Die 26150 : Etat des lieux. Dix jours après les
Elections. Municipales de Die... Marco Panseri, administrateur de MCD a
interrogé Claude Veyret, notre rédacteur sur les élections à Die pour une
quatrième et dernière interview… Quatre ou cinq questions à Claude Veyret, ancien
élu municipal sur le plateau du Vercors (1976-82) pour comprendre les
municipales à Die. (4/4) 1 - Marco Panseri :
Quelle bilan tiré de ces Municipales ?
Claude Veyret : Restons en à l’analyse politique…Pour comprendre
la globalité, mettons ces élections en rapport avec ce qui c’est passé au
national. Ces élections
municipales sont une débâcle électorale pour le PS et le gouvernement. En
examinant la liste des villes de plus de 30 000 habitants, le Parti socialiste peut
faire le décompte : il perd une cinquantaine de villes. Des bastions, des
villes conquises en 2008, des villes dirigées par des personnalités nationales :
le vote sanction est passé partout. Toulouse, quatrième ville française,
Quimper, ville de Bernard Poignant, conseiller proche de Hollande, Roubaix,
Reims, Belfort, Argenteuil, Asnières, Colombes, Chambéry, Angers, Caen,
Ajaccio, Montbéliard, Valence, Évreux, Tours, Roanne, Saint-Étienne, Laval,
Pau, Amiens, La Roche-sur-Yon, Athis-Mons, Livry-Gargan. Un résultat symbolise
à lui seul l’ampleur de la défaite socialiste : Limoges. Personne n’aurait
imaginé la perte par le PS de ce bastion socialiste depuis 1912. Or Alain
Rodet, maire sortant, est battu. Jean-Marc Ayrault, dimanche soir, et la plupart
des responsables socialistes n’ont d’ailleurs pas renvoyé à des situations
locales difficiles les enseignements de ce scrutin. « C’est une défaite
pour le gouvernement. J’y prends toute ma part. Ces élections ont été marquées
par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance
en mai et juin 2012 », a reconnu le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le
résultat est d’une rare sévérité, tant il vient démentir une large partie des
socialistes qui perdent aussi plus de 155 villes de plus de 9000 habitants. En
Drôme : Romans sur Isère, Valence, Portes lès Valence (en alliance),
Livron, etc.… A Bourg-lès-Valence, le basculement à droite est un véritable
séisme. La ville n’avait en effet jamais été gérée par la droite. Un grand
chelem de la droite qui va aussi remettre en cause la gouvernance de l’agglo
Valence-Romans sud Rhône-Alpes présidée par le maire PS de Valence Alain
Maurice battu ce dimanche soir. Et en Isère : Voiron, Vizille, Eybens, …. C’est un cycle qui s’achève ou plutôt la fin
d’un système qui est visible dans ce vote : celui de la fin d’un dualisme
ou manichéisme Gauche-Droite qui permettait aux socialistes et ses alliés d’avoir
comme programme seul la diabolisation de la Droite…Autre point à prendre en
compte, je pense, autrefois, et ma génération aussi, nous choisissions de voter
à Gauche dès notre premier vote et nous n’en changions jamais jusqu’à notre mort.
Cela ne vaut plus, les nouvelles
générations peuvent un jour voter à Gauche et le scrutin d’après, vouloir essayer
«autre chose ». L’abstention a encore augmenté en ce deuxième tour (38,5%
après 36% au premier tour). Les reports de voix sont médiocres, voire très
mauvais, laissant isolés les candidats du PS. Autre symbole de la défaite
socialiste : Grenoble. La liste emmenée par l’écologiste Éric Piolle,
regroupant le Front de gauche et des associations de la ville, avait créé la
surprise en arrivant en tête, devant la liste socialiste, au premier tour. Le
refus du candidat PS Jérôme Safar de fusionner a été durement sanctionné par
les électeurs. L’écart se creuse encore, puisque l’alliance conduite par les
écologistes l’emporte avec 40,8 % des voix contre 27,6 % pour le
socialiste. La victoire du candidat du Front de gauche Patrice Bessac à
Montreuil ne doit pas masquer les difficultés persistantes du PCF, en
particulier en Ile-de-France. Les communistes perdent plusieurs fiefs,
Saint-Ouen, Bagnolet, Bobigny, Villejuif. Ils sauvent d’extrême justesse
Saint-Denis et préservent quelques villes en région, comme Dieppe. L’affaiblissement
du communisme municipal se poursuit. Enfin, même si un comptage précis reste à
faire, tout laisse penser que le Sénat, à l’issue des élections de l’automne
prochain, devrait être repris par la droite. Cette situation ne me réjouit
pas…Ce sont des années de travail dilapidées.
