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dimanche 8 janvier 2012

Energies renouvelables et territoires ruraux vivants...

Parvenir à un développement économique local en territoire rural sur la base des énergies renouvelables
Associer une population à la conception, à la mise en place et à l'exploitation d'installations photovoltaïques sur les toits publics et privés de leur village. Tel est l'objectif du projet Centrales villageoises photovoltaïques que détaille Noémie Poize. (Photo : Noémie Poize, Chargée de mission énergie solaire à RAEE)
C.C. : Qu'est-ce que le projet baptisé Centrales villageoises photovoltaïques ?
Noémie Poize : Débuté il y a un an et demi, ce projet d'expérimentation, monté par Rhônalpénergie-Environnement (RAEE) en partenariat avec les Parcs naturels régionaux (PNR), a pour but de construire un modèle de centrale villageoise photovoltaïque qui implique de près les populations concernées. Son intérêt est de parvenir à un développement économique local en territoire rural sur la base des énergies renouvelables (EnR), et notamment du photovoltaïque. Adapté au contexte des PNR, ce modèle d'installation photovoltaïque doit respecter un certain nombre de critères en termes d'évolution du  patrimoine architectural ou paysager dans les huit territoires pilotes situés dans cinq parcs naturels de la région Rhône-Alpes. Le projet est financièrement soutenu par la Région Rhône-Alpes et l'Europe.
C.C. : Pourquoi avoir choisi un tel nom ?
NP : Le terme centrale villageoise a été retenu car dans ce type de projet, la participation de la population rurale est très importante et conditionne la réussite de ces opérations. Des réunions publiques ont été organisées dans les huit territoires afin de sensibiliser les habitants à la forme de développement des EnR et de les associer à la construction ainsi qu'au financement du projet. Pour les associer à cet investissement, des sociétés locales seront créées et proposeront aux citoyens et aux entreprises locales de prendre des parts et donc de toucher des dividendes issus de la vente de l'électricité produite. Ces sociétés locales loueront le toit des propriétaires soit en leur versant un loyer, soit en participant financièrement à des travaux comme la réfection de toiture, la reprise de l'isolation ou encore l'installation de panneaux solaires thermiques.
C.C. : Où en est-on des différents projets ?
NP : L'organisation de nombreuses réunions publiques et la réalisation d'études paysagères par des acteurs locaux ont permis, fin novembre, de déterminer un site d'implantation d'une première centrale villageoise photovoltaïque (d'environ 1000 m2 répartis sur 10 ou 20 toitures en moyenne) dans chacun des huit territoires. Par contre, ces sites qui ont ainsi fait l'objet d'un consensus des élus et de la population, n'ont pas tous été définis avec le même niveau de précision. Dans certains cas, les propriétaires des toits accueillant les futurs panneaux ont déjà été identifiés, et dans d'autres cas, une phase d'affinement du périmètre est encore nécessaire pour s'assurer de la volonté de la population concernée d'aller plus loin.
C.C. : Comment jugez-vous l'engouement des habitants pour ce type de projet ?
NP : Les huit territoires ainsi que leurs populations étant extrêmement différents, le comportement des habitants n'est pas le même. Pour certains sites, les gens se sont eux-mêmes portés volontaires pour mettre à disposition leurs toits et commencer rapidement les études de faisabilité technique. Il y a, par exemple, la formation de noyaux durs de propriétaires qui portent le projet localement et qui cherchent à mobiliser davantage de propriétaires. Pour d'autres territoires, le projet est davantage soutenu par les élus car l'approche avec la population est plus difficile. Les acteurs locaux ont donc préféré identifier des lots de bâtiments publics autour desquels pourront se raccrocher des propriétaires.
C.C. : Quand est-ce que seront construites les centrales photovoltaïques ?
NP : Avant leur construction, des études architecturales et des études de faisabilité technique devront normalement débuter en janvier et s'étendre jusqu'à la fin du printemps. Outre l'aspect technique, de nombreux aspects juridiques doivent être finalisés afin de mettre en place les sociétés locales qui réuniront l'investissement citoyen localement. Le travail juridique, amplement amorcé en 2011, a permis d'aboutir à deux modèles de sociétés possibles (Société par Actions Simplifiée ou Société Coopérative d'Intérêt Collectif), qui sont actuellement discutés pour être adaptés dans les territoires. Ces sociétés auront un périmètre d'action intercommunal, d'où la nécessité d'associer toutes les communes du territoire pilote à la création de ces entreprises. L'objectif est d'avoir un modèle de société assez simple pour qu'il soit le plus reproductible possible.
Mais, les territoires n'avançant pas à la même vitesse, un décalage opérationnel est également à prévoir. Ainsi, le territoire de la Gervanne dans le Vercors a déjà commencé à travailler les statuts de la société et a lancé les études architecturale et de faisabilité technique sur le terrain, tandis que dans d'autres territoires, les animateurs locaux continuent de contacter les propriétaires pour affiner le périmètre du site.
C.C. : Vous avez indiqué vouloir établir une structure supra-territoriale, quelle sera son rôle ?
NP : RAEE souhaite, en effet, créer une association nationale qui aura pour vocation de mutualiser une multitude d'outils entre ces sociétés locales (modèles de cahiers des charges, de statuts, de plans de financement, de contrats d'assurance, suivis de production, etc) afin d'aider d'autres territoires intéressés à monter ce genre de projet. L'association serait également adossée à une charte qui permettra de labelliser les nouvelles sociétés. Enfin, en 2013, date de fin de l'expérimentation, cette association gérera le suivi des nouveaux projets et également la négociation des avantages pour  les sociétés « centrales villageoises » (emprunts à taux réduit, garanti d'emprunts…).
C.C. :: Parmi les différentes énergies renouvelables, pourquoi avoir choisi le solaire photovoltaïque ?
NP : Le photovoltaïque est avant tout une porte d'entrée pour ce genre de projet car c'est une technologie mature, facile à intégrer aux bâtiments existants et proche par nature de la population. De plus, pour des territoires sensibles comme les Parcs naturels régionaux, elle permet d'aborder l'acceptation de l'évolution du patrimoine bâti en cohérence avec le développement massif des énergies renouvelables. C'est également une technologie qui permet de produire de l'électricité au plus près des lieux de consommation et renforce la conception d'une production décentralisée de l'énergie en lien avec les besoins du territoire. Mais, même si les premiers projets doivent aider au développement du photovoltaïque, RAEE souhaite étudier rapidement l'élargissement du modèle à d'autres formes d'EnR (éolien, hydraulique, réseaux de chaleur au bois, méthanisation, économies d'énergie, etc.).
C.C. : La mise en place du moratoire début 2011 a-t-elle eu un impact sur la conduite de vos projets ?
NP : En raison du battage médiatique sur le sujet, l'instauration du moratoire ne nous a pas aidé au niveau de l'approche avec les habitants. Ces derniers qui ont entendu tout et son contraire dans les médias, pensaient que le photovoltaïque n'était plus rentable, plus intéressant, voire à enterrer. Pourtant, étant principalement sur du résidentiel, le tarif reste relativement élevé et assure un amortissement des projets sur 12 à 15 ans. Par contre, le moratoire a apporté un problème de visibilité au niveau des tarifs qui sont réévalués tous les trois mois. Dans ces conditions, il est difficile d'être sûr de la viabilité économique de projets qui sortiront dans une année. RAEE espère cependant pouvoir défendre au niveau national l'idée d'un tarif d'achat spécifique pour ce genre de projet citoyen qui véhicule des valeurs importantes.
Pour en savoir plus : www.centralesvillageoises 
Clément Cygler

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