Philippe Poutou, l'autre candidat normal
Cet ouvrier de Ford représentera le Nouveau Parti anticapitaliste à l'élection présidentielle, à l'instar d'Olivier Besancenot. Nous applaudissons cette candidature, car au-delà du résultat du futur scrutin, il y voit un signe fort pour les « sans grade ».
Cette interrogation est de pure forme. Philippe Poutou est le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pour la prochaine élection présidentielle (Le Parisien).
Mécanicien chez Ford, il va prendre la relève d'Olivier Besancenot qu'une forme de lassitude a atteint. Délégué CGT, militant syndical, il veut demeurer « un salarié en campagne » avec pour ambition de « faire passer le message et de récolter le plus de voix possible ».
Je n'étonnerai personne en révélant que j'ai peu de goût pour le NPA et son programme, aussi peu que Philippe Poutou en éprouve pour le socialisme, « pas terrible ».
Il n'empêche que devant la désignation de Philippe Poutou, j'ai ressenti, bien au-delà du clivage entre révolution et réforme, de l'opposition entre ceux qui désirent rompre avec le capitalisme et ceux qui souhaitent le moraliser, comme une admiration civique devant le choix d'un parti, certes très minoritaire, capable de confier de telles responsabilités et un tel honneur à un ouvrier, à un homme de condition modeste qui se bat pour les autres. Quoi qu'on pense de l'idéologie de ces groupes d'extrême gauche, il y a, dans cette volonté de désacraliser la pompe du pouvoir en manifestant que celui-ci ne serait pas naturellement la « chasse gardée » des officiels de la politique, une avancée démocratique, une banalisation citoyenne.
Je sais bien que le NPA ne recueillera qu'une poignée de suffrages et que je ne suis pas loin de la démagogie et du populisme qu'en général je dénonce. Pourtant, ayant appris la nouvelle de cette intronisation, j'y ai vu un signe fort adressé aux humbles et aux souffrants de la vie quotidienne. Moins un avertissement qu'un rappel : la politique, cela se construit aussi au ras de la société, là où on ne peut pas s'offrir le luxe de rêver à des perspectives grandioses parce que l'étau de l'immédiat et de la nécessité vous tient.
En ce sens, la candidature de Philippe Poutou ne sera pas de témoignage puisque, dans tous les cas, elle portera un enseignement positif dans le débat : un salarié chez Ford a légitimement voix au chapitre dans notre débat public fondamental. Cette évidence rabaissera les arrogants de la République et élèvera ses sans-grade.
En effet, aucune comparaison possible avec ces candidatures par avance vouées à l'échec et qui, enracinées dans la politique officielle et ses jeux, viendront on ne sait trop pourquoi parasiter les favoris de la future élection présidentielle. Je frémis quand le narcissisme fait croire à tel ou telle que sa voix manquerait lors de cet enjeu crucial. Christine Boutin, Frédéric Nihous et même Jean-Pierre Chevènement sont-ils, par exemple, aussi indispensables qu'ils se plaisent à l'annoncer ? Ce sont des paris qu'ils ne gagneront jamais mais qui leur feront du bien. Ce sont des candidatures destinées à ne témoigner que sur eux. C'est un dévoiement, au fond, de la démocratie qui certes est une maison généreusement ouverte. Mais il ne faut pas abuser de sa libéralité, sinon cela ressemblera à du cirque !
Philippe Poutou est, à lui seul, déjà un événement. Le peuple se détournera du NPA mais, d'une certaine manière, pas de son représentant.
Mécanicien chez Ford, il va prendre la relève d'Olivier Besancenot qu'une forme de lassitude a atteint. Délégué CGT, militant syndical, il veut demeurer « un salarié en campagne » avec pour ambition de « faire passer le message et de récolter le plus de voix possible ».
Je n'étonnerai personne en révélant que j'ai peu de goût pour le NPA et son programme, aussi peu que Philippe Poutou en éprouve pour le socialisme, « pas terrible ».
Il n'empêche que devant la désignation de Philippe Poutou, j'ai ressenti, bien au-delà du clivage entre révolution et réforme, de l'opposition entre ceux qui désirent rompre avec le capitalisme et ceux qui souhaitent le moraliser, comme une admiration civique devant le choix d'un parti, certes très minoritaire, capable de confier de telles responsabilités et un tel honneur à un ouvrier, à un homme de condition modeste qui se bat pour les autres. Quoi qu'on pense de l'idéologie de ces groupes d'extrême gauche, il y a, dans cette volonté de désacraliser la pompe du pouvoir en manifestant que celui-ci ne serait pas naturellement la « chasse gardée » des officiels de la politique, une avancée démocratique, une banalisation citoyenne.
Je sais bien que le NPA ne recueillera qu'une poignée de suffrages et que je ne suis pas loin de la démagogie et du populisme qu'en général je dénonce. Pourtant, ayant appris la nouvelle de cette intronisation, j'y ai vu un signe fort adressé aux humbles et aux souffrants de la vie quotidienne. Moins un avertissement qu'un rappel : la politique, cela se construit aussi au ras de la société, là où on ne peut pas s'offrir le luxe de rêver à des perspectives grandioses parce que l'étau de l'immédiat et de la nécessité vous tient.
En ce sens, la candidature de Philippe Poutou ne sera pas de témoignage puisque, dans tous les cas, elle portera un enseignement positif dans le débat : un salarié chez Ford a légitimement voix au chapitre dans notre débat public fondamental. Cette évidence rabaissera les arrogants de la République et élèvera ses sans-grade.
En effet, aucune comparaison possible avec ces candidatures par avance vouées à l'échec et qui, enracinées dans la politique officielle et ses jeux, viendront on ne sait trop pourquoi parasiter les favoris de la future élection présidentielle. Je frémis quand le narcissisme fait croire à tel ou telle que sa voix manquerait lors de cet enjeu crucial. Christine Boutin, Frédéric Nihous et même Jean-Pierre Chevènement sont-ils, par exemple, aussi indispensables qu'ils se plaisent à l'annoncer ? Ce sont des paris qu'ils ne gagneront jamais mais qui leur feront du bien. Ce sont des candidatures destinées à ne témoigner que sur eux. C'est un dévoiement, au fond, de la démocratie qui certes est une maison généreusement ouverte. Mais il ne faut pas abuser de sa libéralité, sinon cela ressemblera à du cirque !
Philippe Poutou est, à lui seul, déjà un événement. Le peuple se détournera du NPA mais, d'une certaine manière, pas de son représentant.
Philippe Bilger
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