2 - Marco Panseri : La
victoire d’un Centre n’était pas prévisible ?
C.V. : François Bayrou a déclaré que s’il était élu (lors
de la présidentielle), son gouvernement serait composé des meilleurs, à droite
comme à gauche. Est-ce cette idée qui a émergée à Die en 2014 ? Bayrou ne fait pas partie de mon Panthéon
intellectuel, mais arrêtons nous une seconde à cette idée de
« coopération » des énergies dioises, d’une « alliance pour
virer la Droite » proposée par les écologistes. Iconoclaste, provocatrice,
incongrue, gonflée et je ne sais quels qualificatifs. Elle sortait des
habitudes politiciennes, de la normose des appareils incapables de voir les
évolutions sociétales, elle dépassait
leur vision intelligible, leur compréhension et leurs stéréotypes préfabriqués
du politiquement immuable. L’occasion a été ratée (pas pour Mr Trémolet qui a
gagné mais pour la liste de Mr Leeuwenberg dont c’était la seule possibilité de
gagner). Reprenons au niveau national : nous assistons ici à l’émergence discrète
d’un centre….Certain dirons d’une « Droite Dioise » depuis 2
élections municipale. Moins remarqués que le FN ou les écologistes, les
candidats des partis centristes sont sortis renforcés du premier tour des municipales.
Jérôme Baloge UDI, a emporté dimanche, au premier tour, la mairie de Niort, Deux-Sèvres, (60 000
habitants). La ville des mutuelles, à gauche depuis soixante ans, a rebasculé
vers la droite de l’échiquier convenu. C’est une victoire franche pour ce
gaulliste social, catholique pratiquant, avec 54,32% des voix, sur la maire
sortante PS qui n’a récolté que 20,35%. « Nous avons fait campagne sur des
enjeux locaux très forts comme la diversification de l’emploi, et bénéficié du
rejet des logiques politiciennes » souligne-t-il. Les électeurs se sont
massivement reportés sur une offre politique centriste au sens large : sur
des candidats modérés de l’UMP comme Fabienne Keller, à Strasbourg (Alsace),
sur ceux de l’UDI et du Modem, comme Erwann Balanant, à Quimperlé (Finistère).
François Bayrou, qui avait perdu son siège de Député, a profité de cette
« vague centriste » en étant élu à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Les
villes de Béthune, Laval, Amiens et Saint-Brieuc, ont basculé au centre. En
Haute-Savoie, des dizaines de maires de petites communes les ont gagnées
dimanche dernier sous l’étiquette UDI. Quant à Yves Jégo, Jean-Christophe
Lagarde ou André Santini, tous cadres du parti fondé par Jean-Louis Borloo il y
a un an et demi, ils ont été, eux aussi, réélus au premier tour, comme 90% des
maires sortants sous cette bannière. Au soir du second tour, entre 6000 et 7000
élus de l’UDI ont donc intégrer des conseils municipaux, dans la majorité ou
l’opposition, contre environ 2500 jusqu’à aujourd’hui. Entre les deux grandes
forces politiques omnipotentes, le centre séduit une frange de l’électorat en
quête de propositions modérées et concrètes. « Les centristes reprennent
des couleurs dans cette élection, confirme le politologue Laurent Bouvet. François
Loos, de l’UDI : « Nous sommes des humanistes, argumente le candidat.
