Violences : la double peine des femmes étrangères
François Fillon, le premier ministre, a désigné, le 25 novembre 2009, la lutte contre les violences faites aux femmes "grande cause nationale 2010".
On ne peut que se réjouir de voir ce problème si longtemps tu être enfin pris en compte par les politiques. On s'en réjouirait d'autant plus si les mesures de protection annoncées pouvaient s'appliquer à toutes les femmes, sans discrimination. Malheureusement, dans ce "combat universel", tel que le décrit François Fillon, contre les violences faites aux femmes, les plus fragiles d'entre elles, parce qu'étrangères, ont été une fois de plus ignorées.
Après des années de lutte contre les violences faites aux femmes et pour l'accès à leurs droits, ces droits sont encore déniés aux femmes étrangères. Le problème est pourtant loin d'être marginal. De nombreuses femmes trouvent le courage, la volonté, la force pour résister, se battre, fuir ! Fuir leur mari, leur pays, leur proxénète ou le poids des traditions, selon qu'il s'agisse de violence conjugale, d'exploitation sexuelle, de mutilation, d'esclavage moderne ou de privation de liberté.
Or, pour nombre d'entre elles, le calvaire ne prend pas fin avec l'éloignement de la source de violences. Loin de leur proposer un refuge, la France ajoute trop souvent une violence administrative à celles déjà subies par ces femmes. Pouvons-nous rester aveugles aux drames que ces femmes, que nous côtoyons au quotidien, ont subis ou qu'elles subissent encore ?
Pour celles qui vivent en France, parfois venues au titre du regroupement familial ou mariées avec un ressortissant français, leur statut dépend le plus souvent de leur situation conjugale. Quitter un conjoint violent, c'est risquer de perdre son titre de séjour, son logement, son emploi, la garde de son(ses) enfant(s). Fragilisées physiquement et psychiquement, menacées d'expulsion à tout moment, elles quittent l'enfer brûlant des voies de fait pour celui, glacé, de l'inhumanité administrative.
Quant aux demandeuses d'asile, le fait d'être persécutées en tant que femmes n'est pas un motif suffisant pour obtenir le statut de réfugié, car ces persécutions ne sont pas considérées comme liées à des faits politiques, même dans les cas de transgression des normes sociales.
Basculer dans l'illégalité
Les lois qui régissent la situation des femmes étrangères en France ont été promulguées pour les protéger, non pour les accabler par une interprétation restrictive qui les fait basculer dans l'illégalité, avec tous les dangers que cela comporte. Rajouter la violence administrative à toutes les violences déjà subies, c'est intolérable, indigne d'un pays qui se dit celui des droits de l'homme mais oublie trop souvent la majuscule. "A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection, en lui offrant la possibilité de devenir française", avait promis le candidat Nicolas Sarkozy en 2007.
Une proposition de loi renforçant la protection des victimes, la prévention et la répression des violences faites aux femmes vient d'être déposée à l'Assemblée. Aujourd'hui que le candidat est devenu président en exercice, nous lui disons : chiche !
Que la France s'engage réellement pour protéger les femmes étrangères victimes de violences !
Agnès B., styliste ;
Françoise Héritier, professeur au Collège de France ;
Marjane Satrapi, auteur de bandes dessinées ;
Françoise Seligmann, présidente de la Fondation Seligmann et présidente d'honneur de la LDH
Campagne Ni une ni deux
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Ligue des Droits de l’Homme du Diois.
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Mireille Bertho
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