Nous avons reçu ce texte sur le Festival Est-ouest et nous l’éditons selon notre éthique qui est de passer tous les textes avec, ou une réponse, ou un angle de vue différent. Nous avons donc demandé une réponse à Harold David directeur actuel du Festival. Qui nous l’a promis. C.V.
Un festival "à l'ouest"
Une curieuse mésaventure est arrivée aux annonceurs soutiens du festival Est Ouest. 24 commerçants et entreprises locaux ont payé des emplacements publicitaires dans le programme. Surprise : ils sont absents de l'édition distribuée pendant le festival ! Interrogée, la direction du festival avance une explication embrouillée : les publicités (et la présentation des écrivains et intervenants) augmentant la pagination et le poids, le programme coûtait trop cher en affranchissement. On a donc fait une édition avec 12 pages en moins, dont la publicité. Tout simplement. Une version peu convaincante et contredite par les faits : les annonceurs ont reçu par la poste un programme contenant les publicités ! La distribution du programme pendant le festival ne coûtant rien en frais postaux, il était possible de diffuser à tous les visiteurs la version avec la publicité et la présentation des invités. De là à imaginer qu'en leur envoyant un exemplaire avec leur publicité, les annonceurs ne se rendraient compte de rien… - Les annonceurs sont des soutiens financiers du festival à part entière
On peut se poser quelques questions. Pourquoi ce mic-mac ? À quoi sert la publicité, sinon à payer les frais de réalisation et d'envoi d'une publication ? À quoi sert de payer une publicité si le public à qui elle est destinée ne la voit pas ? Le comble étant que les seules annonces qui sont demeurées dans le programme distribué sont gratuites ! Mais il s'agit de médias nationaux qualifiés de partenaires (les soutiens locaux payants ne le seraient-ils pas ?). Les relais de promotion presse du festival n'ont pas de prix…
En réalité, le festival a encaissé des revenus pour une prestation qui, de fait, n'a pas été vraiment réalisée. En droit commercial, la cause est entendue. Comme on n'ose pas imaginer une malhonnêteté, ni une censure (quoique cela nous ait traversés l'esprit dans un premier temps, connaissant certaines pages supprimées), il faut peut-être se résigner à qualifier cela de maladresse et d'incompétence professionnelle, hélas. La direction a accepté cette interprétation.
Vivre fraternellement comme une forêt
Dans deux des pages passées à la trappe*, la publicité s'affranchissait des codes habituels d'auto valorisation de soi ou de produits quelconques pour se faire contribution au sujet du festival. Pour information, voici les textes des annonces :
Est : "Que les portes des maîtres se referment pour ne plus jamais s'ouvrir, supprimez l'esclavage de l'homme par l'homme, cette invite est la nôtre… Vivre seul et libre comme un arbre, et fraternellement comme une forêt, cette nostalgie est la nôtre". Nazim Hikmet, dans Paysages Humains, 1967.
Ouest : "Toujours l'État s'innocente au nom du Bien public de la violence qu'il exerce. Et naturellement, il représente cette violence comme la garantie même de ce Bien, alors qu'elle n'est rien d'autre que la garantie de son pouvoir". Bernard Noël dans Précis d'humiliation, 2009.
* Proposées par JBA, agence de conseil éditorial et graphique.
L'épicier Karabet
Pour être complet sur cet épisode, il faut savoir qu'un premier texte de Nazim Hikmet avait été refusé à la publication par la même direction du festival. Ce refus lié à ce qu'on peut interpréter comme une frilosité diplomatique avait cependant été accepté pleinement par le même annonceur après échange sur le contexte fragile du festival. Le texte ? Un poème. On peut bien le publier ici:
"Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées,
Le citoyen arménien n’a jamais pardonné
Que l’on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde
Mais il t’aime,
Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné
À ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc."
