonde est riche en gaz hautement solubles dans l'eau dont essentiellement du méthane (gaz naturel) léger et du benzène (hautement cancérigène) présents dans les fluides s'échappant du réservoir. La nappe de surface contient principalement des composants lourds et visqueux, qui ne se dissolvent pas dans l'eau et ne s'évaporent pas dans l'air. Les composés chimiques présents dans le nuage contiennent un mélange diversifié de composants de masse intermédiaire présents dans le jet de gaz et de pétrole s'échappant du réservoir.
La nappe visible en surface représente environ 15 % du total de la fuite de gaz et de pétrole ; le nuage représente environ 7 % du total. Environ 36 % reste dans la nappe en eau profonde, et 17 % ont été récupérés directement à la surface par des collectes en mer. Le reste (environ 25 % du total) n'est pas directement traçable à l'aide des données chimiques.
Ces informations concernant la dispersion et la transformation des différents composants d'une marée noire sont précieuses pour mieux comprendre l'impact environnemental en vue d'une meilleure gestion des ressources.
Les mesures chimiques effectuées depuis la mi-mai jusqu'en juin montrent que la composition du nuage atmosphérique ne s'est guère modifiée, ce qui permet de conclure que la composition de la fuite de gaz et de pétrole est restée stable.
Les chercheurs ont en outre employé des mesures chimiques fines pour calculer la quantité totale de la fuite de gaz et de pétrole du réservoir fissuré. Les nouvelles estimations basées sur les mesures chimiques évaluent à 11 130 tonnes par jour la fuite avec une variation de 8 900 à 13 300 tonnes chaque jour, ce qui est proche de la fourchette de 10 000 à 12 700 tonnes fournie par les autorités.
La pire marée noire de l'histoire de l'humanité
Au final, environ 835 500 tonnes d'hydrocarbures se sont échappées des puits de forage de la plateforme pétrolière. C'est 20 fois plus que l'échouement du pétrolier Exxon Valdez, en mars 1989, l'ex pire marée noire de l'histoire américaine. Le dernier "record mondial" était détenu par la collision de 1979 entre les deux pétroliers Atlantic Empress et Aegean Captain, à une dizaine de kilomètres de l'île de Tobago : 280 000 tonnes de pétrole s'étaient alors déversées en mer.
Pour autant, le dégazage et déballastage sauvages, plus insidieux, représenteraient environ 4,56 millions de tonnes de produits pétroliers épandus par an dans le monde, selon le WW . C'est plus de cinq catastrophes comme Deepwater Horizon chaque année !
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Référence
Chemical data quantify Deepwater Horizon hydrocarbon flow rate and environmental distribution -10 janvier 2012
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