Créatifs culturels
Les créatifs culturels (en anglais américain « Cultural Creatives ») sont un vaste groupe socio-culturel qui serait à la pointe du changement social (30 à 35 % dans le Diois), et qui a été mis en évidence par le sociologue américain Paul Ray et par la psychologue américaine Sherry Anderson. Ils regroupent des individus ayant en commun d'adopter une vision globale et "intégrale" du monde, et le partage d'un ensemble de valeurs. Les individus composant ce groupe socio-culturel cherchent notamment à favoriser la faible dépendance vis-à-vis des modes de consommation industrialisés, de chercher à favoriser le développement personnel et spirituel, de remettre l’humain au cœur de la société, de refuser les dégradations environnementales, notamment celles induites par l'exploitation des ressources naturelles et de rechercher des solutions nouvelles aux problèmes personnels ou sociaux (par exemple sans fausse antinomie entre engagement et vie personnelle). Composant moins de 4% de la population nord-américaine avant les années 60, ils rassemblaient 26% de la population adulte en 1999 (50 millions d'adultes), et 34,9% de la population adulte en 2008 (80 millions d'adultes).
Aux États-Unis
Cette expression, inventée par le sociologue américain Paul Ray et la psychologue américaine Sherry Anderson a fait l'objet d'un livre: The Cultural Creatives: How 50 Million People Are Changing the World (Harmony Books, Octobre 2000), traduit en français aux éditions Yves Michel, sous le titre: L'émergence des créatifs culturels. Enquête sur les acteurs d'un changement de société. Ce concept, traduit en français par l'expression de "Créatifs Culturels", pourrait également être traduit par les termes de "créateurs de culture" puisque ces nouveaux acteurs ne seraient ni plus ni moins en train d'inventer une nouvelle culture pour le XXIe siècle. Le journaliste français Patrice Van Eersel, du magazine Nouvelle Clés, y voit l'émergence d'une culture post-moderne[1].
Les Créatifs Culturels intègrent simultanément quatre pôles de valeurs, qu'ils mettent en pratique:
l'ouverture aux valeurs féminines (place des femmes dans la sphère publique, question de la violence faite aux femmes, égalité de responsabilité et de salaire...)
l'intégration des valeurs écologiques et du développement durable (avec un intérêt pour l'alimentation biologique et les méthodes "naturelles" de santé,l’ écohabitat, la terre et le Jardinage, la lenteur comme nécessité et choix… )
l'implication sociétale (implication individuelle et solidaire dans la société, les associations, les syndicats, les processus participatif…)
le développement personnel, avec une dimension spirituelle, et un intérêt pour les nouvelles formes de spiritualité, l'idée étant: "connais toi toi-même si tu veux agir sur le monde" qui exige une cohérence dans son quotidien et une exemplarité dans ses modes de vie…
les richesses sont ailleurs : culture, art, écoute, regard positif posé sur le monde, présence aux autres, évacuations des stress et peurs, entraide, fraternité, détachement, non jugement et non-violence….
Les Créatifs Culturels se diviseraient en deux sous-populations :
Un noyau central, dit "avancé". Ce sont les "Créatifs Culturels spiritualistes". Ces leaders de la nouvelle culture se préoccuperaient à la fois de l'aspect environnemental, de l'aspect sociétal (justice sociale) ainsi que du développement "psycho-spirituel".
Une périphérie, composée de "Créatifs Culturels écologistes", qui n'incluent pas vraiment la dimension spirituelle dans leur univers. Pour ces Créatifs Culturels, à la différence des "Créatifs Culturels spiritualistes", le lien entre développement personnel et l'engagement social ou l'écologie n'irait pas de soi, et ne se ferait que prudemment.
Selon Patrice Van Eersel, "la genèse des Créatifs Culturels n'a rien de mystérieux"[1] , puisque les Créatifs Culturels seraient bel et bien les "descendants" de nombreux mouvements construits dès les années 60, comme les mouvements pour les droits civiques, les mouvements féministes, les mouvements pacifistes, ceux écologistes, ou encore ceux pour l'éveil de la conscience, pour n'en citer que quelques-uns.