Les gens ne veulent plus de clivage, de tension. Ils veulent qu’on s’occupe
d’eux, qu’on leur facilite la vie. » Discours pragmatique sur l’économie
et les entreprises, vœux de rigueur quant à la dépense publique, attention
portée au social et aux plus démunis… Pour ces élus, la décentralisation n’est
pas un vain mot. Ce qui explique sans doute pourquoi les centristes refont
surface dans l’Ouest, notamment en Bretagne acquise aux socialistes depuis les
municipales de 1977. « Les candidats du centre sont dans une logique de
rassemblement, renchérit Marc Fesneau. Cela parle à l’électorat. »
« Nous sommes le meilleur antidote au FN ! Veut croire
Jean-Christophe Lagarde. On réoccupe l’espace politique du centre. Du coup,
l’électeur ne se sent pas prisonnier de la droite forte, d’un côté, et du PS,
de l’autre. On lui fait des propositions, mais sans être excessif. » Au
soir du second tour, le centre souhaite
incarner une force nouvelle. Et reprendre le sénat en septembre. La gauche ne
connaît peut-être que le début de sa déroute.
3- Marco Panseri : Et à Die, c’est
un jeu des partis ?
C.V. : Oui et non ! Oui
un pays qui depuis 1830 (premières élections de maire de Die, au suffrage universel)
vote fièrement et immanquablement à Gauche… La Gauche est alors jaurésienne :
Justice sociale, Paix, répartitions des richesses, égalité de tous, droits de
l’humain, celle que j’aime. Déjà 2008 était un coup de tonnerre. Mais
personne n’a analysé les élections municipales de 2000 ou Isabelle Bizouard
(alors apparentée PS) gagnait de quelques voix. Puis de 2008 où elle perdait
derrière Mr Berginiat. Isabelle Bizouard, maire de juin 95 à mars 2008, même
s’il l’on peut parler de lassitude de l’électorat, n’avait pas fait, avec 1105
voix, fait le plein des voix de Gauche. Peut on là déjà parlé de glissement à
Droite de l’électorat, nouveau ou/et jeune. Bien sur les analystes avaient bien
déceler que la liste composée de Mme Malaterre, Mr Leeuwenberg et Mme Bizouard
partait à sa perte tant les conflits (triangulaire) et violences (retrait de
délégation) avaient émaillé les mandatures précédentes et que personne n’a cru
une seconde à cette réconciliation tant de façade que d’opportunité. Cette
troisième tentative de gagner mathématiquement à Gauche est encore un échec. Mr
Leeuvenberg perd même 600 voix à gauche en 6 ans. Cette fois la leçon devrait
être tirée par tous. Bien sur il y a eu une réaction générale à sa personnalité
qui l’a fait perdre. N’oublions pas que 1663 votants ne voulaient pas de lui. (Et
2545 Diois). Décomptes indiscutables… Mais c’est aussi un changement de
siècle : « l’Alliance avec les communistes perd ». Le PS qui
gère si bien les rapports de personne, ses élus, devrait le comprendre.
En 2008, les écologistes, qui ne s’étaient pas maintenu, bouc émissaires
à l’époque, n’avaient en rien contribué à une défaite annoncée. La gauche ne
peut plus être qu’un slogan décérébrant. Mais personne n’a essayé d’en
comprendre les causes et raisons, restant dans l’émotionnel. Doit on en
conclure que désormais jamais la Gauche ne regagnera sans les écologistes (à
20%), c’est probable, mais personne ne veut se l’avouer tant cela met en péril
les vieux schémas et alliances qui ont
fait flores pendant 60 ans. Le deuxième point qu’il faudra bien sur mettre sur
la table, c’est cette alliance PCF-PS à Die décidée par les appareils
départementaux en échange de carence de candidats PCF sur le reste du
département : Nyons, Dieulefit, Montélimar, Chabeuil, Valence, Romans,
Bourg de péage, etc… Presque partout en Drôme. Die était laissée, dans la
négociation, au PCF. Die se trouvait sans candidat PS, sans primaire pour
évaluer les forces, sans choix local. Les Dioises et Diois n’ont pas apprécié
du tout ces « combinazione ». Si l’on ajoute, en trois, le choix de
la personnalité de Mr Leewenberg, une personne qui ne rassemble nullement,
clive le débat et réagit violement contre ses adversaires, c’est évident que
cela était fichu. Même avec 2 listes à Droite en 2014. Il faut le faire.