Nazim Hikmet dans Promenade du soir
Philippe Bissières, directeur de JBA
Beaumont-en-Diois
ph.bissieres@jba.fr
Tel : 04 75 21 39 73
et 01 48 04 70 70
en photos, le projet refusé et les pages non publiées
Un festival "à l'ouest"
Une curieuse mésaventure est arrivée aux annonceurs soutiens du festival Est Ouest. 24 commerçants et entreprises locaux ont payé des emplacements publicitaires dans le programme. Surprise : ils sont absents de l'édition distribuée pendant le festival ! Interrogée, la direction du festival avance une explication embrouillée : les publicités (et la présentation des écrivains et intervenants) augmentant la pagination et le poids, le programme coûtait trop cher en affranchissement. On a donc fait une édition avec 12 pages en moins, dont la publicité. Tout simplement. Une version peu convaincante et contredite par les faits : les annonceurs ont reçu par la poste un programme contenant les publicités ! La distribution du programme pendant le festival ne coûtant rien en frais postaux, il était possible de diffuser à tous les visiteurs la version avec la publicité et la présentation des invités. De là à imaginer qu'en leur envoyant un exemplaire avec leur publicité, les annonceurs ne se rendraient compte de rien… - Les annonceurs sont des soutiens financiers du festival à part entière
On peut se poser quelques questions. Pourquoi ce mic-mac ? À quoi sert la publicité, sinon à payer les frais de réalisation et d'envoi d'une publication ? À quoi sert de payer une publicité si le public à qui elle est destinée ne la voit pas ? Le comble étant que les seules annonces qui sont demeurées dans le programme distribué sont gratuites ! Mais il s'agit de médias nationaux qualifiés de partenaires (les soutiens locaux payants ne le seraient-ils pas ?). Les relais de promotion presse du festival n'ont pas de prix…
En réalité, le festival a encaissé des revenus pour une prestation qui, de fait, n'a pas été vraiment réalisée. En droit commercial, la cause est entendue. Comme on n'ose pas imaginer une malhonnêteté, ni une censure (quoique cela nous ait traversés l'esprit dans un premier temps, connaissant certaines pages supprimées), il faut peut-être se résigner à qualifier cela de maladresse et d'incompétence professionnelle, hélas. La direction a accepté cette interprétation.
Vivre fraternellement comme une forêt
Dans deux des pages passées à la trappe*, la publicité s'affranchissait des codes habituels d'auto valorisation de soi ou de produits quelconques pour se faire contribution au sujet du festival. Pour information, voici les textes des annonces :
Est : "Que les portes des maîtres se referment pour ne plus jamais s'ouvrir, supprimez l'esclavage de l'homme par l'homme, cette invite est la nôtre… Vivre seul et libre comme un arbre, et fraternellement comme une forêt, cette nostalgie est la nôtre". Nazim Hikmet, dans Paysages Humains, 1967.
Ouest : "Toujours l'État s'innocente au nom du Bien public de la violence qu'il exerce. Et naturellement, il représente cette violence comme la garantie même de ce Bien, alors qu'elle n'est rien d'autre que la garantie de son pouvoir". Bernard Noël dans Précis d'humiliation, 2009.
* Proposées par JBA, agence de conseil éditorial et graphique.
L'épicier Karabet
Pour être complet sur cet épisode, il faut savoir qu'un premier texte de Nazim Hikmet avait été refusé à la publication par la même direction du festival. Ce refus lié à ce qu'on peut interpréter comme une frilosité diplomatique avait cependant été accepté pleinement par le même annonceur après échange sur le contexte fragile du festival. Le texte ? Un poème. On peut bien le publier ici:
"Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées,
Le citoyen arménien n’a jamais pardonné
Que l’on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde
Mais il t’aime,
Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné
À ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc."
Nazim Hikmet dans Promenade du soir
Philippe Bissières, directeur de JBA
Beaumont-en-Diois
ph.bissieres@jba.fr
Tel : 04 75 21 39 73
et 01 48 04 70 70
en photos, le projet refusé et les pages non publiées
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