Un autre trait marquant de ce groupe est l'absence, à l'heure actuelle, de conscience de sa propre existence. Autrement dit, la plupart des personnes entrant dans la catégorie des « Créatives Culturels» se croient relativement isolée, et l'estimation de la proportion de population partageant les mêmes convictions, de la part des personnes interrogées dans le groupe, s'étale seulement entre 1 et 5 %. Aux États-Unis, ils représentent entre 20 et 25 % de la population américaine ne se rattachant ni aux conservateurs religieux ni aux modernistes convaincus, c'est-à-dire les deux groupes socio-culturels le plus souvent reconnus aux USA. Les auteurs ont donné à ce groupe le nom de Créatifs Culturels.
Selon les auteurs, le phénomène n'est pas propre à une catégorie socio-professionnelle, ni à une ethnie, ni à une tranche d'âge, et la totalité de la population est touchée au même niveau, sauf une très légère prédominance des milieux éduqués/aisés. Ceci est le critère qui a fait dire aux auteurs de l'ouvrage qu'il s'agit bien d'un mouvement de fond, et pas d'une mode passagère, comme l'a été le mouvement des hippies, qui avait touché surtout des jeunes adultes. Les Créatifs Culturels seraient également à distinguer des bobos (avec la figure du bourgeois-bohème)
La seconde vague d'études
Suite à la première étude sur les Créatifs Culturels, réalisée par Paul Ray et Sherry Anderson, une équipe internationale s'est constituée, sous le parrainage du Club de Budapest, club dirigé par le philosophe des sciences hongrois Ervin Laszlo, pour réaliser des études dans divers pays, comme la France, l'Allemagne, la Hongrie, les Pays Bas, la Norvège, l'Italie et le Japon[2]. En 2008, le sociologue Paul Ray a réalisé un nouveau sondage national aux États-Unis dans l'objectif d'actualiser les données présentes sur les Créatifs Culturels. Les résultats indiquent que les Créatifs Culturels composeraient désormais (en 2008) 34,9% de la population nord-américaine adulte, soit 80 millions de personnes. Ces résultats indiquent également que les Créatifs Culturels représenteraient désormais entre 33 et 37% de la population adulte d'Europe de l'Ouest, et du Japon, soit une moyenne de 35%[3].
En France
L’enquête sur les créatifs culturels en France a commencé fin 2005 et les résultats ont été synthétisés fin 2006. Elle montre que cette famille socio-culturelle compte 17% [4] des français, et surtout des Françaises, majoritaires (2/3).
Un livre, Les créatifs culturels en France, a été publié en février 2007 chez Yves Michel, éditeur à Gap. Cette vaste enquête a été menée par l’Association pour la Biodiversité Culturelle, laquelle a constitué un groupe de recherche depuis 4 ans, sous la direction scientifique du sociologue Jean-Pierre Worms.
Une première rencontre nationale des Créatifs Culturels a eu lieu dans les Cévennes les 31 mai et 1er juin 2008[5].
En Belgique
La première rencontre des créatifs culturels de Belgique (francophone) a eu lieu le 29 août 2009 à Louvain-La-Neuve et a réuni plus de 450 personnes. La seconde rencontre a eu lieu le 25 septembre 2010 à l'Abbaye de Floreffe et a confirmé sa tendance ascensionnelle et créatrice.
Liens externes
(fr) http://www.radio-canada.ca/emissions/par_4_chemins/2008-2009/index.asp, sous le titre « Vers l'intériorité citoyenne », une lecture de l'ouvrage d'Yves Michel par Jacques Languirand, l'animateur de l'émission de radio Par 4 chemins.
(fr) http://vimeo.com/10099307, émission Radio Aligre du 11 03 2010, animée par Florence Mathon, avec Michel Saloff-Coste, fondateur du Club de Budapest - France et Gwenhaël Blorville, étudiant en sociologie à l'université de Tours qui travaille sur les Créatifs Culturels.
(fr) http://www.yvesmichel.org/ l'éditeur des deux ouvrages parus en français sur les Créatifs Culturels
Notes et références
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre, actualisé par Albert Idelon.
Albert Idelon
26420 La Chapelle en Vercors
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