Impensable il n’y a que 20 ans. Je peux affirmé que Mme Ribard aurait même
gagnée les 12 voix manquantes avec facilité. Quel gaspillage. Cette fois en
2014 les voix écologistes se sont réparti pour une grande part à Gauche (vers 8
%), un peu chez Mr Trémolet (non encarté MODEM alors que son adjoint Feuiltaine
y émarge), (vers 4 %). Et 220 voix
(8,7%) sont restées fidèles à leurs idées. On aurait pu croire que face aux
pressions et injonctions de la Gauche, ce score fut plus faible encore. Ce
noyau demeure le socle solide sur lequel les écologistes devront compter à
l’avenir.
4- Marco Panseri : C’est une sortie des clivage des
partis ?
C.V. : Certainement. Si l’on
peut avoir le plus grand respect pour 70 ans de lutte souvent exemplaire dans
notre histoire pour le PCF, (1920, Journal l’Humanité, Front Populaire,
Résistance, luttes sociales, défenses des Services publics, etc.…), nous savons
aussi qu’il a été souvent effroyable (Guerre
d’Espagne, Jacques Doriot, Pacte Germano-Soviétique de 39, Mai 68, Hongrie 56, Tchécoslovaquie 68, Afghanistan 79, éviction
des intellectuels, etc.) et n’est plus porteur d’espoir. Ni ailleurs, ni ici.
Nous avons quitté « le siècle des Totalitarismes » ou « l’âge
des Extrêmes » comme dit l’historien Eric J. Hobsbawm. Nous avons changé
de Siècle. Portes lès Valence et Bourg lès Valence viennent de confirmer ce
changement de siècle. Et Die aussi. Si l’histoire n’explique pas tout elle
permet de comprendre. Les écologistes n’ont rien à voir avec les
totalitarismes. Et l’on peut comprendre
que poser comme postulat un maire communiste était une erreur fondamentale de
Didier Guillaume (lors de son discours de Die, lors de la Manifestation du 15
décembre 2012 pour l’obtention d’un sursis de 30 mois, annoncé par la ministre
de la santé dans une lettre lue lors de la manifestation par le président du
Conseil Général). Nous savons que dans
le Diois toute une Gauche socialisante (Radicaux, Catholiques de gauche,
Protestants humanistes et sociaux démocrates) sont pas enclins à voter pour un
maire communiste.
Enfreindre cette connaissance historique a menée à l’échec. Jean Pierre
Rambaud a été élu maire PCF de mars 89 à juin 95 par la qualité de sa
personnalité de gentleman qui bousculait toutes les frontières. C’est
d’ailleurs cette ombre (il a été CG de Die de 79 à 92 et de 98 à 2004) qui a
permis à son successeur au Conseil Général, Mr Condette, de gagner sans
difficultés. Mais le Diois n’est pas une
terre communiste, comme certaines régions des Cévennes ou des Baronnies.
Pour ce qui et des Droites, Mr Georgres Berginiat, on peut le dire, n’a
pas bénéficié de son bilan : Places, adduction d’eau, Chanqueyras, projets
d’hydo-électricité de la Raïs, chaufferie bois des bâtiments communaux, ZAC de Cocause,
Stade de Foot, Théâtre de Die, etc… Trois erreurs à cela : l’étiquette UMP
qu’il a porté en suppléant de Hervé Mariton, lui a collé aux basques, et la
presse ne l’a pas démentie. Le manque de proximité avec les commerçants ces 2
dernières années. Quelques commerces ont pâti des travaux de la République et
comme dans toutes les villes ces chantiers créent des mécontentements. Mr
Trémolet fut la surprise, indiscutablement. Mais 2 ans de proximité avec les
commerçants, un homme qui habite le Centre ville…ont induit une campagne de
proximité. Là aussi la presse l’a catalogué MODEM, alors qu’il se défend de
