Et pour faire court, si on arrêtait de se payer de
mots ?
La France est reconnue
pour sa passion de la politique, son goût du débat, ses valeurs sociales
ancrées.. mais après avoir suivi cette campagne, j'ai surtout
l'impression d'un nombrilisme géant, doublé parfois d'un romantisme achevé.
Nombrilisme géant, parce
que la quasi-totalité des questions qui fondent notre avenir et sont
caractérisées par notre interdépendance avec les peuples du monde entier ont
été évacuées du "débat" (climat, limites des ressources dans un
contexte d'augmentation de la demande, énergie,
eau-agriculture-alimentation,...).
Romantisme parce qu'on
aime ces shows, ces querelles, ces postures, ces affirmations sans lendemain,
ces méthode coué de "vous allez voir ce que vous allez voir",
"prenez le pouvoir" etc (Le Pen, le peuple et Mélenchon, place au
peuple, d'ailleurs ?), ou ces poses rassurantes qui disent "Elisez-moi, je
m'occupe du reste". Demain sera lendemain d'élections, comme d'hab,
et tout cela restera du verbe, de la posture, mais le cinéma est plus aimable
que l'action sur la réalité (censée être le but de la politique, mais bon
:-)
Paradoxes d’une élection
présidentielle où le symbole prime sur la réalité du contenu ? Pas
seulement. Il me semble que plus la situation est complexe, et difficile,
et plus les discours simplificateurs font recette.
Et plus, surtout, on voit
fleurir des discours, de provenance diverse, dont le point commun est de dire
que la responsabilité de ce bordel est extérieure à vous, à nous : c'est les
autres, c'est les riches, c'est le système, c'est les étrangers, c'est l'Etat
providence, c'est l'Europe, c'est... Des discours qui reviennent à dire
"votez pour moi et je vous protègerai", voire souvent "je vous
ramènerai à des temps antérieurs, meilleurs, quand tout allait bien".
Et pourtant. Quand on
regarde le monde tel qu'il est, la planète telle qu'elle est, avec ses
ressources limitées et ses 8 milliards d'humains (9 après-demain), on est
-un peu- amené à se dire qu'il faut que des choses changent, et profondément.
Dans la direction globale, dans la répartition globale, dans la régulation
globale. Mais cela veut dire changer nous-même, changer nous aussi. Dans nos
objectifs, dans notre consumérisme, dans notre court-termisme.
Mais dire cela, ce n'est
pas électoral. Ce n'est pas porteur. C'est même sacrément compliqué. Ca
correspond à ce que sera demain, à ce que nos enfants auront à créer, à
affronter, à imaginer, mais c'est pas indolore. Si on pouvait repousser
ces questions à plus loin, ce serait cool. Et c'est ce que ce sont
efforcés de faire la plupart des candidats, avec la complicité court-termiste
des médias (le match, le spectacle, c'est plus vendeur que les questions
compliquées de notre avenir commun).
Dimanche, je voterai Eva
Joly, avec ses limites, avec ses absences d'envolées, avec sa volonté de ne pas
détenir à elle seule les solutions, et -surtout- avec sa cohérence et son
projet qui ne rase pas gratis.
Bien cordialement,
JeanDavid Abel
PS :
quelques lignes sur le phénomène Mélenchon, quand même. Pour moi, au-delà de la
généreuse vague de révolte ressentie ces dernières semaines, la sucess-story de
ce franc-maçon, professionnel de la profession (56 ans de mandats cumulés, tout
de même, dont plus de 20 ans de sénat..) est à la fois un questionnement et une
confirmation. Questionnement sur le fait de savoir si, au-delà de ses
postures présentes, les électeurs le connaissent bien. Confirmation,
précisément, que les postures et les envolées romantiques, même sans grande
cohérence et réalisabilité , sont ce qui compte dans cette course de petits
chevaux.
