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lundi 30 janvier 2012

Clémentine Autain: «Il faut sortir la sexualité du rapport marchand» 
Pourquoi avoir décidé de venir débattre, à Grenoble, de la législation de la prostitution ?
J’aime le débat. Comme je suis féministe, débattre des questions qui ont à voir avec les problèmes de ce genre me parait assez naturel. C’est la spécificité de se définir comme féministe et pas simplement pour l’égalité entre les hommes et les femmes, ça tient fondamentalement dans cette réflexion qu’on a de montrer comment le tout fait système : des publicités sexistes, à l’inégale répartition des tâches domestiques, en passant par l’inégalité de salaires et la prostitution. Il y a un lien entre tout ça qui est lié à la domination masculine et à l’oppression historique des femmes. Tout le monde à tendance à s’accorder sur la question de combattre les violences faites aux femmes. Je pense que l’on peut combattre les violences faites aux femmes que si on prend en considération toute la chaîne, à l’école, par exemple, avec les stéréotypes sexistes qui sont véhiculés chez les tout-petits. Cela construit des identités de genre. Tout ça est en lien avec le bout de chaîne : les violences faites aux femmes. Ici, on a un débat particulier car parler de la prostitution comme d’un fait de violence ne va pas de soi dans le débat contemporain. Le débat avec Ruwen Ogien va aussi être intéressant pour ça. Au fond, ce dont on va parler c’est des conditions de la liberté.
La pénalisation des clients de prostituées peut-elle être une solution ?
Mon parti (le front de gauche) est pour la pénalisation des clients, mais ce n’est pas mon point de vue. Je suis abolitionniste, vendre son corps n’est pas un métier comme un autre : ça touche aux normes sociales. Je pense qu’il faut sortir la sexualité du rapport marchand. Il y a quelque chose d’utopique dans l’abolitionnisme, mais les utopies sont des boussoles. En même temps, je ne suis pas prohibitionniste et je me bats contre tout ce qui rendrait plus difficile encore la vie des prostituées. Je pense que l’urgence du débat c’est plutôt de lutter contre le proxénétisme. Certaines filles sont traitées comme des esclaves : ça devrait être la priorité et le débat central. Or, il n’existe en France qu’une centaine de personnes qui existent pour démanteler ces réseaux. L’urgence politique c’est, pour moi, se doter de moyens sérieux pour combattre le proxénétisme.
La réouverture des maisons closes pourrait-elle être une solution ?
Je ne suis pas pour la reconnaissance légale de ce travail. Il y a une tendance dans notre société à tout régler par la loi, et je ne pense pas que c’est comme cela que l’on va y arriver. Dans les endroits où il y a eu une réglementation favorable sur la prostitution, cette dernière s’est démultipliée plus qu’elle ne s’est arrêtée. Je ne crois pas à la prohibition non plus. C’est pour ça que je pense qu’il faut aller chercher à la source. Cela passe par l’éducation et le changement de la façon d’aborder les identités masculines et féminines. Mais ça c’est un mouvement et ça ne se décrète pas dans la loi.
François Frualdo, étudiant à l'Ecole de Journalisme de Grenoble

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