toutes étiquettes politiques. Cela ne l’a pas handicapé car il a glané les voix
du centre Gauche et de la Gauche modérée. Il dit 33% de son électorat. Nous
dirions plutôt 40% des ses voix viennent de la Gauche au deuxième tour (il a
d’ailleurs des socialistes et votant NPA sur sa liste). La diabolisation qu’en
a fait le PCF (caméra, FN, etc.…) n’a pas marché. Car cela ne correspondait pas
à la réalité. Enfin les écologistes sont désormais une force incontournable et
non une roue de secours, des supplétifs, pour tel ou tel manœuvrier. Doit on expliquer
que les 29% de Mr Leeuwenberg ajouté au 20% de Mr Jouve ne font pas 51%...En
plus des écologistes n’auraient pas suivi une fusion de liste et encore moins
un désistement, jusqu’à ce que Mr Berginiat dépose sa liste, 30 minutes avant
la clôture préfectorale. A 49% il n’y avait nulle ressource où puiser. « Les
écologistes ont contrecarré l’ordre établi avec un maire choisi »
constatait Eric Piolle à Grenoble, il aurait pu le dire à Die. Les écologistes
ont l’habitude d’être maltraités. Je crois que cela va changer. Bien sur il n’y
a qu’un écolo au Conseil Municipal de Die, mais libre, indépendant, sur ses
valeurs, pas dans une valise du PS ou du PCF. Désormais Les écologistes sont une force crédible et
enthousiaste qui peuvent « refaire société » dans le Diois, si ils se
décollent les étiquette que leurs concurrents leur collent aussi régulièrement
que malveillamment. Une page se tourne. En conclusion, on peut dire que le seul
responsable de l’échec de la Gauche à Die est le PS, avec une alliance
préconçue et hors-sol, dont plus personne ne veut. En définitive comme dit Rousseau, en
politique : « le peuple a toujours raison ». Et d’ajouter « on n’a
jamais raison contre le peuple ».
5- Marco Panseri : Quelle est le rôle de la presse ?
C.V. : Nous remercions les listes de Mrs Berginiat,
Trémolet et Jouve, d’avoir jouer la transparence, la démocratie et la
citoyenneté en nous communiquant régulièrement leurs informations. Nous
regrettons que Mr Leeuwenberg n’ait pas joué cette carte de la citoyenneté,
nous aurions publié ses textes comme pour tous les autres candidats diois. MCD
est un blog participatif, cela veut dire que toutes et tous peuvent y écrire,
sans exclusion, dans le respect des personnes et de la loi. Quant au rôle exact
de la presse en ligne, difficile à dire, puisque 3 listes y étaient publiées
régulièrement et à égalité. Les autres organes de presse (Dauphiné Libéré,
Journal du Diois, RadioDWA) ont aussi joué leur rôle avec équité et justesse.
La presse est libre, mais en rajouter sur tel ou tel, peut ce révéler contre
productif. Les électeurs sont éduqués et intelligents. Ils font le tri,
nuancent et sont peu manipulables à Die. La virulence contre les journalistes
ne fait pas une politique. «On n’attaque pas la presse», disait François
Mitterrand. Ces jours-ci on attaque beaucoup la presse. Depuis la dernière
campagne présidentielle, et plus encore depuis quelques semaines avec les
«affaires», on lui assène des coups verbaux avec une violence inédite. Nicolas
Sarkozy, dans sa tribune au Figaro, s’emporte contre «les milliers d’articles
rédigés à charge» contre lui, une «boue complaisamment répandue». A droite,
c’est une litanie d’accusations. Jean-François Copé dénonce les «Tartuffes
bouffis d’orgueil». Pas tous, mais quand même. N’en jetez plus…A Die Mr Leeuwenberg s’est laissé aller à ce penchant.
