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samedi 5 avril 2014

Vers une MacDonaldisation du monde...

Un régime alimentaire mondialisé


Qu’ont en commun l’Inde, le Sénégal, les Etats-Unis, la Colombie, le Maroc, l’Etats espagnol et bien d’autres pays ? En dépit des différences importantes qui persistent encore, l’alimentation y est sans cesse plus semblable,. Au-delà de la « McDonaldisation » de nos sociétés et de la consommation globalisée de Coca-Cola, la consommation mondiale d’aliments dépend progressivement d’une poignée de variétés de cultures. Le riz, le soja, le blé et le maïs s’imposent au détriment d’autres productions comme le millet, le manioc, le seigle, le sorgho, la patate douce ou l’igname. Si l’alimentation dépend d’une petite série de variétés de cultures, que se passera-t-il en cas de mauvaise récolte ou de maladies ? Notre consommation de nourriture est-elle garantie ?
Nous allons vers un monde avec plus de nourriture mais moins de diversité et plus d’insécurité alimentaire. Des aliments comme le soja, dont la consommation était insignifiante jusqu’à il y a quelques années encore, sont devenus indispensables pour les trois quarts de l’humanité. D’autres, déjà importants dans le passé comme le blé ou le riz, se sont généralisés à grande échelle et sont respectivement consommés aujourd’hui par 97% et 91% de la population mondiale. C’est une alimentation occidentalisée, « accro » à la consommation de viande, de produits laitiers et de boissons sucrées qui s’impose ainsi. Des marchés alimentaires où les intérêts des grandes entreprises sont évidents.
C’est ce qu’explique en détail une récente étude intitulée «  L’augmentation de l’homogénéité dans les chaînes alimentaires globales et son implication pour la sécurité alimentaire », qui affirme que nous nous acheminons vers un « régime alimentaire mondialisé ».
Un menu qui, d’après les auteurs du rapport, constitue « une menace potentielle pour la sécurité alimentaire ». Pourquoi ? En premier lieu parce qu’en dépit du fait que nous consommons plus de calories, de protéines et de graisses qu’il y a cinquante ans, notre alimentation est moins variée et il est donc plus difficile de digérer les micronutriments nécessaires pour l’organisme. En outre, affirment les auteurs, « la préférence pour les aliments énergétiquement denses et basés sur un nombre limité de cultures agricoles globales et de produits transformés est associée à l’augmentation de maladies non transmissibles comme le diabète, les problèmes cardiaques ou certains types de cancer  ». Notre santé est donc en jeu.
En second lieu, l’homogénéisation de ce que nous mangeons nous rend plus vulnérables aux mauvaises récoltes ou aux maladies, dont on prévoit qu’elles augmenteront avec l’intensification du changement climatique. Nous sommes dépendants d’une poignée de cultures qui sont aux mains d’une poignée d’entreprises produisant à grande échelle à l’autre bout de la planète, imposant des conditions de travail précaires pratiquant une déforestation intensive, la contamination des sols et des eaux et l’utilisation systématique d’agents agrotoxiques. Pouvons-nous alors choisir librement ce que nous mangeons dans de telles conditions ?
Il ne s’agir pas d’être contre un changement des habitudes alimentaires en soi, le problème survient quand de tels changements sont imposés par des intérêts économiques particuliers, en marge des besoins réels des gens. Le « régime alimentaire mondialisé » est le résultat d’une «  production-distribution-consommation » mondialisée où ni les paysans ni les consommateurs n’ont leur mot à dire. Nous pensons décider ce que nous mangeons, mais ce n’est pas le cas. Comme l’affirmait le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, lors de la présentation du rapport « Le potentiel transformateur du droit à l’alimentation » ; « La principale déficience de l’économie alimentaire est l’absence de démocratie ». Et sans démocratie dans les champs et à table, on ne choisi et on ne mange pas correctement.
Esther Vivas
Traduction française  : Ataulfo Riera.

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