Mélenchon, pour les plus
jeunes, et sans vouloir être exhaustif, c'est :
- Cuba n'est pas une dictature (réitéré, nombreuses sources sur le net) : " Cuba génère de la vindicte parce qu’elle incarne un sentiment d’indépendance, parce qu’elle a donné une autre vision de la souveraineté populaire" (si, si)
- la Chine n'a pas envahi le Tibet, et d'ailleurs " il vaut mieux que le Tibet soit chinois parce que quand le Tibet est chinois, on ne voit plus ces bonnets pointus des Tibétains avec leur Lama"
- un jacobin anti-régionaliste (ex : opposé au financement public des écoles Diwan qui "sont une secte"), admirateur de Robespierre -plus célèbre pour moi dans l'application de la terreur que dans celui de l'extension des libertés-
- un nationaliste sous un vernis républicain universaliste. Ex, déclarations devant le Cercle républicain de Paris, 30 mars 2012 : le système capitaliste essoufflé va se concentrer sur la mer et ses ressources (pétrole, gaz non encore exploités) obligent à être une puissance maritime. L’idée est de profiter du territoire unique de la France (outre-mer) pour exploiter cet avantage en lançant des programmes nouveaux (bases sous-marines) afin de protéger ces espaces de ce qu’il appelle « la cupidité capitaliste ». Il s’agit d’une obligation nationale car à l’avenir, il y aura des conflits de puissance pour s’approprier le plus d’espaces maritimes possible. La France est le deuxième territoire maritime du monde, donc elle dispose de capacités intéressantes, et elle peut mener cette politique sans ses partenaires européens
- un productiviste conséquent, qui se félicite sur France Inter de la vente de "Rafales" à l'Inde ("avion extraordinaire")
- et qui déclare « La synthèse de l’ancienne gauche et de l’écologie, c’est la planification écologique ». Perso, je n’ai jamais pensé qu’en soi la planification était de gauche, encore moins écologiste. Non seulement cela a servi aux ambitions productivistes et nationalistes de De Gaulle, mais cela a servi et sert encore de méthode de direction aux dictatures les plus totalitaires et les plus inefficaces, de Staline à la dynastie coréenne. Exalter la planification écologiste sans dire laquelle, c’est tout simplement se moquer du monde, de même que présenter la nationalisation d'entreprises comme garantie d'une future gestion publique vertueuse et écolo, c'est oublier de souligner combien EDF ou ELF par exemple, entreprises publiques, ont toujours été tellement vertueuses, transparentes et démocratiques dans leurs choix et fonctionnement...
- ..complétez vous-mêmes...
- Cuba n'est pas une dictature (réitéré, nombreuses sources sur le net) : " Cuba génère de la vindicte parce qu’elle incarne un sentiment d’indépendance, parce qu’elle a donné une autre vision de la souveraineté populaire" (si, si)
- la Chine n'a pas envahi le Tibet, et d'ailleurs " il vaut mieux que le Tibet soit chinois parce que quand le Tibet est chinois, on ne voit plus ces bonnets pointus des Tibétains avec leur Lama"
- un jacobin anti-régionaliste (ex : opposé au financement public des écoles Diwan qui "sont une secte"), admirateur de Robespierre -plus célèbre pour moi dans l'application de la terreur que dans celui de l'extension des libertés-
- un nationaliste sous un vernis républicain universaliste. Ex, déclarations devant le Cercle républicain de Paris, 30 mars 2012 : le système capitaliste essoufflé va se concentrer sur la mer et ses ressources (pétrole, gaz non encore exploités) obligent à être une puissance maritime. L’idée est de profiter du territoire unique de la France (outre-mer) pour exploiter cet avantage en lançant des programmes nouveaux (bases sous-marines) afin de protéger ces espaces de ce qu’il appelle « la cupidité capitaliste ». Il s’agit d’une obligation nationale car à l’avenir, il y aura des conflits de puissance pour s’approprier le plus d’espaces maritimes possible. La France est le deuxième territoire maritime du monde, donc elle dispose de capacités intéressantes, et elle peut mener cette politique sans ses partenaires européens
- un productiviste conséquent, qui se félicite sur France Inter de la vente de "Rafales" à l'Inde ("avion extraordinaire")
- et qui déclare « La synthèse de l’ancienne gauche et de l’écologie, c’est la planification écologique ». Perso, je n’ai jamais pensé qu’en soi la planification était de gauche, encore moins écologiste. Non seulement cela a servi aux ambitions productivistes et nationalistes de De Gaulle, mais cela a servi et sert encore de méthode de direction aux dictatures les plus totalitaires et les plus inefficaces, de Staline à la dynastie coréenne. Exalter la planification écologiste sans dire laquelle, c’est tout simplement se moquer du monde, de même que présenter la nationalisation d'entreprises comme garantie d'une future gestion publique vertueuse et écolo, c'est oublier de souligner combien EDF ou ELF par exemple, entreprises publiques, ont toujours été tellement vertueuses, transparentes et démocratiques dans leurs choix et fonctionnement...
- ..complétez vous-mêmes...
Jean –David Abel
ABEL j.david
ABEL j.david
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