La campagne pour les élections municipales a donné lieu à des attaques en règle
qui traduisent une curieuse conception de la démocratie. A l’extrême droite,
Marine Le Pen invective Canal + : des «bobos horribles, pleins de morgue». A
Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet accuse une journaliste du Monde d’être «la
21e tête de liste du PS». Nicolas Dupont-Aignan accuse untel d’être «une
merde intégrale». Le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon lance sur
son blog un appel à la vindicte : «N’ayez aucun scrupule à dire très haut ce
que vous pensez de cette caste partout où vous le pouvez, de manière à créer
une ambiance qui leur soit partout contraire et méprisante. Et consolez-vous :
ils ne valent pas plus cher». « Comme tous les citoyens, les politiques
sont fondés à critiquer la «presse». Pendant longtemps, en dehors des cercles
restreints de l’université ou de la «critique médias», cette «fonction sociale»
qu’est le journalisme échappait au discours politique, comme s’il s’agissait
d’un exercice neutre, hors du champ de la contestation. On peut se réjouir que
les questions du pluralisme, de l’indépendance du journalisme, et pourquoi pas
de sa qualité, sa pertinence, redeviennent d’intérêt public. Sauf qu’à quelques
exceptions près les responsables politiques ne prennent pas d’initiatives pour
que la France se retrouve à une meilleure place que la 39e, qu’elle occupe au
classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans
frontières » explique Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters
sans frontières. « Quiconque ne se reconnaît pas dans un discours
journalistique, dans une présentation de faits, préfère tomber dans l’insulte
ou le mépris »explique-t-il. On ne saurait
ignorer la haine montante de l’altérité, le dégoût croissant des
représentations contraires, des sentiments nourris par de trop nombreux
Français sur lesquels les politiques auraient tort de souffler. Ne nous
trompons pas. Nonobstant leur caractère «trop humain», nombre de journalistes
font preuve d’une indépendance d’esprit, d’une curiosité et d’une intégrité
intellectuelle très supérieure à nombre de ceux qui les critiquent. « Ceux qui s’attachent à traquer les débordements
journalistiques peuvent-ils reconnaître que les rédactions sont remplies de
journalistes qui collectent et rapportent les informations en se fondant sur
une «subjectivité désintéressée» ? S’attacher à dévoiler et comprendre le réel,
avec honnêteté et doute, est un facteur d’apaisement. Il serait pertinent que
les politiques fassent preuve d’un sens de la «complexité » et, plutôt que
s’attacher à des polémiques fugaces, à des déclarations démagogiques, nous donnent
matière à réfléchir et débattre sur la divergence des intérêts et sur la
nécessité de leur juste et libre représentation » continue Christophe
Deloire, de mémoire. Ce climat de dénonciation est attentatoire à la liberté de
la presse, et simplement de la liberté d’opinion, en ce qu’il procède de
l’intimidation. Pour sortir d’un système de «servitude réciproque», il est
urgent d’en finir avec le mélange des genres et que chacun fasse son travail.
Celui des journalistes consiste à rapporter des faits et les idées. Celui des
responsables politiques est de nous préparer un monde correspondant le plus
possible à nos choix collectifs. « Et les vaches seront bien
gardées ».
6- Marco Panseri : Que serait un
monde sans journalistes ?
C.V. :A
l’évidence, ce serait tout au contraire un monde saturé de messages de
communication, de propagande, envoyés par des structures publiques et privées,
parfois des individus, sans qu’il soit possible de distinguer le vrai du faux,
la manipulation de l’information imparfaite, partielle et partiale. Les
journalistes ne sont pas toujours à la hauteur de l’idéal, peut-être, mais
lorsqu’on leur tape trop fort dessus, quand on porte atteinte à la confiance
dans une fonction sociale en soi, on restreint les libertés de tous les citoyens. A force de vouloir contrôler tout ce qui nous
entoure, nous gaspillons notre énergie et perdons notre sérénité. Nous
refaisons sans cesse le monde à grands coups de "si", de
"quand" , au nom de ce qui "devrait être", "aurait pu
être", "pourrait éventuellement être", et nos pensées
vagabondent dans le passé ou le futur. Il est bien rare que nous soyons
vraiment " ici et maintenant " – alors même que nous ne pouvons en
fait être ailleurs qu’ici et à un autre moment que maintenant. Cultivons une
attitude intérieure d’ouverture à la vie et aux autres…
MCD
(Les élections municipales à Die sont passées. Nous
espérons avoir apporté de l’intelligence collective pour tous dans une analyse
appropriable, mais non exhaustive. Combien il est difficile de comprendre 70
ans de l’histoire dioise. Consolons nous, tranquillisons nous, nous participons dès ce
jour à l’histoire du Diois, mais
l’humilité oblige à écouter, histoire de mémoire et d’altérité… Ici l’histoire
nous oblige… Et la mémoire nous contraint. Marco
Panseri).
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